Archives mensuelles : avril 2015

Carol Rama

Lausanne 1er novembre 2020

Musée cantonal des beaux-arts: Kiki Smith, Hearing You with my Eyes jusqu’au 10 janvier 2021

Fille du sculpteur Tony Smith, Kiki Smith (1954) est fascinée par le corps humain et une expression fragile de la plasticité, du volume. Elle met le corps à plat en le fragmentant, montrant l’intérieur: fluide, viscères et l’extérieur, peau, membres. Kiki Smith part de son propre corps en le moulant et multiplie les autoportraits. Par ailleurs, elle introduit une vaine narrative, mythologique avec l’évocation de l’homme-animal, la métamorphose. Elle s’exprime par de grands dessins réalisés sur des feuilles de papier Népal, explore différentes techniques d’estampe, lithographie, taille-douce, gaufrage, pliage. La traduction de cet univers dans des tapisseries monumentales est un autre aspect largement représenté dans l’exposition. Kiki Smith a fait l’objet de deux expositions récentes à Salzburg et à la Monnaie de Paris, ses travaux sont également visibles dans la nouvelle succursale de la Pace Gallery à Genève. En 2013, elle avait été largement représentée dans l’exposition les Papesses, collection Lambert au Palais des Papes à Avignon, aux côtés de quatre artistes femmes du XXe siècle. ( Camille Claudel, Louise Bourgeois, Jana Sterbak et Berlinde de Bruyckere).


La passion selon Carol Rama. Musée d’art moderne de la ville de Paris jusqu’au 12 juillet 2015

La rétrospective Carol Rama (1918- 2015) est une vaste exposition de l’artiste turinoise qui voyage à travers l’Europe, elle a été présentée à Barcelone et des étapes sont prévues à Dublin et à Turin. Carol Rama a commencé à dessiner très jeune et ses premières expositions firent scandales et furent même censurées. Par la suite, elle a développé une œuvre originale certes, mais qui n’est pas totalement à l’écart des grands courants de son temps. Abstraction, nouveau réalisme, arte povera en particulier. Elle a mis l’autobiographie au centre de son inspiration. Issue d’une famille d’industriels actifs dans l’automobile, puis la bicyclette, elle s’inspira des matériaux laissés par son père qui fit faillite et se suicida en 1942 pour créer ses œuvres. Continuer la lecture

Pierre Bonnard / Georges Braque

Georges Braque: Galeries nationales du Grand Palais, Paris.

( L’exposition Georges Braque est présentée au Guggenheim de Bilbao du 13 juin au 21 septembre 2014.)

Georges Braque (1882 – 1963) jusqu’au 6 janvier 2014. Pour marquer le cinquantenaire de la mort de l’artiste, le Grand Palais propose une vaste rétrospective Georges Braque. Organisée de façon rigoureusement chronologique, elle illustre les divers moments de la carrière du peintre avec 250 oeuvres. Le premier choc initiateur pour Braque, c’est le fauvisme dont il va explorer les ressources dans divers paysages de l’Estaque et de la Ciotat en 1906 – 1907. Proche d’Apollinaire, Kahnweiler et Picasso, il évolue vers des oeuvres construites qui abandonnent le foisonnement coloré dès 1908 pour des dégradés de camaïeu. Matisse parlera de petits cubes, c’est le cubisme analytique. Après quoi il expérimente les papiers collés, renonçant à peindre l’illusion et empruntant des papiers qui font penser à du bois. On assiste à la dissociation entre couleur et forme. Dès 1913 on parle de cubisme synthétique. On ressent l’exigence de Braque, l’envergure immense de ses ambitions, il veut refonder toute la problématique de la figuration, de la représentation. On voit qu’il invente, expérimente, mais aussi, il répète beaucoup le même sujet, pratique la série. Dès 1911, il introduit des lettres dans ses compositions. Ses femmes à la guitare sont tout, sauf sensuelles, formées de planches superposées ! contrairement à Picasso, il n’a pas mis en scène sa propre existence, mais développé rigoureusement ses expériences, ses théories. Il est un véritable précurseur de l’art conceptuel et de beaucoup de démarches basées sur l’appropriation. Ses toiles restent à la fois déroutantes et très actuelles. Braque a bénéficié de plusieurs grosses promotions en début de carrière avec le cubisme et après la guerre, à travers la galerie Maeght, ce qui a maintenu la visibilité de son nom. Mais l’oeuvre ne sera jamais populaire, pourtant on voit qu’elle a nourri de nombreux artistes, en fait tous ceux qui se posent la question de la représentation de la réalité ont appris et peuvent encore apprendre de ses recherches. L’influence qu’il a exercée est assurément considérable. En même temps on sent que le voisinage de Matisse et de Picasso provoque sans doute une certaine retenue, Braque veille à ne pas être influencé par eux, à formuler les choses autrement.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 17 décembre 2013


L’exposition Bonnard du musée d’Orsay me permet de reprendre sur cette page des articles antérieurs consacrés à cet artiste.

Musée d’Orsay Paris, Pierre Bonnard. Peindre l’Arcadie jusqu’au 19 juillet 2015.

 Bien qu’elle bénéficie de nombreux prêts extérieurs, l’exposition du Musée d’Orsay se concentre sur la présentation de toiles qui se trouvent dans les collections publiques françaises et en particulier celles du musée d’Orsay. Associant une approche chronologique et thématique, elle met en avant les grands, voire les très grands formats peints par l’artiste. Ce choix favorise une entrée envoûtante dans l’univers de l’artiste. L’une des particularités de cette présentation est de casser les oppositions habituellement mises en évidence dans les différentes périodes créatrices de l’artiste. En effet la première salle est consacrée à la période nabi et l’exposition s’achève sur les grandes décorations réalisées par Bonnard au début de sa carrière. On voit ainsi qu’il a toujours été fasciné par l’idée de plonger le spectateur complètement dans la peinture. Il évoque tout au long de sa vie l’Arcadie. Continuer la lecture