Archives de catégorie : estampe

Edgar Degas

Paris 3 avril 2023

Musée d’Orsay: Manet – Degas jusqu’au 23 juillet

Après le Metropolitan à New York, le musée d’Orsay présente une superbe exposition sur les relations parfois tumultueuses entre Manet et Degas, son cadet de 2 ans, mais qui vécut près de 30 ans de plus, lui vouant une grands admiration au point qu’il possédait 80 oeuvres de Manet..

Pastels du musée d’Orsay 14 mars – 2 juillet, La réunion de pastels contemporains des deux artistes que l’on retrouve d’ailleurs complète parfaitement cette exposition.

L’exposition présente plus de 250 oeuvres explorant l’évolution de la thématique du nu chez Degas. Il y a aussi quelques comparaisons avec des contemporains de l’artiste. La dernière section est consacrée à son influence et montre des oeuvres de Bonnard, Picasso et Matisse.

Musée d’Orsay:   Degas et le nu jusqu’au 1er juillet 2012

Une première section est consacrée aux études académiques, une deuxième à l’ambition d’une peinture d’histoire. Puis l’on explore la spécificité des recherches de Degas à travers le corps exposé dans les maisons closes, le corps ausculté et le corps transformé. Dessins, monotypes, pastels, peintures et bien sûr les sculptures permettent de faire le tour d’une problématique centrale dans l’oeuvre de cet artiste.

L’impressionnisme et la mode au musée d’Orsay jusqu’au 20 janvier 2013.

Le metteur en scène canadien Robert Carsen (1954) signe la scénographie très soignée et séduisante de deux expositions à Paris : Bohèmes au Grand Palais jusqu’au 14 janvier et l’impressionnisme et la mode au musée d’Orsay jusqu’au 20 janvier. Comme il est aussi l’auteur de la mise en scène de JJR, découverte à Genève ces derniers jours et qu’il avait réalisé Richard III de Giorgio Battistelli lors de la dernière saison, on lui porte un intérêt soutenu.

Avec l’impressionnisme et la mode on peut dire que la peinture saute à pieds joints hors de son cadre pour entrer dans son contexte. On ne parle plus de touche, de lumière et de perspective, mais de crinolines, gravures de mode et défilés!

Si les historiens d’art ont volontiers traité les questions formelles ou l’identité des modèles, ils se sont rarement attardés sur la description des vêtements portés par ces derniers. Ces étoffes chatoyantes et bouffantes sont cette fois au coeur de l’exposition, les robes authentiques sont présentées face aux peintures. Une large place est faite aux revues de mode et à la photographie, on apprend que Mallarmé avait créé la sienne et que Cézanne copiait de très près la position de certaines figures dans ces pages de revues. A côté des peintres les plus connus, Manet, Monet, Renoir, Degas, on trouve aussi James Tissot, Alfred Stevens, Berthe Morisot. Une salle évoque un défilé de mode et l’exposition se termine avec les grandes toiles éblouissantes des principaux artistes placées sur des piédestals ronds, à côté de robes qui tournent.

On ne peut s’empêcher de penser que ce point de vue original relativise beaucoup la spécificité des impressionnistes et l’on est un peu étonné de ne pas découvrir d’autres artistes européens, britanniques, allemands, autrichiens ou encore italiens, bien que James Tissot qui occupe une large place offre un lien.

Patrick Schaefer L’art en jeu 1er octobre 2012

Picasso devant Degas Le musée Picasso de Barcelone est situé dans le quartier gothique près de la cathédrale. Au fil des années il s’est agrandi. En plus d’une collection consacrée à l’artiste dont il porte le nom, il propose des expositions temporaires. En ce moment, on découvre Picasso devant Degas jusqu’au 16 janvier 2011.

Une confrontation un peu inattendue et périlleuse pour l’artiste espagnol. Il s’en sort assez bien et l’exposition qui mène ainsi Degas dans le XXème siècle est très belle.

Renoir entre bohème et bourgeoisie jusqu’au 12 août 2012, musée des beaux-arts de Bâle

L’exposition que le musée des beaux-arts de Bâle consacre à Pierre-Auguste Renoir (1841 – 1919) se concentre sur les premières années de l’activité de l’artiste de 1860 à 1876  – 1878. De dimension limitée, une cinquantaine de toiles, elle brosse un beau et passionnant portrait de l’artiste, de ses relations sociales, de son évolution stylistique et de sa spécificité. Ce sont les portraits qui scandent l’exposition et qui montrent d’un côté ses commanditaires, de l’autre ses amis peintres, mais surtout ses compagnes ou de manière générale la femme, qui occupe une place prépondérante dans les oeuvres retenues. L’approche de l’exposition est intimiste et pas du tout solennelle. Bien que la période évoquée corresponde aux années qui voient la naissance du mouvement impressionniste. On saisit les influences de Gleyre, Courbet, Manet, de l’école de Barbizon. Les portraits d’amis peintres, Bazille, Sisley et Monet. On découvre aussi les bords de Seine, les canotiers, mais par de petites toiles. On perçoit l’extrême sensualité du travail pictural de Renoir, qu’il s’agisse de portraits ou de paysages. Dans la dernière salle, d’autres évolutions dans la représentation de la femme qui vont marquer la carrière de l’artiste sont sensibles avec une Baigneuse, vers 1876 et un portrait de femme intitulé La Pensée 1876 – 1877. D’envergure modeste, l’exposition prouve que l’on peut parfaitement introduire un artiste aussi réputé et coûteux en assurances, en choisissant judicieusement quelques pièces représentatives et de grande qualité.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 2 mai 2012

Silvie Defraoui

Silvie Defraoui. Le tremblement des certitudes

Musée cantonal des beaux-arts Lausanne jusqu’au 21 mai

Silvie Defraoui Archives du futur


Musée des beaux-arts, Soleure, Silvie Defraoui, Archives du futur jusqu’au 3 août 2014. 

En sept salles, l’exposition nous montre des pratiques qui vont de l’utilisation de la lettre à celle de la photographie, document trouvé, réutilisé ou produit, pour terminer avec des images projetées fixes ou mouvantes dans l’obscurité au mur et sur le sol. L’exposition souligne différentes simultanéités: les catastrophes qui rythment le quotidien et la beauté du monde. La perception des spécificités du lieu dans lequel l’artiste intervient et le déplacement vers d’autres espaces, d’autres sites. Vingt années après le décès de son époux (Chérif Defraoui 1932 – 1994), Silvie Defraoui (1935) poursuit son activité. L’oeuvre la plus impressionnante dans cette exposition est proposée dans une série de photographies de presse agrandies, intitulée Faits et Gestes, 2014, qui évoquent des catastrophes liées à l’eau. Inondations, tsunamis sur lesquelles sont ajoutées des photos d’iris bleus magnifiques, soulignant le contraste entre la beauté du monde et les malheurs qui l’habitent. En fait, une fois que l’on a explicité cet élément, on réalise qu’il est constitutif de toutes les oeuvres. Elles sont aussi bien natures mortes, memento mori et prises de position. Silvie Defraoui associe contemplation et engagement, écoute, observation et affirmation. Elle poursuit le concept défini avec son mari comme expression artistique sous le titre Archives du futur, en le renouvelant selon les lieux et les événements. La cadre défini préalablement implique la prise en compte d’un lieu spécifique et un travail sur des images, leur perception, leur usage, présence ou disparition. Cette approche ordonnée, structurée et cohérente n’exclut nullement l’exaltation de la beauté, avec parfois des ruptures, des cassures brutales.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 28 juin 2014

