Thomas Schütte

Riehen, Fondation Beyeler: Thomas Schütte. Figures jusqu’au 2 février 2014.

Thomas Schütte est un artiste allemand, né en 1954. Il a beaucoup exposé en Allemagne, mais c’est la première fois que l’on découvre une présentation monographique de son travail en Suisse. Elle met en évidence un seul aspect de ses recherches: la représentation de la figure humaine. L’exposition suit un ordre systématique: têtes de femmes; têtes d’hommes; corps de femmes, 9 sur 18 sculptures de femmes monumentales qui proposent une réflexion sur la présentation de la sculpture et la position des corps avec les déformations causées par certains effets de perspective par exemple; ensuite les réflexions sur le monument et la présentation de nombreuses aquarelles et maquettes préparant les oeuvres plus importantes. L’exposition prend la forme d’un inventaire. Ce qui frappe aussi c’est la variété des matériaux utilisés, le bronze, bien sûr, mais aussi l’aluminium, la céramique, le verre, le bois. Schütte joue beaucoup avec les proportions, il va du tout petit au tout grand, utilise l’espace dans toute sa hauteur.

En retenant un seul aspect de l’oeuvre de Thomas Schütte, l’exposition fait ressortir l’univers figuratif de l’artiste, habité par une réflexion sur le monument, les héros que l’on trouve sur ce type de piédestal. Il les revisite en s’inspirant d’autres cultures qui vont de la Chine à l’Indonésie ou le monde de la science-fiction: United Enemies, 2011 des figures attachées et prises dans un sac qui essaient de détourner leurs visages déformés; Vier Grosse Geister, 2003, 4 personnages étranges, très hauts qui dominent le spectateur, de grands esprits, seulement parce qu’ils sont très allongés? Krieger, 2012, 2 combattants casqués d’une capsule de bouteille d’eau minérale dans la maquette, reproduite en bois sculpté et teinté; et à l’extérieur Vater Staat, 2010 un portrait monumental qui évoque des figures d’ancêtres; Die Fremden, 1992, des exilés fragiles en céramique colorée, une famille de migrants. Ces figures suggèrent un monde habité par la guerre, la rivalité et le fantastique dans une symbiose étonnante, qui propose une véritable iconographie de notre temps, métissé, traversé par les crises, les sursauts, les rebonds.


Le Musée des beaux-arts de Lucerne présente un autre aspect du travail Thomas Schütte. Houses 25 octobre jusqu’au 16 février 2014. En effet il réalise des projets de petites maisons.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 20 octobre 2013