L'ART EN JEU

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Costa Vece expose Metissage au Kunstraum Kreuzlingen jusqu'au 4 mars 2012

Costa Vece expose au Kunstmuseum de Soleure du 28 mai au 7 août 2006

Costa Vece a construit dans les salles du musée un pont de bois ancien, le visiteur traverse cette structure et découvre une crypte avec des têtes revêtues de bonnets, puis des inscriptions moralisantes sur une paroi et plus loin un fragment de l'Evangile selon Saint Matthieu de Pasolini, l'instant pathétique de la montée au calvaire et de la Crucifixion. En sortant de ce tunnel le visiteur découvre un immense drapeau suisse en noir et blanc fait de vêtements liés par des imperdables.

Costa Vece expose à la galerie Attitudes à Genève du 5 février au 19 mars 2005.

Costa vece participe à ADAM 3 septembre - 16 octobre 2005 30 projets à travers la ville d'Amsterdam.

Quelques questions à Costa Vece à propos de "House of Cards" et de It's a "Wonderful Life"

Grâce à une bourse de l'Office fédéral de la culture Costa Vece habite depuis une année un atelier à Berlin. Je lui ai rendu visite en février 2004 et lui ai proposé de poursuivre l'entretien que nous avions commencé en 2001 lors de son exposition au Migrosmuseum à Zurich.

1. Dans ton atelier on voit deux grandes tables avec deux ordinateurs et derrière une étagère où sont rangées des quantités de diapositives. Sur une autre table on découvre aussi un projet que tu as bricolé avec un jeu de cartes. C'est une maquette pour ta prochaine exposition prévue à Barcelone.

Est-ce que tu travailles avant tout en fonction des invitations qui te sont faites? peux tu nous parler un peu de ta méthode de travail et de ces deux expositions à Barcelone et à Mexico?

1. On ne peut pas dire que je travaille avant tout sur des propositions d'expositions. Pour décrire mon processus de travail, je dirais que je fais beaucoup de photos et à partir de ces photos je développe beaucoup de mes travaux. Je note des idées et je fais des esquisses. Je regarde aussi beaucoup de films et je copie les scènes qui m'intéressent pour les retravailler.

Si on m'invite pour une exposition je commence par visiter le lieu. Et s'il s'agit d'un espace vraiment très grand et très haut comme au Centre Santa Monica à Barcelone sur lequel on peut avoir une plongeante de tous les étages, je réfléchis très précisément à ce que je vais montrer dans un tel lieu, de façon qu'il y ait aussi une relation avec l'endroit. Ces derniers emps je me suis intéressé à l'image du château de cartes, notamment à cause de la sculpture de Richard Serra intitutlée "House of Cards". Sur internet j'ai pu constater que beaucoup d'entreprises utilisent cette image du château de cartes. Ce qui est amusant c'est qu'ils utilisent l'image d'un jeu pour montrer comme ils s'occupent soigneusement d'une chose et on ne voit jamais de château de cartes détruit. Plus c'est haut, mieux c'est. Je me suis aussi intéressé à l'expression "le château de cartes s'est effondré" que l'on entend assez souvent ces derniers temps à propos de l'économie. A Barcelone j'ai construit un château de cartes trop grand qui s'est effondré. Dans une niche de ce château de cartes j'ai projeté en loop une séquence du film "The Getaway" de 1972, de Sam Peckinpah, avec Steve McQueen et Ali MacGraw. Dans ce passage on voit deux personnages qui sont éjectés d'un camion à ordures sur une décharge . Le titre était "House of Cards".

Costa Vece House of Cards CASM Centre d'Art Santa Monica Barcelona 19 mars - 6 Juin 2004 (d'autres photos)

Pour le projet dans l'espace d'exposition Ex Teresa Arte Actual 7. Mai - 6. Juin 2004 à Mexico City, les choses furent un peu plus difficiles. On m'invita à réaliser un travail spécifique pour le site, mais je n'avais jamais vu l'endroit auparavant. J'avais besoin d'un plan et de photos des salles. J'ai finalement obtenu un plan, mais on ne voyait pas quelles étaient les salles d'exposition, ni leurs dimensions. Je n'ai pu obtenir davantage d'informations ou de photos. Je suis tout de même parti pour Mexico, avec quelques idées en tête qui pourraient peut-être être réalisées, sans savoir ce qui m'attendait là-bas. Lorsque je suis arrivé, ils ont tout de suite voulu savoir quel était mon projet, avant même que j'aie vu l'espace. Je dois encore ajouter que je ne disposais que d'une semaine pour faire le travail. Je me suis alors rendu compte qu'il s'agissait de très grands espaces. C'était une ancienne église et le plan ne m'avait pas permis de réaliser ce qui m'attendait. J'ai réfléchi à plusieurs projets et je les ai proposés. Mais j'ai aussi dû constater qu'il y avait plusieurs jours fériés et qu'on ne travaillait pas le week end. En plus la porte principale était fermée par un chantier de sorte qu'on ne pouvait amener de grandes pièces dans la salle.