Max Bill

Max Bill

Berne 24 octobre 2021

Centre Paul Klee: Max Bill Global jusqu’au 9 janvier 2022

On pourrait s’étonner de voir le centre Paul Klee consacrer une exposition à Max Bill. C’est oublier qu’il a étudié au Bauhaus sous la direction de ce dernier et produit de premiers travaux très marqués par son maître. L’exposition insiste sur les tissus de relations construits par Max Bill au cours de son existence et présente les oeuvres de nombreux artistes qui furent proches de lui. Il faut comprendre le titre comme Max Bill, artiste globalisé, (Allemagne, Brésil, Argentine en particulier) et engagé.

Le haus konstruktiv à Zurich fête son quart de siècle et présente deux expositions pour marquer l’événement: Mai Thu Perret et Die Fantastischen Vier jusqu’au 23 octobre 2011.

Par ailleurs l’institution publie pour la première fois un catalogue de sa collection qui recense actuellement plus de 700 oeuvres, estampes, multiples, peintures et sculptures.

L’exposition die Fantastischen Vier rend hommage aux quatre figures majeures de l’art concret zurichois: Max Bill (1908 – 1994) , Camille Graeser (1892 – 1980), Verena Löwensberger (1912 – 1986) et Richard Paul Lohse (1902 – 1988). Les toiles sélectionnées appartiennent à des périodes différentes et proviennent des fondations ou des fonds d’ateliers laissés par les artistes respectifs. Elles offrent une vue plutôt impressionnante de la qualité du travail de chaque artiste. Dans l’esprit des expositions réalisées au cours des dernières années ces oeuvres sont mises en relation avec des travaux d’artistes contemporains qui appartiennent à des univers très différents, mais avec lesquels on peut trouver certaines résonances pour mettre en évidence l’actualité incontestable de la peinture des artistes concrets.

Six artistes contemporains offrent un regard sur différentes approches de l’art actuel. Il s’agit de travaux à base photographique de Daniele Buetti et Shirana Shabazi, d’installations de Jonathan Monk, Saâdane Afif et Killian Rüthemann et de papiers de Bruno Jakob. Deux artistes abstraits d’une génération plus ancienne, Fritz Glarner et Hans Hinterreiter sont également évoqués. Le propos est assez complexe, avec ces sauts chronologiques constants, mais le résultat est intéressant.

Patrick Schaefer L’art en jeu 26 août 2011.

A signaler que la société Wohnbedarf fête son 80ème anniversaire et réédite les meubles de Max Bill en 2011.

Max Bill 100 Haus kontruktiv Zurich jusqu’au 22 mars 2009

A son tour le Haus konstrukiv dédié à l’art concret célèbre le centenaire de la naissance de Max Bill par une importante exposition jusqu’au 22 mars. Il est fascinant de constater que cet artiste peut susciter des expositions aussi différentes que celle proposée à Winterthour au début de l’année et celle du Haus konstruktiv. Cette dernière offre divers regards et points de vue sur l’oeuvre du créateur zurichois. Au rez-de-chaussée sont réunies six grandes toiles, alors que dans une très grande salle utilisée pour la première fois sont présentées onze sculptures mises en scène par l’artiste allemand Olaf Nicolai (cette salle ne sera visible que jusqu’au 1er février). Un étage plus haut, on découvre des travaux du début de la carrière de Max Bill réalisés de 1924 à 1931 qui précèdent sa première oeuvre concrète qu’il a lui-même datée de 1931.

Plus haut on a reconstitué la première rétrospective de Bill présentée à Sao Paolo en 1951; il la considérait comme son exposition la plus importante. Celle-ci fut montée selon les directives écrites et dessinées de Max Bill, car trop occupé par son travail à Ulm il ne pouvait faire le voyage. C’est une réalisation remarquable. Une autre salle propose précisément ces instructions qui ont été conservées. La conception d’expositions fut l’une des activités de Max Bill et c’est une excellente manière de l’évoquer. A signaler également qu’un parcours didactique basé sur des panneaux d’information est proposé dans la ville.

Patrick Schaefer L’art en jeu 6 décembre 2008

Une présentation de Cold War Modern, Londres 22 10 08 au Victoria & Albert Museum dans laquelle Bill occupe une place importante, une exposition qui permet de saisir le contexte politique de son activité.

Le site du haus konstruktiv

Kunstmuseum Winterthour et Kunstgewerbemuseum

Max Bill centième anniversaire 20 janvier – 12 mai 2008

Pour marquer le centième anniversaire de Max Bill (1908 – 1994), Winterthour ville natale de cet artiste propose deux expositions, l’une au musée des arts décoratifs et l’autre au musée des beaux-arts. Il n’en faut pas moins pour rendre compte du foisonnement créatif et de l’énergie exceptionnelle de cette personnalité. A noter d’ailleurs qu’il s’est toujours considéré comme architecte avant tout. Bien que l’architecture ne forme qu’une part limitée de ses activités. Les deux expositions reposent en grande partie sur le fond d’atelier mis à disposition par le fils de l’artiste.

L’exposition du musée des arts décoratifs documente sur une surface de 240m2 la diversité des activités de Max Bill. Graphiste, concepteur de livres, d’affiches, dessinateur d’objets quotidiens pour la cuisine, pendules, tables, chaises. Il a aussi été concepteur d’expositions et architecte. L’école des arts décoratifs d’Ulm réalisée entre 1950 et 1955 et une section de l’exposition nationale de 1964 à Lausanne sont les deux réalisations principales dans ces domaines. On sait que le théâtre deVidy est le témoignage qui demeure de cette activité à Lausanne.

Au musée des beaux-arts la présentation se concentre sur les sculptures et les peintures de l’artiste. Elle montre à la fois la constance dans ses recherches et la diversité déconcertante de ses peintures. On comprend ainsi à quel point il ne s’agit pas d’une oeuvre tournée sur le moi, sur l’expression de l’individu, mais de recherches et d’expériences toujours renouvelées avec une énergie impressionnante. La première salle présente surtout des sculptures, car elles sont révélatrices des recherches plastiques de Bill et d’une ambition d’expression publique. La fascination pour le ruban sans fin débute en 1935 et sera poursuivie jusque dans les années 1990. Le retrait dans l’atelier semble correspondre aux années de guerre et aussi au rejet que son approche suscite. Toute la démarche est basée sur des variations, des jeux avec l’espace, la géométrie et l’exploratoion méthodique de variables multiples. Une salle est consacrée aux carrés posés sur leur pointe. Les premiers reprennent Mondrian, puis l’on voit comment, au cours des décennies, différentes propositions sont développées.

