Venise mai 2019
Fondazione Prada Ca’ Corner della Regina
Jannis Kounellis 11 mai – 24 novembre 2019, première rétrospective de l’artiste après son décès en 2017.
L’exposition conçue par Germano Celan débute en douceur avec deux espaces latéraux présentant des affiches et des catalogues anciens. Le palais lui-mêmes, son architecture, les fresques qui l’ornent et l’atmosphère de ce bâtiment voisin du grand Canal sont très bien mis en valeur. Une salle dans l’entresol est consacrée à des films et à des entretiens avec l’artiste.
Enfin sur deux deux étages sont déployées des installations importantes qui déclinent les thèmes et les matériaux utilisés par Kounellis: le charbon, l’acier, la pierre, le verre, le tissu ou des toiles sur lesquelles il a peint des textes et des signes. Il n’y a pas de performance, mais deux installations odorantes, l’une de café et l’autre de grappa. La monumentalité des objets quotidiens et modestes, industriels ou naturels est mise en valeur de façon impressionnante. S’il s’agit de la première rétrospective après le décès de l’artiste, on peut se demander si ce n’est pas aussi la dernière, car qui aurait à l’avenir les moyens de monter une exposition d’une telle ampleur? Ce qui m’a frappé c’est le contraste entre cette esthétique et celle de l’esprit de la biennale, peut-être une dernière chance de découvrir les oeuvres de cet artiste?
Monnaie de Paris : Jannis Kounellis Brut. Attention exposition jusqu’au 30 avril 2016.
Représentant éminent de l’arte povera italien Iannis Kounellis est est né en Grèce en 1936 (décédé en février 2017), mais il vit en Italie depuis 1956. Il s’est fait une spécialité dans les interventions dans des bâtiments. On le voit ici dans les somptueux salons de la Monnaie de Paris intervenir avec maestria pour affirmer des contrastes vigoureux et mettre en valeur les matériaux sur lesquels il a bâti son œuvre. Le métal en feuilles, en poutre, la jute, les couvertures de laine, le verre, les bois de chantier, le charbon. Chantier justement, c’est ce que suggère l’affiche de l’exposition dans ce contraste saisissant entre un site raffiné et des matériaux bruts. Alors que ces travaux paraissent d’une singulière actualité, un examen plus précis montre qu’ils datent souvent des années 1960 ou du début des années 1970, Viva Marat, 1969, la ballerine et le violoniste 1972 (Sans titre. Da inventare sul posto). Ils révèlent une singulière capacité à se redéployer, à être réactivé et à rester présents, actuels. En intervenant dans un lieu qui abrite encore une fonderie d’art, Kounellis rend hommage aux éléments, matériaux impliqués dans ce type d’activité. Il s’affirme comme peintre et récuse la notion d’installation, considérant plutôt le lieu d’exposition comme un théâtre. Ainsi dans le premier salon, le spectateur est impressionné par huit immenses chevalets sur lesquels sont placées des plaques en acier, sans titre, 2016. Ils apparaissent comme des acteurs sur échasse. L’exposition associe des éléments rétrospectifs et des pièces réalisées spécialement pour ce site. On pense aux travaux de très nombreux artistes contemporains en la visitant. En découvrant un ensemble de sacs de jute posés au sol sur lesquels on a placé un tas de graines de tournesols, je me suis demandé s’il voulait évoquer Ai WeiWei, en fait il s’agit d’une œuvre de 1969 !