L'ART EN JEU

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Cette page propose des articles sur l'école de Savièse, Ernest Biéler, Louise Breslau, Eugène Burnand, Edward Burne Jones, Abraham Hermanjat.

Sion

Musée d'art du Valais: Welcome to Paradise: l'école de Savièse, une colonie d'artistes au coeur des Alpes vers 1900, jusqu'au 6 janvier 2013.

Le musée d'art du Valais à Sion présente dans les cellules de l'ancien pénitencier, une vaste exposition, entièrement basée sur les collections des musées valaisans, consacrée à ce qu'il est convenu d'appeler l'école de Savièse. Dans une option de déconstruction des mythes développés autour de la vie campagnarde, l'approche est iconographique et rapproche de manière étonnante et passionnante des artistes que l'on tendait à opposer dans une histoire de l'art basée sur l'analyse et la hiérarchisation des styles.

Aux trois étages du bâtiment correspondent trois vastes sections. La première réunit des oeuvres autour du thème de "La campagne vue par la ville"; la deuxième rassemble " Des images porteuses de valeurs conservatrices". Enfin au troisième étage qui permet d'accrocher de grandes toiles, on évoque les identités multiples du Valais en confrontant les peintures du début du XXe siècle aux photographies de Yann Gross qui donne une autre image du Valais actuel.

L'artiste le plus connu associé à l'idée d'école de Savièse est Ernest Biéler (1863 - 1948) qui invita des collègues à le rejoindre au-dessus de Sion. L'exposition étend cette notion à tous les créateurs qui se sont établis en Valais au début du XXe siècle et qui ont traité des thèmes tirés de la vie agricole et montagnarde. Se concentrant sur une lecture iconographique de ces thèmes uniquement, elle propose en particulier une mise en parallèle entre Biéler et Edouard Vallet (1876 - 1929) qui est intéressante et originale.

En effet on avait plutôt tendance à opposer ces deux artistes l’un, Biéler, apparaissant comme conservateur et l’autre, Vallet, plus moderne, mais le fait est qu’ils abordent exactement les mêmes sujets bien que leurs styles et leurs références soient différents. Par ailleurs ils ont aussi des carrières très distinctes.

Il faut signaler que dans un bâtiment annexe, on découvrira une exposition des dessins d'Edouard Vallet du 6 octobre au 6 janvier 2013.

Patrick Schaefer L'art en jeu 8 septembre 2012

Nyon Abraham Hermanjat

Abraham Hermanjat (1862 - 1932) de l'Orient au Léman jusqu'au 9 septembre 2012. Le château de Nyon et le musée du Léman ont mis leurs cimaises à disposition pour rendre hommage à Abraham Hermanjat. Une exposition qui repose en grande partie sur le fond d'atelier de l'artiste et qui permet de découvrir les facettes multiples et le talent d'une personnalité complexe, oubliée aujourd'hui, mais qui occupa des fonctions institutionnelles importantes. Abraham Hermanjat, élève de Barthelemy Menn, est l'un des seuls représentant romands du fauvisme: entre pointillisme et admiration pour Cézanne, avec par ailleurs une forte influence hodlérienne. L'exposition de Nyon cerne avec finesse cette complexité et fait ressorir la force d'une personnalité. La présentation choisie est thématique. Au château on débute par une salle consacrée aux autoportraits peints et dessinés. Hermanjat passa 10 ans en Afrique du Nord, ses ambitions de peintre orientaliste sont évoquées par de nombreuses pièces, y-compris une toile importante, La danse nègre, qu'il détruisit et dont l'atelier conserve quelques traces. Cette particularité psychologique de l'artiste très exigeant nous introduit dans une reconstitution de sa demeure à Aubonne. Enfin son rôle d'enseigant est évoqué par la référence à quelques élèves comme Charles Chinet ou Casimir Reymond. Au musée du Léman une large place est faite au paysage, dans les Alpes, entre ciel et terre, au bord de l'eau.

Patrick Schaefer, l'art en jeu 22 mai 2012

Berne Musée des beaux-arts Ernest Biéler. (1863 - 1948), réalité rêvée 8 juillet - 13 novembre 2011

puis à la Fondation Gianadda du 1er décembre au 26 février 2012.

Le musée de Berne a été bien inspiré dans son accrochage de l'exposition Ernest Biéler qui occupe toutes les salle du rez-de-chaussée. Je mentionnerai pour commencer deux toiles monumentales exposées à l'étage au-dessus, d'un côté La Nuit de Hodler et de l'autre, en face, une grande peinture d'Ernst Ludwig Kirchner qui montre les paysans montagnards de Davos. On les voit depuis le bas dans la salle centrale de l'exposition Biéler. La mise en parallèle est bien choisie, car c'est entre ces deux oeuvres que se déroule la carrière d'Ernest Biéler, mais aussi les aléas de sa fortune critique. Ces toiles permettent de saisir la spécificité de la démarche de Biéler et certains points communs avec ces artistes comme le goût des grands formats rectangulaires très allongés.

