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liste par artistes

On trouve sur cette page des articles consacrés à, Aloyse, François Burland, Nicolas Faure, Leiko Ikemura, Jacqueline Oyex,Pietro Sarto

Coire 10 juilet 2013

Musée des beaux-arts: Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger: Nationalpark 22 juin - 21 décembre 2013

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Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger: Nationalpark 6 07 2013, Le Paradis ans un musée qui attend sa destruction. Utopics Bienne, 03 09 09, Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger, rue d'Argent 40

Patrick Schaefer, l'art en jeu 10 juillet 2013

Musée cantonal des beaux-arts et Collection de l'art brut, Aloise. Le ricochet solaire 1er juin - 26 août 2012

Deux expositions et deux regards bien distincts sur l'oeuvre d'Aloïse Corbaz (1886 - 1964). Au musée des beaux-arts on tente une présentation plus analytique, avec un essai de chronologie, qui veut entrer dans la logique interne d'Aloïse en mettant en évidence des mots clefs récurrents. Une approche intéressante qui place sur le même plan l'image et le langage, ces textes dont les oeuvres fourmillent. A l'art brut, les travaux sont présentés dans leur intensité, sans recul, en reprenant le point de vue de Jean Dubuffet qui fut l'un des principaux découvreurs de cette oeuvre. Ce sont deux regards légitimes, il est intéressant de pouvoir les apprécier!

Un site propose l'accès à toute l'oeuvre d'Aloïse dont une partie importante est présentée dans les deux expositions:

http://www.aloise-corbaz.ch

Musée de Pully jusqu'au 7 août 2011

Le musée de Pully rend un magnifique hommage à Jacqueline Oyex (1931 - 2006). Une rétrospective complète depuis des débuts stupéfiants qui révèlent un talent fulgurant jusqu'aux dernières années terribles marquées par la maladie qui la rongeait. Elle fut une artiste complète, reconnue et soutenue par ses pairs qui suscita beaucoup d'intérêt et ne fut pas privée d'un certain succès. Elle exposait régulièrement ses gravures à Lausanne et à Genève. La partie visible de son oeuvre était la gravure, eau-forte et aquatinte, 375 plaques ont été recensées, alors qu'elle travaillait en secret le dessin et la peinture. On découvre cet aspect quasiment pour la première fois dans cette exposition. Elle représentait essentiellement des visages, évoquant sans doute elle-même jouant aux cartes par exemple, parfois un couple, une famille, des personnages devenant mythiques, immobiles, les yeux vides, comme saisis dans un ailleurs, un monde de contes, d'enfance à la dimension tragique. Une présentation dont on ressort la gorge serrée.

Patrick Schaefer, L'art en jeu 12 juin 2011

Un site présente l'essentiel de son oeuvre: http://www.jacquelineoyex.ch

Valérie Favre Visions

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Musée de Payerne: Pietro Sarto jusqu'au 14 septembre 2008

Payerne, premier jour de l'été, l'un des premiers jours de beau temps depuis des semaines. Les environs de l'abbatiale sont entourés de scènes à l'occasion de la fête de la musique, dans la cour intérieure des rappeurs et quelques mètres plus loin sur l'esplanade une fanfare joue, quel étrange mélange, plus qu'un métissage!.

L'abbatiale est vide, une personne assise seulement, magnifique espace roman qui abrite des fresques et des chapiteaux toujours fascinants. Ces quelques visages de l'an mil que l'on regarde, qui nous regardent avec une vitalité incroyable.

