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liste par artistes

Mathildenhöhe à Darmstadt présente les vues d'architecture d'Andreas Gursky jusqu'au 7 septembre 2008

Musée des beaux-arts de Bâle Andreas Gursky jusqu'au 24 février 2008

Après le Haus der Kunst de Munich, le musée des beaux-arts de Bâle présente les derniers travaux d'Andreas Gursky jusqu'au 24 février 2008. En effet ces 24 tirages de très grands formats sont tous datés de 2006 - 2007. Ils proposent des regards plongeant sur une grande variété de lieux et de situations depuis les défilés de masse à Pyong Yang jusqu'à une course de ski de fond en Engadine, un circuit de formule 1 ou la bourse de Kowait sans oublier l'aéroport de Francfort. Ce sont des étapes dans la constitution "d'une encyclopédie de la vie". On retrouve toujours la fascination de Gursky pour des structures répétitives de types alvéolaires qui donnent une dimension abstraite à la réalité reproduite. Par ailleurs les êtres humains sont des figures de petite dimension qui apparaissent comme les fourmis dans une fourmilière ou les abeilles dans une ruche. Le point de vue du photographe est tout puissant, il voit les choses d'en haut même s'il apparaît lui aussi tout petit avec une équipe de tournage face à d'immenses verrières dans Katedrale I. On pense aux artistes du 18e siècle qui se montraient subjugués face aux ruines antiques ou aux phénomènes de la nature. Malgré les réserves que l'on peut exprimer devant ce regard absolutiste, il est clair que ces travaux exercent une fascination par la variété des sites et des points de vue représentés et la façon dont Gursky retrace les interventions de l'homme dans la nature. Dans la première salle on trouve Kamiokandé une structure de boules étranges avec deux petits bateaux sur une surface d'eau. On se demande s'il s'agit d'un jeu, mais en réalité c'est un site expérimental développé au Japon pour étudier la stabilité des protons. L'affiche de l'exposition présente des îles artificielles construites à Dubai qui apparaissent comme de petits nuages blancs dans un ciel d'un bleu profond. On voit les navires qui circulent dans cet archipel construit par l'homme. l'une des pièces les plus difficiles à déchiffrer s'intitule Beelitz en fait il présente des cultures d'asperges, on voit la structure de la terre travaillée, les bâches de plastiques et les hommes qui s'affairent.

Dans la presse Gursky est toujours célébré comme le photographe le plus cher au monde! On peut s'interroger sur les commanditaires ou les collectionneurs qui recherchent ces images montrant l'humanité désindividualisée, sans sentiments comme une fourmilière?

Patrick Schaefer L'art en jeu 31 octobre 2007

Musée national d'art moderne, Centre Pompidou

Andreas Gursky, jusqu'au 29 avril 2002

La rétrospective du photographe allemand Andreas Gursky (né en 1955) présentée par le Centre Pompidou après le Museum of Modern Art de New York propose environ 55 travaux de l’artiste, leur réalisation s’étend du milieu des années 1980 à aujourd’hui. Les œuvres disposées dans une dizaine de salles ne sont pas ordonnées chronologiquement, des passages dans le temps et l’espace sont proposés. Peut-on dire que le point de vue de Gursky est swiftien? Il semble en effet regarder les hommes comme Gulliver à Lilliput, ce qu’ils construisent, les espaces où ils vivent sont vus de très loin, comme une fourmilière. Il semble aussi suggérer des rapprochements de structures entre ce que l’on observe dans la nature, les rochers, les glaciers, le sable et les structures, horizontales, verticales ou foisonnantes construites par l'homme qu'il fait ressortir par le regard distant qu’il porte sur l’humanité. Ainsi sont rapprochées une vue du glacier d’Aletsch en 1993 et le port de Salerne en 1990 où sont parquées d’innombrables automobiles. La Supernova de 1999 et un concert de Madonna en 2001. Une vitrine dans un magasin Prada et les Dolomites qui surgissent du brouillard. Les hommes sont comme des confettis, des poussières d’étoiles, enfermés dans des niches, des alvéoles construites pour eux, par eux. Gursky affirme une distance absolue et une critique très lointaine en s'intéressant aux traces humaines sans aucun espoir. Evidemment la monumentalité et la virtuosité des réalisations de Gursky impressionnent, fascinent, elles expliquent aussi sa cote et sa réputation.

Photographie et peinture

La photographie est devenue l’espace d’expression privilégié du caractère construit de toute image. Une situation paradoxale dans la mesure où elle était, est encore parfois, tenue pour constat « objectif ». Mais au même titre que la peinture ou l’image mobile, la photographie affirme son caractère construit. Depuis 1992 Gurski digitalise ses images et les modifie de cette façon. Il revendique pourtant encore un caractère d'enregistreur du monde.

Andreas Gurski appartient à l’école de Düsseldorf qui a poussé le plus loin la réflexion sur l’objectivité de la prise de vue photographique sous la direction de Bernd Becher. Avec notamment ces points de vue orthogonaux supposés éliminer toute déformation. A partir de ce parti-pris, il développe pourtant une construction de l’image qui peut aussi être considérée comme un constat. Il existe en outre une ambiguïté qui rend l’interprétation de ses travaux assez difficiles : impersonnels, gigantesques, virtuoses techniquement, ils ont suscité par réaction tout un courant qui affirme au contraire la subjectivité de la prise de vue, collée au corps, collée au regard, aux désirs, aux sentiments et aux perceptions fragmentées dont Wolfgang Tillmans est un exemple marquant.

Patrick Schaefer, L'art en jeu, 12 mars 2002

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