Klimt – Vienne 1900

Cette page parle des expositions Klimt -Hoffmann; Vienne 1900; La magie des images; Ornement et abstraction.

Lausanne le 12 juin 2020

Le musée des beaux-arts de Lausanne propose quatre expositions dans ses nouveaux locaux. A fleur de peau, Vienne 1900 de Klimt à Schiele et Kokoschka  jusqu’au 23 août. En cinq sections, l’exposition entre dans la manière dont le corps a été traité par les artistes de la Sécession viennoise avec des affiches, des dessins et des peintures, curieusement la totalité de la grande salle du haut est consacrée au mobilier produit par les Wiener Werkstätte.


Vienne galerie du Belvedere

Gustav Klimt – Josef Hoffmann, pionniers de la modernité jusqu’au 4 mars 2012.

La galerie du Belvédère met en contexte les tableaux de Klimt en étudiant les relations entre le peintre et l’architecte dans plusieurs villas et sites d’expositions: la Sécession bien sûr avec la frise Beethoven et l’exposition qui accompagna cette réalisation, le Palais Stocklet à Bruxelles et différentes villas viennoises, une tentative difficile, mais passionnante. Les circonstances des commandes sont étudiées et les relations étroites entre le peintre et le sculpteur, mises en évidence. Des maquettes et des reconstitutions permettent de voir certains tableaux dans leur contexte original, leur encadrement conçu par Hoffmann, ce qui les met bien en valeur.


Fondation Beyeler Vienne 1900 Klimt, Schiele et leur temps 26 septembre – 16 janvier 2011 prolongée jusqu’au 6 février

Alors qu’une part importante de la collection Beyeler occupe les cimaises du musée Leopold à Vienne jusqu’au 17 janvier, la Fondation présente un panorama de l’art à Vienne vers 1900 avec près de 300 oeuvres et objets d’art.

L’exposition de la Fondation Beyeler débute par une reconstitution du Beethoven Fries de Klimt à la Sécession dans le hall d’entrée, déjà réalisée en 2001 dans l’exposition Ornement et abstraction. Pour donner une idée de la richesse artistique de Vienne vers 1900 plusieurs regards ont été conjugués. Une présentation de l’oeuvre de Gustav Klimt, figure tutélaire à travers des dessins et quelques peintures; une évocation très complète de l’oeuvre de Schiele, figure marginale et hallucinée de cette période. Sur le plan de la peinture les personnalités d’Oskar Kokoschka, Richard Gerstl et Arnold Schönberg sont encore évoquées. Deux salles sont par ailleurs consacrées au mouvement de la Sécession et aux principales figures de l’architecture de l’époque, Otto Wagner, Josef Hoffmann, Adolf Loos, ainsi qu’aux Wiener Werkstätte avec des réalisations de mobilier, verrerie et argenterie. Enfin un espace est consacré au cabaret Fledermaus, 1907 qui illustre la recherche du Gesamtkunstwerk qui animait ces artistes. L’exposition s’achève au sous-sol par une autre reconstitution! celle d’un café viennois.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 25 septembre 2010


Bâle, Riehen La magie des images (Bildwelten), l’Afrique, l’Océanie et l’art moderne jusqu’au 24 mai 2009, prolongée jusqu’au 28 juin

La Fondation Beyeler nous invite à réfléchir aux motivations de ceux qui créent des images et à la puissance de leur impact sur le public à travers les siècles et les continents. Sous le titre La magie des images (Bildwelten), l’Afrique, l’Océanie et l’art moderne jusqu’au 24 mai. En partant des collections de la Fondation qui associent art moderne et art extra-européen, l’exposition met en relation une quarantaine d’oeuvres de Cézanne à Rothko et près de 200 sculptures issues des cultures africaines et océaniennes. Il s’agit surtout de faire ressentir, éprouver cet impact des sculptures qui ont été regroupées par cultures dans chaque salle dans une présentation jubilatoire qui s’envole avec les poissons volants!

Une moitié des salles est consacrée à l’Afrique et l’autre à l’Océanie. L’une des réussites de l’exposition est de parvenir à présenter des groupes importants de chaque culture concernée en partant des pièces présentes dans la collection Beyeler. Ainsi elles exercent un fort pouvoir de fascination et l’on prend mieux conscience de la spécificité et de la diversité de chaque culture. On passe des Senoufo associés à Cézanne, aux reliquaires Fang devant une Improvisation de Kandinsky, les Nkisi figures à clous du Congo sont présentées devant des toiles cubistes de Braque et Picasso et l’art des Mumuye trouve des résonances chez Arp et Léger. Puis l’on découvre des oeuvres de Polynésie, Micronésie, Mélanésie avec Matisse, Mondrian ou encore Rothko.

Face à une exposition aussi originale, le catalogue se devait d’emprunter des formes inédites. Il se présente sous la forme d’un coffret dans lequel sont pliées des feuilles au format afffiche qui correspondent aux différentes salles. On retrouve ainsi une expérience de l’espace en relation avec celle de l’espace muséal. Un cahier d’introduction présente une table-ronde entre historiens d’art et ethnologues qui ont discuté des enjeux d’une présentation de ce type.

Patrick Schaefer L’art en jeu 27 janvier 2009


Fondation Beyeler Riehen: Ornement et abstraction jusqu’au 23 septembre 2001

La relation entre les travaux décoratifs et l’art du XXe siècle implique des débats complexes et délicats. La Fondation Beyeler s’est lancée dans l’examen de cette question. L’exposition proposée parvient à formuler une approche originale et intéressante de cette problématique en présentant des toiles de très grande qualité, mais aussi des dessins, des gravures, des livres. Elle brise même un tabou dans les expositions d’art, en proposant une reconstitution de la frise de Beethoven réalisée par Klimt à la Sécession de Vienne. Plusieurs artistes, Sol Lewitt, Kara Walker et Daniel Buren ont réalisé des oeuvres in situ investissant les murs et les vitrages de la Fondation. Bien sûr il s’agit d’un point de vue qui n’est pas du tout exhaustif, par exemple le pan britannique de la problématique avec William Morris notamment n’est pas du tout abordé, mais cette approche met en perspective certains travaux contemporains en montrant leurs fondements. Là aussi quelques choix ont été effectués. Il était intéressant de parcourir la Foire de Bâle après avoir visité l’exposition de la Fondation Beyeler pour aviver la conscience de l’omniprésence de l’ornement dans les travaux actuels.

L’exposition propose de suivre certains éléments ornementaux et plus particulièrement l’arabesque à travers le temps et l’espace. Un parcours qui offre des confrontations passionnantes à travers des mises en scène et des passages audacieux, mais réussis. La relation entre la peinture et l’espace construit, l’inspiration des cultures extra-européennes sur l’art du XXe siècle tous ces thèmes sont abordés d’une manière plutôt inédite. La confrontation de Frank Stella avec des gravures anciennes depuis Dürer jusqu’au XVIIIe siècle par exemple est très bienvenue. La lecture des films de Shirin Neshat du point de vue de l’ornementation, des oppositions du noir et du blanc et des mouvements de foules également. L’exposition pourrait devenir historique, le Victoria & Albert à Londres a récemment ouvert une nouvelle section consacrée à l’histoire de l’ornement par exemple, mais le haut niveau de qualité des pièces retenues contribue à mettre en évidence une problématique artistique.

L’art en jeu. Patrick Schaefer 19 juin 2001