Le catalogue rend compte des deux expositions les contributions de 14 auteurs permettent de cerner la diversité de la personnalité de Max Bill. Par ailleurs un recueil de textes théoriques (articles, conférences) est également publié.

Une autre exposition est proposée en Allemagne à Herford au MARTa

Max Bill: ohne Anfang ohne Ende 2 février – 30 mars 2008

A signaler également deux liens: 

la Fondation Max Bill

et le Haus Max Bill.

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 20 janvier 2008

La sculpture suisse / Bernard Luginbühl

Aarau 16 juillet 2021

Aarau Kunsthaus La sculpture suisse depuis 1945 jusqu’au 26 septembre

Le Kunsthaus d’Aarau s’est lancé dans la tâche colossale de rendre compte de l’évolution de la sculpture en Suisse depuis 1945 jusqu’à aujourd’hui. Le projet occupe non seulement les salles du rez, mais une partie du sous-sol et du premier étage ainsi que la terrasse et le parc adjacent permettant de découvrir plus de 150 artistes et 250 œuvres.

Je me suis amusé à regarder combien des artistes présentés dans l’exposition ont fait l’objet d’un article sur mon site, ils sont un peu plus de 20, par ailleurs beaucoup sont mentionnés dans les compte-rendu d’expositions de sculptures en plein-air comme Bex arts et Môtiers.

Bien que l’exposition soit plutôt trop riche, je constate deux absences! Jean-Frédéric Schnyder et Sandrine Pelletier.

J’ai saisi l’occasion pour transférer les articles sur Bernard Luginbühl dans la nouvelle version du site et d’y ajouter cette petite introduction.

28 juillet 2021

Cette page contient des articles sur Bernard Luginbühl 

Bernhard Luginbühl né en février 1929 est décédé le 19 février 2011. On lui doit plus de 1’500 sculptures en fer et en bois, souvent monumentales et de nombreuses gravures, sans oublier ses journaux intimes, en partie publiés, les catalogues de ses expositions qui sont souvent des créations personnelles. Par ailleurs il a multiplié les actions aboutissant à la destruction de ses sculptures dans de grands feux de joie. Son travail se caractérise par l’horreur du vide et la fascination pour la tension entre l’accumulation et la destruction d’où nait la création.

Une exposition Bernhard Luginbühl est visible à l’espace Jean Tinguely – Niki de Saint Phalle à Fribourg jusqu’au 27 mars 2011.

Luginbühl total

Musée Tinguely Bâle – musée des beaux-arts Berne

Le musée Tinguely est cerné par les structures de fer souvent anthropomorphes de Bernhard Luginbühl. Elles entourent les baies vitrées et semblent prêtes à entrer. Une construction en bois peint, serait-ce un Zorn?, bloque l’entrée du musée. Après avoir pénétré dans le hall, le visiteur découvre tout de suite une véritable rétrospective de 60 oeuvres de petits formats placées dans des niches en bois. Tout l’espace du rez est occupé par de nombreuses structures souvent gigantesques qui ont marqué le développement de l’oeuvre de Luginbühl et ses relations avec Jean Tinguely. Utopia une grande structure de Tinguely est restée dans cette salle et permet d’établir la relation entre les deux démarches. L’artiste a choisi des oeuvres qui ont des mouvements pour souligner également cette relation.

Luginbühl avait été l’opposant le plus décidé à la construction du musée Tinguely. Il y a deux ans et demi, il avait participé au vernissage de l’exposition Daniel Spoerri et depuis des négociations ont abouti permettant cette manifestation. L’exposition marque aussi la publication d’un catalogue raisonné des sculptures réalisées jusqu’en 2002. 1316 pièces ont été recensées. Lors de la conférence de presse l’auteur du catalogue soulignait qu’une grande partie des pièces exposées ne figurent pas dans cet ouvrage, car elles ont été réalisées pour cette exposition.

L’exposition de Berne se concentre sur des oeuvres de plus petits formats réalisées dans la première partie de la carrière de l’artiste.

Musée Tinguely Bâle

Luginbühl total jusqu’au14 mars 04

Musée des Beaux-Arts Berne

Luginbühl total jusqu’au 25 janvier 04

Adresse de la Fondation Luginbühl à Burgdorf et Mötschwil.

En 2010, le parc de Mötschwil peut-être visité le deuxième dimanche d’avril à octobre.

La Fondation Bernhard Luginbühl à Mötschwil dans l’Emmental, où l’artiste habite depuis 1965, a été créée le 1er janvier 1998. Elle a été ouverte au public pour la première fois les 17 et 18 octobre 1998. Elle peut être visitée un dimanche par mois. L’artiste a donné 59 sculptures retraçant les étapes de son activité à la Fondation. Il a également fait don de son œuvre gravé au Cabinet des estampes de l’Ecole polytechnique de Zurich. La Fondation couvre un jardin qui entoure sa maison et son atelier[1]. Les œuvres sont disposées non pas au hasard, mais dans une association particulière avec la végétation; des arbres, pour la plupart plantés par l’artiste au cours des 35 dernières années. Un petit espace d’accueil permet de présenter des travaux sur papier à l’abri. Un autre espace partiellement couvert, proche de l’atelier, est réservé aux réceptions. La quantité d’œuvres présentées sur une surface relativement limitée, par rapport aux vastes étendues des champs alentour, donnent le sentiment de pénétrer dans un labyrinthe. Les œuvres, souvent gigantesques, sont associées les unes aux autres et semblent foisonner. Loin de l’esthétisation spectaculaire et gratuite que l’on observe souvent dans la présentation de sculptures en plein air, on éprouve ici un sentiment d’intensité, de densité créative, une invitation à la découverte, progressive et jamais épuisée, dans une sorte de jungle, un lieu véritablement habité par les sculptures.

Le labyrinthe comme alternative au musée.


[1] BernhardLuginbühlstiftung, Mötschwil, Burgdorf, 1999. Cette brochure reproduit les 59 œuvres données à la Fondation et divers articles de journaux qui rappellent tous que Luginbühl a créé cette Fondation pour régler sa succession et éviter les problèmes qui se sont posés après la mort de Tinguely.

