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Cette page propose des articles sur Derek Jarman, Steve McQueen.

Twelve Years a Slave de Steve McQueen

Ce film a obtenu l'Oscar du meilleur film en 2014.

Le récit de l’enlèvement d’un noir, établi et bien intégré dans le Nord des Etats-Unis pour être vendu comme esclave au Sud, en Géorgie. Ces enlèvements étaient fréquents. Le héros du récit, Solomon, fut l’un des rares survivants qui put raconter son cauchemar. Steve Mc Queen, artiste vidéo et cinéaste a utilisé cette histoire vraie qui se passe dans les années 1840 pour en faire un film, c’est-à-dire environ 20 ans avant le moment où se passe le récit d’Autant en emporte le vent. On ne peut éviter de penser à cette réalisation, dont Steve Mc Queen propose en fait une mise en contexte réaliste !

Dans cette réalisation Steve Mc Queen associe diverses formes d'expression, les explorations de la vidéo, centrée sur des moments brefs et paroxysmiques sont très présentes. Par exemple le moment où le héros se retrouve enchaîné dans un cachot, avant d'être transporté par bateau avec d'autres compagnons d'infortune. Il y a aussi les diverses confrontations avec des chefs, les pendaisons et les innombrables scènes de fouettage. Ces moments de forte intensité dramatique interrompent pourtant le récit. Il y a encore un côté photographique avec des arrêts sur image dans certains paysages. De l'autre côté, on voit se dérouler un véritable film historique avec diverses reconstitutions en costumes, la vie dans les plantations, film historique, mais aussi film militant qui veut faire prendre la mesure de l'horreur commise. Les passages d'un système d'expression à l'autre ne vont pas de soi. On perçoit aussi que le cinéaste a beaucoup réfléchi à ces phénomènes, il a évoqué les suicides collectifs à l'arrivée des conquistadors dans Carib's Leap, et si la tentation du suicide est présente dans le film, l'on n'y recourt que rarement. Il y a encore l'étrange réalité que les esclaves sont convertis et partagent la même religion que leurs bourreaux.

Patrick Schaefer, l'art en jeu 27 janvier 2014

Le Schaulager à Bâle présente une exposition Steve Mc Queen du 16 mars au 1er septembre 2013. Elle comprend 25 pièces, photos et vidéos de 1992 à 2012. Si certains films sont présentés en continu, pour trois projections: 7th Nov., Carib's Leap et Giardini, il est demandé au visiteur de ne regarder le film que lorsqu'il commence. Si l'on respecte cette injonction, il faut prévoir plusieurs heures pour la visite. En ajoutant les seuls temps de projection pour chaque pièce on arrive à près de 3h. sans compter une présentation de diapositives de 70'.

Les travaux de Steve Mc Queen s'inscrivent profondément dans notre mémoire. Avec ses premières pièces, il a obtenu une reconnaissance immédiate, elles furent présentées dans le British art Show de 1996 en compagnie de Douglas Gordon et de Damien Hirst notamment. Elles ont conservé toute leur force

Ayant vu la grande exposition de Steve Mc Queen au musée d'art moderne de la ville de Paris en 2003, j'avoue que j'ai eu l'impression de connaître la plupart de ses travaux. Depuis cette date il a réalisé deux longs métrages Hunger et Shame sans pour autant abandonner le domaine des expositions d'art. Les pièces montrées ici indiquent qu'il utilise surtout ce véhicule pour des travaux très engagés politiquement. Ainsi avec Queen and Country, 2007- 2009, un projet de timbres postes, évidemment non acceptés, dans lequel il demande qu'un timbre soit consacré à tous les soldats britanniques morts en Iraq. Il est particulièrement émouvant, puisque l'on peut voir jour après jour, les visages des jeunes soldats décédés il y a exactement 10 ans. La dernière pièce End Credits, 2012 évoque la surveillance par le FBI d'un atiste américain à l'époque de McCarthy. Le film documentaire Gravesend en 35mm, 2007 est le travail le plus remarquable réalisé depuis 2003. Il évoque l'extraction d'un minerai au Congo, utilisé dans les téléphones portables. Sans oublier sa participation à la Biennale de Venise en 2009, Giardini qui est plutôt mélancolique. Avec une sensibilité poétique et visuelle très grande, Steve Mc Queen se livre à une déconstruction de tous les éléments constitutifs d'un film, d'une vidéo ou d'une photographie. Il analyse, l'image, le son, la musique, le récit, les effets de surprise, de tension, l'attente du spectateur. Ce qui frappe c'est que son projet était déjà en place dès les premiers travaux et qu'il l'a développé au fur et à mesure des commandes: Biennale de Lyon, Documenta, Biennale de Venise par exemple. Finalement il a utilisé cette approche analytique pour réaliser des longs-métrages.

