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Festival d’Avignon dès 2001

Avignon 16 – 20 juillet 2023

C’est la douzième fois que je vais au festival d’Avignon depuis 1998 et ma dernière visite datait de 2017.

Il me semble qu’il y a énormément de monde partout les terrasses ont été étendues et elles sont pleines les spectacles du off semblent faire le plein et il me semble qu’il y a énormément de nouveaux lieux. Pour le In la jauge des salles est très grande et c’est sans doute pour cela qu’il reste presque toujours des places. Il n’y a pas de grands acteurs ou de célébrités et pourtant les spectacles attirent un public qui va vers l’inconnu, cette année tous sont joués en anglais sous-titrés et j’ai vu deux productions anglaises. La chaleur est stupéfiante mon tel. indiquait 34 mais je pense qu’il faisait plus chaud encore.

5 spectacles du in :

1 Angela  ( a strange loop ) Susan Kennedy et Markus Selg

2 All of it Alistair Mc Dowall 3 pièces minimalistes référence John Cage

3 Dans la mesure de l’impossible de Tiago Rodrigues

4 The Confession de Alexander Zeldin très bien

5 The Romeo Trajal Harrell

Off

1 La fleur à la bouche de Pirandello, compagnie Truculent

2 Pinter le monte-plat

3 Migrants Matei Visniec, 14 tableaux une douzaine d’acteurs, très bien

4 Zweig Lettre d’une inconnue, mise en scène William Mesguich

5 Soie d’Alexandro Barrico texte de 1997 qui raconte l’histoire de l’importation de vers à soie depuis le Japon mise en scène William Mesguich comme la lettre d’une inconnue.

Avignon juillet 2017

Avignon du 18 au 21 juillet. Vu quatre spectacles du in et trois du off, plus une lecture: le ventre de l’Atlantique de Fatou Diome, adaptation d’un roman du Sénégal, et une installation de Katie Mitchell, autour d’Ophélie dans Hamlet, à la maison Jean Vilar.

Les spectacles vus ne correspondent pas toujours à un premier choix, on doit s’accommoder des disponibilités. Ainsi cette année, je me suis retrouvé avec trois billets pour des présentations chorégraphiques et un seul pour une production théâtrale. Comme c’est la tradition le français n’est guère présent et deux spectacles étaient en néerlandais, mais d’autres étaient en allemand, en italien ou en portugais.

Commençons par le théâtre Ibsen Huis mis en scène par Simon Stone et une troupe d’Amsterdam, Toneelgroep, cette troupe présentait également les Bonnes de Jean Genet dans une mise en scène de Katie Mitchel (pas vu)l. Un travail de trois heures qui retient des éléments de plusieurs pièces d’Ibsen, en particulier Solness le constructeur. Disons qu’en ne gardant que le côté réaliste d’Ibsen et en laissant tomber la partie symboliste, fantastique de l’auteur norvégien, Simon Stone nomme ce qui n’est que suggéré. Cette interprétation lui donne une actualité singulière, elle en fait une parole plus militante que littéraire. Le metteur en scène a frappé un grand coup en plaçant une maison design moderne au centre de la cour du lycée Saint-Joseph, l’effet est étonnant. Les acteurs évoluent à l’intérieur de cette maison vitrée et n’ont pas de contact direct avec les spectateurs.

Ayant assisté à une discussion avec les acteurs, ces rencontres avec les acteurs sont très utiles, on a appris qu’ils ont travaillé au fur et à mesure, le metteur en scène n’avait pas texte prêt à l’avance, il s’est construit avec les répétitions.

Borderline, Guy Cassiers et Maude Le Pladec, est basé sur un texte de Elfriede Jelinek, les Suppliants, consacré aux réfugiés.

The Great Tamer, un metteur en scène Grec, Dimitris Papaioannou, qui a fait la cérémonie des jo d’Athènes en 2004. Travail de mime, tableaux vivants, référence aux métamorphoses d’Ovide. Musique de valse pas très originale. On pense un peu aux Mummenschanz.

Kalakuta Republik, chorégraphie de Serge Aimé Coulibaly, Burkina Faso, cloître des Célestins. Musique enregistrée.

A la maison Jean Vilar présentation de vidéos de Katie Mitchell montrant l’interprétation de différentes versions de la mort d’Ophélie dans Hamlet.

Exposition à l’église des Célestins du peintre Ronan Barrot né en 1973 dont les figures sur fond rouge illustrent l’affiche et tous les documents du festival, il expose à la galerie Claude Bernard.

Dans le off : Mouawad, les assoiffés.

Mikhail Boulgakov biographie de Molière (le in proposait au début du festival une interprétation de Frank Castorf de cette pièce en 6h.

Shakespeare Romeo & Juliette.

Avignon juillet 2016

Retour à Avignon pour les derniers jours du festival in, qui s’achève le 24 juillet 2016 . Par contre le off dure encore une semaine. J’ai ainsi pu voir tranquillement trois pièces lundi et mardi matin, car il y a tout de suite moins de monde. Concernant le off, il me semble que les tractages étaient moins nombreux, peut-être pour des raisons de sécurité, par contre les spectacles sont toujours très nombreux.

J’ai vu six spectacles du in : Le premier vendredi 22 à 18h à l’Opéra d’Avignon  Espaece, d’après Espèce d’espace de Perec, un spectacle d’1h d’Aurélien Bory, sans paroles, à la croisée de l’installation artistique, de l’acrobatie et du mime, qui m’a paru excellent. Ensuite, c’est le gros morceau à 21h 30 à la carrière de Boulbon Karamazov, fantastique récit de 5h30 dans une mise en scène par Jean Bellorini, des mouvements sur rails, les acteurs regroupés dans de petits espaces, aucun ennui. Continuer la lecture

Silvie Defraoui

Silvie Defraoui. Le tremblement des certitudes

Musée cantonal des beaux-arts Lausanne jusqu’au 21 mai

Silvie Defraoui Archives du futur


Musée des beaux-arts, Soleure, Silvie Defraoui, Archives du futur jusqu’au 3 août 2014. 