L'exposition estivale de cette année est consacrée à Pietro Sarto (1930), peintre, graveur ou bien est-ce plutôt graveur, peintre? Une seule toile récente a été placée dans l'abbatiale. L'exposition est située dans les salles du musée auquel on accède depuis le monument. Les toiles réunies associent différentes périodes de l'activité créatrice depuis les années 1960 jusqu'aux travaux les plus récents. L'impact de la lumière, du mouvement, d'une matière picturale animée, accumulée qui joue avec les renversements de l'espace anime ces toiles qui élaborent des basculements de la vision. L'artiste se consacre au paysage et à la nature morte en s'attachant aux fluctuations de la perception, au mouvement. Il peint des vues du canton de Vaud. Le port de Morges, le Dézaley, le château de Vufflens, celui de Chillon, Lausanne, la cathédrale notamment ou les espaces plus larges des campagnes fleuries du pied du Jura. Quelques natures mortes, roses trémières, des fruits complètent cette vision. Sarto présente aussi ses gravures et des livres, nombreux, enrichis d'épreuves, ici on trouve des figures, des nus, des portraits, des paysages aussi ou les arbres. Une peinture qui est un hommage aux artistes du passé: peintres ou graveurs, on pense en particulier à Courbet et à Rembrandt ou à d'autres artistes du 17è siècle hollandais. Un voyage dans les temps les plus lointains et dans les lieux, les plus proches, voisins, magnifiés par la technique picturale et les jeux de perspectives. Une peinture mouvante, mais immobile, car ce qui frappe c'est qu'il n'y a guère d'évolution dans l'approche retenue au cours des années. A l'exception de certains thèmes: dans les années 1960 il peignait le ruban d'asphalte de la route, aujourd'hui il se consacre davantage à des monuments plus valorisants ! On constate aussi un contraste entre le dépouillement de l'abbatiale romane et la vision baroque du peintre. Des contrastes que l'on retrouve dans sa peinture qui associe un regard objectif évoquant notamment des vols en avion à une approche fantastique. Le tout couplé à une fascination pour les diverses techniques d'expression artistique, peinture, photographie, héliogravure et toute la gamme des processus de la gravure. A signaler qu'au dernier étage une petite presse a été installée, l'artiste est là avec une assistante et il imprime des gravures anciennes, jetant un regard sur ses archives.

On le trouve ici 3 jours par semaine du vendredi au dimanche, jusqu'au 14 septembre 2008.

Patrick Schaefer, L'art en jeu, 21 juin 2008

Au musée de Thurgovie, Kartause Ittingen François Burland présente son sous-marin jusqu'au 24 février 2013.

François Burland

Au royaume du mythe et de la magie

François Burland ( né en 1958) bénéficie de cinq expositions simultanées en ce printemps 2006, trois ont lieu dans des galeries et deux dans des institutions publiques: au Musée d'art et d'histoire de Fribourg jusqu'au 30 juillet et au Museum im Lagerhaus à Saint-Gall jusqu'au 9 juillet. L'exposition de Fribourg propose une trentaine de feuilles de l'artiste qui retracent son parcours artistique tout en présentant des travaux récents. Feuilles, car François Burland travaille en principe sur de grands papiers froissés sur lesquels il trace directement au sol les figures et les êtres fantastiques qui l'habitent.

L'exposition de Fribourg débute avec des pièces anciennes qui pour certaines appartiennent à la collection de l'Art brut à Lausanne, une grande pièce aux craies de couleur de 1986 - 1987, puis une Poya de 1995. L'artiste renvoie à des traditions multiples: l'Océanie, les Indiens d'Amérique, la peinture populaire suisse. Les dernières pièces font penser à l'Antiquité grecque ou disons méditerranéenne. En effet les échos multiples sont retravaillés, fusionnés. L'un des traits communs à toutes les oeuvres est la présence de l'animal: loups, bouquetins, serpents, lézards, oiseaux, taureaux, mais ils sont hybrides, métamorphosés pour former un bestiaire fantastique. Dans la série intitulée Les Baleines du Ténéré de 1991-1992, on ne trouve pas de baleines, mais des chacals et des kalachnikovs.

De la danse des morts à la danse de vie

L'émergence de François Burland s'inscrit dans le contexte des années 1980, le néo-expressionnisme, la transavantgarde, les mythologies individuelles, on peut signaler d'autres artistes suisses qui à ce moment ont exprimé un rapport fort avec l'animal notamment: Jean-Michel Jaquet (1950), Claude Sandoz (1946), Gilbert Mazliah (1942) par exemple. On peut encore mentionner la valorisation de l'outsider art, avec chez certains la tentative de définir des catégories: l'art brut, la neuve invention et chez d'autres, le refus d'entrer dans ces considérations. Le troisième élément que l'on peut citer, c'est la valorisation du dessin comme moyen de découverte intérieure avec en Suisse en particulier des personnalités comme Miriam Cahn ou Silvia Bächli.

