Egon Schiele / Jenny Saville, Kunsthaus Zurich jusqu’au 25 janvier 2015
Alors que le Leopold Museum à Vienne célèbre l’œuvre d’Alberto Giacometti, en présentant les collections du Kunsthaus de Zurich. Ce dernier peut consacrer une vaste exposition à Egon Schiele, en s’appuyant sur les collections viennoises, mais aussi sur des prêts d’autres provenances. La documentation présentée en fin d’exposition nous révèle que Schiele avait eu des relations importantes avec cette institution qui n’avaient pas abouti à une exposition personnelle, mais il fut largement représenté dans une exposition collective à Zurich en 1918. La mort précoce de l’artiste et le caractère extraordinairement tourmenté de son dessin, nous font oublier que son talent exceptionnel fut reconnu très rapidement par les galeries et les collectionneurs. En raison de la sélection des œuvres, l’exposition pourrait avoir comme sous-titre la mort dans l’œuvre de Schiele, car celle-ci est omniprésente. Les toiles sont accrochées sur des parois peintes en noires qui soulignent encore ce caractère funèbre et même les paysages qui montrent des arbres dénudés ou des villes mortes sont extraordinairement sombres. Ceci dit, il faut souligner que l’on découvre une magnifique exposition Schiele, qui s’appuie sur des toiles et à la fin sur les dessins qui sont plus connus. La part des dessins érotiques est assez limitée.
Cette exposition n’est pas présentée comme une rétrospective. En effet, on trouve un second nom dans le titre, selon une tendance développée depuis quelques années après Matisse- Picasso, en 2002 – 2003 ! le Kunsthaus lui-même propose deux expositions « associatives », puisqu’on découvre également Hodler et Jean-Frédéric Schnyder. On peut trouver cette façon de faire agaçante, elle associe un nom très célèbre, à un autre qui l’est moins, et auquel elle assure une forte promotion. Mais elle souligne aussi la permanence des préoccupations artistiques, on reste ici à un niveau très général : comment peindre un portrait, comment représenter le nu ou la maternité, car ce sont ces thèmes qui sont abordés par l’artiste britannique Jenny Saville (née en 1970). Elle a fait partie des artistes promus par Charles Saatchi dans les années 1990 et figurait dans l’exposition Sensation à la Royal Academy de Londres. On la percevait comme très influencée par Lucian Freud et s’inscrivant dans l’héritage des peintres figuratifs anglais comme Bacon. Après avoir présenté des corps nus en gros plan, elle évolue de façon assez académique, me semble-t-il. Les grands formats et une technique picturale très aboutie font de ses toiles des pièces impressionnantes. Bien que la peinture de Jenny Saville soit caractérisée par un goût de l’étrange, un certain fantastique, il faut relever que ses œuvres apportent de la lumière dans cette exposition. Six toiles monumentales et une quinzaine d’études ou de dessins sont accrochées sur des parois blanches. Ils allègent l’atmosphère et soulignent effectivement la permanence des questions liées à la représentation des corps au cours de l’histoire de l’art. Bien qu’ils n’aient vraiment rien à faire ensemble, la présentation simultanée des deux artistes est bien réussie, elle invite à regarder les peintures pour elles-mêmes, hors de tout contexte.
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