Cy Twombly

Paris 7 décembre 2016: Centre Pompidou jusqu’au 30 avril 2017; Cy Twombly (1928 – 2011)

Le centre Pompidou consacre une rétrospective à cet artiste devenu un véritable objet de culte, en présentant, toiles, dessins, sculptures et photographies. La rétrospective Twombly est judicieusement complétée par les photographies de graffiti de Brassai dans la galerie du sous-sol consacrée à la photographie, qui permet de retrouver le contexte d’une sensibilité caractéristique des années 1950.

Dès le début de sa carrière Twombly a empoigné de grandes toiles couvertes de peinture blanche sur lesquels il a inscrit des textes, poésies, récits, évocation, traitant la toile comme un mur sur lequel s’inscrit un graffiti. Peu à peu la peinture est devenue de plus en plus sensuelle, mais il a continué ses inscriptions. Il renvoie à l’idée d’un panorama en réalisant des séries et il évoque l’histoire, la Guerre de Troie, L’Egypte par exemple avec Coronation of Sesostris, 2000.

Installé en Italie pour la plus grande partie de sa vie il y a dans ses œuvres une référence explicite aux mythes, à l’histoire antique, maison trouve aussi, moins souvent mentionnée, une autre référence vers les artistes de la peinture métaphysique et surtout vers Morandi. Face à ses toiles on pense plutôt à la nature morte ou au paysage, d’ailleurs le fait que Twombly s’exprime par cycles, par des séries de toiles, évoque particulièrement les Nymphéas de Monet. Car si l’on parle de peinture d’histoire, elle ne se manifeste que par l’inscription de noms comme Achille, il n’y a pas de représentation, mais une désignation, une invocation qui s’inscrit au-dessus d’une peinture dense, animée. Bien que Twombly fasse de la « peinture pure », il invoque l’histoire, la mythologie ou même une actualité tragique comme la guerre d’Irak par un commentaire, par l’inscription de noms sur la toile, procédant à une étonnante synthèse de l’écriture et de la peinture bien différente d’Henri Michaux, Christian Dotremont ou Mark Tobey. Il conserve la sensualité de la peinture malgré l’écriture, il est parvenu à associer deux coulures, deux flux celui de la peinture et celui de l’écriture.

Comme d’autres artistes du XXe siècle,Duchamp,  Rauschenberg, Picasso, Twombly est un peintre-sculpteur. De l’intérêt porté aux inscriptions des graffiti sur les murs, il a retenu la capacité de mettre en valeur les fragments les plus modestes. Ainsi de ses sculptures formées de petits fragments de bois trouvés et blanchis avec du plâtre. Elles deviennent autant de stèles, de navires et affirment une esthétique de la fragilité. Le fragment le plus modeste, une fois mis en scène, sélectionné devient monumental.

Le musée Brandhorst à Munich consacre en permanence un étage formé de trois salles à cet artiste. Les salles et leur accrochage ayant été conçus en collaboration avec lui. L’une présente les peintures de la série Lépante exposée à la Biennale de Venise en 2001. Dès 1985, il s’est installé à Gaeta près de Naples. Depuis 1992, il s’est intéressé à la métaphore du passage entre la vie et la mort exprimée par les bateaux. Il a aussi conçu un cycle de peintures de roses pour une salle de ce musée en 2008. Les photographies de Twombly y sont également exposées. On relèvera encore que plusieurs toiles parmi les plus importantes de la rétrospective parisienne proviennent de la collection Brandhorst, notamment Summer Madness, 1990.

Tacita Dean  a réalisé un très beau film sur Cy Twombly, Edwin Parker, en 29′, elle suit une journée dans l’atelier de l’artiste quelques mois avant sa disparition.