L'art en jeu
Tour de l'Annapurna du 11 au 31 mars 2001
Le trek a commencé le dimanche 11 3. Il va durer 21 jours y-compris 6 jours de repos. Je suis arrivé en bus à Besi Sahar, après avoir changé à Dumre où l'on quitte la route de Pokhara.
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Depuis Besi Sahar, je suis monté à Gaonshahar pour voir le lever du soleil, cela fait 600m. de montée. Je me suis félicité de ce petit détour, d’une part, parce que j’ai vu les montagnes, le Lamjung Himal et l’Annapurna ii, que je ne verrai plus avant Chame par la suite, d’autre part, parce que le village est très beau, très authentique. C’est un village Newar aux maisons soignées, peintes en ocre. L’accueil n’a pas été chaleureux, un homme a demandé ce que l’on venait faire là et les gens semblaient surpris. En fait, pourtant, cette montée est proposée sur la carte de visite de l’hôtel où j’ai dormi. Le rabatteur qui cherchait des clients dans le bus a promis de me conduire là-haut et c'est ainsi que je suis venu dans son hôtel. Les villages que l’on traverse pendant le trek ont tous poussé ces dernières années pour répondre à la demande des touristes, ils s’allongent, les lodges succèdent aux lodges, très peu d’autres bâtiments sont visibles. Il est donc tout à fait intéressant de voir un village agricole qui n’est pas adapté aux besoins des trekkeurs. Les responsables de l’hôtel à Besi Sahar semblent désespérés, en effet le bus arrive vers 14h., les gens ont envie de faire un bout de chemin tout de suite, ils ne dorment plus ici. Un hôtel tout neuf de grande dimension reste inoccupé, le tenancier de mon hôtel m’explique que la location demandée est trop élevée. Il y a des investisseurs qui construisent des hôtels et les louent à d’autres.
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11. 03. 01 Gaonsahar |
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Les gens rencontrés au cours du trek ont tous des buts et des comportements assez distincts dans la vie. On peut essayer de définir des groupes, des types. Il y a environ 30% d’Israéliens très jeunes, filles et garçons, qui bénéficient d'une année de vacances pour voyager à travers le monde, après avoir fait 3 ans d’armée. Les autres jeunes font souvent un long voyage de plusieurs mois. Soit ils sont déjà allés en Thaïlande et en Chine, soit ils vont y aller par la suite. Ils viennent du monde entier. Ceux qui sont un peu plus âgés, 30 ans environ, sont en vacances et viennent faire ce trek uniquement. Ils le considèrent comme un exploit sportif, souvent ce sont des hommes qui ont l’habitude de faire du sport ensemble. D’autre part il y a les groupes, essentiellement Français. Les Français, même jeunes, voyagent plutôt en groupe, sans doute parce qu’ils ne parlent pas, ou à peine, l’Anglais. De l'autre côté du col, il y a beaucoup plus de groupes et de touristes qui sont venus pour quelques jours seulement puisque les avions viennent à Jomson. L'atmosphère et les contacts sont alors tout à fait différents.
11 3 Besi Sahar- Nagdi 1000m. Je suis parti vers 10h 30 et je me suis arrêté à Nagdi vers 16h 15.
Khudi est le premier grand village assez sympathique à l’intersection de deux rivières. La marche jusqu’à Khudi m’a déjà paru longue. A Bhulbule, un village qui compte de nombreux lodges, on traverse la rivière et l’on passe le premier poste de contrôle du permis de trek. Il y en aura beaucoup d’autres. Il existe d’ailleurs une grande confusion autour de ces permis. En principe ils ont été supprimés. On doit payer 2000 roupies de droit d’entrée pour accéder à la région de l’Annapurna et c’est l’attestation que ce droit a été payé qui est visée. Cela revient à un permis de trek. Chaque fois il faut s’inscrire dans un livre. La fin de la journée m’a paru interminable. Je demande toujours à combien de temps se trouve Nagdi et chaque fois je reçois des réponses différentes. Nagdi est un village constitué de lodges uniquement, les chambres sont construites séparément et donnent sur le jardin. C’est un parti-pris adopté régulièrement dans ce village. Le tenancier très jeune est sympathique.
