Dada

2016 est l’année dada à Zurich, bénéficiant d’une grosse promotion médiatique http://www.dada100zuerich2016.ch/fr/, la date décisive est le 5 février lorsque débuteront les trois expositions consacrées au mouvement dada, au Cabaret Voltaire, au Kunsthaus, Dadaglobe jusqu’au 1er mai qui digitalise une importante collection de documents dada. Dans la petite salle dédiée aux expositions temporaires on découvre une reconstitution de dadaglobe. Un projet de publication qui n’aboutit jamais, mais pour lequel de nombreux artistes envoyèrent des contributions originales. Certains collages par exemple de Max Ernst sont très connus.

Au musée national, Dada universel jusqu’au 28 mars 2016.

Le musée national suisse a lui aussi décidé de célébrer le centenaire du mouvement dada qui pour le coup est proclamé « la principale contribution de la Suisse à l’histoire de l’art mondial ». Sans doute pour écarter la surprise de ceux qui se demanderaient ce que cette exposition fait ici. On retrouve dans les commissaires, de l’exposition Juri Steiner, un ancien responsable d’Expo 02, qui fut aussi directeur du centre Paul Klee pendant quelques années. En 17 vitrines de grand format, sans cartels, remplacés par de petits écrans tactiles qui fonctionnent rarement, on présente quelques pièces, tantôt des originaux, tantôt des fac-similés pour évoquer le mouvement dada, le contexte historique, et une partie de l’héritage. Aucun catalogue ne complète l’exposition. Manifestement celle-ci est conçue comme un support à la grosse action médiatique développée autour de la célébration du centenaire du mouvement dada à Zurich. Il ne s’agit aucunement d’une exposition scientifique qui ajouterait quelque chose aux connaissances sur le mouvement. Ceci dit, du point de vue de la communication, elle me semble plutôt bien conçue et réussie. En se limitant à quelques pièces frappantes et bien choisies qui illustrent à la fois le contexte historique et les pratiques des artistes dada, collages, manifestes, performances, notamment.

Pour mentionner quelques exemples du contexte historique, aucun visiteur n’oubliera la cape des soldats français présentée dès l’entrée, ces fragments de bombes récoltés par Aragon, ou un extrait de film de Dziga Vertov montrant le pillage et la destruction d’une église orthodoxe. Evidemment la Fontaine de Duchamp accueille le visiteur. Il faut aussi relever que l’évocation du mouvement dada est l’histoire d’une reconstitution permanente.

 


 

Rappelons que le Centre Pompidou à Paris a consacré une vaste exposition au mouvement Dada, il y a juste 10 ans, dont j’avais rendu compte sur l’art en jeu. Elle était présentée jusqu’au 9 janvier 2006.

Elle réunit des centaines d’oeuvres et de documents dans une scénographie éclatée qui évite l’agglutination des visiteurs. Ceux-ci peuvent ainsi étudier chaque pièce sans être gênés par d’autres. En effet, les travaux sont répartis dans une quarantaine de pièces-cellules qui font alterner les présentations monographiques consacrées aux principaux artistes avec des problématiques plus larges liées à la diffusion du mouvement et aux questions qu’il pose. Le parti-pris est excellent, il permet une visite agréable appréciée par un public très nombreux, visiblement enchanté. Signalons les principaux thèmes et artistes: Ready-made, chance, jeu hasard, collage, assemblage, montage, revues, graphisme, sons dada. Et les artistes Taeuber-Arp, Arp, Duchamp, Picabia, Tzara, Schwitters, Crotti, Höch, Hausmann, Grosz, Max Ernst, Meret Oppenheim. Dada est l’un des mouvements clefs de l’art du XXe siècle qui exerce aujourd’hui une influence considérable.  Patrick Schaefer, L’art en jeu, 21 novembre 2005