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 19 septembre 2003

Sophie Taeuber-Arp, Jean Arp, Kurt Schwitters

Aarau Kunsthaus 2014

Sophie Taeuber Arp. Heute ist Morgen jusqu’au 16 novembre 2015. Le Kunsthaus d’Aarau consacre une vaste rétrospective à l’oeuvre de Sophie Taeuber Arp (1889 – 1943), qui place les oeuvres appliquées et les productions artistiques sur le même pied. Ainsi, en entrant dans la première salle on découvre tout de suite un bureau conçu par l’artiste. On rencontre encore d’autres pièces de mobilier au fil des salles, des projets de tissus, d’aménagements intérieurs et des oeuvres autonomes. L’approche croisée de cette exposition qui rassemble environ 300 pièces rend justice à l’ensemble de la personnalité de Sophie Taeuber Arp. On perçoit parfaitement comment l’artiste recherchait une synthèse des formes d’expression artistique, en refusant les distinctions traditionnelles. On voit qu’elle explore intensivement l’impact des formes, des couleurs, de la ligne dans l’espace, quel que soit le domaine dans lequel elle s’exprime. Si elle a plutôt privilégié l’activité d’architecte d’intérieur que la production d’oeuvres autonomes, on mesure avec tous les carnets de dessins présentés, avec quelle rigueur elle procédait, l’intensité du travail sur lequel reposait ses réalisations. Elle fut aussi enseignante textile à l’école des arts décoratifs de Zurich. Elle réalisa des costumes, un théâtre de marionnettes devenu très célèbre.

Deux films sont projetés au sous-sol, ils apportent un précieux complément d’information.

Patrick Schaefer l’art en jeu 25 septembre 2014

Le Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg présente une vaste rétrospective Jean Arp, Art is Arp jusqu’au 15 février 2009 (possibilité de visiter également l’Aubette). 

A signaler que le Centre Pompidou à Paris consacre une exposition au mouvement Dada jusqu’au 9 janvier 2006.

Kurt Schwitters Merz une vision totale du monde, Tinguely Museum Basel

Trop souvent les expositions monographiques isolent artificiellement le cheminement d’un artiste sans tenir compte du contexte dans lequel il a travaillé et des stimulations qu’il a reçues d’autres créateurs. Il faut se réjouir de l’entreprise développée cette année par les musées d’art bâlois qui essaient de mettre en scène la collaboration entre différents artistes. C’est un pari difficile, mais il mérite d’être tenté, car il permet de dépasser la notion traditionnelle d’influence pour mieux appréhender la réalité des rapports entre artistes. Le musée Tinguely est prédestiné à ce genre de démarche, puisque l’un des moteurs de l’activité de Tinguely était justement la collaboration avec d’autres artistes, le refus du culte de l’artiste individuel. Une vision qui a trouvé d’innombrables échos aujourd’hui avec notamment la notion de l' »artiste curateur ».

Le musée Tinguely présente environ 150 œuvres de Kurt Schwitters (1887 – 1948) autour de la reconstitution du Merzbau. Ce dernier est une construction fantastique que Schwitters avait développée progressivement dès 1923 dans sa maison de Hanovre et qui fut détruite en 1943 lors d’un bombardement. Harald Szeemann fit reconstruire d’après des photographies un exemplaire au début des années 1980 pour l’exposition du Kunsthaus de Zurich Der Hang zum Gesamtkunstwerk. Il existe deux versions de cette reconstitution, l’une se trouve en permanence à Hanovre et l’autre est présentée dans des expositions temporaires. L’exposition est organisée thématiquement et le visteur est invité à circuler dans et autour de cellules blanches où les œuvres sont accrochées. Cette présentation intimiste qui évoque le Merzbau lui-même convient bien aux collages de Schwitters qui sont souvent de dimensions modestes. Les oeuvres sont réunies autour de divers thèmes: Le Merzbau, le collage, la machine, la distinction entre Merz et Dada, le hasard.

Le lien avec le musée est assuré par la présentation d’un film qui montre le Cyclope de Milly-la-Forêt. Dans les salles du 1er étage sont accrochés divers projets réalisés ou non, conçus par Jean Tinguely et ses amis autour de l’idée de station culturelle. Idée récurrente au cours de sa carrière et qu’il disait directement inspirée par le Merzbau de Schwitters.

Le catalogue de l’exposition propose notamment les réactions de nombreux artistes au travail de Schwitters.

Schwitters-Arp Öffentliche Kunstsammlung Basel

L’exposition du musée des beaux-arts de Bâle propose 80 oeuvres de Jean Arp et 70 oeuvres de Kurt Schwitters pour tenter de mettre en évidence le dialogue et les stimulations mutuelles provoquées par la rencontre et l’amitié entre le deux artistes. Une manière intéressante de tenter d’entrer dans le fonctionnement créatif de l’un et l’autre artiste. La première salle, splendide, est entièrement consacrée aux sculptures et aux reliefs de Jean Arp (1886 – 1966), la deuxième présente des collages de Kurt Schwitters. Puis l’on assiste au développement du dialogue entre les deux artistes au point qu’il faut parfois lire les cartels pour s’assurer de l’attribution d’une oeuvre à l’un ou à l’autre. Enfin on retrouve les développements séparés de chacun dans les deux dernières salles.

C’est Arp qui fait découvrir la notion de collage à Schwitters et celle-ci s’avèrera très stimulante pour ce dernier qui avait une formation académique traditionnelle. Il ne se laissa pas tenté par l’expresionnisme et poursuivit tout au long de sa vie une activité de peintre de paysage marqué par l’impressionnisme. Par ailleurs, il devient une figure importante de l’avant-garde dans les années 1920 en associant les valeurs du constructivisme au collage. Collages rigoureusement structurés, mais qui ne sont pas des formes pures puisqu’ils sont constitués de documents, papiers, journaux, publicités, inscriptions qui ont une autre valeur, une autre signification, un pouvoir d’évocation propre. Cette synthèse entre le quotidien, l’imaginaire et le constructivisme s’exprime dans le Merzbau.

Öffentliche Kunstsammlung 

Schwitters – Arp jusqu’au 22 août 2004

Musée Tinguely 

Kurt Schwitters Merz – ein Gesamtweltbild jusqu’au 22 août 2004

A signaler que le Palais des Beaux-arts à Bruxelles présente une rétrospective Jean Arp, l’invention de la forme jusqu’au 6 juin 2004.

Le site du musée Arp à Bahnhof Rolandseck (Remagen) qui a inauguré un nouveau bâtiment de Richard Meier en septembre 2007.

A signaler que sous le titre « Anna Blume et moi ». Dessins de Kurt Schwitters jusqu’au 8 janvier 2012, le musée des beaux-arts de Berne propose une importante présentation de l’oeuvre dessiné de Kurt Schwitters qui est formé de collages, de recherches abstraites, mais aussi de vues figuratives prises sur le motif.

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Patrick Schaefer, L’art en jeu, 1er mai 2004

Edvard Munch

Munch: Vienne 2003, Stockholm, 2005, Riehen- Bâle 2007, Zurich 2013.