En sept salles, l’exposition nous montre des pratiques qui vont de l’utilisation de la lettre à celle de la photographie, document trouvé, réutilisé ou produit, pour terminer avec des images projetées fixes ou mouvantes dans l’obscurité au mur et sur le sol. L’exposition souligne différentes simultanéités: les catastrophes qui rythment le quotidien et la beauté du monde. La perception des spécificités du lieu dans lequel l’artiste intervient et le déplacement vers d’autres espaces, d’autres sites. Vingt années après le décès de son époux (Chérif Defraoui 1932 – 1994), Silvie Defraoui (1935) poursuit son activité. L’oeuvre la plus impressionnante dans cette exposition est proposée dans une série de photographies de presse agrandies, intitulée Faits et Gestes, 2014, qui évoquent des catastrophes liées à l’eau. Inondations, tsunamis sur lesquelles sont ajoutées des photos d’iris bleus magnifiques, soulignant le contraste entre la beauté du monde et les malheurs qui l’habitent. En fait, une fois que l’on a explicité cet élément, on réalise qu’il est constitutif de toutes les oeuvres. Elles sont aussi bien natures mortes, memento mori et prises de position. Silvie Defraoui associe contemplation et engagement, écoute, observation et affirmation. Elle poursuit le concept défini avec son mari comme expression artistique sous le titre Archives du futur, en le renouvelant selon les lieux et les événements. La cadre défini préalablement implique la prise en compte d’un lieu spécifique et un travail sur des images, leur perception, leur usage, présence ou disparition. Cette approche ordonnée, structurée et cohérente n’exclut nullement l’exaltation de la beauté, avec parfois des ruptures, des cassures brutales.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 28 juin 2014

La sculpture suisse / Bernard Luginbühl

Aarau 16 juillet 2021

Aarau Kunsthaus La sculpture suisse depuis 1945 jusqu’au 26 septembre

Le Kunsthaus d’Aarau s’est lancé dans la tâche colossale de rendre compte de l’évolution de la sculpture en Suisse depuis 1945 jusqu’à aujourd’hui. Le projet occupe non seulement les salles du rez, mais une partie du sous-sol et du premier étage ainsi que la terrasse et le parc adjacent permettant de découvrir plus de 150 artistes et 250 œuvres.

Je me suis amusé à regarder combien des artistes présentés dans l’exposition ont fait l’objet d’un article sur mon site, ils sont un peu plus de 20, par ailleurs beaucoup sont mentionnés dans les compte-rendu d’expositions de sculptures en plein-air comme Bex arts et Môtiers.

Bien que l’exposition soit plutôt trop riche, je constate deux absences! Jean-Frédéric Schnyder et Sandrine Pelletier.

J’ai saisi l’occasion pour transférer les articles sur Bernard Luginbühl dans la nouvelle version du site et d’y ajouter cette petite introduction.

28 juillet 2021

Cette page contient des articles sur Bernard Luginbühl 

Bernhard Luginbühl né en février 1929 est décédé le 19 février 2011. On lui doit plus de 1’500 sculptures en fer et en bois, souvent monumentales et de nombreuses gravures, sans oublier ses journaux intimes, en partie publiés, les catalogues de ses expositions qui sont souvent des créations personnelles. Par ailleurs il a multiplié les actions aboutissant à la destruction de ses sculptures dans de grands feux de joie. Son travail se caractérise par l’horreur du vide et la fascination pour la tension entre l’accumulation et la destruction d’où nait la création.

Une exposition Bernhard Luginbühl est visible à l’espace Jean Tinguely – Niki de Saint Phalle à Fribourg jusqu’au 27 mars 2011.

Luginbühl total

Musée Tinguely Bâle – musée des beaux-arts Berne

Le musée Tinguely est cerné par les structures de fer souvent anthropomorphes de Bernhard Luginbühl. Elles entourent les baies vitrées et semblent prêtes à entrer. Une construction en bois peint, serait-ce un Zorn?, bloque l’entrée du musée. Après avoir pénétré dans le hall, le visiteur découvre tout de suite une véritable rétrospective de 60 oeuvres de petits formats placées dans des niches en bois. Tout l’espace du rez est occupé par de nombreuses structures souvent gigantesques qui ont marqué le développement de l’oeuvre de Luginbühl et ses relations avec Jean Tinguely. Utopia une grande structure de Tinguely est restée dans cette salle et permet d’établir la relation entre les deux démarches. L’artiste a choisi des oeuvres qui ont des mouvements pour souligner également cette relation.

Luginbühl avait été l’opposant le plus décidé à la construction du musée Tinguely. Il y a deux ans et demi, il avait participé au vernissage de l’exposition Daniel Spoerri et depuis des négociations ont abouti permettant cette manifestation. L’exposition marque aussi la publication d’un catalogue raisonné des sculptures réalisées jusqu’en 2002. 1316 pièces ont été recensées. Lors de la conférence de presse l’auteur du catalogue soulignait qu’une grande partie des pièces exposées ne figurent pas dans cet ouvrage, car elles ont été réalisées pour cette exposition.

L’exposition de Berne se concentre sur des oeuvres de plus petits formats réalisées dans la première partie de la carrière de l’artiste.

Musée Tinguely Bâle

Luginbühl total jusqu’au14 mars 04

Musée des Beaux-Arts Berne

Luginbühl total jusqu’au 25 janvier 04

Adresse de la Fondation Luginbühl à Burgdorf et Mötschwil.

En 2010, le parc de Mötschwil peut-être visité le deuxième dimanche d’avril à octobre.

La Fondation Bernhard Luginbühl à Mötschwil dans l’Emmental, où l’artiste habite depuis 1965, a été créée le 1er janvier 1998. Elle a été ouverte au public pour la première fois les 17 et 18 octobre 1998. Elle peut être visitée un dimanche par mois. L’artiste a donné 59 sculptures retraçant les étapes de son activité à la Fondation. Il a également fait don de son œuvre gravé au Cabinet des estampes de l’Ecole polytechnique de Zurich. La Fondation couvre un jardin qui entoure sa maison et son atelier[1]. Les œuvres sont disposées non pas au hasard, mais dans une association particulière avec la végétation; des arbres, pour la plupart plantés par l’artiste au cours des 35 dernières années. Un petit espace d’accueil permet de présenter des travaux sur papier à l’abri. Un autre espace partiellement couvert, proche de l’atelier, est réservé aux réceptions. La quantité d’œuvres présentées sur une surface relativement limitée, par rapport aux vastes étendues des champs alentour, donnent le sentiment de pénétrer dans un labyrinthe. Les œuvres, souvent gigantesques, sont associées les unes aux autres et semblent foisonner. Loin de l’esthétisation spectaculaire et gratuite que l’on observe souvent dans la présentation de sculptures en plein air, on éprouve ici un sentiment d’intensité, de densité créative, une invitation à la découverte, progressive et jamais épuisée, dans une sorte de jungle, un lieu véritablement habité par les sculptures.

