Jeff Koons

Le centre Pompidou présente une grande rétrospective de Jeff Koons qui sera bientôt sexagénaire, La Rétrospective jusqu’au 27 avril 2015 .

Après avoir visité la rétrospective de Jeff Koons à la Fondation Beyeler en 2012, la comparaison entrer les deux manifestations est intéressante. On retrouve deux traits caractéristiques, l’organisation chronologique par périodes et séries qui ont un titre commun et l’utilisation simultanée du sol et des parois.

Citons quelques sections The New, 1980 qui  reprend des appareils électroménagers ; 1983 – 1985 Equilibrium avec en particulier des ballons de basketball, un canot de plage en bronze; dès 1988 avec la série intitulée Banality, Koons collabore  avec des artisans spécialisés, notamment pour la réalisation de porcelaine dont la statue de Michael Jackson; Avec Made in Heaven 1990, il obtient une immense notoriété à la Biennale de Venise. Ici après un mur d’appel soft, on visite une petite section fermée, précédée de l’inscription « strictement réservé aux plus de 18 ans! » qui propose des photos sexuelles explicites avec celle qui fut brièvement sa femme, la Cicciolina.  Dès 1994, avec Celebration, il aborde de très grands formats, on trouve encore les séries Easyfun, Popeye, Hulk. A l’occasion d’une exposition au château de Versailles en 2008, il reprend les sculptures anciennes sous le titre Antiquity. La dernière série s’intitule Gazing Balls. 

 Jeff Koons est en fait un entrepreneur hybride, puisque rien dans les produits qui portent la signature de Jeff Koons n’est de sa propre main. S’il investit les lieux consacrés à l’art, marché, musée, s’il s’inscrit dans le discours de l’art, en réalité il appartient plutôt à la catégorie des créateurs du type Walt Disney, actuellement son atelier à New York occupe plus de cent collaborateurs. Il a adopté cette méthode de travail très tôt, mais c’est devenu la pratique de nombreux artistes. La possibilité de visiter au même moment, l’exposition Niki de Saint Phalle montre des pratiques antérieures qui impliquaient aussi un travail en équipe qui avaient pourtant un caractère plus aventureux et festif semble-t-il. Jeff Koons est parti d’une critique radicale de la scène artistique, notamment minimaliste, s’est inspiré de l’utilisation de l’objet trouvé, du ready made dans une optique tournée vers la communication, l’affichage public en particulier. A chaque oeuvre plastique correspond une peinture monumentale. Il explore les statuaires en céramique associées au kitsch, mais aussi à de grandes traditions de la porcelaine britannique ou allemande pour créer de nouvelles icônes de son temps, étonnamment, elles ont immédiatement acquis ce statut, comme la statue de Michael Jackson. L’énergie et la maîtrise des processus créatifs développés par Jeff Koons est impressionnante. La reprise de la typologie des engins de plage gonflable lui permet de créer des animaux, des natures mortes monumentales qui exercent une véritable fascination par leur ampleur et leur matière, chien, cygne, bouquet de fleurs. En fait, il démontre une maîtrise de tous les outils d’affichage et de production pour créer des produits qui bénéficient toujours du statut d’oeuvre d’art et les faire connaître. On peut comparer sa démarche à celle des médias qui cherchent à identifier ce qui plaît au public et ensuite lui montrent ou parlent de cela.