Par ailleurs on songe au cheminement de l'artiste, à sa personnalité qui aboutissent à la construction d'une oeuvre et à la construction d'une vie. Recherche de stimulations non pas dans la réalité immédiate, mais dans un imaginaire qui pourrait être collectif. Aucun artiste n'est imperméable au monde qui l'entoure, bien au contraire; il reçoit d'innombrables suggestions, il découvre aussi de nombreuses personnalités, des modes de vivre, depuis les riches collectionneurs chez qui il est invité jusqu'aux hommes du Sahara qui le fascinent personnellement et se constitue ainsi une culture autodidacte.

L'intérêt offert par l'examen de l'oeuvre de Burland réside dans le fait qu'elle nous permet de nous interroger sur les enjeux de la création artistique, enjeux personnels, individuels et enjeux plus larges pour la société. Quelle est la nature de l'engagement artistique?. S'agit-il de s'affirmer comme individu à l'écoute de mythes transcendants, peut-être communs à toutes les cultures et que l'artiste comme un médium issu d'une communauté spécifique nous invite à découvrir, à partager ?. S'agit-il de fournir des produits, des visions qui améliorent le quotidien des autres ou s'agit-il de travailler sur le discours, la production artistique dans un mode dérisoire au risque de sembler pratiquer un véritable ressassement?.

Les dessins de François Burland apparaissent comme l'accomplissement d'une suite d'aspirations: la fuite de la ville, la fascination pour la nature, les animaux, le désert, la liberté et le totem. L'animal recréé qui entoure la feuille de papier fonctionne parfois comme un cadre qui acquiert une vie très dense, il est aussi un acteur et c'est un bestiaire fantastique que propose Burland, animal rêvé, rencontré, animal totémique. La métamorphose est un thème sous-jacent récurrent et l'hybridité aussi, omniprésente. Les titres inscrits sur la feuille soulignent ou au contraire expriment une distance avec le travail présenté.

L'animal est un thème majeur dans l'art contemporain depuis Picasso et ses tauromachies jusqu'aux requins de Damien Hirst. Je signale le livre de Steve Baker, The Postmodern Animal, Reaktion Books London, 2000 ainsi que celui d'Eward Lucie-Smith, Zoo : Animals in Art, London, 1998.

Un article sur l'exposition Comme des bêtes 2008.

Patrick Schaefer, L'art en jeu 5 juin 2006

Musée de l'Elysée

Paysages A, jardins de la vitesse. Nicolas Faure jusqu'au 5 février 2005

Les espaces d'exposition du Musée de l'Elysée à Lausanne sont entièrement consacrés à la présentation des paysages photographiques du Genevois Nicolas Faure (1949). Dans le court-métrage de la série Photo Suisse (Nicolas Faure 12' 22 réalisation Xavier Ruiz, SSR 2004, Lars Müller publisher), il présente sa démarche centrée autour d'un seul thème: le réseau des autoroutes suisses traité comme un jardin à découvrir. Nicolas Faure articule une approche sur le thème de l'identité et de la modernité afin de questionner ce que nous voyons et ce que nous regardons. Celui qui passe tous les jours sur ces voies rapides les voit, mais ne les regarde pas. Nicolas Faure propose des arrêts sur image. Tantôt, les constructions autoroutières servent de premier plan aux spectaculaires paysages alpestres qu'elles traversent; tantôt l'objectif plonge en gros plan sur des détails, une mare, des mauvaises herbes entrelacées, un massif de lierre, un mur pour montrer que le beau est partout.