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12 03 01 La montée vers Bahudanda. |
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12 3 Nagdi- Jagat 8h 45-17h. (8h). L’étape normale pour le premier jour est Besi Sahar Bahundanda. C’est très long. Après l’excursion du matin c’était exclu. Bahudanda 1'400m. est effectivement un village plus intéressant que Nagdi. Il est situé au sommet d’une colline. On monte le long d'un grand cirque cultivé avant d'atteindre le village. On passe de 900m à 1400m en peu de temps. Par la suite on marche, au-dessus de la rivière sur un chemin assez escarpé. Il y avait peu de monde et seul je ne me suis pas senti très rassuré. Il y a de nombreux arbres aux fleurs rouges, fines, très belles. Ils ont des épines et deviennent très grands. J’en ai photographié un à Tatopani, mais ils sont plus rares de l’autre côté du Thorung La. J'admire aussi une sorte de magnolia à fleurs rouges. L’odeur des crottes et de l’urine des ânes ou des mulets accompagne tout le voyage. De nombreuses caravanes montent ou descendent. On voit souvent de grands vautours, ce sont des gypaètes, paraît-il. On voit aussi de très grands papillons bleu foncé, uniquement au cours de cette étape. Plus tard j’en reverrai quelques-uns à Tatopani. Le chemin monte à nouveau, on traverse un plateau cultivé, puis le village de Kahtgaon où je m’arrête pour boire un thé. On descend alors brusquement dans la rivière, on passe par Syange, situé dans la gorge. Le chemin est toujours assez pénible dans les cailloux. Ce jour encore la marche m’a paru très longue. Je demandais constamment aux gens venant dans l’autre sens à combien de temps était Jagat. C’est sans doute l’une des étapes les plus pénibles du trek. De toute façon les trois premiers jours ont été très durs.
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| 13. 03. 01 la gorge de la Marsyangdi. |
Les immenses rochers dans la gorge. |
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13 3 Jagat 7h 45 Darhapani 15h 15 (7h. 30) On marche presque toute la journée dans la gorge de la Marsyangdi. Le chemin est parfois taillé dans la pierre. On voit encore des palmiers, mais il y a surtout des pins et des sapins. L’atmosphère est humide, tropicale. Dominant la rivière, il y a des montagnes en forme de pains de sucre, hérissées d’arbres.
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14 03 01 Pause à Dharepani |
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14 3 Une journée de repos à Dharepani. L'aubergiste est un sympathique Gurung. Comme il est à l’entrée du village, il parvient à retenir pas mal de monde avec son grand sourire. C’est son beau-frère qui tient l’hôtel. Ce dernier a travaillé dans un pays arabe. Il nous explique qu’ils ne sont pas du tout certains de gagner quelque chose au cours de la saison. Avant il était guide, il ne gagnait presque rien, comme ils sont étrangers au village, on ne les soutient pas. Ils doivent payer pour tout. Le montant de la location de l'hôtel est important. Les prix des chambres sont fixes, alors même qu’il y a une différence de qualité entre les lodges. Le matin on est dans la cour au soleil, puis il pleut beaucoup. La neige n’est pas très loin. Il semble que cet endroit soit un véritable pot de chambre. Peu après le climat devient beaucoup plus sec. C’est ici que débouche le chemin venant du Manaslu. Pour la deuxième fois une course à pied autour de l’Annapurna a été organisée. Elle réunit des Népalais et des Français. On les voit passer dans la matinée, les premiers très vaillants, les suivants marchant parfois avec difficulté déjà. L’aubergiste explique qu’il a fait la course l’année passée et que ça lui a pris 27 heures en 7 ou 8 jours. J'entendrai plus tard que la plupart des participants ont renoncé. Ils sont rentrés en avion depuis Manang.