Face à ces circonstances j'ai décidé de modifier mon projet. Comme je passais tous les jours sur le Zoccalo (la plus grande place de Mexico) et que je voyais le gigantesque drapeau mexicain qui flotte sur la place, j'ai eu l'idée que je voudrais bien avoir aussi un drapeau dans mon exposition. Au marché aux puces, j'ai acheté des vêtements usagés, nous en avons fait un grand drapeau mexicain de 6 mètres sur 4 mètres en le cousant avec des épingles de sûreté. Le drapeau fut attaché à une tour de 7 mètres de haut, faite avec des bidons d'huile et encore fixé à un mur pour que l'on voie le drapeau comme un tout. Le titre était "Hecho in Mexico".

Dans une deuxième pièce j'ai aménagé un petit cinéma ou l'on projetait divers films sanglants. Le cinéma était recouvert d'une bâche, car je voulais qu'il pleuve dessus pendant la projection. Le titre était: "The saint, the blood and the miracle".

Dans la troisième salle était installé un travail plus petit un tonneau d'huile rempli d'ordures et l'on entendait les cris d'un bébé jaillir de là. Le titre était "It's a wonderful life".

2. J'ai l'impression que ton travail est très marqué par le quotidien, tu pars de la trivialité du quotidien: des emballages de twix, des cartons, maintenant un jeu de cartes; mais il peut aussi y avoir des éléments plus imposants comme la caravane pour les vacances ou sur le chantier. Peux-tu nous dire quelque chose sur ces éléments tirés de la vie de tous les jours et leur lien avec tes propres expériences autour de la famille, de l'immigration en Suisse et de ta propre solitude?

2. Tu as raison beaucoup de mes travaux sont marqués par le quotidien. Les matériaux sont très simples, triviaux, primitifs, mais je les utilise toujours dans des rapports, des situations nouvelles. Par exemple lorsque je fabrique une lampe de 99 ampoules avec des emballages de twix, elle a un effet très trivial, mais je la vois aussi comme un lustre d'emballages de chocolat qui dégage une lumière très chaude. Une de mes passions est d'aller dans les kermesses et j'aime bien tirer dans les stands. Cela vient de ce que j'appartiens à une famille d'ouvriers et que j'ai été élevé dans un orphelinat la fascination du trivial m'a été inoculée au berceau en quelque sorte. Je ne sais pas si mon travail à quelque chose à voir avec ma solitude...je ne me sens en fait pas seul, on ne peut pas le dire ainsi. Lorsque je suis seul je me sens bien avec mes rêves éveillés. Dans mon travail il s'agit davantage d'une nostalgie romantique qui se transforme partiellement en catastrophe et cela peut bien avoir à faire avec mon histoire personnelle.

3.Tu viens de passer une année à Berlin. Peux-tu déjà dire quelque chose à propos de cet éloignement: des découvertes, de nouvelles choses dont tu prends conscience?

3. C'est clair Berlin est tout de même beaucoup plus grande que Zurich, bien qu'il ne s'agisse pas de grandeur et que je ressente aussi Berlin comme très provinciale. Mais c'est là le charme de cette ville justement, on n'a pas l'impression d'être dans une capitale. Et puis les gens sont très ouverts on noue facilement des contacts, ce qui est très difficile, voire impossible à Zurich pour un nouveau venu.

Un autre charme de cette ville c'est qu'on n'a pas l'impression qu'elle est terminée. Il existe beaucoup de surfaces, d'espaces en friche et il y a toujours quelque chose de nouveau ou des utilisations temporaires. Il y a simplement plus d'air et quand on vient de Suisse, c'est très libérateur. On sent aussi que la ville n'a pas d'argent et que les gens sont pauvres, ce qui a des côtés agréables pour un artiste. Le seul problème c'est qu'il est très difficile de gagner de l'argent ici. Je ne peux pas dire maintenant ce que cela implique pour mon travail de vivre à Berlin, peut-être que quelque chose va changer, aucune idée...on verra, je me sens pas mal du tout ici. Je vais rester encore un peu de temps.

Vers la version originale allemande.