Le labyrinthe comme alternative au musée.


[1] BernhardLuginbühlstiftung, Mötschwil, Burgdorf, 1999. Cette brochure reproduit les 59 œuvres données à la Fondation et divers articles de journaux qui rappellent tous que Luginbühl a créé cette Fondation pour régler sa succession et éviter les problèmes qui se sont posés après la mort de Tinguely.

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 19 septembre 2003

Christian Boltanski

Christian Boltanski ( 1944 – 2021) représente la France à la Biennale de Venise 2011 sous le titre Chance.
Monumenta 2010 a invité Christian Boltanski au Grand Palais à Paris du 13 janvier au 21 février 2010.
Des travaux de l’artiste sont également présentés au Musée d’art contemporain du val de Marne Macval.fr jusqu’au 23 mars 2010.

Vaduz Kunstmuseum Lichtenstein Christian Boltanski, la vie possible jusqu’au 6 septembre 2009
Le musée des beaux-arts de Vaduz consacre une importante rétrospective à Christian Boltanski (1944 – 2021). Elle présente un peu plus de 20 installations réparties dans 4 grandes salles, depuis les années 1980 jusqu’à des travaux récents réalisés pour l’exposition. L’oeuvre de Christian Boltanski tourne autour de la mémoire et surtout de l’invocation des morts en utilisant la photographie, le film, la lumière, la sculpture, le son. Il réunit ses installations sous le titre La vie possible, reprenant le titre d’un livre d’entretiens avec Catherine Grenier.
L’exposition débute avec différentes pièces de la série des Monuments qui associe la lumière d’ampoules à des photographies, puis viennent le Théâtre d’ombres et les Réserves. Les Suisses morts, 1990 au centre d’une pièce dont les murs sont entièrement couverts par les photos d’Humain, 1994. Plus loin on découvre les marcheurs de Prendre la parole, 2005, ensuite les Monuments noirs, 2009 confrontés aux plaques de zinc accrochées aux murs de Mes morts, 2002. L’exposition s’achève dans une grande salle qui associe les miroirs de l’oeuvre Les images noires, 1996, les écrans intitulés Les portants, l’ampoule Le coeur, 2005 et Entre temps, 2003.
Une exposition comme celle-ci est certainement un événement important, pourtant elle laisse un sentiment mitigé. Bien que la plupart des oeuvres soient postérieures à 1993, elle paraît très semblable, par l’impression laissée au spectateur, à l’exposition proposée au musée des beaux-arts de Lausanne en 1993. D’autre part Christian Boltanski a certainement exercé une influence sur des artistes plus jeunes, je pense par exemple à Douglas Gordon, mais ce dernier en s’inscrivant dans la tradition « gothique » anglaise introduit un humour dans ses installations qui leur donne une dimension très différente. Il y a quelque chose de paradoxal chez Boltanski, car il semble être un artiste matérialiste, non religieux tout en se consacrant à l’invocation des morts, au passage de la vie, de manière très sérieuse, c’est peut-être là sa qualité, sa marque spécifique.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 29 juillet 2009

Stefan Banz 1961 – 2021

Apprenant avec surprise le décès de Stefan Banz, je transfers sur la nouvelle version du site un entretien de 2002 et un compte-rendu d’une exposition au centre Pasqu’art à Bienne. ils correspondent à une première partie de sa vie , avant qu’il ne vienne s’installer à Cully avec une vision plus apaisée, mais toujours passionnée du monde.

L’association Kunsthalle Marcel Duchamp organise un symposium à Cully du 7 au 9 mai 2010 à la salle Davel à Cully. « Marcel Duchamp et la cascade du Forestay »

Centre PasquArt Bienne Laugh I nearly died jusqu’au 19 mars 2006

Au centre PasquArt à Bienne Stefan Banz propose quatre installations, réalisées ou adaptées pour cette exposition. Dans Laugh I nearly died l’on voit une remorque transportant les oeuvres de l’artiste partagée en deux, le mur du fond est recouvert d’un texte en lettres rouges. Avant d’entrer le visiteur a découvert une pièce plus ancienneEros, 1998, 1999, une rose rouge recouverte d’une éprouvette ou plutôt d’un présevatif géant.

A l’étage au-dessous un groupe de peintures évoque la musique des années 1960, alors que Les sirènes de l’abîme montre une voiture renversée derrière des parois de verre, l’on entend une chanson enregistrée par l’artiste et la scène est observée par 3 poupées suspendues au mur. L’ensemble dégage une impresion de malaise, de catastrophe survenue ou de rupture et la suite des installations apparaît comme autant d’indices offerts à la perspicacité du visiteur qui a pourtant peu d’espoir de trouver la solution de l’énigme. On sait que Stefan Banz aime les romans policiers et les romans à clefs puisqu’il en écrit, tout en jouant avec la capacité d’impact visuel d’une installation il suggère la narration.

http://www.banz.tv

Stefan Banz expose ses peintures conceptuelles 1996-2003 au Museum im Bellpark à Kriens du 17 mai au 6 juin 2003.

Stefan Banz expose Tokyo Bites à la galerie Donzévansaanen à Lausanne du 12 mars au 24 avril 2004.

Stefan Banz expose au Würtembergischer Kunstverein Stuttgart du 5 juin au 4 juillet 2004

Stefan Banz a été désigné comme commissaire du pavillon suisse aux Giardini pour la Biennale de Venise 2005. Alors que c’est Pipilotti Rist qui occupera l’église San Stae. On a ainsi semble-t-il voulu donner la parole à deux courants plutôt antagonistes de l’art contemporain suisse!

Stefan Banz (1961) est un artiste lucernois qui s’exprime par la photographie et la vidéo. Il aime aussi réaliser des installations, des livres, écrire, interviewer. Il expose à l’espace La Plage à Neuchâtel, rue des Sablons 46, une installation intitulée The Island jusqu’au 22 septembre 2002.

J’ai voulu lui poser quelques questions sur son travail à cette occasion.

1. Dans cet espace d’exposition situé au sous-sol d’un bâtiment, vous proposez une île : du sable, les objets abandonnés par une dame invisible, lunettes de soleil, un maillot de bain, des chaussures. Tous ces objets sont agrandis, il y a aussi une immense poubelle. Voulez-vous compléter cette description et nous donner quelques explications sur le cheminement qui vous conduit à cette installation ? Quelle est sa relation avec une photographie ?