Zurich 24 novembre 2013

Le Kunsthaus marque le 150ème anniversaire d’ Edvard Munch, en présentant 150 gravures jusqu’au 12 janvier. L’institution zurichoise abrite le plus grand nombre de toiles de l’artiste hors de Norvège. Elle lui a consacré plusieurs expositions mémorables et celle-ci est tout à fait à la hauteur. En préambule, sont accrochées la quinzaine de toiles de Munch qui se trouvent à Zurich. Ensuite les estampes sont rassemblées par thèmes et proposent de nombreux états différents. Munch s’est exprimé par la lithographie, le bois et les diverses techniques de la gravure sur cuivre. Il a souvent rehaussé, modifié, les tirages à la main, on estime qu’il a produit 30’000 tirages. C’est une forme d’expression qui lui a permis de porter à un paroxysme d’intensité, les diverses scènes qu’il a inventées. La découverte de cet ensemble d’épreuves exceptionnelles est tout à fait fascinant. La recherche de synthèse, la mise en valeur des formes par la couleur permet de voir les tirages de près et de loin. Quelques thèmes retenus: Madonna, femme fatale, le baiser, autoportraits, femmes sur la plage et bien sûr le cri.

Patrick Schaefer. L’art en jeu 25 novembre 2013

Le musée Munch et la galerie nationale d’Oslo célèbrent le 150ème anniversaire de la naissance de l’artiste par une rétrospective du 2 juin au 13 octobre 2013.

Le centre Pompidou consacre une exposition à Edvard Munch, L’oeil moderne 1900 – 1944 du 21 septembre 2011 au 9 janvier 2012. Elle est reprise à la Schirn Kunsthalle de Francfort du 9 février au 13 mai 2012.

La Pinacothèque de Paris exposera Edvard Munch du 19 février au 18 juillet 2010.

Le Museum Leopold à Vienne propose Edvard Munch und das unheimliche jusqu’au 18 janvier 2010.

L’Art Institute de Chicago consacre une importante exposition à Edvard Munch: Becoming Edvard Munch, Influence, Anxiety and Myth jusqu’au 26 avril 2009.

Fondation Beyeler, Riehen

Edvard Munch, Signes de l’art moderne jusqu’au 22 juillet 2007

La Fondation Beyeler propose Edouard Munch (1863 – 1944) Signes de l’art moderne jusqu’au 22 juillet 2007. 243 oeuvres, y-compris une vingtaine de photographies, sont répertoriées dans le catalogue de cette rétrospective. Organisée chronologiquement, elle explore les passages entre les différentes techniques auxquelles Munch a recouru (illustrant ce parti-pris, la couverture du catalogue reproduit une lithographie colorée à la main). On découvre des toiles, mais aussi des estampes, lithographies et gravures sur bois que l’artiste a inlassablement reprises (on estime à 30’000 le nombre de tirages de ses gravures) et des photographies. Il s’agit de la plus grande exposition proposée hors de Norvège depuis la mort de Munch en 1944; par son ampleur elle veut montrer la modernité des expérimentations créatrices de l’artiste au-delà de la période symboliste à laquelle on l’associe habituellement.

Une manière de rendre justice à la très grande carrière que Munch a connue. Il développa une activité débordante, fut présent dans d’innombrables expositions. Il est d’ailleurs très bien représenté dans plusieurs institutions suisses notamment le Kunsthaus de Zurich qui lui consacra une rétrospective en 1987. Loin de se baser uniquement sur les collections du musée Munch, l’expositions présente des travaux provenant de plus de 50 collections publiques ou privées à travers le monde. 

La première salle souligne les relations de l’artiste avec le naturalisme, l’impressionnisme, mais aussi très vite la manière symboliste et expressive avec laquelle il évoque un vécu personnel dans la Jeune fille malade par exemple. Les espaces consacrés à la gravure alternent avec ceux dédiés aux peintures puisque l’artiste reprend les mêmes thèmes, les mêmes attitudes dans différentes techniques dont il explore les potentialités avec une intensité incroyable. On voit comment il parvient à synthétiser les figures qui se détachent devant un intérieur ou un paysage. La Fondation Beyeler avait abordé le thème du cri dans l’exposition Expressiv en 2003. La toile de Munch endommagée, suite au vol dont elle a été victime est absente. Une seule gravure évoque ce thème, par contre toutes les autres oeuvres majeures de l’artiste sont présentes: l‘Enfant malade, la MélancoliePuberté, Vampire ou encore Madonna. Une toile comme La voix, nuit d’été, 1893, met en évidence une figure face à un paysage rythmé et synthétique. Munch peint d’ailleurs avec prédilection la nuit.

Par son ampleur l’exposition peut dérouter, elle est certainement moins didactique que les deux expositions évoquées ci-dessous que j’ai pu voir en 2005 et 2003. Celle de l’Albertina préparée par le même commissaire, Dieter Buchart, que celle de la Fondation Beyeler mettait en évidence les cycles iconographiques développés par Munch. Celle consacrée aux autoportraits soulignait les drames personnels et psychiques vécus par l’artiste et leur écho dans son oeuvre. La rétrospective de Riehen veut mettre en évidence la modernité des expériences techniques et l’intensité expressive développées par l’un des principaux créateurs de la première moitié du XXe siècle.

Patrick Schaefer, L’art en jeu, le 18 mars 2007

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Autoportraits d’Edouard Munch

Moderna Museet Stockholm Autoportraits d’Edouard Munch jusqu’au 15 mai 2005 ( Oslo 11 juin – 28 août, Royal Academy Londres 17 septembre – 11 décembre 2005)

Il s’agit d’une exposition passionnante qui explore le thème de l’autoportrait tout au long des étapes de l’existence de l’artiste à travers les peintures, les dessins et les gravures. Elle est divisée en sections qui correspondent à des moments de sa vie. 1. Les autoportraits des années 1880, la peau du visage comme miroir de l’expérience personnelle. 2. Les années 1890 à la recherche d’une esthétique nouvelle. 3. Le tournant du siècle. L’artiste comme outsider. 4. Les années de crise 1902-1908. 5. Le retour en Norvège 1909 – 1921 . 6. L’ermite d’Ekerly 1922 – 1944. L’exposition permet de suivre l’objectif central de la démarche artistique de Munch, inspiré par le symbolisme, qui est de trouver un langage qui lui permette d’exprimer ses états intérieurs et leur évolution. Il y a des moments très forts comme l’Autoportrait en enfer de 1903 ou l’extraordinaire série sur le thème de la mort de Marat de 1906-1907 qui correspond à un paroxysme de crise dans ses relations amoureuses. S’inspirant de Marat assassiné par Charlotte Cordey, il met en scène sa propre mort causée par la femme qu’il aime. Par la suite il se montre luttant encore contre la mort lorsqu’il est atteint de la grippe espagnole et enfin on le suit dans sa retraite, examinant les traces de l’âge qui vient encore assombrir le regard qu’il porte sur lui-même sur son corps et son visage.