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| 16 03 01 Chame, porteurs de dalles de granit. | L'une des écoles de Chame. | |
15 3 Dharepani Chame 7h 45- 15h, (7h). C’est une très belle journée. Depuis ce jour, j’ai l’impression que chaque journée est la plus belle. Il faut dire qu’il y a une grande variété dans les paysages et dans la végétation au cours de ce tour. On passe d’abord le village sinistré de Bagarshap, emporté en grande partie par un glissement de terrain. Je me suis arrêté pour boire un thé dans le village suivant, Danake, où l’on a construit de nouveaux lodges. La vue en direction du Manaslu est magnifique. Puis l’on descend vers une rivière, j’ai vu deux singes assez grands qui sautaient dans les arbres, la végétation est dense, et l’on voit toujours en se retournant, le Manaslu. Le pont a été emporté. Je vais marcher en parallèle avec un groupe d’Allemands. A midi, je m’arrête à Latamarang, il y a pas mal de monde, ma noodle soup est rapidement servie. Par la suite la forêt de conifères devient splendide. La pluie tombe dès 12h. Elle devient très violente dès 14h. Plusieurs glissements de terrains rendent le chemin à peine pratiquable, je suis content qu’il y ait un groupe devant moi. C’est certainement la partie la plus dangereuse du parcours. C’est la seule journée où je serai trempé, heureusement il a commencé à pleuvoir à peine plus d’une heure avant mon arrivée à Chame. Dès Jagat, mais surtout à partir de Chame, la culture tibétaine est très présente. La population de type indien de moins en moins importante. Il y a des murs de prières à l’entrée des villages, des chortens, des portails.
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| Le Lamjung Himal depuis Chame. | ||
16 3 Pause à Chame. Les vues sur le Lamjung Himal 6988m sont très belles. Un peu après Chame on voit aussi l’Annapurna II. La source chaude de l’autre côté du pont me tente, mais c’est un tout petit creux au bord de la rivière et toutes les femmes du village viennent y faire leur lessive. Je renonce à m’y baigner. De nombreux villages ont ainsi des sources chaudes. Chame est une localité assez importante. On y trouve une banque, un poste de police, une poste et un bâtiment administratif. Des écoles et des logements modernes pour du personnel. La terrasse de l’hôtel est chouette, on observe et commente tous les gens qui passent sur la rue principale du village.
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| 17 03 01. La pause de midi. | La plaque rocheuse de Paungda Danda. | |
17 3 Chame 2'600m - Pisang 3’330m. 7h 30-13h 30. (6h) Il fait très beau. Cette fois on a l’impression d’être en haute montagne, les forêts de pins sont splendides. Le premier arrêt après 2h de marche est Bhratang. Après avoir traversé un pont, une couture de mon sac a lâché. J’ai pu réparer facilement, mais j’ai été très inquiet de voir mon sac se déglinguer. On suit pendant longtemps la paroi rocheuse de Paungda Danda qui s'élève de 1'500m. au-dessus de la rivière. Elle est immense et on la voit encore depuis Manang. Pisang en-bas comprend une suite de très grands hôtels en pierre. Celui où je séjourne possède une salle à manger à l’étage. Les meubles en bois, de style tibétain sont très lourds. Il fait 8° dans la salle à manger. Le vent est violent. Il neige un peu. Ce fut l’une des nuits les plus froides. Pisang d’en haut est fascinant. Bien que le village semble proche, la montée est assez dure à cause de l’altitude. Au-dessus du village un nouveau gompa très grand est en construction. Un ou deux petits lodges accueillent quelques touristes. On voit peu de gens. Des échelles taillées dans les troncs d’arbres permettent de passer d'un étage à l'autre. L’aube vient vers 5h 30. On voit le lever du soleil derrière le Manaslu à 6h 15. A 18h il fait encore jour, mais la nuit arrive peu après.