Ce travail affirme la rupture avec l'image d'une Suisse idyllique, nostalgique, en traitant le thème de l'articulation autoroutière du pays. On pourrait comparer cette approche à celle des impressionnistes qui en plus de leurs recherches techniques introduisaient les viaducs, les usines, les gares, les fumées industrielles dans la peinture. A ce titre il y a aussi un malaise, car il s'agit bien de rendre acceptable ce que notre imaginaire n'a pas encore intégré, l'approche n'est pas critique, mais veut montrer ce qui est. D'autant plus qu'il ne s'agit pas d'instantanés, au contraire les prises de vues en couleur sur de grands négatifs donnent lieu à des tirages imposants, très soignés qui magnifient les sujets. Auparavant Nicolas Faure avait photographié les ouvriers des chantiers routiers, dans cette série l'homme est absent et paradoxalement la voiture demeure presque invisible. Le photographe développe ainsi une réflexion sur le choix des sujets, les thèmes de la photographie. En 1992, il avait proposé un autre parcours de la Suisse en prenant toujours une pierre comme premier plan.

Il serait intéressant de comparer cette approche avec la série des autoroutes peintes par Jean-Frédéric Schnyder. En remontant plus loin, aux années 1960, on pense aux vue de parkings d'Edouard Ruscha bien sûr.

Nicolas Faure jusqu'au 5 février 2006

Patrick Schaefer, L'art en jeu, 20 décembre 2005

Mireille Gros. émergence

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Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts

Leiko Ikemura - Les années lumière jusqu'au 24. 6. 2001

Venue du Japon Leiko Ikemura a séjourné en Espagne et en Suisse avant de s’installer en Allemagne. Elle a déjà exposé au Musée de beaux-arts de Lausanne en 1988. Ce dernier lui avait alors acheté plusieurs toiles. L’artiste a investi toutes les salles du musée, y compris celles qui sont consacrées à la collection. Elle réalise des sculptures en terre cuite et des peintures. Le thème exploré est toujours le même, c’est celui de la jeune fille ou de l’enfant. Il apparaît sous la forme de portraits, de figurines, de corps couchés et de corps en mouvement. La confrontation avec les oeuvres de la collection est assez risquée. En effet elle fonctionne plutôt bien, surtout dans la première salle où les figurines placées sur des socles à mi-hauteur sont confrontées à des portraits du 17e et du 18e siècle suscitant un étrange échange de regards, ensuite ce sont de petites figurines qui tracent le cheminement que le spectateur suit dans la deuxième salle. Dans la troisième salle, Leiko Ikemura se retrouve seule, face au jaune des murs, ici le jaune paraît plus fort que les oeuvres de l’artiste. Enfin dans la salle du fond, on découvre ses peintures, réparties sur une longue cimaise blanche, la voici de plus en plus seule. Et l’on s’interroge sur la force de ses peintures formées d’une couche de couleurs très fine où l’on distingue comme l’ombre ou la vision radiographiée de corps évoluant dans diverses positions, alors que chaque toile présente un instant, un moment arrêté. Les salles suivantes proposent d’autres sculptures associées parfois à des peintures. A vrai dire, le parti-pris de renoncer à la plasticité dans la peinture pour la déplacer carrément dans l’espace est fascinant, les peintures ont ainsi le caractère d’une photographie, d’une radiographie et l’expression du volume est confiée aux terres cuites ou au bronze. Fascinant, le processus est aussi gênant, car la peinture se nie elle-même en quelque sorte et l’on s’interroge sur son existence lorsqu’elle ne bénéficie plus des oeuvres de la collection ou des figurines en terre cuite pour la soutenir. De nombreux artistes jouent aujourd’hui sur ces associations, déjà développées par certains membres du groupe COBRA dans les années 1950. Le plus connu, celui à qui ces expériences réussissent le mieux, est sans doute Thomas Schütte qui associe des dessins très figuratifs à des sculptures modelées avec plaisir et sensualité. La démarche de Leiko Ikemura est beaucoup plus sombre, ses figures sont des poupées tristes, abandonnées ou des morts évoqués par des figurines votives. Considérant cette thématique et le caractère d’invocation de son travail, qui rappelle Boltanski, le propos se dilue un peu trop dans les grandes salles du Musée. Une confrontation plus restreinte eut sans doute été moins risquée pour l’artiste qui bénéficie ici d’une occasion exceptionnelle pour mettre en scène son travail.

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 19 mai 2001.

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