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Cette page propose des articles sur Eija Ahtila, Ann Katrine Dolven, Mathilde ter Heine, Salla Tyk

Eija-Liisa Ahtila

Elle expose Mondes parallèles à Carré d'Art Nîmes du 12 octobre 2012 au 6 janvier 2013.

L'artiste fait l'objet d'une exposition au Moderna Museet de Stockholm Parallel Worlds du 11 février au 6 mai 2012

Eija Ahtila présente trois films à Parasol Unit à Londres jusqu'au 25 avril 2010. Where is Where?; The Hour of Prayer; Fishermen study/ no.1.

Eija-Liisa Ahtila (née en 1959) fait l'objet d'une exposition au musée du Jeu de Paume à Paris du 22 janvier au 30 mars 2008. Elle sera visible au K21 à Düsseldorf du 17 mai au 17 août 2008.

Il s'agit d'une grande exposition qui présente l'évolution du travail de cette artiste finlandaise et une nouvelle pièce de 52' réalisée pour cette exposition Where is Where?. La pièce est projetée sur 6 écrans, mais il y a 4 écrans principaux sur lesquels se déroule l'histoire. C'est une réflexion très réussie sur la haine entre musulmans et européens autour de l'histoire de 3 enfants algériens dans les années 1950. Ahtila maîtrise un univers narratif et visuel à la fois brillant et pertinent dans la défense d'un propos. Elle met en scène une narratrice en Finlande et le récit d'événements qui se sont produits dans les années 1950 en Algérie, alternant le réalisme et le fantastique différents registres du récit qui vont de la narration à l'enquête policière, utilisant les images d'archives et la réalisation contemporaine avec des acteurs. Par ailleurs au rez 4 maquettes de maisons The House Sculptures, 2004 et 18 travaux photographiques récents Scenographer's Mind I to IX 2002 sont encore visibles. A l'étage sont projetés Consolation service, 1999, 23' et The House 2002 (pour ces deux oeuvres voir leur présentation plus bas sur cette page) ainsi que les photos de la série Dog bites, 1992 - 1997. Elle propose encore des travaux récents réalisés en Afrique avec un journal de bord intitulé the Hour of Prayer 2005, 14' sur 4 écrans et une seule vue sur grand écran sur des pêcheurs qui essaient de traverser les vagues pour gagner le large Fishermen Etudes no 1, 5', 2007.

L'art en jeu 29 janvier 2008

Eija-Liisa Ahtila, Real characters, invented worlds

Tate Modern, Londres jusqu'au 28 juillet 2002

Les oeuvres de cette artiste sont également présentées à la Kunsthalle de Zurich du 15 juin au 11 août 2002. Elle participe à la Documenta de 2002 à Kassel avec une installation vidéo intitulée The House.

Eija-Liisa Ahtila (1959) est une artiste finlandaise. L'un de ses films Consolation Service a été présenté en 1999 à la Biennale de Venise. La démarche Eija-Liisa Ahtila appartient clairement au domaine du récit, de la narration par le texte et l'image. Elle réalise des films de longueur variable qui ont tantôt le caractère d'un documentaire, d'un témoignage, tantôt celui d'un récit qui peut parfois évoluer vers le fantastique. Elle investit pourtant les espaces des lieux d'expositions artistiques en présentant soit ses films, soit des photographies ou encore des installations réunissant plusieurs écrans vidéos qui proposent simultanément ou en alternance leurs images.

L'exposition de la Tate Modern présente dans dix salles une rétrospective de ce travail en examinant les diverses facettes de son approche.

Dog Bites, 1992-7 est une série de photographies dans lesquelles un modèle féminin nu mime les comportements d'un chien. Une forme d'interrogation sur la sincérité, la réalité des témoignages rassemblés dans les films qui suivent. La relation homme-animal réapparaît plusieurs fois d'ailleurs. La distinction entre la performance et le documentaire est explorée.

Dans Consolation Service, 1999 il semble que l'on assiste à une séance de conciliation chez une psychologue pour un couple en cours de séparation. Le film dure 25' il est séparé en deux parties bien distinctes. C'est une sorte de nouvelle, la narratrice expliquant qu'elle est une voisine du couple. Dans la première, on les voit chez la thérapeute qui les invite à préparer leur séparation tout en maintenant des relations autour du bébé qu'ils viennent d'avoir. D'autres personnages apparaissent. Ils ont prévu une fête, en s'y rendant ils traversent une surface gelée qui s'effondre. Dans la seconde partie, on ne sait plus si l'on est dans le réel ou le fantastique, le mari apparaît comme un fantôme, finalement on retrouve le quotidien d'une séparation.

Today, 1996-7 évoque sur trois grands écrans le vécu de trois générations autour de la mort du père, respectivement du grand-père. Anne, Aki and God, 1998 est une installation vidéo de 7 écrans qui montre les auditions simultanées d'acteurs hommes et femmes pour tenir deux rôles dans une fiction.

