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L'art en jeu

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Tour de l'Annapurna, page 3

20 3. 2001. C’est la montée décisive qui commence. Bragha- Yak Karka 7h 15-14h (7h). Beaucoup de gens partent de Manang en ce début de matinée, mais tout ce monde se répartit assez vite. Pendant la première heure de marche, j’ai l’impression de faire la queue. Je les laisse passer. Je me suis arrêté à midi pour manger une soupe. A Yak Karka, plusieurs grands hôtels de pierre construits sur deux étages accueillent les marcheurs. La plupart se sont arrêtés au premier. Le restaurant est sur la droite du chemin, alors que les chambres sont de l’autre côté. Vers 15h il s’est mis à neiger. Assis au restaurant avec un braséro sous la table. On n'a plus aucune raison de bouger. Presque tous tiennent un journal. Ils écrivent beaucoup chaque soir.

21 3 Yak Karkha -Thorung-Pedi 4450m. 7h 45 – 11h 30 (4h) (env. 52h de marche depuis le départ) . C’est une montée courte souvent dans des éboulis, un peu périlleux. Il y a beaucoup de monde. Certains passent à droite de la rivière. Ils devront faire une descente extrêmement raide et glissante pour la traverser à nouveau. On m'a prévenu qu'il fallait arriver tôt et devant tant de monde je crains de ne pas trouver de chambre à Thorung Pedi, en fait l’hôtel est immense. Il y a des bungalows partout. La salle de restaurant est aussi très vaste. Ils sont très bien organisés. Je monte au base camp à 4’850m. avec 2 Allemands, nous buvons un thé en haut, c’est une bonne acclimatation. L’hôtel de Thorung Pedi est plutôt chic. Malheureusement, ils refusent de chauffer le restaurant (les chambres ne sont jamais chauffées bien sûr).

Il s’est mis à neiger vers 15h et il va neiger toute la nuit et le lendemain.

22 3 A 2 heures du matin, premier lever, on se consulte et on décide de repousser le départ. A 5h 45 tout le monde se met en route et se lance dans le premier rek de 400m, je l’ai déjà fait hier et le connais bien. Après 3/4h, c’est le reflux, les guides et les porteurs sont paniqués par la neige. On entend une grande rumeur: le premier groupe fait marche arrière! (En fait ils redescendent parce qu'ils ne peuvent pas perdre un jour). Faux départ, je décide de continuer malgré tout jusqu’au camp de base. Les autres retournent à Manang parce que leur programme ne leur permet pas de perdre un jour (cauchemar). Je m’arrête au premier lodge à 7h 15, puis je passe au second à 8h 45. Peu après un groupe d’Américains et des individuels qui avaient essayé de continuer malgré tout reviennent épuisés. Ils sont parvenus tout près de la 1ère buvette qui est à mi-chemin du col, puis ont renoncé. La journée s’écoule sombre et tendue. Je n’ai vraiment aucune envie de revenir sur mes pas. Je n’ai presque plus d’argent népalais. Tout le monde est déprimé. Les gens se mettent à parler de leur mort (ils se la jouent tragique et se croient dans le livre de Jon Krakauer, Into Thin Air!). Un groupe de Français est resté. Ils ont un guide Français qui semble très bien informé. Il va décider à 19h s’il passe ou non, le lendemain. La décision est positive. Il a envoyé son équipe préparer le chemin dans l’après-midi. Ils vont partir vers 3h, nous suivrons vers 5h. pour ne pas attendre dans la neige et le froid que la piste soit tracée. Le guide m’assure qu’il n’y a pas eu de neige pendant tout l’hiver. Il est passé en février par un temps splendide avec des vues magnifiques sur les montagnes tout le temps. Je fais équipe avec un Américain, accompagné d'un guide et un couple d’Israéliens. Nous sommes suivis par 3 Australiens et 3 Irlandais (partis plus tard parce qu'ils n'ont pas de lampe frontale, ils nous rattrapent au sommet).