Albertina, Vienne

Edvard Munch, Thema und Variation jusqu’au 22 juin 2003

Edvard Munch (1863 – 1944) fait l’objet d’une importante exposition dans les nouveaux espaces de l’Albertina à Vienne. (Les transformations et les ajouts de nouveaux espaces à ce prestigieux bâtiment fermé au public depuis 10 ans ont coûté 100 millions d’euros). Cette dernière suit quelques thèmes récurrents dans l’oeuvre de l’artiste, tels qu’il les a traités dans différentes tehniques: peinture, gravure, lithographie et dessin. En fait c’est Munch lui-même qui a suggéré cette approche en rassemblant ses oeuvres sous le titre « la frise de la vie » « amour, peur et mort ». L’exploration de ces thèmes provoque des enchaînements, des évolutions: du baiser on passe au vampire. A l’amour, l’attraction, succèdent la jalousie et la séparation ou encore la mélancolie et la mort. C’est ainsi que surgissent les oeuvres les plus célèbres de l’artiste Le Cri et Madonna. Cette option de présentation, proche du cheminement créatif de l’artiste, permet de saisir avec finesse l’enchaînement des thèmes qui se succèdent avec une logique interne intense. Si des travaux de toutes les périodes apparaissent dans l’exposition qui propose environ 200 oeuvres, l’accent est mis avant tout sur les années 1890 et le début du XXe siècle.

Le musée Munch à Oslo possède une grande partie de l’oeuvre de l’artiste.

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 21 avril 2003

Klimt – Vienne 1900

Cette page parle des expositions Klimt -Hoffmann; Vienne 1900; La magie des images; Ornement et abstraction.

Lausanne le 12 juin 2020

Le musée des beaux-arts de Lausanne propose quatre expositions dans ses nouveaux locaux. A fleur de peau, Vienne 1900 de Klimt à Schiele et Kokoschka  jusqu’au 23 août. En cinq sections, l’exposition entre dans la manière dont le corps a été traité par les artistes de la Sécession viennoise avec des affiches, des dessins et des peintures, curieusement la totalité de la grande salle du haut est consacrée au mobilier produit par les Wiener Werkstätte.


Vienne galerie du Belvedere

Gustav Klimt – Josef Hoffmann, pionniers de la modernité jusqu’au 4 mars 2012.

La galerie du Belvédère met en contexte les tableaux de Klimt en étudiant les relations entre le peintre et l’architecte dans plusieurs villas et sites d’expositions: la Sécession bien sûr avec la frise Beethoven et l’exposition qui accompagna cette réalisation, le Palais Stocklet à Bruxelles et différentes villas viennoises, une tentative difficile, mais passionnante. Les circonstances des commandes sont étudiées et les relations étroites entre le peintre et le sculpteur, mises en évidence. Des maquettes et des reconstitutions permettent de voir certains tableaux dans leur contexte original, leur encadrement conçu par Hoffmann, ce qui les met bien en valeur.


Fondation Beyeler Vienne 1900 Klimt, Schiele et leur temps 26 septembre – 16 janvier 2011 prolongée jusqu’au 6 février

Alors qu’une part importante de la collection Beyeler occupe les cimaises du musée Leopold à Vienne jusqu’au 17 janvier, la Fondation présente un panorama de l’art à Vienne vers 1900 avec près de 300 oeuvres et objets d’art. Continuer la lecture

Markus Raetz 

Markus Raetz 1941 – 2020

Berne 8 septembre 2023

Markus Raetz oui non jusqu’au 14 janvier 2024.

Première exposition des sculptures de l’artiste après son décès la présentation du musée de Berne occupe les salles de l’ancien bâtiment, au rez-de-chaussée sont réunies les oeuvres qui demandent au spectateur de bouger pour découvrir des images, des anamorphoses. Au premier étage ce sont plutôt les oeuvres en mouvement avec une audacieuse tentative de reconstituer l’atmosphère de l’atelier de l’artiste où un fil de fer suspendu devient figure, l’évocation de l’éphémère, des nuages qui passent, de la lumière qui évolue, la poésie au quotidien. Le catalogue de l’exposition présente ces photos d’atelier. Par ailleurs cette exposition coïncide avec la publication du catalogue raisonné des sculptures.

Markus Raetz, le reflet des mots jusqu’au 10 juillet 2022

La Fondation Michalski à Montricher, au pied du Jura, près de Morges, présente les travaux sur les mots et les anamorphoses auxquels l’artiste a réfléchi tout au long de sa carrière. Sous la forme de dessins, d’estampes et, surtout à la fin de sa carrière, de sculptures. On découvre ainsi la permanence de réflexions sur plusieurs décennies avant la concrétisation d’un projet dans l’espace.

Markus Raetz gravures et sculptures

A l’occasion d’une nouvelle édition mise à jour du catalogue des estampes de Markus Raetz (1941 – 2020), le musée des beaux-arts de Berne, puis le musée Jenisch à Vevey annoncent une exposition des gravures et sculptures de Markus Raetz en 2014.

Au musée de Berne cet ensemble de gravures de l’artiste, complété par des sculptures et quelques carnets de croquis occupe tout le sous-sol jusqu’au 18 mai 2014.

Le catalogue raisonné recense plus de 350 estampes, une sélection impressionnante couvrant les différentes périodes créatrices de l’artiste est proposée. On découvre comment chez Raetz, la recherche artistique, ici en l’occurence le travail avec les moyens de reproduction, est au service d’une réflexion plus large sur la représentation, le mouvement, le regard et l’oeil. Markus Raetz incarne à mes yeux toute la différence qui existe entre un créateur obsessionnel qui fait un peu toujours la même chose et un créateur qui se pose toujours les mêmes questions, mais les traite de manière complètement différente. Il aborde les questions fondamentales de la représentation de la figure, du paysage, de la lumière et du mouvement, du point de vue, à travers des techniques diverses et avec humour.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 31 janvier 2014

Bâle, musée des beaux-arts, Markus Raetz. dessins 20 octobre 2012 – 17 février 2013.

Sculpteur, graveur et dessinateur, passionné par les illusions de la perspective et la représentation du mouvement. Markus Raetz note constamment ses idées dans des carnets, on recense plus de 30’000 dessins à ce jour. C’est cette intensité du travail créateur que l’exposition tente de montrer en se concentrant sur des aspects moins vus dans les expositions antérieures consacrées à l’artiste. Une large place est en effet consacrée au paysage dans son travail et au ruban de Moebius. L’exposition met en relation des travaux anciens et actuels. La première salle est consacrée à une sculpture d’après Man Ray de 2004 – 2005 qui implique une mise en rotation de deux cylindres confrontés. Plus loin on retrouve des études pour MIMI avec un modèle en allumettes et des scènes de couples entre 1976 et 1989. On voit comment l’artiste se positionne par rapport à des mouvements antérieurs de l’histoire de l’art non seulement Duchamp et le surréalisme, mais aussi le divisionnisme ou l’art nouveau et le japonisme. On trouve Monika et les autoportraits de l’artiste avant de découvrir les carnets d’esquisses dans des vitrines. Un dessin animé de 1971 formé de 1’525 dessins est encore présenté. Le travail avec les polaroids et les anamorphoses est évoqué dans les salles du rez-de-chaussée. La fragilité et l’éphémère avec les dessins dans le sable et les compositions formées de feuilles d’eucalyptus. Une salle est en grande partie consacrée à l’évocation d’un projet éditorial de 1980 Impressions d’Afrique de Raymond Roussel et l’exposition s’achève avec les travaux sur les lettres et la double lecture comme YES – NO.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 17 décembre 2012

La Bibliothèque nationale de France consacre une exposition à l’oeuvre gravé de Markus Raetz: Markus Raetz estampes / sculptures 8 novembre 2011 – 12 février 2012.