– Gauthier Huber m’a invité à organiser une exposition à l’Espace La Plage. En tant qu’artiste qui a des expériences dans le domaine de l’organisation d’expositions, j’ai voulu traiter plusieurs questions simultanément : Qu’est-ce qu’un curateur? Qu’est-ce qu’un artiste ? Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? Dans le domaine de l’art la relation entre l’artiste, le curateur et l’œuvre s’est fondamentalement modifiée depuis Harald Szeemann. Les hiérarchies se sont déplacées et il n’est plus possible de répondre de manière évidente à la question de savoir qui est l’auteur de ce qui a été réalisé.

Dans le passé j’ai toujours essayé d’éclairer ces différents points de vue sur la perception de l’œuvre d’art et de son auteur. En 1992 par exemple j’ai réalisé l’exposition « Der Anbau des Museums » pour laquelle j’ai, en tant que curateur, invité un philosophe (Jacques Derrida), un curateur (Harald Szeemann), un théoricien de l’art (Théo Kneubühler), et un jardinier (Wada Jossen) à réaliser une installation avec moi dans laquelle les invités devaient s’inclure comme eux-mêmes. L’artiste au sens classique du terme manquait et pourtant une œuvre d’art a été créée. Face à ce précédent cela m’intéressait de voir ce qui se passe si je me glisse dans la peau d’un curateur et si je présente de simples objets comme thème de l’exposition et que j’agis ainsi aussi bien comme un artiste que comme un curateur. A la fin on trouve une installation, une œuvre d’art. Les objets ont été agrandis quatre fois. Il y a ainsi un glissement de la réalité dans lequel le spectateur, visiteur se met involontairement dans un rapport qui le perturbe. C’est l’effet Gulliver qui suggère brusquement un autre rapport à la réalité. Nous trouvons ici dans mon exposition une situation complètement artificielle – dans une cave on trouve un espace d’exposition qui s’intitule La Plage où l’on découvre une île, où l’on trouve des objets tout simples qui ont subi un glissement par rapport à la réalité et suggèrent simultanément plusieurs histoires. Manifestement il s’agit des affaires de bain et des vêtements d’une femme abandonnés à proximité d’une poubelle. La femme de dimension gigantesque (on doit le supposer) a disparu…

2. Sur le carton d’invitation de l’exposition vous vous annoncez comme le curateur de l’exposition, quelle et la distinction entre installation artistique et artiste curateur selon vous ? 

– Si l’on regarde le problème de près il n’y a plus de véritable différence. On peut alors évidemment se demander pourquoi cette distinction existe encore malgré tout. Elle n’a de sens que par l’origine des idées, mais finalement peu importe qui fait une installation, aussi longtemps qu’il s’agit de l’installation et des questions qui lui sont liées.

3.The Island, le titre de l’installation est inspiré par le nom et l’adresse du lieu d’exposition n’y a-t-il pas aussi une allusion à l’arteplage tout proche? 

– Effectivement aussi bien sur le plan de la métaphore que concrètement. Métaphoriquement par les termes Plage et Island et concrètement parce que la poubelle agrandie est une réplique de la poubelle officielle de l’Expo. Ce qui est intéressant c’est qu’une fois agrandie cette poubelle n’est plus du tout clairement perçue comme telle.

4. Une manifestation comme Expo 02 et ses divers pavillons ne vous interpelle-t-elle pas au sujet des registres d’expression et des nuances qui font passer d’un domaine artistique à un domaine de communication appliquée ?

– Incontestablement ces questions se posent. Et il se peut bien que je sois inconsciemment influencé par le concept de l’Expo. J’ai eu à plusieurs reprises affaire avec l’Expo, bien que, à la fin, je ne sois concrètement impliqué dans aucun projet. Par exemple, il y a trois ans j’ai été pour une brève période directeur artistique de l’arteplage d’Yverdon.

5. Nous avons mentionné L’Expo.02 et peut-être pourrions-nous revenir sur la deuxième question. Je constate que je ne suis pas d’accord avec vous. Il me semble qu’il existe des registres, des niveaux d’expression différents et votre installation ici à Neuchâtel en est à mon avis un bon exemple, si on la compare à ce qu’on voit à l’Expo.02. Vous partez du quotidien et vous le modifiez, par l’agrandissement, par la modification du point de vue notamment : en faisant cela vous traitez des questions qui relèvent spécifiquement du domaine artistique. Il me semble que le registre d’expression artistique est quelque chose de différent des traces d’expression artistique que l’on croit parfois remarquer dans l’Expo.

Il me semble que « l’installation » Aua extrema à Neuchâtel offre un triste exemple de cette problématique. Là on a vraiment l’impression au premier abord de découvrir une installation artistique. En la parcourant on croit reconnaître quelques traces d’œuvres d’artistes connus. Peut-être y-a-t-il un peu de Mario Merz, un peu de Kounellis, un peu de Land art : Richard Long, Hamisch Fulton ? mais le résultat me semble pitoyable, parce que l’on n’est précisément jamais vraiment au niveau du registre artistique et alors force est de constater que cette « installation » n’a aucun sens. C’est une étape supplémentaire dans le train fantôme de l’Expo.

– Nous n’avons pas parlé de la qualité des expositions de l’Expo. J’ai seulement voulu dire que des questions similaires se posent (dans une installation) et c’est incontestablement le cas. Par ailleurs il ne fait aucun doute que certaines expositions de l’Expo sont influencées par des artistes. Mais aujourd’hui les artistes eux-mêmes sont aussi influencés par des choses commerciales ou triviales. Aujourd’hui les influences ne sont pas à sens unique, il y a une perméabilité générale. L’exposition au sujet de l’eau à Neuchâtel pourrait très bien être une adaptation directe des expositions dans lesquelles j’ai utilisé l’eau. Je pense en particulier à l’une de mes expositions qui s’appelait Dive.

Vers la version allemande

Espace La Plage:

espace La Plage

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 23 août 2002

Claudio Moser

Claudio Moser: Chien errant jusqu’au 22 août 2021

Le Centre de la photographie de Genève présente les albums de photos de Claudio Moser. Non pas des livres, mais des albums dans lesquels il fixe les travaux qu’il juge les plus intéressants chaque année. Ainsi sont présentés 37 albums qui contiennent chacun 50 tirages. Par ailleurs il présente les albums vides à venir. On découvre également une vidéo sur trois écrans de la jonction de l’Arve et du Rhône.

