La ligne des gratte-ciels de Pudong. J'ai voyagé en Chine en 1994. En visitant la tour de la télévision, premier édifice très élevé construit à Shanghai, je constate que cette année 1994 est précisément considérée comme année 0 dans une suite de photographies qui montrent l'évolution de cette partie du quartier de Pudong jusqu'en 2007. En une dizaine d'années on est passé de 0 à 3000.1000 autres sont programmés jusqu'en 2017. Partout la brume, très peu de touristes... |
On va de Shanghai à Suzhou par un train rapide. La ville est connue pour ses jardins, mais c'est aussi une grande cité industrielle de plus de 7 millions d'habitants.
Le jardin de l'humble administrateur vaste et très fréquenté et le jardin du Maître des filets plus intime.
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Il y a 14 ans après avoir voyagé en Chine j'étais revenu avec pas mal de sympathie pour ce pays et passablement de réticences à l'égard de ceux qui le critiquent. Je me disais que la Chine traversait des turbulences inévitables lors d'une modernisation, raison pour laquelle j'avais très envie de voir ces jeux.
Cette fois je dois dire que j'ai des sentiments très différents. En effet que penser d'un pays où l'on peut tout détruire en un temps record, où les autorités se vantent , comme je l'ai vu à Shanghai sur une plaque commémorative, d'avoir rasé un immense quartier d'habitations pour faire place à un vaste parc, très beau d'ailleurs, en bordure de la place du peuple. A Pékin on ne reconnait rien et à Shanghai très peu, le rouleau compresseur à l'oeuvre est incontestablement d'une brutalité et d'une violence incroyables; inimaginable dans un pays qui respecte un tant soit peu le droit des gens. Une autre chose très étrange est la disparition presque totale des vélos qui formaient pourtant un flot continu dans les rues des villes il y a 14 ans! Ce qui se passe est rigoureusement comparable à la révolution culturelle avec moins de bavardage, de rhétorique et d'idéologie et beaucoup de capitaux étrangers! Dans ces conditions, il ne fait aucun doute que les craintes et les protestations des Tibétains sont justifiées et le fait que le China Daily journal officiel en anglais ait annoncé presque tous les jours que de nouveaux crédits gigantesques allaient être alloués au Tibet est tout aussi inquiétant.
Voici le lien vers un recueil d'entretiens très simples avec des Tibétains dont les auteurs sont emprisonnés.
http://www.leavingfearbehind.com/
13 avril 2011
Depuis quelques jours, je pense à l’arrestation, le 3 avril, de l’artiste chinois Ai Weiwei, d’une part parce qu’on lui consacre des articles et que des pétitions circulent, d’autre part aussi parce qu’il s’agit d’une figure phare de l’art contemporain que je n’arrive pas vraiment à cerner. Raison pour laquelle j’y réfléchis et je me dis que c’est « un vrai fauteur de troubles »!
En effet à Kassel lors de la Documenta 12 en 2007, il a placé une structure monumentale formée d’anciennes portes en bois de maisons détruites en Chine, il disposait de l’un des meilleurs emplacements devant l’Orangerie. Mais voilà patatras ! la structure s’est effondrée au premier orage. Lui-même déclara que c’était sans importance, et laissa les choses en l’état, une certaine presse par contre ne manqua pas d’y voir un exemple de la mauvaise réalisation de la Documenta. Je l’ai croisé lors du vernissage de presse et sans lui parler, j’ai été impressionné par le rayonnement du personnage et par son regard. L’automne passé à Londres: on sait que les réalisations sculpturales dans le hall central de la Tate Modern sont devenues un symbole du coté hyper fun et hyper cool de l’art contemporain, qu’il s’agisse des toboggans de Carsten Höller ou du coucher de soleil d’Olafur Eliasson, par exemple. La réalisation d’Ai Weiwei promettait de confirmer cette réputation, mais voilà il y eut un imprévu : les milliers de graines de tournesol en céramique dégageaient une poussière jugée dangereuse lorsqu’on marchait dessus. De sorte qu’au lieu de découvrir une installation très ludique, le visiteur se trouva devant des barrières et des bobbies casqués pour maintenir l’ordre : un renversement de situation édifiant. On sait qu'Ai Weiwei a joué un rôle important dans la conception du stade olympique de Pékin, édifié par Herzog & de Meuron, promu par la Chine comme exemple du génie chinois entre tradition et modernité, sans insister sur les origines, encore moins les noms des auteurs ! On apprend ainsi que cet homme, qui semble avoir l’art de créer des problèmes, ce qui semble faire partie de son identité d’artiste et de sa capacité de créateur original, voire génial, est arrêté sous des prétextes qui évoquent parfaitement les purges staliniennes. Il y a vraiment de grandes raisons de protester et de se demander si le point de non retour est atteint, que plus personne ne peut se voiler la face sur la véritable nature du régime chinois.
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