Face à une carrière aussi ample et complexe, l'exposition met en valeur les qualités du portraitiste mondain et du décorateur symboliste de la fin du XIXe siècle, tout dans l'esprit de l'art nouveau, avant de passer aux scènes et aux portraits valaisans qui firent sa réputation. Les vingt premières années de la carrière de Biéler sont marquées par l'assimilation des styles de l'époque qu'il développe dans des portraits mondains d'un côté et dans des scènes campagnardes réalistes de l'autre. Il évolue ensuite vers une peinture décorative qui lui permet de réaliser des décors publics, théâtre de Berne, Grand-Théâtre de Genève, mais aussi des compositions sur toile de grands formats comme les Sources et les Feuilles mortes qui appartiennent au musée de Berne. C'est dès le début du XXe siècle qu'il adopte la tempéra et consacre de nombreux tableaux aux habitants de Savièse. Il poursuit par ailleurs son oeuvre décorative sous la forme de fresques, vitraux et mosaïques. En 1927 il est le décorateur de la Fête des vignerons, un épisode évoqué dans cette exposition.

Musée des beaux-arts du Locle

De l'Art nouveau au Heimatstil. L'hôtel de ville du Locle jusqu'au 27 août 2006

Le musée du Locle propose une présentation de l'hôtel de ville du Locle avec notamment les plans envoyés par certains participants au concours d'architecture de 1912 et des esquisses d'Ernest Biéler pour la fresque qu'il réalisa sur la façade orientale du bâtiment.

En plus du catalogue de l'exposition de la Chaux-de-Fonds, Mon beau sapin...L'art nouveau à La Chaux-de-Fonds jusqu'au 17 septembre 2006, on peut signaler que la Revue historique neuchâteloise consacre un numéro (2006 no1-2) à l'art nouveau dans le canton de Neuchâtel. On relèvera également le numéro spécial, mai 2006, de l'Ermite herbu: Botanique et art nouveau. De la plante vivante au décor d'apparât.

Un site intéressant qui recense des exemples de bâtiments art nouveau de plusieurs villes européennes: http://www.artnouveau-net.com/

et un site qui présente 115 sites à Barcelone et dans ses environs.

http://www.rutadelmodernisme.com/

Le Palais de la musique à Barcelone fête son centième anniversaire. http://www.palaumusica.org/

----L'art en jeu Patrick Schaefer

Eugène Grasset. L'art et l'ornement. Lausanne Musée cantonal des beaux-arts 18 mars - 13 juin 2011.

Une vaste rétrospective qui veut rendre visible tous les domaines pour lesquels Eugène Grasset (1845 - 1917) à créé des modèles: meubles, bijoux, vitraux, affiches, chromolithographies pour ne citer que quelques aspects. On prend ainsi la mesure de l'immense production de l'artiste.

Edward Burne- Jones (1833 - 1898) , le paradis terrestre jusqu'au 25 juillet 2010.

L'influence des peintres préraphaélistes anglais sur de nombreux artistes suisses étant incontestable, je place sur cettte page un article consacré à l'exposition Edward Burne- Jones (1833 - 1898) , le paradis terrestre jusqu'au 25 juillet 2010.

Le musée des beaux-arts de Berne consacre pour la première fois en Suisse une exposition à Edward Burne- Jones (1833 - 1898). Cette présentation nous propose une fantastique plongée dans l'univers de ce véritable Wagner de la peinture. En effet, Burne Jones fut fasciné par les mythes de l'Antiquité, mais surtout par la littérature médiévale et l'univers des contes de fées. L'exposition met en évidence quelques cycles qui sont reconstitués, ce qui souligne l'originalité de l'approche de Burne-Jones, et son actualité tant il a influencé non seulement des artistes suisses de la fin du XIXe siècle, comme Hodler, mais aussi des films et des bandes dessinées contemporains.

Eugène Burnand. Peintre naturaliste

Après Félix Vallotton (1865 - 1925), Ernest Biéler(1863 - 1948), Louise Breslau (1856-1927), le musée cantonal des beaux-arts de Lausanne a choisi de rendre hommage à Eugène Burnand (1850-1921). En effet les collections de cette institution sont très marquées par les oeuvres d’artistes du tournant du XXe siècle. Le cas d’Eugène Burnand est particulier puisque dès 1959 un musée lui est consacré à Moudon, en 1990, les oeuvres du musée de Lausanne et de plusieurs institutions helvétiques y sont déposées. Ce musée est fermé pendant la durée de l’exposition.

L’exposition débute en accrochant les diplômes et récompenses diverses reçues par l’artiste pour rappeler qu’il fut un artiste reconnu et célébré. Par ailleurs un diaporama présente de nombreuses photographies noir-blanc qui témoignent du travail du peintre. La deuxième salle est consacrée aux grande scènes agricoles qui firent la célébrité locale de Burnand, Le Labour dans le Jorat, Le Taureau dans les Alpes en particulier. Avec ces peintures Burnand se révèle l’héritier de Rudolf Koller et l’on sent la vocation d’animalier qui l’habitait. Puis viennent des paysages de dimensions plus modestes. La troisième salle est consacrée aux grandes compositions religieuses. Par ailleurs sont présentées les études pour Charles le Téméraire. Dans les salles suivantes on découvre l’œuvre dessiné et les pastels que l’artiste destinait à la reproduction dans différents livres illustrés qui formèrent le cœur de son activité, notamment Les Paraboles. La dernière salle présente deux entreprises de portraitistes développées par Burnand autour des Types vaudois d’une part et des soldats de la Première guerre mondiale d’autre part, Les Alliés dans la guerre des nations.

