Louise Breslau (1856 – 1927)

Basculer en brouillonPrévisualiserMettre à jour

Louise Breslau (1856-1927) au musée des beaux-arts de Lausanne.

Depuis le texte fondateur de Linda Nochlin paru dans Art News en 1971 « Why have There Been No Great Women Artists? », qui a ouvert un vaste champ d’études et d’innombrables discussions, la redécouverte d’artistes femmes longtemps oubliées, même lorsqu’elles bénéficièrent d’un incontestable succès de leur vivant, est allé bon train. Le musée des beaux-arts de Lausanne possède dans ses réserves deux grands portraits d’une artiste qui n’a pas trouvé sa place à ce jour dans le palmarès de l’histoire de l’art. D’origine allemande, mais de nationalité suisse, Louise Breslau (1856-1927) passa dès 1876 l’essentiel de sa vie active à Paris où elle devint une portraitiste réputée. L’exposition rétrospective met en valeur les diverses facettes de sa production: peintre de portraits mondains, portraitiste d’enfants et portraitiste intime.

La lecture des contributions au catalogue de l’exposition rédigées par Anne-Catherine Krüger-Karczeweski, qui a consacré une thèse et un catalogue raisonné à cette artiste en 1988, nous révèle que la vie de Breslau fut une suite de succès et de témoignages de reconnaissance publique. Toujours appréciée, elle fut évaluée comme la meilleure depuis ses premières tentatives dans le monde artistique. Elle fréquente un cercle d’écrivains et de peintres réputés, notamment Degas et Forain. Une année avant sa disparition, elle dresse un premier bilan de son activité et en 1928 une année après sa mort, l’école des beaux-arts de Paris lui rend hommage par une rétrospective. Ce fut la dernière avant celle présentée ici. Une longue éclipse qui s’explique sans doute davantage par le rejet dans le courant dominant de l’histoire de l’art des artistes à succès au profit des «maudits» que par l’identité féminine de l’artiste. Les textes du catalogue insistent sur la distinction entre la vie parisienne de l’artiste où son identité féminine ne posait pas de problème et n’a pas nui à sa carrière et l’attitude des milieux artistiques helvétiques qui se signalent par une misogynie virulente.

Ces points doivent toutefois être nuancés. Il ne fait aucun doute que les collègues helvétiques de l’artiste qui jouissaient eux aussi d’un grand succès, notamment Ernest Biéler et Charles Giron ont échappé à l’oubli essentiellement en raison des commandes pour des décorations publiques qu’ils ont pu obtenir. Quant à Eugène Burnand, il s’est fait un nom dans la peinture religieuse. Si la production des collègues helvétiques masculins de Breslau s’était limitée au portrait, ils seraient sans doute eux aussi oubliés. Or il est clair que Louise Breslau ne semble pas avoir envisagé ou même espéré s’exprimer dans d’autres genres ou obtenir des commandes publiques ni en France, ni en Suisse. Elle acceptait de se limiter au genre lucratif du portrait dans lequel de nombreuses femmes artistes s’étaient déjà fait un nom, en particulier au XVIIIe siècle. En réalité ce sont bien ces limites qui expliquent l’oubli qui a suivi son décès.

Catalogue: Louise Breslau de l’impressionnisme aux années folles, textes de Anne-Catherine Krüger, Catherine Lepdor et Gabriel P. Weisberg, Skira/Seuil, Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne.

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 13 novembre 2001



  • Page
  • Bloc

État et visibilité

VisibilitéPublique

Publier30 novembre 2001 7 h 06 minAuteur/autriceadminMettre à la corbeille

Modèle

Permalien

Slug d’URL

La dernière partie de l’URL. Lire à propos des permaliens(ouvre un nouvel onglet)

VOIR LA PAGE

http://www.art-en-jeu.ch/home_wp/louise-breslau-1856-1927/(ouvre un nouvel onglet)

Image mise en avant

Commentaires

Attributs de page

Ouvrir le panneau de publication

  • Page