Odilon Redon

Fondation Beyeler Odilon Redon 2 février – 18 mai 2014

La Fondation Beyeler choisit de présenter Odilon Redon (1840 – 1916). Elle le montre comme coloriste et veut voir en lui le précurseur d’évolutions du 20e siècle que l’on trouve chez Matisse ou Kandinsky par exemple. Un point de vue original, qui peut se justifier et que l’exposition défend bien. Sur neuf salles, deux sont consacrées aux fusains et à une suite de lithographies, Dans le rêve, 1879. Toutes les autres présentent des pastels ou des toiles en couleur.

Elles sont réunies autour de quelques thèmes qui caractérisent l’oeuvre de Redon, la spiritualité chrétienne ou orientale, la mythologie, la littérature et l’inspiration de la nature, fleurs et papillons notamment. L’exposition s’achève sur un ensemble de barques, évidemment riches en symboles. L’ensemble de la sélection offre un beau parcours dans l’oeuvre de cet artiste.


Galeries du Grand Palais, Paris: Odilon Redon Prince du rêve jusqu’au 20 juin 2011

Cette rétrospective très complète montre l’ampleur des obsessions de l’artiste et une certaine cohérence de son évolution, contrairement à ce que l’on tend à relever généralement. Elle sera visible au musée Fabre de Montpellier du 7 juillet au 16 octobre 2011.

Les grandes suites lithographiques sont montrées complètes et l’on pénètre ainsi dans le processus créatif de l’artiste. Il apparaît obsédé par les têtes coupées qui prennent les formes les plus diverses, surgissent de la brume, deviennent des figures iconographiques familières comme le Christ, ou des sphères géométriques, se transforment en oeil. Autour de cet organe Redon développe d’innombrables variations. Il joue sur le gros plan, s’intéresse au profil. Ce maître de l’estampe et du fusain est un lithographe acharné, passionné par le mystère du noir. Ses recherches aboutissent à l’une des oeuvres les plus connues, emblématiques, La Fleur de marais, le registre de l’étrange devient alors presque illustratif. Paradoxalement, mais aussi logiquement, il se concentre sur les fleurs dans la fin de sa vie. Le fusain devient pastel ou huile et même dans des travaux décoratifs consacrés à des corolles de fleurs, on trouve comme un écho des premières têtes coupées. On prend toute la mesure de ce précurseur du surréalisme qui incarne à merveille la permanence dans l’expression artistique d’obsessions, indépendamment des époques et des styles.

Patrick Schaefer L’art en jeu 19 mai 2011