22. 03 01 Le lodge du base camp 4'850 m.

23 3 Passage du Thorung la 5h 30- 8h 30 Thorung La 5416 m. 9h 30- 14h Muktinath 3'600m. Du côté de Muktinath, on voit qu’il fait beau, mais du côté de Thorung Pedi on est talonné par les nuages. La crainte de voir la neige se remetttre à tomber nous pousse à avancer le plus vite possible. Nous avons d’abord marché dans les nuages. Il fait très froid. En haut, il y a déjà du vent. On s’arrête presque une heure, mais cela devient vite insupportable. Un tout petit tea shop tenu par deux hommes qui montent chaque jour offre une boisson chaude bienvenue. La descente est assez mouvementée, d'abord dans les congères de neige, puis dans la boue.

Le col du Thorung La, 5416 m, le 23 03 01.

Pèlerins à Muktinath

24 3 La visite du site de Muktinath m’a beaucoup impressionné. En fait, c'est un ensemble très modeste sur le plan architectural si l’on considère la réputation de l’endroit et les foules de pèlerins qui montent ici de très loin. Les divers sanctuaires sont discrets. Le premier est dédié à Shiva, puis vient le site central avec des fontaines à têtes de vaches, les gens circulent de gauche à droite font leurs ablutions et remplissent une bouteille d’eau, le sol est gelé, très glissant. Sur la gauche on trouve encore un petit temple bouddhiste et sur la droite un peu plus loin, celui où brûle la flamme de gaz sacré. Il y a beaucoup de monde, les gens sont joyeux, de bonne humeur.

Ces pèlerins ont vu que je cherchais à les photographier, ils ont voulu poser. Pour eux c'était manifestement une manière de marquer un moment exceptionnel. Pourtant ils ne se sont pas du tout préoccupés de me demander d'envoyer la photo. Le site est en fait d’abord un point de vue formidable, ce qui est révéré ici, mis en évidence, c’est d’abord la nature, les arbres, l’eau et la vue sur les montagnes et la vallée en contrebas.

24 3 Regard en arrière vers le Thorung La. Jarkhot.

24 3 Muktinath, Jarkot, Kagbeni 2'800m. 10h-15h 800m de descente. Je me suis beaucoup arrêté pour faire des photos. Le paysage est extraordinaire. On suit la frontière du Mustang dont l'accès est interdit sans permis spécial. Pour une fois c’est à moi que les pèlerins fatigués demandent à combien de temps se trouve leur but. Ils montent tous en soufflant dur vers Muktinath. Ils viennent du sud du Népal, les femmes sont le plus souvent habillées en rouge.Tout le long du chemin, il y a des femmes qui tissent et qui tentent de vendre leurs produits, surtout des écharpes. Jarkhot, perchée sur un promontoire, est très attirante, mais le village et le gompa sont un peu décevants. La journée est magnifique. Le vent rend la descente plus pénible. Les vues sur les pyramides d’érosion et la couleur de la terre sont formidables. Autour de Kagbeni, certains arbres fleurissent déjà dans les grands vergers. L'atmosphère est printannière. En arrivant à Kagbeni les vues sur le Nilgiri et le Tilicho Peak forment l’apothéose de cette journée. Les hôtels récents sont à l’extérieur du village. Celui que je choisis dispose d’un organisation de l’espace très étrange: une grande salle en bas et les chambres sont disposée à l'étage supérieur tout autour. Il y a un second restaurant sur le toit avec la vue sur le Nilgiri. Je suis déshydraté, ma bouche est toujours sèche. J’ai très bien dormi cette nuit. La Kali Gandaki vue depuis Kagbeni ressemble à un vaste lac asséché.