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17 03 01 Pisang. |
17 03 01 Pisang. |
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18 3 Pisang- Bragha, 7h 45-13h (5h 30) A Pisang on peut choisir entre la voie normale et la haute route qui monte beaucoup plus haut. Selon le guide cela prend 3 h. de plus, mais plusieurs personnes ont dû s’arrêter une nuit, à Ghyaru, car c’était trop dur, certains ont eu des problèmes d'acclimatation. Je regrette un peu de n’être pas passé par là, car les vues sont splendides. On sent fortement l'effet de l’altitude depuis Pisang. Toutefois peu de gens sont malades en raison de la montée progressive. La première montée semble facile, vue de loin, elle s’est avérée dure, pour tout le monde d’ailleurs. Ensuite on a un point de vue à 3'450 m. d’où l’on voit assez loin, le chemin ne paraît plus très long, mais il y a une longue descente, puis une nouvelle montée. La forêt est belle, on arrive à un endroit où il y a deux petits lacs, Dukhure Pokari et une large descente. On passe ensuite devant l’aéroport à Hongde, c’est celui de Manang, mais il est encore à près de 2h. de cette étape (il ne peut être utilisé par les touristes à moins qu'ils ne soient malades et souhaitent rentrer). Trente minutes avant Manang, Bragha est un joli village, niché contre des pyramides d’érosion. Il possède un magnifique gompa. Milarepa y a séjourné selon le guide Nelles. On trouve le monastère et derrière un grand chorten. L’intérieur du monastère est un espace carré, fermé sur tous les côtés, la lumière vient d’en haut. On s’y sent bien. Derrière les statues principales, plutôt kitsch, il y a de nombreuses sculptures anciennes que l’on devine dans l’ombre. On voit l’Annapurna ii et peut-être le iv. Les 3 grands hôtels sont neufs. Je vais passer deux nuits ici. les hôteliers viennent d'ouvrir. Ils sont euphoriques et très gentils.
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Annapura II depuis Bragha. |
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19 3 Journée d’acclimatation. Je vais à Manang qui n’est qu’à 1/2h., mais je dors à Bragha. Il y a plusieurs murs de prières le long du chemin. Le premier après Bragha comporte des ardoises gravées montrant des figures dansant. Partout on vend des bols musicaux qui intéressent beaucoup les jeunes touristes. Il y a de nombreux marchands de bijoux, notamment de turquoises. La première partie de Manang est formée d’hôtels, tous proposent des projections de cassettes le soir, puis vient le village proprement dit, assez étendu. En face de Manang, il y a un petit lac provoqué par un éboulement du glacier du Gangapurna. Je suis monté au point de vue situé à 3650m. environ qui permet d’avoir un superbe coup d’œil sur ce glacier qui culmine à 7454m. et domine Manang. La montée est raide et glissante, il y a de la neige, de la glace et de la boue, la descente s'avère particulièrement périlleuse. D’ici, le Thorung La me paraît bien éloigné. En fait il est assez proche, mais on ne le voit pas. Sans le problème posé par l’altitude, on pourrait facilement rejoindre Thorung Pedi au pied du col en un jour. Les cônes d’érosion animent l'espace, retiennent et renvoient la lumière. Le temps est splendide. On voit les Annapurna 4, 3 et 2, le 1 reste caché. J’aurais pu prolonger mon séjour pour faire une excursion en direction du Tilicho base camp, il y a un village intéressant sur le chemin, Khangsar. J’ai commencé à prendre 1/2 diamox matin et soir. L’après-midi le vent est violent. On voit des chevaux, des mulets, des chèvres et des vaches. On verra des yaks plus haut, demain. Ce soir je discute avec deux Anglais qui sont montés en 4 jours depuis Besi Sahar, l’un d’eux, totalement épuisé, ne va visiblement pas bien. En fait je n'ai vu que peu de gens atteints du mal d'altitude, contrairement à ce qui se passe dans la région de l'Everest.
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19 3 le chemin qui conduit vers le Thorung La depuis le sentier qui mène vers le Gangapurna.
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Manang. |
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