Paul Gauguin

8 novembre 2017: Paris Grand Palais. Paul Gauguin l’alchimiste jusqu’au 22 janvier 2018

Le sous-titre de cette vaste rétrospective Gauguin souligne qu’elle se concentre sur le processus créatif suivi par Gauguin. Elle veut montrer comment il s’attaque aux matériaux: la céramique, le bois pour en faire des gravures ou des sculptures et enfin bien sûr les peintures. Le parcours est complété par de petits films qui expliquent les divers aspects du travail de l’artiste.

Suite à la visite de cette rétrospective j’ai lu Le Paradis – un peu loin de Mario Vargas Llosa, une biographie romancée, croisée de Flora Tristan et de Paul Gauguin, elle forme une évocation passionnante et prenante de ces deux figures et de leur contexte de vie. Parue en 2003, un date qui marquait à la fois le centenaire de la mort de Gauguin et le bicentenaire de la naissance de sa grand-mère maternelle!

Paul Gauguin. Fondation Beyeler jusqu’au 28 juin 2015

Avec une cinquantaine de toiles et de sculptures, l’exposition de la Fondation Beyeler se concentre sur la représentation de la figure humaine dans l’oeuvre de Paul Gauguin. J’ai été frappé par l’absence de toute nature morte, il en a peint de somptueuses pourtant.

A l’exception de la palette du peintre, accrochée dans la première salle, il n’y a aucune documentation, par contre des écrans tactiles, interactifs sont disponibles dans la dernière salle qui jouxte la librairie, spécialement aménagée pour cette occasion. La palette souligne le culte de la couleur qui caractérise Gauguin et qui va marquer profondément l’art des générations suivantes. L’exposition se concentre sur les plus belles toiles de l’artiste sur la « fin » de cette courte carrière (20 ans à peine, il débuta à 35 ans et mourut à 54 ans !). Elle nous fait découvrir le regard religieux de Gauguin, d’abord touché par les pratiques traditionnelles bretonnes et qui passe soudain au monde habité de mythes des Marquises. Parallèlement à cette sensibilité aux pratiques religieuses universelles, il est aussi habité par le bagage de l’histoire de la peinture de ses collègues contemporains ou des maîtres anciens. Il exprime encore ses propres aspirations, son univers érotique. La sélection qualitative est très remarquable avec de nombreuses toiles venues de Russie et le célèbre triptyque de Boston. Comme pour l’exposition Courbet, la Fondation Beyeler a réuni un tableau de chasse impressionnant.

L’ouverture de l’exposition est entachée par une rumeur qui semble confirmée. Elle concerne la toile Quand te maries-tu ? de 1892, présentée ici avec son pendant du musée Pouchkine à Moscou Eh quoi ! tu es jalouse ?, 1892.
C’est l’une des pièces phares de la Fondation Rudolf Staechelin déposée jusqu’à présent au musée de Bâle, elle aurait été vendue au Qatar pour 300 millions. La Basler Zeitung du 6 février 2015 consacre une page entière à cette catastrophe sans précédent pour le patrimoine muséal et culturel de la Suisse, mais ne parle que de rumeur. On ne soulignera jamais assez que c’est un désastre absolu. L’aboutissement d’une stratégie à long terme des descendants d’un collectionneur qui voulait pourtant clairement offrir sa collection au public. Elle ne pourrait se produire dans aucun autre pays au monde, car tous ont des législations limitant plus ou moins les exportations d’œuvres d’art, ce qui n’est pas le cas en Suisse.

 


 

L’oeuvre gravé de Gauguin fait l’objet d’une présentation au Kunsthaus de Zurich du 28 septembre 2012 au 20 janvier 2013, avec quatre suites d’estampes: la suite Volpini, la suite Noa Noa, la suite Vollard et Le Sourire une revue imprimée par Gauguin entre août 1899 et avril 1900. Il a recouru à la zincographie et à la gravure sur bois. Souvent peu lisibles, ces oeuvres reprennent parfois des éléments de peintures, elles sortent de la nuit avec fulgurance et une grande véhémence expressive.

 


 

Gauguin constructeur de mythes, Tate Modern Londres jusqu’au 11 janvier 2011

Après la présentation du centenaire de la mort de l’artiste au Grand Palais à Paris en 2003, l’exposition Paul Gauguin (1848 – 1903) de la Tate Modern veut montrer Gauguin comme créateur d’histoires. Elle insiste aussi sur la personnalité de révolté du personnage et ses origines familiales révolutionnaires.

Organisée thématiquement elle prend en compte tous les aspects de la production de l’artiste: peintures, sculptures, céramiques, dessins et gravures. Si le propos est très intéressant, l’exposition souffre de la qualité moyenne de certaines oeuvres retenues et bien sûr de l’absence de la pièce centrale le fameux D’où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous? de Boston qui est essentielle au propos choisi et dont on ne fait aucune mention.

Certaines salles sont très réussies et d’autres beaucoup moins. La première consacrée aux autoportraits commence en fanfare, plus loin une grande salle, excellente, est consacrée à la façon dont il a rendu le familier étrange, on trouve ses sabots sculptés, des pièces de céramique et des toiles montrant un intérieur ou des natures mortes. Les choses se gâtent dans l’espace consacré au paysage et à la narration rurale, car les oeuvres choisies sont souvent médiocres. On ne comprend vraiment pas pourquoi la salle consacrée aux thèmes religieux ne mentionne pas d’une manière ou d’un autre D’où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous?. Les plus belles toiles sont réunies dans une petite salle consacrée aux titres des tableaux chez Gauguin. Etant donné l’approche très analytique et documentaire de l’exposition, deux salles de documentation apportent une quantité d’informations sur l’époque et le contexte. On aurait pu attendre encore une présentation sur la façon dont l’oeuvre de Gauguin a été conservée et transmise, car on se demande et on aimerait bien savoir comment s’est opéré le passage d’une hutte misérable à de belles toiles somptueuses, accrochées aux cimaises des musées?

20 octobre 2010