Expositions Ferdinand Hodler

Genève Musée Rath, Hodler parallélisme jusqu’au 19 août. Puis musée des beaux-arts de Berne

De nombreux musées suisses marquent le centième anniversaire de la mort de Ferdinand Hodler. Le musée d’art et d’histoire de Genève lui consacre trois expositions. Au cabinet d’art graphique, on découvre le travail de son maître Barthélemy Menn, les salles du musée présentent un accrochage particulier des oeuvres de Hodler. Enfin le musée Rath propose de découvrir avec 100 oeuvres, la pensée créatrice qui anima Hodler tout au long de sa vie autour du parallélisme. Un pari très réussi qui montre la permanence de ses préoccupations.

L’exposition se base sur une conférence de l’artiste prononcée en 1897 « la mission de l’artiste » que l’on peut entendre dans un premier espace dans laquelle il énonçait sa théorie du parallélisme. Puis elle traque l’expression du parallélisme dans les divers thèmes abordés par Hodler: la nature, la figure humaine, les groupes composés, avant de s’attacher aux principes qui structurent les toiles de Hodler, l’équilibre des forces, la verticalité et l’horizontalité, en s’achevant par la recherche des correspondances, unité de l’oeuvre et concentration sur l’essentiel.

Loin d’un discours général sur le symbolisme, les autoportraits, la mort, ou encore les commandes publique reçues par Hodler, sa fortune critique, la présentation se concentre sur les principes esthétiques énoncés par l’artiste, et l’on peut constater que ces principes animaient ses recherches bien avant 1897.


Au cours des dernières années, j’ai visité plusieurs expositions Ferdinand Hodler. La plus récente est à voir au musée Jenisch à Vevey.

Vevey, Musée Jenisch, 9 août 2015, L’infini du geste. Ferdinand Hodler dans la collection Rudolf Schindler jusqu’au 4 octobre.

Plonger dans la caverne d’Ali-Baba, c’est sans doute ce que dut ressentir Rudolf Schindler (1914 – 2015), artiste et directeur d’école d’art, lorsqu’il décida en 1955, d’organiser une exposition Ferdinand Hodler, à un moment où le peintre était au purgatoire comme la plupart des artistes caractéristiques de l’art nouveau d’ailleurs. Ayant noué des liens de confiance avec la famille de Hodler et possédant un connaissance approfondie de son travail, il sut constituer une collection remarquable de plus de 600 dessins, esquisses peintes et tableaux. L’accrochage de l’exposition rend bien cet émerveillement et la qualité exceptionnelle des choix du collectionneur qui a légué cet ensemble au musée Jenisch.

Fondation Beyeler: Ferdinand Hodler, l’oeuvre tardif 1913 – 1918, 27 janvier – 26 mai 2013

La Fondation Beyeler se tourne vers l’oeuvre tardif de Ferdinand Hodler. Par ailleurs on annonce la parution du deuxième volume du catalogue raisonné des peintures consacré aux portraits. Ernst Gombrich a montré comment la peinture de paysage peut influencer notre vision de la nature. Ayant vu une grande partie des nombreuses expositions consacrées à Ferdinand Hodler depuis le début des années 1980 ; il y a longtemps, surtout en hiver entre décembre et janvier, que je pense à ses paysages presque tous les jours, sauf lorsqu’il y a trop de brouillard ou de nuages ! En effet, le matin ou le soir, la variété et la subtilité des bandes colorées qui irradient le Léman et les Alpes évoquent immédiatement l’effort pictural de Hodler dont on sent qu’il fut habité par le désir de représenter cette atmosphère. Lors de la conférence de presse de l’exposition à la Fondation Beyeler, Oscar Bätschmann a souligné la permanence du thème Regard dans l’infini depuis les débuts de l’artiste jusqu’à la fin de sa carrière par des figures, des compositions, la représentation de la mort ou le paysage. L’exposition nous rappelle d’ailleurs l’ambiguïté de la notion d’oeuvre tardif puisque Hodler a été surpris par la mort et les photos de Gertrud Müller prises le 18 mai 1918, un jour avant le décès du peintre le montrent en promenade avec sa fille, son épouse, un homme d’un certain âge certes, 65 ans, mais dont rien ne semble annoncer la fin. Après ces rappels biographiques une salle est consacrée aux autoportraits, puis aux paysages en gros plan, les paysages du lac Léman , des dents du Midi, de Thoune, une salle évoque la fin de Valentine Godé-Darel et les derniers paysages. L’exposition s’achève par des études et une composition monumentale intitulée Regard dans l’infini qu’il réalisa pour l’escalier du Kunsthaus de Zurich dont il existe une version plus grande présentée ici avec de nombreuses études. L’exposition veut souligner l’ampleur du travail pictural de Hodler, son caractère universel en montrant comment il est une étape essentielle dans l’évolution de l’art de son temps qui permet de faire des rapprochements avec l’apparition de l’abstraction chez des artistes comme Mondrian, Kandinsky et même Rothko.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 25 janvier 2013

