L'art en jeu
Kunsthaus Zurich
Hypermental, la réalité délirante 1950-2000 de Salvador Dali à Jeff Koons jusquau 21 janvier 2001 (Kunsthalle Hambourg du 16 février au 6 mai 2001)
Le cadre général de cette exposition propose dexaminer la postérité du surréalisme. Sous la forme de collages ou dassociations visuelles séduisantes, elle offre avec plus de 50 artistes un véritable sampling de lart des cinquante dernières années. Loin dun parcours historique, il sagit de sinterroger sur des parentés, des dérivations possibles, suggérées, hypothétiques. Le propos nest pas dexaminer des filiations historiquement établies comme celle qui existe entre Magritte et Broodthaers ou encore le passage de témoin bien connu entre Duchamp, Tinguely et le néo-dadaïsme. Il sagit plutôt de rapprochements légers, intuitifs qui ne se préoccupent ni dune « vérité historique » ni dune parenté conceptuelle explicite.
Manifestement le propos nest pas daffirmer des vérités historiques, mais plutôt dattirer lattention sur un développement de limaginaire qui pourrait avoir des points communs ou plutôt sur des constantes que lon retrouve à intervalles réguliers. Ainsi, le visiteur est agréablement reçu dans un premier espace où résonne la musique planante, provenant dune vidéo récente de Pipilotti Rist présentée dans une cabine voisine, I wouldnt agree with you more, 1999. (On la voit dans un supermarché devant des cageots de fruits, une seconde image plus petite autour de sa tête illustre ses rêves dans lesquels elle voit danser de jeunes hommes nus). Des toiles de Dali, Portrait de mon frère mort, 1963, Jeff Koons, Lowell Nesbitt, Studio Window, 1967, un triptyque représentant différents éclairages sur les rideaux de son studio, une sculpture de Duane Hanson, House Wife, 1969-1970 occupent cette première salle. Ces confrontations surprenantes, attendues parfois, vont se répéter autour de six problématiques qui évoquent en particulier le rapport à lobjet, la sexualité et la vision du cosmos. (Ce fil conducteur est présenté dans la feuille dinformation du musée). Toujours dans la première section qui concerne lobjet, on associe Gnoli, Rosenquist, Cottingham, Koons, Richard Prince et Richard Hamilton. Puis cest lart conceptuel sous la forme des happenings qui est évoqué par des photographies et des vidéos de Martha Rossler, Bringing the War Home, 1967-1972, Alan Kaprow, Polke, 1968, Gilbert&George, 1972, Chris Burden. La bande son de Nauman, Get out of my Mind, 1969 succède ici à la musique de Pipilotti Rist comme bruit de fond.
En plus des parallèles ou des filiations, il y a bien sûr le cas fascinant des permanences. Ici ce sont Louise Bourgeois et Yayoi Kusama qui les incarnent dans la section dédiée à la sexualité. Elles sont associées à Matthew Barney, Duchamp, Meret Oppenheim et aux sculptures en glace de Max Mohr. Une section, Psychedelik Cybermystik, dédiée aux sensations juxtapose les effets optiques des toiles de Bridget Riley de 1968 aux espaces mystiques conçus par Mariko Mori, évoquée par une très grande photographie de 1997-1998. Un mixage dartistes intéressants, remarqués dans des expositions récentes à travers le monde est encore proposé, citons les surs Wilson, dont on présente ici la vidéo sur quatre écrans Stasi City, 1996 ou Doug Aithken qui a effectué détonnants reportages en Inde, mais aussi les visions délirantes dOlaf Breuning ou linstallation de John Bock. Sarah Lucas, Katharina Fritsch, Jeff Wall, Robert Gober, Fred Tomaselli nont pas été oubliés. Lexposition sachève sur diverses visions du cosmos de Polke à Glen Brown, avec Böcklin Tomb, 1998.
Lapproche est esthétique, artistique et parfaitement au diapason de certaines recherches actuelles. Pourtant le propos, le cadre général sont si vastes, si volatils et confus que rares sont les uvres et les artistes qui ne pourraient figurer dans lexposition. Lévocation de démarches aussi différentes paraît excessivement superficielle et interdit au visiteur qui na pas vu dans dautres villes, les expositions personnelles de certains de saisir leur véritable intérêt. Par ailleurs, sont totalement exclus les artistes qui de leur côté tout en développant une réflexion sur la question du fantastique et de limaginaire ont su mettre en scène cette problématique de façon critique dans leurs uvres. Je pense par exemple à Victor Burgin (Another Case History, 1999 qui sinscrit dans une série inspirée par Vertigo de Hitchcock) ou à Suzanne Hiller. (Le paranormal, limaginaire occupent une place si importante dans le travail de cette dernière quelle a été invitée à réaliser une exposition intitulée Dream Machines qui établit de nombreux ponts entre les recherches contemporaines et le surréalisme).
Il faut relever que la confrontation de quelques toiles de Dali peintes dans les années 1960 avec des démarches actuelles est tout à fait étonnante. Elles se dégagent de manière intéressante, de plus la confrontation avec cette présence tutélaire a pour conséquence, heureuse, que les travaux réalisés sur toile occupent une place importante dans lexposition. La présentation de démarches si diverses, aussi passionnantes soient-elles, encourage une perception rapide, un zappage systématique, peu compatible avec une prise en considération qui respecte les uvres et les artistes présentés. Elle tend ainsi à aplatir la spécificité de chacun, à la faire disparaître dans un immense bain dimages.
Patrick Schaefer, décembre 2000, Lart en jeu.
Chaque année amène son lot d'anniversaires. En 2004, il est un centenaire dont on va beaucoup entendre parler c'est celui de Salvador Dali (1904 - 1989). On signale déjà la présentation dans plusieurs festivals d'un dessin animé de 6', intitulé Destino, réalisé en 1946 pour Walt Disney, un projet abandonné qui n'avait jamais été montré. On connait la collaboration de Dali avec Bunuel et Hitchcock, mais celle avec Disney était moins connue. Une exposition Dali et la culture de masse sera présentée à Barcelone (27 01 - 23 05 2004), Madrid (22 06 - 30 08 2004) et Rotterdam (15 02 - 15 04 2005). Pour des informations sur cette année il faut consulter le site de la Fondation Gala - Salvador Dali.