Le musée des beaux-arts de Soleure présente une rétrospective des travaux de Claudio Moser, Vers l’Est, oeuvres 1995 – 2020 du 2 mars au 24 mai 2021.

L’exposition occupe toutes les salles du rez du musée. Elle est conçue comme un ensemble par l’artiste qui mélange différentes périodes avec des photographies, des vidéo, un film ainsi que quelques interventions spatiales sous la forme de peintures et de sculptures en papier mâché.

Le musée des beaux-arts de Thoune présente Claudio Moser Your shirt on my chair jusqu’au 5 juillet 2009

Le Helmhaus de Zurich présente une exposition de photographie contemporaine intitulée Welt-Bilder 2 du 30 novembre 2007 au 27 janvier 2008. Dans ce cadre Claudio Moser propose la totalité de son oeuvre photographique réalisé de 1977 à 2007 présenté dans 30 albums.

Claudio Moser expose de nouveaux travaux (photos et vidéos) à la galerie Skopia à Genève jusqu’au 29 avril 2006 en complément aux entretiens antérieurs je lui ai posé quelques questions sur ces nouveaux travaux:

1. Une nouvelle exposition à la galerie Skopia à Genève propose de découvrir jusqu’au 29 avril 2006 trois aspects différents de ton travail: des photos en grand formats, des petits formats et des vidéos. Peux-tu nous parler de la relation entre ces trois types d’oeuvres?

– Il n’y a pas de relations entre ces trois types d’oeuvres. Chaque série est pour soi. Dans les grand formats c’est l’image qui compte tout ce qui se passe dans le cadre. Dans les petits formats c’est le temps, la série, le titre, « nothing to do nowhere to go« , de 2000 à 2039 chaque année un tirage pour ce titre, 40 images, la moitié de ma vie probablement. Dans les vidéos c’est le concept, marcher dans le rythme de ma respiration, j’inspire, un pas, j’expire un autre pas (walking meditation selon Thich Nhât Hanh) pendant une heure, la durée de la cassette mini DV.  

2. Il me semble que le thème de l’exposition est toujours celui du promeneur?

– Oui, ce qui m’intéresse c’est ce qui se passe dehors, la lumière, les choses, les situations. Pour trouver je dois me promener, c’est la vitesse juste pour découvrir et comprendre. L’intellect et les émotions sont pleinement actifs.

3. Les tirages photographiques sont très travaillés qu’en est-il des films?

– Dans les tirages tout est là toute suite, le cadrage est travaillé, facile à comprendre, assez vite on peut entrer dans l’espace de l’image. Dans les videos le cadrage n’est pas travaillé, je ne regarde pas à travers le viseur, je suis concentré sur les pas. Si on regarde longtemps les vidéos on entre par le rythme dans l’espace de l’image. L’effet travaillé arrive beaucoup plus tard que dans les tirages photographiques.

4. As-tu d’autres projets d’expositions?

– Non.

L’art en jeu 9 avril 2006

L‘art en jeu. Questions à Claudio Moser

Claudio Moser (1959) est un photographe dont les travaux ont été présentés dans de nombreuses expositions en Suisse et à l’étranger, récemment à la Kunsthalle de Bâle et au Musée de Schaffhouse. En 1995-1996 il a fait un séjour à New York et il vient de passer six mois à Londres. Je lui ai posé quelques questions sur son travail auxquelles il a bien voulu répondre en Français bien qu’il soit de langue allemande.

L’artiste, et plus particulièrement le photographe, est-il un passant, un promeneur?

Oui.

Quels sont tes projets ?

Etre un promeneur. Chaque jour, faire des découvertes.

Tu viens de séjourner à Londres, veux-tu décrire quelque chose qui t’a frappé?

L’architecture est assez neutre, il n’y a pas partout des signes qui te dises, que tu es à Londres. L’iconographie de la ville n’est pas très caractéristique, sauf les taxis, les vieilles cabines de téléphone, la Tate Modern. Pour moi c’était agréable, parce que je pouvais photographier même au centre ville. A Rome, à Paris, à New York c’était presque impossible. J’ai dû aller à la périphérie des villes. Pour moi il est important, que le spectateur de mes photos ne puisse pas les localiser géographiquement. Je ne veux pas provoquer des souvenirs touristiques, je cherche quelque chose de plus abstrait, de plus vide.

Un peu de technique. Tu as découvert l’héliogravure, assez récemment je crois, ou du moins tu l’emploies de plus en plus. Est-ce une réaction à certains développements techniques comme la photo numérique?

Non. J’ai utilisé trois fois l’héliogravure, en 1995, en 1999 et en 2000. Trois fois la technique photographique ne suffisait pas, parce que l’information est à la surface. Chaque fois j’ai cherché le mélange entre information et support. Je voulais, que l’image pénètre dans le papier, cela a quelque chose à voir avec le sentiment que j’avais quand j’ai pris la photo.

Quelle place donnes-tu au noir-blanc, respectivement à la couleur?

Quand ce sont les structures et la lumière qui me frappent, je prends les photo en n.-b.

Quand ce sont les couleurs, les structures et la lumière qui me frappent, je prends les photos en couleur.

Et quand j’ai envie d’une certaine tristesse ou quand je vois la tristesse, je prends plutôt le n.-b.

Et quand j’ai envie de la peinture ou quand je vois la peinture, je prends plutôt la couleur.

Voudrais-tu prendre position par rapport aux verbes qui suivent, que l’on utilise souvent lorsque l’on décrit le travail d’un photographe : documenter, non. archiver, non. raconter, non. exprimer, peut-être, un peu, je ne sais pas.

Tu photographies des paysages qui peuvent être ouverts ou fermés: un mur, une grille, les feuilles d’un arbre. Comment se développe le passage de la perception à la réalisation. 

C’est l’objet ou la lumière ou la lumière sur l’objet qui me frappe, je fais le cadrage sans la caméra, et quand j’ai trouvé la place juste je prends la photo, mais cela doit aller vite, et après le click je continue tout de suite à me promener, je veux rester dans le mouvement, une certaine forme de méditation.

Est-ce l’expression délibérée d’un état d’esprit?

Je ne comprends pas très bien, peut-être c’est mon français qui ne comprend pas, je comprends chaque mot, mais je ne comprends pas la question.

J’essaie quand même. Dans un certain état d’esprit je vois des choses qui correspondent avec mon état d’esprit, alors c’est oui?

