Pietro Sarto

Espace Arlaud: Pietro Sarto Chemins de crêtes 1949 – 2019 jusqu’au 26 avril 2020

Sur deux étages de l’espace Arlaud Pietro Sarto présente une sélection de toiles issues de diverses périodes de son activité. Au rez des natures mortes et à l’étage de grands paysages mouvementés de la région lémanique. Il a également retenu quelques gravures.

Musée de Payerne: Pietro Sarto jusqu’au 14 septembre 2008

Payerne, premier jour de l’été, l’un des premiers jours de beau temps depuis des semaines. Les environs de l’abbatiale sont entourés de scènes à l’occasion de la fête de la musique, dans la cour intérieure des rappeurs et quelques mètres plus loin sur l’esplanade une fanfare joue, quel étrange mélange, plus qu’un métissage!.

L’abbatiale est vide, une seule personne assise dans ce magnifique espace roman qui abrite des fresques et des chapiteaux fascinants. Ces quelques visages de l’an mil que l’on regarde, qui nous regardent avec une vitalité incroyable.

L’exposition estivale de cette année est consacrée à Pietro Sarto (1930), peintre, graveur ou bien est-ce plutôt graveur, peintre? Une seule toile récente a été placée dans l’abbatiale. L’exposition est située dans les salles du musée auquel on accède depuis le monument. Les toiles réunies associent différentes périodes de l’activité créatrice depuis les années 1960 jusqu’aux travaux les plus récents. L’impact de la lumière, du mouvement, d’une matière picturale animée, accumulée qui joue avec les renversements de l’espace anime ces toiles qui élaborent des basculements de la vision. L’artiste se consacre au paysage et à la nature morte en s’attachant aux fluctuations de la perception, au mouvement. Il peint des vues du canton de Vaud. Le port de Morges, le Dézaley, le château de Vufflens, celui de Chillon, Lausanne, la cathédrale notamment ou les espaces plus larges des campagnes fleuries du pied du Jura. Quelques natures mortes, roses trémières, des fruits complètent cette vision. Sarto présente aussi ses gravures et des livres, nombreux, enrichis d’épreuves, ici on trouve des figures, des nus, des portraits, des paysages aussi ou les arbres. Une peinture qui est un hommage aux artistes du passé: peintres ou graveurs, on pense en particulier à Courbet et à Rembrandt ou à d’autres artistes du 17è siècle hollandais. Un voyage dans les temps les plus lointains et dans les lieux, les plus proches, voisins, magnifiés par la technique picturale et les jeux de perspectives. Une peinture mouvante, mais immobile, car ce qui frappe c’est qu’il n’y a guère d’évolution dans l’approche retenue au cours des années. A l’exception de certains thèmes: dans les années 1960 il peignait le ruban d’asphalte de la route, aujourd’hui il se consacre davantage à des monuments plus valorisants ! On constate aussi un contraste entre le dépouillement de l’abbatiale romane et la vision baroque du peintre. Des contrastes que l’on retrouve dans sa peinture qui associe un regard objectif évoquant notamment des vols en avion à une approche fantastique. Le tout couplé à une fascination pour les diverses techniques d’expression artistique, peinture, photographie, héliogravure et toute la gamme des processus de la gravure. A signaler qu’au dernier étage une petite presse a été installée, l’artiste est là avec une assistante et il imprime des gravures anciennes, jetant un regard sur ses archives.

On le trouve ici 3 jours par semaine du vendredi au dimanche, jusqu’au 14 septembre 2008.

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 21 juin 2008