24 3 Jarkhot descente sur Khagbeni
Le Nilgiri depuis Kaghbeni

25 3 Kagbeni, je visite le gompa avant de me mettre en route. De Kagbeni à Jomson on marche dans le lit de la rivière. Il y a des touristes, des pèlerins et de nombreuses caravanes. A Jomson, je me suis arrêté pour manger un excellent vegetable curry. Ensuite je suis allé chez le coiffeur. Je veux me faire couper une barbe devenue très hirsute. Jusque-là, elle ne m’avait pas gêné, mais depuis Kagbeni, je sens des regards un peu surpris qui s’arrêtent sur moi. Le coiffeur vient du Terail. Il me coupe aussi les cheveux et me fait un vigoureux massage, le tout coûte 250 roupies. Le tourisme ici est différent, la plupart des gens sont venus en avion et font une excursion jusqu’à Kagbeni, éventuellement Muktinath, où alors ils descendent jusqu’à Beni. De Jomson à Marpha je marche contre un vent d'une violence incroyable. Par moments je m'abrite derrière un groupe de pèlerins ou des porteurs qui coupent un peu le vent. A Marpha je m'arrête dans un hôtel cossu. c'est un autre monde.

26 3 Vannier à Ghasa 26 3 Jeux d'enfants à Ghasa

26 3 Marpha 2600 m. -Gasa 2000 m., 7h 45-16 h. Je m’arrête à Tukuche pour boire un thé. Ce village est réputé pour la qualité de ses hôtels, malheureusement je n’y ai pas séjourné. La vallée est large et l’on marche longtemps dans le lit de la rivière. On ne passe pas à Larjung qui est juste au-dessous du Dalaughiri. On monte un peu dans la forêt, puis on arrive dans un village construit après le tournant de la Kali Gandaki où je prends mon repas de midi c’est Koketant. Une autre longue journée de descente, pénible. Le chemin devient très raide, vertigineux même, depuis Lete, après Kalopani. La végétation est à nouveau tropicale. Finalement on arrive à Ghasa. Il y a un hôtel tout neuf à l’entrée du village, le centre est assez pittoresque.

27 3 Ghasa- Tatopani 7h 45 – 15h. Une chute d’eau spectaculaire à Rupse Chahara. Plusieurs personnes ont dormi là. Ils ont fait Kagbeni-Tukuche, puis Tukuche-Rupse, c'est sans doute un bon choix. Il y a partout des courges devant les maisons. La soupe est excellente. A midi je m’arrête au dernier lodge de Dana, une localité qui s'étend incroyablement et qui semble prospérer d’activités qui n’ont rien à voir avec le tourisme. Je remarque quelques maisons anciennes aux fenêtres décorées. J’ai commandé des cacahuètes grillées et mangé une mandarine. A Tatopani, je m’arrête dans l’hôtel qui se trouve à côté du chemin qui conduit aux bains d'eau chaude. Il y a deux petits bassins, il faut payer 10 roupies. Il y a deux ans un éboulement important a provoqué la montée de la rivière qui a inondé les lodges. En fait ce village paraît très menacé, son avenir est précaire, bien que ce soit l’une des principales attractions touristiques de la région.

28 3 Pause à Tatopani. Un terrible orage marque l’après-midi avec une pluie très violente. J’ai acheté quelques bijoux à une marchande tibétaine.

