Edouard Chapallaz expose à la Galerie Latham à Genève du 11 au 28 octobre 2006.
Edouard Chapallaz (1921- 2016) céramiste
Edouard Chapallaz est un céramiste dont la réputation dépasse largement les frontières de la Suisse. Dans ses expositions il aime rassembler les aspects les plus divers de sa production: des pièces inspirées par l’art des Cyclades, des céladons, des rouges sang de bœuf, des réductions de fer qui forment ainsi des groupes divers par la couleur et les références culturelles qu'ils évoquent. Les formes des objets proposés sont variées, elles vont du plat au vase en forme d’amande en déclinant une diversité dans les ouvertures, les dimensions et les usages. Les textures offrent aussi une gamme large qui va du lisse au grenu, au rocailleux même. Le respect des technologies anciennes, va de pair avec les surprises d’une réalisation qui échappe partiellement à son auteur par le passage dans le feu. D’un côté une grande maîtrise dans le modelage, dans la fabrication et l’usage des émaux, de l’autre une capacité d’écoute, une réceptivité au hasard, une soumission lorsque l’artiste place son travail dans le four. Ce dernier lui rendra une pièce transformée qui réserve des surprises. Plastiquement l’œuvre de céramique est un objet dans l’espace, proche de la sculpture et pourtant elle demeure inscrite dans le quotidien, l'utilitaire. Les formes développées, les matières travaillées correspondent à des besoins, à des usages répétés depuis des millénaires, elles sont les produits les plus répandus du savoir-faire humain.
Aujourd’hui la céramique est sans doute une expression particulièrement caractéristique des confrontations entre tradition et innovation. Elle implique un mariage subtil entre habileté manuelle, connaissance technologique et soumission à une chaleur extrême dont le résultat est plein d’incertitudes. Les créations d’Edouard Chapallaz proposent ainsi une étonnante association entre différentes périodes d’un passé qui peut être médiéval, antique, occidental ou oriental. Dans un téléscopage mystérieux inspiré par la permanence des usages, des besoins et l’actualité de la création, toutes ces sources se retrouvent dans l’expression moderne. A l’heure où l’on affirme souvent que les barrières entre art appliqué et art avec un grand A ont éclaté, la céramique pourrait être l’exemple de ce franchissement. Pourtant il faut constater qu’elle fait encore l’objet d’un certain dédain sous nos latitudes du moins. Trop souvent les céramistes se livrent à des extravagances d’un goût douteux. Les pièces de Chapallaz se distinguent par leur enracinement dans le quotidien : une jarre, un plat, un vase, un pichet ou encore un bol. Les revêtements qui viennent couvrir ces pièces leur confèrent une vibration, une présence qui transcende l’usage quotidien sans le mettre en cause et de cette tension entre le banal, l'art et l'histoire naît une création qui affirme le savoir, la sensibilité et l’esprit de celui qui les crée.
Tous les efforts de l’artiste contribuent à l’affirmation de ces présences de terre et de feu.
Une large présentation de la production récente d'Edouard Chapallaz est visible à la galerie Latham à Genève jusqu'au 2 octobre 2004
Patrick Schaefer, L'art en jeu, 16 septembre 2004
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