Le Mamco propose une nouvelle série de monographies associées à l’accrochage habituel de certaines salles Cosima von Bonin, Nina Childress, Mai-Thu Perret (Prix Manor) et Markus Raetz jusqu’au 18 septembre 2011. Le dernier étage est entièrement consacré aux sculptures de Markus Raetz avec une présentation qui associe des oeuvres depuis 1990 à des développements récents. On retrouve les anamorphoses de têtes, d’objets, les jeux avec les mots oui et non, Alice, par exemple. La mise en mouvement par de petits moteurs de figures découpées. La dernière salle est consacrée à des mobiles qui évoquent la figure humaine ou des formes géométriques. (prolongée jusqu’au 2 octobre 2011)

Markus Raetz figure dans l’exposition des galeries nationales du Grand Palais: Une image peut en cacher une autre: Archimboldo, Magritte, Dali, Raetz entre autres (commissaire Jean Hubert Martin) 8 avril – 6 juillet 2009. La dernière salle de l’exposition est entièrement consacrée à ses sculptures qui jouent sur l’anamorphose.

Présentation de l’anamorphose oui – non à Genève: http://www.fondationbarbour.ch/culture_projetsencours_Raetz_video.php

Un film de 75 ‘ d’Iwan Schumacher consacré à Markus Raetz sort en septembre 2007

Carré d’art à Nîmes propose 196 oeuvres de Markus Raetz jusqu’au 7 mai 2006

Aarau, Kunsthaus

Markus Raetz Nothing is lighter than light jusqu’au 28 août 2005.

Cette exposition reprend l’exposition du centre européen de la photographie présentée à Paris en 2002, avec quelques compléments et une nouvelle sculpture. Elle met en évidence l’importance des procédés photographiques, qu’il s’agisse d’héliogravures ou de polaroïds, dans l’oeuvre d’un artiste qui n’est pas photographe.

Markus Raetz « Nothing is lighter than light » Maison européenne de la photographie du 13 décembre 2002 au 9 mars 2003

Pour Markus Raetz les expositions sont une grande installation qui lui permet de mettre en évidence divers aspects de son travail en confrontant des périodes et des techniques différentes. Il est ainsi passionnant de découvrir d’une exposition à l’autre quel regard, quel aspect de son oeuvre il propose de souligner. En investissant un lieu dédié à la photographie, il fait découvrir l’alchimie de son travail, car pour lui la photographie tout en lui offrant l’occasion de poser les problèmes fondamentaux de la représentation est aussi un instrument de travail essentiel avec lequel fixer l’éphémère et développer des idées, en s’appuyant sur les étapes antérieures enregistrées par un polaroïd. C’est du moins ce qui apparaît dans cette exposition.

Elle s’étend sur trois étages. Les deux salles principales sont au deuxième étage. Dans un ordre partiellement chronologique l’artiste présente, par le dessin, la photographie, la sculpture certains thèmes récurrents. On découvre ainsi le rapport au portrait avec l’évocation de figures célèbres, des icônes, comme Elvis ou Marilyn qui aboutit finalement à un travail sur l’écrivain Robert Walser. Le portrait, mais aussi l’évocation du corps de la femme sont montrés ici sous différentes formes. La photographie, et au sens plus large, l’image comme reflet et comme construction, reproduction, projection sont au coeur des recherches de Markus Raetz.

Une œuvre emblématique que l’on retrouve dans ses expositions est Zeemannsblik, 1987, il s’agit d’une plaque de zinc ondulée pour marquer une ligne d’horizon, non peinte, qui selon la lumière, la distance renvoie des effets de paysages très différents; placée à l’extrémité d’un long corridor elle fonctionne très bien ici. Différentes variations sur ce thème sont encore présentées qui permettent d’associer paysages, horizon et profil. Le premier étage est consacré aux relations entre l’image mobile, immobile, après la Roue de Hecht, des photos de visages sur une roue qui tourne, on découvre un dessin animé Eben, 1971 formé de 1525 dessins. Une autre œuvre-clef Drehungen, 1982, 16 photographies noir et blanc qui suggèrent le mouvement d’une tête, est présentée dans un espace spécialement construit pour ce travail. Elle est précédée par une série de figures modelées en terre et fixées par un polaroïd intitulée Rampeurs, 1981. Il faut encore signaler plusieurs travaux sur de petits écrans, notamment Daumkino. Enfin au sous-sol Kopflose Mühle, 2002 une réalisation nouvelle, consacrée au vide, au plein, au profil, avec des silhouettes de visages taillées dans des plaques de métal en mouvement est présentée.

En exposant à la maison européenne de la photographie, Markus Raetz était amené à mettre en évidence le rôle de cette technique dans son travail. On voit ainsi qu’il utilise les polaroïds comme documents qui permettent de fixer un moment d’une recherche. Ils permettent aussi d’élaborer les séquences de son travail. Par ailleurs l’exposition-installation permet une réflexion très dense sur la représentation, la perception du spectateur, les méthodes de construction de l’image, enregistrement, réfléchissement, projection. Il faut encore ajouter la relation au temps, éphémère, passager, fixé, immobile, en mouvement.

Markus Raetz est présenté à Paris à la Maison européenne de la photographie jusqu’au 9 mars 2003.

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 26 février 2003

Centre Pasquart Markus Raetz jusqu’au 2 septembre 2001

Rétrospective et mises en perspective de Markus Raetz

Pour commencer quelques mots-clefs qui permettent de caractériser les œuvres et l’option de travail de Markus Raetz: Observer/ construire/ écouter/ léger/ éphémère/ dessin/ trait/ ligne/ spirale/ perception/ interprétation/ sens/ signification/ idée/ réalisation/ humour/ jeu/ mouvement/ anamorphose/ espace.

Depuis la fin des années 1960 Markus Raetz est une figure importante de l’art suisse. Il a effectué des séjours à l’étranger et son travail a été montré à Amsterdam, New York, Londres et Valence notamment. Il associe la mise en valeur du dessin comme instrument de recherche et de perception avec des travaux qui relèvent de l’art conceptuel et cinétique.

Les nouveaux espaces du CentrePasquArt à Bienne ont des caractéristiques bien distinctes. Au premier étage, une enfilade de salles aboutit à une pièce rectangulaire, étroite et très allongée. C’est dans cette salle que Markus Raetz a placé ses travaux les plus récents dédiés au mouvement réel.