Les sentiments, l'amour, la sexualité, la colère, la jalousie, le deuil, la réconciliation sont ainsi explorés sur différents modes d'expression. La frontière entre le réel et l'imaginaire, le documentaire et le jeu est mise en cause pour créer un univers où les ombres, le désir, la relation homme-animal deviennent des thèmes récurrents dans des réalisation d'une grande intensité émotive.

Patrick Schaefer, L'art en jeu, 23 mai 2002

Le Centre pour l'image contemporaine - Saint-Gervais Genève: Sala Tykkä Zoo jusqu'au 25 juin.

Le dernier travail de l'artiste finlandaise Salla Tykkä (1973) Zoo qu'elle a aussi intitulé Black Waters, est projeté jusqu'au 25 juin au Centre pour l'image contemporaine - Saint-Gervais Genève. Par ailleurs la trilogie Cave (Lasso, Thriller, Cave) est également présentée. C'est l'occasion de découvrir le travail de cette artiste née à Helsinki en 1973 qui semble ici profondément imprégnée par Hitchcock! On pense aussi au travail de sa compatriote Eija- Liisa Ahtila. Une femme découvre un zoo, mais alternativement les images d'une lutte sub-aquatique se présentent, des hommes munis de masques se confrontent dans une sorte de waterpolo qui se déroule entièrement sous l'eau. Le souvenir et la mort rôdent dans ce film soutenu par une bande musicale intense. Un récit double est développé et l'on ne sait où se trouvent la réalité, le rêve, le souvenir. Le personnage féminin est extérieur, il découvre quelque chose, c'est la même situation que l'on trouve dans Lasso où une jeune femme observe de l'extérieur sans être vue un homme torse nu qui joue avec un lasso dans un intérieur. Cette pièce avait été présentée à la biennale de Venise en 2001. L'image sophistiquée, le support musical intense dispensent un érotisme subtil, très dense dans lequel la femme se trouve toujours dans une position de voyeur extérieur.

Le site de Salla Tykkä permet de voir des fragments de ces travaux:

http://www.sallatykka.com/web/index.php

Le Festival Visions du réel à Nyon a permis de voir les films de Virpi Suutari qui jettent un autre regard sur la jeunesse finlandaise.

Patrick Schaefer, L'art en jeu 6 mai 2006

Tragedy Mathilde ter Heijne (1969) Migrosmuseum 2002

L’exposition de cette artiste hollandaise qui vit à Berlin prend une résonance particulière en ce moment. En effet, le concept qui réunit les 6 vidéos et installations présentées dans les salles du Migrosmuseum à Zurich est l’exploration du sacrifice de la femme depuis la tragédie antique jusqu’aux attentats terroristes actuels, en passant par l’immolation par le feu pour exprimer diverses protestations. Mathilde ter Heijne développe une mise en perspective historique et visuelle de cette problématique, tout en s’impliquant elle-même dans chaque réalisation. Les cas étudiés proposent une distanciation par rapport à ceux qui occupent l’actualité aujourd’hui, ils évoquent d’autres événements qui se sont produits au Sri Lanka et au Kurdistan notamment.

Les 6 installations s’enchaînent autour du même propos. La première est le titre même de l’exposition TRAGEDY disposé dans l’espace. Puis une vidéo Mathilde, Mathilde, 1999 évoque par des bandes sonores le personnage de Mathilde dans différents films, en particulier La Femme d’à côté de François Truffaut où l’héroïne se suicide à la suite d’un amour déçu.

Small things end, great things endure, 2001, évoque le suicide par le feu d’une femme en 1938 en réaction à la nuit de cristal (roman de Uwe Johnson, Jahrestage dont Margarethe von Trotta a tiré un film). Suicide Bomb, 2000 évoque des cas de femmes qui se sont suicidées au Kurdistan et au Sri Lanka. L’artiste se met en scène elle-même et répète comme une obsession les actes qui précèdent l’explosion. Il y a une part d’étude documentaire, on entend la bande-son d’une enquête policière sur ce phénomène.

For a Better World est un cd rom qui propose une évocation des bombes vivantes. Elle évoquait plutôt les sacrifices de femmes tamoules ou kurdes à l’époque où elle réalisa ce travail. Ces suicides sont mis en relation avec une tradition du sacrifice de la femme. Enfin Five Times hi, 2002 revient à la tragédie antique, elle reconstitue l’estrade sur laquelle étaient pratiqués les sacrifices humains dans l’antiquité grecque. Des mannequins à l’effigie de l’artiste procèdent au sacrifice alors qu’on découvre des fragments de corps déchiquetés. Une bande son diffuse une version d’Iphigénie en Tauride de Gluck.