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Suite de l’entretien en mars 2002 à l’occasion d’une exposition qui sera présentée au Fotomuseum de Winterthour du 6 avril au 2 juin 2002.

Dans la première partie de cet entretien nous avons parlé de ton séjour à Londres et des aspects essentiels de ta démarche, des éléments qui motivent tes choix techniques et les motifs abordés. Nous reprenons notre conversation écrite à l’occasion d’une exposition que tu présenteras sous peu au Fotomuseum de Winterthour. 

1. Peux-tu nous décrire les oeuvres ou les aspects principaux de ton travail que tu as choisi de présenter?

A Winterthour je vais présenter les espaces urbains, les forêts et les paysages. 25 grands formats (151 x 229cm). Pour moi c’est comme la bande d’un film qui se déroule dans les quatre salles du Fotomuseum. Le spectateur peut se promener d’un thème à l’autre. Il peut construire son propre film.

2. Quelle place prennent les expositions dans ton travail? Est-ce que tu réalises des oeuvres pour une exposition précise?

Pour moi un travail est terminé, quand il est exposé, quand il n’est plus dans mon atelier: ça donne une distance qui est importante pour moi. C’est l’espace de l’exposition qui me donne un sentiment, qui détermine mon choix. Je construis une composition pour le lieu. Pour Winterthour j’ai fait 12 nouveaux travaux et 13 travaux sont déjà existants (1999-2001).


Le musée de la photographie de Winterthour présente l’ exposition Walk On de Claudio Moser du 6 avril au 2 juin 2002.

Vous trouverez un cv et des exemples du travail de Claudio Moser sur les sites suivants:

http://www.palazzo.ch/Kunsthalle/archiv/99_1/kuenstler/moser.html

Patrick Schaefer, L’art en jeu, le 25 septembre 2001 et le 12 mars 2002.

Arts et cinéma

Arts et cinéma 4 septembre – 3 janvier

Fondation de l’Hermitage

L’exposition réalisée avec Dominique Païni et la cinémathèque française propose une passionnante histoire du cinéma « non narratif » plastique de l’époque impressionniste à la nouvelle vague. Elle montre la richesse des relations et des métissages entre peinture, dessin et cinéma. Sur un canevas général formé de courts extraits de très nombreux films viennent se greffer des oeuvres d’art souvent sélectionnées dans les collections suisses. Le parcours est vaste et varié rencontrant tous les principaux mouvements artistiques, l’impressionnisme, le cubisme, l’expressionnisme, le surréalisme, le constructivisme russe et enfin la nouvelle vague et plus particulièrement Jean-Luc Godard.

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Markus Raetz 

Markus Raetz 1941 – 2020

Berne 8 septembre 2023

Markus Raetz oui non jusqu’au 14 janvier 2024.

Première exposition des sculptures de l’artiste après son décès la présentation du musée de Berne occupe les salles de l’ancien bâtiment, au rez-de-chaussée sont réunies les oeuvres qui demandent au spectateur de bouger pour découvrir des images, des anamorphoses. Au premier étage ce sont plutôt les oeuvres en mouvement avec une audacieuse tentative de reconstituer l’atmosphère de l’atelier de l’artiste où un fil de fer suspendu devient figure, l’évocation de l’éphémère, des nuages qui passent, de la lumière qui évolue, la poésie au quotidien. Le catalogue de l’exposition présente ces photos d’atelier. Par ailleurs cette exposition coïncide avec la publication du catalogue raisonné des sculptures.

Markus Raetz, le reflet des mots jusqu’au 10 juillet 2022

La Fondation Michalski à Montricher, au pied du Jura, près de Morges, présente les travaux sur les mots et les anamorphoses auxquels l’artiste a réfléchi tout au long de sa carrière. Sous la forme de dessins, d’estampes et, surtout à la fin de sa carrière, de sculptures. On découvre ainsi la permanence de réflexions sur plusieurs décennies avant la concrétisation d’un projet dans l’espace.

Markus Raetz gravures et sculptures

A l’occasion d’une nouvelle édition mise à jour du catalogue des estampes de Markus Raetz (1941 – 2020), le musée des beaux-arts de Berne, puis le musée Jenisch à Vevey annoncent une exposition des gravures et sculptures de Markus Raetz en 2014.

Au musée de Berne cet ensemble de gravures de l’artiste, complété par des sculptures et quelques carnets de croquis occupe tout le sous-sol jusqu’au 18 mai 2014.

Le catalogue raisonné recense plus de 350 estampes, une sélection impressionnante couvrant les différentes périodes créatrices de l’artiste est proposée. On découvre comment chez Raetz, la recherche artistique, ici en l’occurence le travail avec les moyens de reproduction, est au service d’une réflexion plus large sur la représentation, le mouvement, le regard et l’oeil. Markus Raetz incarne à mes yeux toute la différence qui existe entre un créateur obsessionnel qui fait un peu toujours la même chose et un créateur qui se pose toujours les mêmes questions, mais les traite de manière complètement différente. Il aborde les questions fondamentales de la représentation de la figure, du paysage, de la lumière et du mouvement, du point de vue, à travers des techniques diverses et avec humour.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 31 janvier 2014

Bâle, musée des beaux-arts, Markus Raetz. dessins 20 octobre 2012 – 17 février 2013.

Sculpteur, graveur et dessinateur, passionné par les illusions de la perspective et la représentation du mouvement. Markus Raetz note constamment ses idées dans des carnets, on recense plus de 30’000 dessins à ce jour. C’est cette intensité du travail créateur que l’exposition tente de montrer en se concentrant sur des aspects moins vus dans les expositions antérieures consacrées à l’artiste. Une large place est en effet consacrée au paysage dans son travail et au ruban de Moebius. L’exposition met en relation des travaux anciens et actuels. La première salle est consacrée à une sculpture d’après Man Ray de 2004 – 2005 qui implique une mise en rotation de deux cylindres confrontés. Plus loin on retrouve des études pour MIMI avec un modèle en allumettes et des scènes de couples entre 1976 et 1989. On voit comment l’artiste se positionne par rapport à des mouvements antérieurs de l’histoire de l’art non seulement Duchamp et le surréalisme, mais aussi le divisionnisme ou l’art nouveau et le japonisme. On trouve Monika et les autoportraits de l’artiste avant de découvrir les carnets d’esquisses dans des vitrines. Un dessin animé de 1971 formé de 1’525 dessins est encore présenté. Le travail avec les polaroids et les anamorphoses est évoqué dans les salles du rez-de-chaussée. La fragilité et l’éphémère avec les dessins dans le sable et les compositions formées de feuilles d’eucalyptus. Une salle est en grande partie consacrée à l’évocation d’un projet éditorial de 1980 Impressions d’Afrique de Raymond Roussel et l’exposition s’achève avec les travaux sur les lettres et la double lecture comme YES – NO.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 17 décembre 2012

La Bibliothèque nationale de France consacre une exposition à l’oeuvre gravé de Markus Raetz: Markus Raetz estampes / sculptures 8 novembre 2011 – 12 février 2012.