Des supports audio permettent de suivre les commentaires de l’artiste qu’il a rédigés en grand nombre pour expliquer ses œuvres. On sait que Burnand a suscité de nombreuses polémiques et on pourrait dire à parcourir cette exposition que c’est le souci de tout expliquer, d’éviter toute ambiguïté, de tout faire baigner dans une lumière égale où chaque élément du tableau est parfaitement lisible, identifiable qui explique ces polémiques.

Le livre de Philippe Kaenel, Eugène Burnand peintre naturaliste qui accompagne l’exposition, cerne l'artiste par une série d'essais qui correspondent aux sections de l'exposition, par ailleurs deux chapitres sont entièrement consacrés à l'insertion de Burnand dans le milieu artistique, à sa fortune critique et à l'évolution de celle-ci: "Polémiques: Hodler, les jury et les modernes" et "Fortunes et infortunes de la vie d'un artiste". Le livre reproduit encore le catalogue raisonné des peintures de Burnand, il se limite à 195 numéros.

Entretien avec Philippe Kaenel à propos de l'exposition.

Musée cantonal des Beaux-Arts Lausanne jusqu’au 23 mai 2004

Patrick Schaefer, L'art en jeu, 23 mars 2004

Louise Breslau (1856-1927) au musée des beaux-arts de Lausanne.

Depuis le texte fondateur de Linda Nochlin paru dans Art News en 1971 "Why have There Been No Great Women Artists?", qui a ouvert un vaste champ d'études et d'innombrables discussions, la redécouverte d’artistes femmes longtemps oubliées, même lorsqu’elles bénéficièrent d’un incontestable succès de leur vivant, est allé bon train. Le musée des beaux-arts de Lausanne possède dans ses réserves deux grands portraits d’une artiste qui n’a pas trouvé sa place à ce jour dans le palmarès de l’histoire de l’art. D’origine allemande, mais de nationalité suisse, Louise Breslau (1856-1927) passa dès 1876 l’essentiel de sa vie active à Paris où elle devint une portraitiste réputée. L’exposition rétrospective met en valeur les diverses facettes de sa production: peintre de portraits mondains, portraitiste d’enfants et portraitiste intime.

La lecture des contributions au catalogue de l’exposition rédigées par Anne-Catherine Krüger-Karczeweski, qui a consacré une thèse et un catalogue raisonné à cette artiste en 1988, nous révèle que la vie de Breslau fut une suite de succès et de témoignages de reconnaissance publique. Toujours appréciée, elle fut évaluée comme la meilleure depuis ses premières tentatives dans le monde artistique. Elle fréquente un cercle d’écrivains et de peintres réputés, notamment Degas et Forain. Une année avant sa disparition, elle dresse un premier bilan de son activité et en 1928 une année après sa mort, l’école des beaux-arts de Paris lui rend hommage par une rétrospective. Ce fut la dernière avant celle présentée ici. Une longue éclipse qui s’explique sans doute davantage par le rejet dans le courant dominant de l’histoire de l’art des artistes à succès au profit des «maudits» que par l’identité féminine de l’artiste. Les textes du catalogue insistent sur la distinction entre la vie parisienne de l’artiste où son identité féminine ne posait pas de problème et n’a pas nui à sa carrière et l’attitude des milieux artistiques helvétiques qui se signalent par une misogynie virulente.

Ces points doivent toutefois être nuancés. Il ne fait aucun doute que les collègues helvétiques de l'artiste qui jouissaient eux aussi d'un grand succès, notamment Ernest Biéler et Charles Giron ont échappé à l'oubli essentiellement en raison des commandes pour des décorations publiques qu'ils ont pu obtenir. Quant à Eugène Burnand, il s'est fait un nom dans la peinture religieuse. Si la production des collègues helvétiques masculins de Breslau s'était limitée au portrait, ils seraient sans doute eux aussi oubliés. Or il est clair que Louise Breslau ne semble pas avoir envisagé ou même espéré s'exprimer dans d'autres genres ou obtenir des commandes publiques ni en France, ni en Suisse. Elle acceptait de se limiter au genre lucratif du portrait dans lequel de nombreuses femmes artistes s'étaient déjà fait un nom, en particulier au XVIIIe siècle. En réalité ce sont bien ces limites qui expliquent l'oubli qui a suivi son décès.

Catalogue: Louise Breslau de l'impressionnisme aux années folles, textes de Anne-Catherine Krüger, Catherine Lepdor et Gabriel P. Weisberg, Skira/Seuil, Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne.

Patrick Schaefer, L'art en jeu, 13 novembre 2001

 
pour me contacter: infoat art-en-jeu.ch

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