Deux plaques électriques chauffantes fonctionnent. Au-dessus, bien plus haut, on découvre divers éléments métalliques disposés en spirale dans lesquels on peut percevoir un visage. Ils sont mis en mouvement par la chaleur. Le long d’un mur, à quelques centimètres de distance, un nombre considérable de figures, formées de plumes, de fils de fer, d’éléments en plastique, dansent ou se meuvent plus ou moins vite. L’artiste, créant une foule de personnages intrigants, a rassemblé dans cette frise un résumé de ses préoccupations sur la ligne dans l’espace et le mouvement, car ce dernier qu’il soit réel ou virtuel le passionne.

Markus Raetz met en perspective, en rétrospective des travaux récents ou très anciens dans cette exposition du CentrePasquArt. Dessins, aquarelles, jeux de mots sont présentés aux cimaises et dans des vitrines. Ils retracent le cheminement d’une réflexion plastique qui poursuit depuis 40 ans les mêmes questions en renouvelant leur formulation.

Au second étage, une grande salle presque carrée l’a conduit à rassembler les diverses sculptures éditées en bronze qu’il a développées en créant des anamorphoses. Mickey Mouse, la pipe de Magritte, le lièvre et le chapeau de Beuys, en particulier.

L’œuvre de Raetz est discrète, poétique, éphémère parfois; elle varie selon l’instant. Les mots désignent, expriment, affirment, chez Raetz comme chez Magritteou chez Edward Ruscha, ils prennent possession de l’espace réel, créé par l’artiste.

Pour fixer l’instable, le passager, l’éphémère des photographies de Jennifer Gough-Cooper accompagnent l’exposition (The domain of M. R. as seen by Jennifer Gough-Cooper, a photographic essay).

On retrouve ces photographies dans un coffret qui accompagne l’exposition et comprend en plus la reproduction de 80 dessins, les photographies de 26 sculptures et un texte de Andreas Meier, « Ah-Oh, les mots métamorphosés et les travaux linguistiques ».

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 27 juin 2001.

Johann Heinrich Füssli

Musée des beaux-arts de Bâle

Füssli, Drama und Theater 20 octobre – 10 février 2019

 


Gothic Nightmares Fuseli, Blake and the Romantic Imagination à la Tate Britain jusqu’au 1er mai 2006

Après un portrait de Füssli et une description rédigée par Lavater, l’exposition débute avec le tableau de Füssli Le Cauchemar daté de 1782 pour en montrer la fortune critique, tout en évoquant également l’évolution de l’oeuvre de l’artiste. Le propos certes très dense est terriblement confus et pêche par des anachronismes justifiés par des proximités iconographiques. Une partie des oeuvres de la belle rétrospective Johann Heinrich Füssli présentée au Kunsthaus de Zurich sont bien mises en valeur tout en élargissant le propos pour le rendre plus attractif. Succès et influence de l’oeuvre sont expliqués par les troubles et les guerres qui suivent la Révolution française, mais finalement la question essentielle n’est pas traitée: pourquoi ce tableau en 1782?

L’exposition est divisée en 8 chapitres aux titres plutôt sensationnels. 1. La Cauchemar. Fuseli et l’art de l’horreur. 2 Un classicisme pervers. 3. Les superhéros. Le serment du Grütli en l’occurence. 4. L’atmosphère gothique. 5. Sorcières et apparitions. 6 Fées et femmes fatales. Présente sutout les toiles de Fuseli consacrées à Shakespeare notamment au Songe d’une nuit d’été. 7. Révolution, révélation et Apocalypse. 8. Le Cauchemar et la culture moderne. Le contexte révélé par l’exposition est évidemment intéressant notamment le chapitre consacré aux sorcières. Une projection de phantasmagories qui avaient beaucoup de succès en Europe dès 1790 et à Londres dès 1801 est reconstituée. De nombreuses caricatures surtout de James Gillray et des oeuvres de William Blake profondément marqué par Füssli sont présentées. La comparaison entre la rétrospective de Zurich et la présentation de Londres est intéressante parce qu’elle révèle deux conceptions profondément antagonistes de l’exposition!

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 5 avril 2006


Johann Heinrich Füssli, The Wild Swiss, Kunsthaus Zurich jusqu’au 8 janvier 2006

Le Kunsthaus de Zurich présente jusqu’au 8 janvier une rétrospective complète de l’oeuvre de Johann Heinrich Füssli (1741 – 1825). Bien que l’artiste ne soit jamais retourné dans sa ville natale, une fois établi et reconnu à Londres, l’institution zurichoise abrite la plus grande collection d’oeuvres de Füssli, en particulier des dessins remarquables, elle propose ainsi 60 peintures et 120 dessins et lithographies.

Issu d’une famille d’artistes, Füssli fut pourtant destiné à la théologie, ce n’est que tardivement qu’il décida de se tourner définitivement vers la peinture. L’exposition retrace les principales étapes biographiques de sa carrière: La Suisse, l’Allemagne, l’Italie et Londres. Elle met en évidence les grands engagements artistiques pour évoquer les oeuvres littéraires de Shakespeare, Milton, Homère et aussi le Niebelungen Lied. Füssli fut professeur, puis directeur de la Royal Academy. Il développa un univers peuplé de fées et de sorcières qui exerça une influence considérable sur l’art de son temps et tout le XIXe siècle.

Après s’être consacré à l’histoire suisse avec Le Serment des trois Suisses et Le Saut de Tell, Füssli s’est tourné vers la littérature. Ce qui fit sa gloire et exerça une influence durable sur l’art et la littérature britannique, c’est la peinture d’un Cauchemar en 1782. William Blake qui grava plusieurs oeuvres fut son ami. Füssli fut aussi l’un des premiers à utiliser la lithographie. L’exposition rend largement justice aux qualités de dessinateur de l’artiste en présentant un très grand nombre de feuilles magnifiques.

Il est intéressant de noter que cette exposition ne sera que partiellement reprise par la Tate Britain à Londres qui a choisi de mettre l’accent sur l’aspect gothique de l’artiste en présentant également d’autres contemporains sous le titre: Gothic Nightmares: Füssli, Blake and the Romantic Imagination du 15 Février au 1er Mai 2006

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 20 octobre 2005

Philippe Fretz

Genève 19 novembre 2019

Les Halles de l’île à Genève accueillent Divine Chromatie de Philippe Fretz jusqu’au 7 décembre 2019. Un vaste projet pictural accompagné d’un ouvrage éponyme autour de la Divine comédie de Dante. Le projet entamé il y a 5 ans aboutit à une peinture de 3,60  m. de haut sur 11 mètres de large composée de 33 panneaux qui nous mènent de l’Enfer au Purgatoire et au Paradis. Le livre reproduit les toiles et il est accompagné d’un dépliant qui détaille les étapes de cette pérégrination qui associe les références à la peinture florentine du 15e siècle et des bâtiments de la Genève actuelle.

 Le site de l’artiste qui présente ses travaux: http://philippefretz.ch/


Philippe Fretz a développé le projet éditorial In Medias Res depuis 2013. Continuer la lecture