L’espace dans les musées coréens

L’espace dans les musées coréens

Après la visite de trois musées à Gwangju et celle de  quatre institutions à Seoul, auxquelles il faut ajouter le ddp, Dogdaemun design Plaza, sans compter les différents palais et le musée d’histoire, j’en viens à quelques réflexions sur l’ampleur de l’espace, du vide dans ces lieux. Assurément il ne correspond pas à notre notion de l’espace muséal. Première remarque, les prémisses, les parvis sont gigantesques, pour ne pas dire stupéfiant dans le cas du musée national qui doit faire plusieurs centaines de mètres. Tous ont des cours intérieures très vastes, des cages d’escaliers et des espaces de circulation presque aussi grands que les salles d’exposition. De plus la logique de l’enchaînement des salles n’est pas toujours linéaire, mais parfois rhizomatique.

A Seoul:

National Museum of Modern and Contemporary Art, inauguré en novembre 2013.

Seoul Museum of Art, Mediacity Seoul, propose une une biennale depuis 2000.

National Museum of Korea d’après Wikipedia c’est le 6ème plus grand musée au monde, inauguré fin 2005.

Leeum, Samsung Museum of Art fête son dixième anniversaire en 2014. édifié par Mario Botta, Jean Nouvel et Rem Koolhass.

Dongdaemun Design Plaza ddp, ouvert mars 2014, occupe la surface d’un ancien stade de football et de baseball. Zaha Hadi Architects.

Près de Suwon: Nam June Paik Art Center (achevé en 2008).

Gwangju: Gwangju Museum of Art (ouvert en 1992).

Bâtiment de la Biennale de Gwangju.

Peut-être l’espace des anciens palais nous donne-t-il une clef ? ils sont constitués d’immenses terrains entourés de murailles qui abritent des séries de pavillons relativement modestes aux  fonctions spécifiques. Ou bien faut-il relever l’incroyable audace du ddp, inauguré en mars 2014, il remplace tout simplement un ancien stade de football et de baseball dont on a conservé un grand projecteur comme seul souvenir ! le bâtiment se déploie comme une colossale archisculpture d’aluminium et de béton. A l’exception d’espaces commerciaux rassemblant une quantité de boutiques, je n’ai rien trouvé qui ressemble à un musée. Cette structure plastique, semble en mouvement, conçue par Zaha Hadid, elle reprend  les volumes des anciennes tribunes du stade.

Dans les dépliants de présentation des musées ou des expositions, on trouve toujours l’indication que l’institution veut établir un lien entre le passé et le présent.

C’est affirmé de façon particulièrement énergique au Leeum, puisqu’il possède un musée consacré à l’art ancien, en particulier, aux céladons, mais aussi à la peinture et à la calligraphie, parallèlement à un autre bâtiment qui présente l’art contemporain. Des œuvres contemporaines sont également présentées dans cette partie pour souligner l’intemporalité de l’art ou la permanence des recherches esthétiques. Pour cette raison, l’exposition marquant le dixième anniversaire de l’institution s’intitule Beyond Time / Beyond Space.

Mais cette argumentation se retrouve ailleurs, au musée de Seoul par exemple, pour une exposition biennale intitulée Mediacity qui propose avant tout des vidéos et des installations, on souligne cette relation entre la tradition et le contemporain. Le thème choisi est révélateur puisqu’il renvoie aux esprits : Ghosts, Spies, and Grandmothers. Ce titre selon le dépliant renvoie aux traditions oubliées, mais aussi aux années de la Guerre froide (Spies) en Asie.

Par son éclectisme architectural, le National Museum of Contemporary Art s’inscrit également dans cette problématique. Il réunit des expositions d’art contemporain, mais aussi, les archives généalogiques de la dynastie des rois de Corée. Il utilise un ancien bâtiment militaire, parallèlement à une construction nouvelle immense. La visite du sanctuaire de Jongmyo, qui conserve les autels habités par l’esprit des anciens rois de Corée, selon les rites confucéens, nous donne peut-être une clef pour comprendre cette vision. Cette référence est explicite dans le Nam June Paik Art Center par exemple, l’idée étant bien de conserver l’esprit de l’artiste.