Patrick Schaefer, l'art en jeu 22 mars 2013

Le metteur en scène Krzysztof Warlikowsky s'inspire du film de Steve Mc Queen pour sa présentation de Don Giovanni à Bruxelles en 2014.

Le dernier film de Steve Mc Queen s'intitule Shame 2011. Avec Michael Fassbender.

Shame de Steve Mc Queen. Cet artiste fasciné par le cinéma a pu apprendre le métier par son activité de vidéaste et l’on constate qu’il obtient une maîtrise stupéfiante dans ce film intense. Par ailleurs on sent une formation artistique et une approche de l'image qui évoque celle d'un sculpteur qui développe ses sculptures par fragments, comme Rodin par exemple.

C’est un film sur le corps d’un homme, Michael Fassbender, la présence d’un corps, les effets d’un corps, les mouvements d’un corps dans la ville. Le corps est entier ou fragmenté, détaillé, organe par organe, surface après surface : visage, sexe, fesses, dos, torse, épaules, yeux, chevelure. Les dialogues sont réduits au minimum et tout passe par l'image et l'expression corporelle. La dérive, le road movie érotique peut évoquer Le Dernier Tango à Paris, 1972 ou 9 semaines et demi, 1986, mais il relève d'une idéologie très différente, car ces productions en huis clos suggéraient une rencontre idéale, impossible à tenir dans le temps. Dans Shame ce sont des rencontres multiples, systématiques qui nourrissent la vision érotique. Par ailleurs cette chasse éperdue est contrebalancée par l’histoire familiale du héros. Elle surgit à travers sa soeur qui impose un caractère théâtral, dramatique au film et donne une profondeur au personnage central. Une soeur qui rappelle des personnages féminins paumés que l’on voit dans plusieurs films anglais, en particulier Honey, la soeur de Spyke dans Notting Hill.

Patrick Schaefer 5 janvier 2012

Steve Mc Queen occupe le pavillon britannique lors de la biennale de Venise 2009. Il présente un film sur les Giardini.

Steve Mc Queen a obtenu la caméra d'or au festival de Cannes 2008 pour son film Hunger consacré à la grève de la faim de Bobby Sands.

Steve McQueen, Speaking in tongues, Musée d'art moderne de la ville de Paris jusqu'au 23 mars 2003

Steve McQueen (1969) est l'auteur d'une quinzaine de films à ce jour, l'exposition parisienne permet de découvrir quatre productions récentes.

Once upon a time, 2003 projection de 116 images digitalisées commentées dans une langue mystérieuse.

Girls Tricky, 2001, présente une séance d'enregistrement du chanteur noir Adrian Thawes.

November 7th, 2002, récit d'un homme dont on voit dans une seule image immobile le haut du crâne rasé. Il raconte comment il a tué son frère accidentellement.

Illuminer, 2001, on voit l'artiste nu, couché sur un lit, il regarde un reportage à la télévision consacré aux troupes britanniques et américaines engagées en Afghanistan dont on entend uniquement le son. L'image est tantôt floue, tantôt nette. Il y a des mouvements, car le personnage se couvre ou se découvre.