29 3 Tatopani 1000m -Ghorepani 2'874m. 7h 15-16h. C'est une longue montée, mais le chemin est splendide. J'ai beaucoup hésité à m'y engager, j'aurai pu suivre la Kali Gandaki jusqu'à Beni. Après l’orage d’hier le temps est couvert ce matin. J’ai l’impression qu’il va pleuvoir d’un instant à l’autre. La première partie de la montée est très dure. Ensuite le chemin devient moins raide. Ghara, Chitre. J’ai eu le sentiment de m’élever au-dessus de l’orage. D’ailleurs on voyait en montant que le chemin était de moins en moins mouillé. Peut-être y-a-t-il eu un nouvel orage à Tatopani, mais j’y ai échappé. Brusquement vers 14h., le ciel s’est éclairci et j’ai découvert le Dalaughiri. A Chitre la vue est magnifique. Je pensais m’arrêter là, mais il n’y avait personne. Deux Italiens qui admiraient le paysage m’ont vivement conseillé de continuer. Il ne restait plus qu’une heure, une heure 30. C’est depuis Chitre que l’on entre dans les forêts de rhododendrons, ils sont tous en fleurs, soit rouge vifs, soit roses. J’étais un peu inquiet, car je me trouvais seul et j’avais été dépassé par tous les gens rencontrés en cours de journée. Il y a des rumeurs de banditisme dans cette zone, on sent un peu d'inquiétude. Finalement j’ai rattrapé un couple qui s’attardait. Assez rapidement j’ai vu les toits en tôle bleue des premiers lodges du col de Deorali et des trekkeurs sont apparus qui faisaient un petit tour depuis le haut. Un lodge a brûlé au début du mois. Une douzaine de touristes ont tout perdu et le fils de la maison est mort. Ils reconstruisent déjà et récoltent de l'argent auprès des trekkeurs. On parle d’une avalanche qui a tué une famille australienne sur le chemin de l’Annapurna base camp.

30 3 Ghorepani, repos. Je suis monté à Poon Hill. Il y a beaucoup de monde, la montée essouffle. Des Japonais très sérieux avec d’énormes appareils photos, accompagnés de porteurs qui portent le pied et du matériel. Au sommet, ils ont construit une tour d’observation horrible dont l’entrée est payante. Le soleil vient presque du côté de l’Annapurna et du Macchupachure. C’est le Dalaughiri qui est éclairé et l’on ne voit pas grand chose de l’Annapurna. Les rhododendrons sont splendides.

daulaghiri
30 3 Le lever de soleil sur le Daulaghiri depuis Poon Hill. Un peu plus tard à travers les rhododendrons.

31 3 Ghorepani, Naya Pul 6h 45- 14h Birethanti. Une descente longue et pénible, mais c’est un très beau parcours. Il doit être absolument infernal de le faire à la montée, et pourtant c'est ce que l'on propose à ceux qui veulent faire un petit trek facile! J’ai marché d’abord 1h, 1h. 30 dans la forêt, une descente assez agréable, pas trop raide. C’est ensuite lorsque l’on arrive dans une zone où les villages se succèdent de manière ininterrompue que l’on trouve les escaliers et que la descente devient dure. La région est très habitée, tout est cultivé. Lorsqu’on traverse la rivière à Tikhedungha, on se dit que ce sera bientôt fini. J’ai rencontré de nombreux touristes épuisés par la montée tout au long du chemin. Il y a beaucoup plus de gens qui montent que de gens qui descendent. C'est le début des vacances de Pâques. La descente devient moins raide. Il n’y a plus d’escaliers et à un moment on marche dans la rivière. Mais le chemin est encore long jusqu’à Birethanti.

J'éprouve de la mélancolie de voir le trek s’achever. J’ai déjà envie de revenir. Je me reproche d'être passé trop vite. En y réfléchissant maintenant, je m'avoue que les journées ont vraiment été épuisantes. Elles ont souvent semblé s’étirer sans fin, mais à chaque fois la nuit a été tout à fait réparatrice et le lendemain j’avais très envie de repartir, surtout après une journée de repos.

Texte et photos, Patrick Schaefer, L'art en jeu, 2001

Il existe un récit de voyage consacré au tour de l'Annapurna par Andrew Stevenson, Annapurna Circuit, Himalayan Journey, Srishti Publishers & Distributors, New Delhi, 1999. C'est pas mal, mais cela montre surtout à quel point les conditions ont changé. L'auteur n'indique pas l'année de son voyage, mais il doit dater de plus de 10 ans au moins.

Il existe un site très bien fait qui met à disposition des photos et des films digitalisés sur la région de l'Himalaya. Notamment le village Gurung de Thak et la région de l'Everest.

http://www.digitalhimalaya.com/

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