De manière générale Matilde ter Heijne se préoccupe des images d’actualité et de la manière dont nous zappons dans l’horreur. Un cd rom présenté en 2000, Indifference to the Truth explorait le thème du zappage face à l’actualité en questionnant l'ambiguïté de notre implication--indifférence.

http://www.wwvf.nl/18/programme/0heijne.htm

On voit que cette artiste appartient à la même école que Fiona Tan qui associe une recherche documentaire, anthropologique, sociologique à un développement artistique. On observe une claire volonté d’enracinement de l’activité artistique dans une problématique actuelle.

Visuellement, elle renvoie ou prend position par rapport aux travaux d’un artiste bien connu comme Bill Viola, on pense en particulier à l’installation The Crossing, 1996 qui présente la destruction violente et simultanée d’un homme par le feu et l’eau. Mais ici, le propos est tout autre, beaucoup plus engagé. L’actualité est telle que l’on ne peut s’empêcher d’établir des rapports et l’on ne sait plus si c’est l’artiste qui prend position par rapport au monde ou si c’est la réalité qui rejoint les pires horreurs issues des fantasmes qui peuvent parfois paraître gratuits lorsqu’ils sont mis en scène par des créateurs. Incontestablement le désir, si ce n’est de prendre position du moins de prendre en considération des événements et de partir de ceux-ci pour développer un travail est très clair chez Matilde ter Heijne. Des cas survenus il y a plusieurs années déjà ont motivé sa recherche qui pourtant devient d’une actualité absolue en ce moment.

Cette démarche qui interroge nos rapports aux médias et aux images proposées dans ce qui est présenté comme de l’information se révèle d’une grande pertinence. En étudiant un phénomène, en le situant dans un contexte artistique, historique, mythologique, l’ensemble de l’exposition nourrit notre réflexion, apporte quelque chose face aux provocations de l’actualité, mais aussi de la fiction romanesque ou filmée, les deux domaines sont placés sur le même plan puisqu’ils interpellent l’artiste, le spectateur de la même manière. En se plaçant toujours elle-même comme acteur imaginaire de ces divers événements Matilde ter Heijne interroge notre réaction à ces événements, notre implication psychologique, émotionnelle qui va de pair avec un constat objectif de distance, de désarroi.

Patrick Schaefer, L'art en jeu, 16 avril 2002

Kunsthalle de Berne

Anne Katrine Dolven jusqu’au 20 mai 2001

Les travaux de l’artiste norvégienne Anne Katrine Dolven, qui vit à Londres et à Berlin, sont révélateurs de la virtuosité de certains créateurs actuels. Elle joue brillamment sur des registres d’expression très différents, en multipliant les références et les prises de position. En entrant dans la Kunsthalle, le visiteur est confronté à un autoportrait en vidéo qui montre l’artiste fumant une cigarette et manipulant une télécommande qui enclenche régulièrement une bande sonore.

Dans la première salle à droite, on découvre Looking back, sur 3 grands écrans des paysages dans lesquels évoluent des femmes âgées en extrême lenteur, on pense immédiatement aux travaux de Bill Viola. Trois oeuvres intitulées How are you présentent des couples embrassés sur des écrans allongés qui évoquent un tableau, les corps sont en mouvement, mais les bouches des protagonistes sont déformées, semblent se mélanger, c’est une référence explicite au Baiser de Munch. L’artiste évoque aussi les déformations des peintures de Bacon, dans ces travaux qui deviennent des peintures animées. On retrouve le thème du baiser dans un autre film sur DVD placé dans un espace construit distinct. Par ailleurs de grandes toiles blanches sur lesquelles on distingue des fragments osseux sont accrochées dans la salle principale à une hauteur inhabituelle qui exclut une approche contemplative de cette production. Ces huiles sur aluminium s’intitulent Will you love me tomorrow too et It’s all about Slowing Down and Love. Tout en évoquant la peinture minimaliste, elles suggèrent par les ombres osseuses que l’on y distingue des Memento mori. L’image la plus frappante dans l’exposition est celle d’une vidéo, Still Life, 1998, qui présente l’application au pinceau de peinture blanche sur la face intérieure et extérieure des pétales d’une tulipe rouge. Par un jeu de montage, le processus est ensuite inversé et la tulipe retrouve sa couleur d’origine. Enfin un dernier écran de grande dimension, Januar, 1997, présente un bain de mousse d’où sort à intervalles réguliers la pointe de deux seins. L’artiste joue ainsi sur tous les registres d’expression artistique, elle s’exprime avec un regard ironique et critique face à ces multiples références. Elle invoque par ailleurs la durée dans la perception des œuvres et la sensualité des modes d’expression utilisés.

Patrick Schaefer, L’art en jeu, avril 2001.

Les oeuvres de cette artiste sont exposées à Bergen cet été:   A K Dolven moving mountain jusqu'au 8 août 2004.

Festival Exhibition 2004, Bergen Kunsthall, Norvège.

Patrick Schaefer, L'art en jeu 2007

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