Les 4 projections sont installées de façon diverse l'une occupe un espace très long et l'on doit passer derrière l'écran pour se rendre dans la dernière salle. Les autres sont présentées dans des espaces assez confinés. Le spectateur doit effectuer un assez long parcours dans le noir s'il veut voir les 4 pièces. Manifestement Steve McQueen attire l'attention sur le son et l'image, les relations ou l'absence de relation qui existe entre ces éléments. Le documentaire peut être sonore et l'image un plan fixe montrant une seule prise de vue en diapositive. Il peut y avoir au contraire une recherche de lien étroit entre l'image et le son dans la séance d'enregistrement du chanteur. Alors qu'un reportage de la télévison est dépouillé de sa partie visuelle au profit du son. L'image ne montrant que les variations d'intensité lumineuse de la tv sur le corps et les draps du lit de l'artiste.

A Kassel, lors de la Documenta 11, Steve McQueen a présenté deux films Western Deep, 2002 et Carib’s Leap, 2002 deux plongées très différentes, l'une infernale dans une mine d'or en Afrique du Sud et l'autre idyllique, impressionniste dans des eaux tropicales, mais qui évoque le suicide collectif des Indiens de la Grenade en 1651. L' installation était en fait une petite salle de cinéma puisque pour regarder Western Deep on devait entrer dans une salle s’asseoir et en principe on était obligé de regarder la totalité du film. Steve McQueen aurait voulu devenir cinéaste et s’attache à la qualité de l’image, au point de vue de la caméra, au mouvement de celle-ci. Il joue sur la lenteur, la pénétration de l’image et la surprise. Bien qu’il soit entré dans le circuit des expositions d’art ses films sont du cinéma de qualité et il n’entre pas dans la problématique de l’installation proliférante qui se fait au dépens de la qualité de la perception de l'image. Ses films ne sont pas narratifs ou plutôt s’attachent à la présentation d’un seul événement, d'un seul moment. La descente dans la mine, une rencontre entre deux hommes Bear, l’eau qui emporte une bicyclette ou encore l’eau guidée dans les caniveaux de Paris (Biennale de Lyon 2001, Connivence) de tout petits moments fort bien montrés qui relèvent du documentaire ou de la photographie. On retrouve les mêmes préoccupations d'une production à l'autre: la chute, la plongée, l'exploration lente d'une situation, un corps, une confrontation, un paysage.

Patrick Schaefer, L'art en jeu, 27 février 2003

Les derniers travaux de Steve McQueen, Once Upon a Time sont présentés à Londres jusqu'au 7 novembre 2004 à la South London Gallery.

Derek Jarman. Brutal Beauty. Exposition conçue par Isaac Julien (1960) jusqu'au 2 novembre 2008.

Après la Serpentine Gallery à Londres et la Kunsthalle Wien, la Kunsthalle de Zurich présente Derek Jarman (1942-1994).

Auteur de plusieurs films Derek Jarman s'est surtout fait connaître par une présentation de la vie du Caravage. L'exposition propose dans la première salle des peintures de Jarman et sur un écran tv la projection du film d'Isaac Julien intitulé Derek. Dans la salle suivante, on découvre un autre film de Julien sur grand écran intitulé Dungeness 15', du nom du petit village isolé au bord de la mer dans le Kent, où Jarman avait acheté une maison et construit un jardin formé des plantes qui poussent dans les sables et d'objets divers en métal, en bois ou de pierres. La salle suivante présente sur une dizaine d'écrans des fragments de films super 8 tirés des archives de Jarman, une autre salle propose des films super 8 et l'exposition s'achève avec la projection de Blue, le dernier film de Jarman qui propose un écran bleu en hommage à Yves Klein, pendant 45' avec la lecture d'un texte par lui-même sur la progression du sida, la maladie qui l'emporte. Isaac Julien a conçu l'exposition, non comme une rétrospective, mais comme une installation qui tente de mettre en évidence les multiples formes des créations artistiques de Jarman qui se condidérait comme peintre. Il a touché toutes les formes d'expression artistique.

Le site d'Isaac Julien.

Patrick Schaefer, L'art en jeu 1er septembre 2008

 
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