Le Mamco propose une nouvelle série de monographies associées à l’accrochage habituel de certaines salles Cosima von Bonin, Nina Childress, Mai-Thu Perret (Prix Manor) et Markus Raetz jusqu’au 18 septembre 2011. Le dernier étage est entièrement consacré aux sculptures de Markus Raetz avec une présentation qui associe des oeuvres depuis 1990 à des développements récents. On retrouve les anamorphoses de têtes, d’objets, les jeux avec les mots oui et non, Alice, par exemple. La mise en mouvement par de petits moteurs de figures découpées. La dernière salle est consacrée à des mobiles qui évoquent la figure humaine ou des formes géométriques. (prolongée jusqu’au 2 octobre 2011)

Markus Raetz figure dans l’exposition des galeries nationales du Grand Palais: Une image peut en cacher une autre: Archimboldo, Magritte, Dali, Raetz entre autres (commissaire Jean Hubert Martin) 8 avril – 6 juillet 2009. La dernière salle de l’exposition est entièrement consacrée à ses sculptures qui jouent sur l’anamorphose.

Présentation de l’anamorphose oui – non à Genève: http://www.fondationbarbour.ch/culture_projetsencours_Raetz_video.php

Un film de 75 ‘ d’Iwan Schumacher consacré à Markus Raetz sort en septembre 2007

Carré d’art à Nîmes propose 196 oeuvres de Markus Raetz jusqu’au 7 mai 2006

Aarau, Kunsthaus

Markus Raetz Nothing is lighter than light jusqu’au 28 août 2005.

Cette exposition reprend l’exposition du centre européen de la photographie présentée à Paris en 2002, avec quelques compléments et une nouvelle sculpture. Elle met en évidence l’importance des procédés photographiques, qu’il s’agisse d’héliogravures ou de polaroïds, dans l’oeuvre d’un artiste qui n’est pas photographe.

Markus Raetz « Nothing is lighter than light » Maison européenne de la photographie du 13 décembre 2002 au 9 mars 2003

Pour Markus Raetz les expositions sont une grande installation qui lui permet de mettre en évidence divers aspects de son travail en confrontant des périodes et des techniques différentes. Il est ainsi passionnant de découvrir d’une exposition à l’autre quel regard, quel aspect de son oeuvre il propose de souligner. En investissant un lieu dédié à la photographie, il fait découvrir l’alchimie de son travail, car pour lui la photographie tout en lui offrant l’occasion de poser les problèmes fondamentaux de la représentation est aussi un instrument de travail essentiel avec lequel fixer l’éphémère et développer des idées, en s’appuyant sur les étapes antérieures enregistrées par un polaroïd. C’est du moins ce qui apparaît dans cette exposition.

Elle s’étend sur trois étages. Les deux salles principales sont au deuxième étage. Dans un ordre partiellement chronologique l’artiste présente, par le dessin, la photographie, la sculpture certains thèmes récurrents. On découvre ainsi le rapport au portrait avec l’évocation de figures célèbres, des icônes, comme Elvis ou Marilyn qui aboutit finalement à un travail sur l’écrivain Robert Walser. Le portrait, mais aussi l’évocation du corps de la femme sont montrés ici sous différentes formes. La photographie, et au sens plus large, l’image comme reflet et comme construction, reproduction, projection sont au coeur des recherches de Markus Raetz.

Une œuvre emblématique que l’on retrouve dans ses expositions est Zeemannsblik, 1987, il s’agit d’une plaque de zinc ondulée pour marquer une ligne d’horizon, non peinte, qui selon la lumière, la distance renvoie des effets de paysages très différents; placée à l’extrémité d’un long corridor elle fonctionne très bien ici. Différentes variations sur ce thème sont encore présentées qui permettent d’associer paysages, horizon et profil. Le premier étage est consacré aux relations entre l’image mobile, immobile, après la Roue de Hecht, des photos de visages sur une roue qui tourne, on découvre un dessin animé Eben, 1971 formé de 1525 dessins. Une autre œuvre-clef Drehungen, 1982, 16 photographies noir et blanc qui suggèrent le mouvement d’une tête, est présentée dans un espace spécialement construit pour ce travail. Elle est précédée par une série de figures modelées en terre et fixées par un polaroïd intitulée Rampeurs, 1981. Il faut encore signaler plusieurs travaux sur de petits écrans, notamment Daumkino. Enfin au sous-sol Kopflose Mühle, 2002 une réalisation nouvelle, consacrée au vide, au plein, au profil, avec des silhouettes de visages taillées dans des plaques de métal en mouvement est présentée.

En exposant à la maison européenne de la photographie, Markus Raetz était amené à mettre en évidence le rôle de cette technique dans son travail. On voit ainsi qu’il utilise les polaroïds comme documents qui permettent de fixer un moment d’une recherche. Ils permettent aussi d’élaborer les séquences de son travail. Par ailleurs l’exposition-installation permet une réflexion très dense sur la représentation, la perception du spectateur, les méthodes de construction de l’image, enregistrement, réfléchissement, projection. Il faut encore ajouter la relation au temps, éphémère, passager, fixé, immobile, en mouvement.

Markus Raetz est présenté à Paris à la Maison européenne de la photographie jusqu’au 9 mars 2003.

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 26 février 2003

Centre Pasquart Markus Raetz jusqu’au 2 septembre 2001

Rétrospective et mises en perspective de Markus Raetz

Pour commencer quelques mots-clefs qui permettent de caractériser les œuvres et l’option de travail de Markus Raetz: Observer/ construire/ écouter/ léger/ éphémère/ dessin/ trait/ ligne/ spirale/ perception/ interprétation/ sens/ signification/ idée/ réalisation/ humour/ jeu/ mouvement/ anamorphose/ espace.