Patrick Schaefer, L'art en jeu, 2 septembre 2004

Costa Vece: Look back in Anger

Costa Vece est fasciné par le cinéma et son impact sur le spectateur. En 1997, il a présenté à l'intérieur d'une immense tour de cartons, dans un espace très réduit, un fragment du film Dressed to kill de Brian de Palma. Puis il a réalisé toujours avec des cartons un vidéolounge pour l'exposition Blick übers Mittelmeer au Kunsthaus à Zurich et pour la Biennale de Venise en 1999. Pour son exposition au Migros Museum, il a construit un grand bateau en bois naufragé, le mât cassé en deux. Dans le fond une lueur rougeoyante est projetée contre le mur, la bande-son pathétique d'un film résonne dans la grande salle. On peut pénétrer par une brèche dans la coque du navire pour découvrir un extrait particulièrement dramatique du film Stromboli de Rossellini. J'ai voulu lui poser quelques questions autour de cette exposition et de son travail.

Questions à Costa Vece

1. Avec tes grandes installations veux-tu te mettre au service des films ou bien le film n'est-il qu'un prétexte pour faire une installation?

1. Je suis un fan de cinéma. Enfant, j’ai regardé un film après l’autre jusque tard dans la nuit. Ainsi certains films ou séquences spécifiques se sont inscrites dans ma mémoire au cours des années. Avec Dressed to kill je suis parti de la scène de l’ascenseur où la femme est assassinée, mais après une étude approfondie du film j’ai constaté que la séquence au musée m’intéressait beaucoup plus, premièrement parce qu’elle se passe au musée et deuxièmement parce que dans toute la scène qui dure 6 minutes aucun mot n’est prononcé. Imaginez-vous que cela soit possible dans le Hollywood d’aujourd’hui. Ce jeu d’observaion et de flirt du couple au musée, dans le film et ensuite dans la réalité artistique m’a paru très passionnant. Pour le vidéolounge, cela s’est passé un peu de la même façon. Il s’agissait de concevoir un espace qui permette la projection simultanée de toutes les vidéos. J’essaie de placer le film dans un espace tridimensionnel et cela se fait main dans la main avec le film. Je construis également des espaces sans vidéo où cette question ne se pose plus

2. Pour toi quel est l'élément essentiel dans l'impact d'une oeuvre d'art?

2. Une question difficile. Je pense que dans mon travail, il s’agit de transmettre un sentiment comme la colère, la mélancolie, le bonheur ou le désarroi. Quelque chose d’humain.

3. Pourrais-tu nous parler un peu de l'origine et du développement de l'installation que tu présentes au Migros Museum «Look back in Anger » ?

3. J’ai été totalement fasciné par un livre qui raconte l’histoire d’un bateau qui s’appelait « Endurance ». Il s’agissait d’une expédition dans l’Antarctique. L’Antarctique avait déjà été découvert, mais personne ne l’avait traversé. C’était le but du voyage. Mais les choses se passèrent autrement. Le bateau fut pris dans les glaces et finalement écrasé. Ce qui était passionnant dans cette histoire, c’est que l’équipage survécut deux ans dans ce froid jusqu’à ce qu’il soit secouru. Mon idée était de construire un bateau qui soit à peu près dans le même état. Le bateau est un moyen de transport qui sert à voyager, commercer, conquérir, fuir et apporter le progrès. Un bateau suggère encore d’autres connotations. Des histoires d’aventures, Robinson Crusoë, les pirates, l’Arche de Noé, toutes des histoires que l’on peut mettre dans un bateau, ce qui est passionnant. Mais lorsque les forces de la nature ou une autre catastrophe le détruisent, il ne s’agit plus que de survie, peu importe comment. J’ai déjà travaillé sur ce thème dans l’exposition Squatters au Witte de With à Rotterdam. Là-bas j’ai fait construire une petite maison dans laquelle de l’eau a coulé tout le temps jusqu’à ce que la maison soit détruite.

4. Après la réalisation de cette installation impressionnante, quels sont tes autres projets ?

4. Le prochain projet était un stand « Statement » à la foire de Bâle - Miami, mais il a été reporté d’une année. Maintenant je prépare un catalogue avec le Migros Museum et ma galerie Franco Noero à Turin. Au début de l’année prochaine, je participe à une exposition de groupe à Belfast et j’ai encore quelques petits travaux. Puis on verra comment ça continue.

Costa Vece

version allemande

Costa Vece: Look back in Anger jusqu'au 13 janvier 2002

Patrick Schaefer, L'art en jeu, novembre 2001

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