Hodler une vision symboliste jusqu’au 10 août 2008

Le musée des beaux-arts de Berne propose jusqu’au 10 août une vaste rétrospective Ferdinand Hodler, intitulée Hodler une vision symboliste. Un colloque pour faire le point de la recherche sur cet artiste aura lieu le 17 et le 18 avril. D’autre part la parution du premier volume du catalogue raisonné des peintures consacré au paysage est annoncée pour novembre 2008, (Hodler a peint plus de 2’000 toiles et on recense plus de 12’000 dessins)…. L’opération a débuté dans les années 1950 et la parution des 6 volumes du catalogue raisonné est prévue jusqu’en 2014. Les oeuvres ont été rassemblées par thèmes, les deux premiers volumes sont consacrés aux paysages, en 2010 paraîtront les portraits, en 2013 les figures en 2 volumes et enfin la biographie et les documents.

Petites remarques liminaires: 1. Les musées suisses possèdent de très grands fonds Hodler, Genève, Berne et Zurich se disputent la prééminence, mais les autres institutions regorgent également d’ensembles représentatifs. On sait aussi qu’il existe d’importantes collections privées de cet artiste formées depuis très longtemps, on se demande alors bien pourquoi les organisateurs ont jugé utile de donner une place de premier plan à un politicien-collectionneur récent…? d’autant plus que l’exposition tend à « déidéologiser » Hodler! du moins sur le volet suisse.

2. Mathias Frehner co-organisateur de l’exposition et directeur du musée de Berne a expliqué lors de la conférence de presse l’origine du projet. La nécessité de montrer l’importance de Hodler comme peintre symboliste se faisait sentir depuis longtemps, malheureusement l’état de conservation des principales grandes toiles représentatives de ses recherches interdisait de les laisser voyager. Il fallut donc la conjonction d’un intérêt manifesté par les institutions de plusieurs villes, en l’occurence Paris et Budapest et la mise en place d’un travail de restauration de longue haleine pour que ce projet aboutisse. Si l’exposition du musée d’Orsay était bien centrée sur les quatre toiles symbolistes du musée de Berne, des divergences ont fait qu’il y a eu finalement deux expositions différentes, celle du musée d’Orsay et celle du musée de Berne qui sera présentée à Budapest. Si l’exposition de Paris était un peu plus synthétique 133 numéros contre 161 à Berne, le propos est en réalité assez semblable dans les deux présentations, par contre les catalogues sont distincts.