Depuis la fin des années 1960 Markus Raetz est une figure importante de l’art suisse. Il a effectué des séjours à l’étranger et son travail a été montré à Amsterdam, New York, Londres et Valence notamment. Il associe la mise en valeur du dessin comme instrument de recherche et de perception avec des travaux qui relèvent de l’art conceptuel et cinétique.

Les nouveaux espaces du CentrePasquArt à Bienne ont des caractéristiques bien distinctes. Au premier étage, une enfilade de salles aboutit à une pièce rectangulaire, étroite et très allongée. C’est dans cette salle que Markus Raetz a placé ses travaux les plus récents dédiés au mouvement réel.

Deux plaques électriques chauffantes fonctionnent. Au-dessus, bien plus haut, on découvre divers éléments métalliques disposés en spirale dans lesquels on peut percevoir un visage. Ils sont mis en mouvement par la chaleur. Le long d’un mur, à quelques centimètres de distance, un nombre considérable de figures, formées de plumes, de fils de fer, d’éléments en plastique, dansent ou se meuvent plus ou moins vite. L’artiste, créant une foule de personnages intrigants, a rassemblé dans cette frise un résumé de ses préoccupations sur la ligne dans l’espace et le mouvement, car ce dernier qu’il soit réel ou virtuel le passionne.

Markus Raetz met en perspective, en rétrospective des travaux récents ou très anciens dans cette exposition du CentrePasquArt. Dessins, aquarelles, jeux de mots sont présentés aux cimaises et dans des vitrines. Ils retracent le cheminement d’une réflexion plastique qui poursuit depuis 40 ans les mêmes questions en renouvelant leur formulation.

Au second étage, une grande salle presque carrée l’a conduit à rassembler les diverses sculptures éditées en bronze qu’il a développées en créant des anamorphoses. Mickey Mouse, la pipe de Magritte, le lièvre et le chapeau de Beuys, en particulier.

L’œuvre de Raetz est discrète, poétique, éphémère parfois; elle varie selon l’instant. Les mots désignent, expriment, affirment, chez Raetz comme chez Magritteou chez Edward Ruscha, ils prennent possession de l’espace réel, créé par l’artiste.

Pour fixer l’instable, le passager, l’éphémère des photographies de Jennifer Gough-Cooper accompagnent l’exposition (The domain of M. R. as seen by Jennifer Gough-Cooper, a photographic essay).

On retrouve ces photographies dans un coffret qui accompagne l’exposition et comprend en plus la reproduction de 80 dessins, les photographies de 26 sculptures et un texte de Andreas Meier, « Ah-Oh, les mots métamorphosés et les travaux linguistiques ».

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 27 juin 2001.

Sons et lumières

Je réunis sur cette page les comptes-rendus d’expositions qui traitent des relations entre l’image et le son. Un thème de plus en plus souvent abordé.

Bâle / Riehen 6 octobre 2019

Fondation Beyeler: Resonating Spaces: Leonor Antunes, Silvia Bächli, Toba Khedoori, Susan Philipsz et Rachel Whiteread jusqu’au 26 janvier. En parallèle sont présentées les oeuvres de la collection Staechelin et de la collection Beyeler jusqu’au 19 mai 2020.

La Fondation Beyeler invite cinq artistes qui explorent l’espace par le son, l’installation, le moulage et le trait. Le paradoxe de sculptures immatérielles est développé par Susan Philipsz,  alors que deux artistes, Silvia Bächli, Toba Khedoori, s’expriment par le dessin, les deux autres déclinent des formes très différentes d’expression dans l’espace: Leonor Antunes sature une grand espace de cordages, miroirs qui renvoient à des archives personnelles. Rachel Whiteread qui s’est fait connaître par un mode de travail moulant le vide réagit à une toile de Balthus en dépôt à la Fondation par une série de moulages reprenant des éléments architecturaux de la toile. Elle utilise du papier mâché coloré, plaçant sur le mur opposé à la toile ces blocs qui reprennent les volumes des fenêtres du bâtiment peint par Balthus. Par ailleurs un volume noir est installé dans l’espace créant un premier plan lorsque l’on regarde le tableau. Toba Khedoori réalise d’immenses dessins sur des papiers préparés avec de la cire, elle répète des éléments comme les fenêtres d’une façade, les grillages d’une clôture ou les chaises d’une salle de spectacle. Silvia Bächli trace des lignes au pinceau souvent aux limites de la feuille faisant le centre vide et suggérant d’autres espaces. Toutes ces oeuvres sont en relation avec les sons de l’installation de Susan Philipsz que l’on entend partout!

A signaler que le musée Tinguely présente l’oeuvre de l’artiste néozélandais Len Lye (1901 – 1980) qui fut un précurseur de l’usage du son dans les oeuvres du 23 octobre au 26 janvier 2020.


Paris. Musée de l’Orangerie: Debussy, la musique et les arts jusqu’au 11 juin 2012 évoque l’univers  visuel du compositeur et par la même occasion, le milieu social dans lequel il évoluait, les goûts de ses proches. Elle met en valeur les collections du musée d’Orsay tout en étant complétée par des prêts. Les oeuvres choisies sont très belles et vont de Renoir à Henri Edmond Cross, Burne Jones, Maurice Denis, Vuillard pour terminer avec Kandinsky et Kupka. Une large place est faite aux arts décoratifs et aux collaborations du compositeur pour son opéra et les ballets qu’il créa. Continuer la lecture

Rencontres d'Arles 2019. 50 ans d'affiches

Rencontres d’Arles 2001 – 2019

Rencontres d’Arles 2019. 50 ans d’affiches

Arles 2019 50 ans, 50 expos du 1er juillet au 22 septembre

Un passage rapide, trop rapide, le samedi 21 septembre pour découvrir la totalité du déploiement d’expositions proposé à Arle, à l’occasion de ce cinquantième anniversaire.

Une quantité de lieux ont été investis. On constate un partage entre des expositions historiques et d’autres tournées vers la production actuelle, regroupée autour de thèmes. La visite commence par le cloître Sant- Trophime, le palais de l’Archevêché, l’église Sainte-Anne, l’église des Trinitaires qui retrace l’histoire du festival, l’espace van Gogh avec une superbe présentation des travaux de Helen Levitt. A quelques pas de l’église Sant-Trophime, la Fondation Manuel Rivera-Ortiz présente un grand nombre d’expositions.

Ensuite je me rends aux ateliers de la mécanique pour voir l’évolution des diverses constructions. Continuer la lecture