L’homme et le cosmos L’exposition est répartie sur les trois étages de l’ancien bâtiment du musée des beaux-arts de Berne et suit un ordre chronologique. Elle met particulièrement en évidence les grandes compositions symboliques: quatre toiles appartiennent au musée, elles furent achetées en 1901 (alors même que peu avant on avait renoncé à commander à Hodler une décoration pour l’hôtel de ville!). Habituellement, elles sont exposées dans la grande salle du premier étage, cette fois elles ont été placées dans les deux petites salles situées aux extrémités d’un côté La Nuit, et de l’autre Le Jour, cette dernière accompagnée de deux répliques postérieures. Les âmes déçues, Les las de vivre, La Vérité, Adoration, Eurythmie sont présentées dans la grande salle. Au rez une petite salle est consacrée à L’Amour et on trouve encore L’Heure sacrée. Des paysages et des autoportraits sont répartis dans les grandes salles.

Le sous-sol est entièrement consacré au cycle de la mort de Valentine Godé Darel, la jeune compagne du peintre emportée par un cancer, il est mis en relation avec les derniers paysages de l’artiste. Elle est précédée par une présentation des photographies montrant l’artiste. Comme à Paris on a voulu favoriser un point de vue rapproché sur les toiles en cassant les grands espaces par l’introduction de parois amovibles. Ce qui donne un regard différent, un peu étrange, sur le langage monumental hodlérien, d’ailleurs cet aspect de sa production n’est pas abordé dans l’exposition, par souci de ne montrer que des oeuvres réalisées sans intervention d’un commanditaire, il est par contre traité dans le catalogue. L’exposition se concentre sur une présentation des enjeux essentiels d’une recherche artistique qui veut mettre en relation l’homme et le cosmos et qui, à force d’étudier cette relation entre la figure et le paysage en vient presque à une forme d’abstraction. A signaler également la parution du volume 7 des oeuvres complètes de Carl Albert Loosli: Kunst und Kunstpolitik. Hodlers Werk. Loosli fut en quelque sorte le manager de Hodler et publia de nombreux textes à son sujet, il fut également l’auteur d’un premier catalogue raisonné.

Patrick Schaefer L’art en jeu 8 avril 2008

Ferdinand Hodler (1853 – 1918) musée d’Orsay, 13 novembre 2007 – 3 février 2008

En 2004, le musée d’art et d’histoire de Genève, puis le Kunsthaus de Zurich ont consacré une large présentation aux paysages de Ferdinand Hodler. En 2008, c’est le musée des beaux-arts de Berne qui annonce une exposition consacrée à Hodler symboliste: Ferdinand Hodler, une vision symboliste 9 avril – 10 août 2008 (Symposium international 17 – 18 avril) nous y reviendrons. Le musée d’Orsay à Paris consacre une rétrospective à Fedinand Hodler (1853 – 1918) jusqu’au 3 février 2008 qui met l’accent sur l’importance de cet artiste comme symboliste. C’est une rétrospective complète qui montre bien en seize chapitres tous les aspects de l’œuvre de Hodler. L’artiste contemporain Helmut Federle est inséré dans l’exposition et le catalogue, ce dernier compte 133 numéros. L’exposition offre un parcours chronologique synthétique de l’oeuvre de Hodler. Les débuts réalistes sont rapidement évoqués pour arriver à la première composition majeure La Nuit, exposée à Paris en 1891. En 1901 Berne achète 4 des plus importantes compositions de Hodler La Nuit, Les Ames déçues, l’Eurythmie et le Jour. La Vérité de 1903 est présentée avec des dessins préparatoires, elle est l’aboutissement de La Nuit. Hodler a développé une conception rythmée stylisée des figures qu’il introduit également dans ses paysages structurés. La peinture d’histoire qui forma un volet important de l’activité publique de Hodler est évoquée. L’activité du portraitiste fait également l’objet d’une salle et l’exposition s’achève avec quelques exemples des oeuvres consacrées à Valentine, sa compagne agonisante et la mise en relation entre les lignes des paysages du Léman et la figure couchée sur son lit de mort. Je n’ai pas aimé la mise en scène qui ne laisse que peu de perspective et donne un sentiment assez étouffant. Par contre la blancheur, la clarté de l’art de Hodler ressort bien et l’on sent comment il n’est pas seulement symboliste, mais très moderne dans son dépouillement. –