Paris, Maison de Victor Hugo: Louis Soutter / Victor Hugo. Dessins parallèles jusqu’au 30 août 2015. A la recherche d’artistes qui ont une pratique du dessin comparable à celle de Victor Hugo, le musée dédié à l’écrivain dans la maison qu’il occupait, place des Vosges, réalise une impressionnante exposition qui recherche les parallèles entre l’œuvre de Hugo et celle de Louis Soutter. Les prêts proviennent du musée des beaux-arts de Lausanne et de la Fondation Le Corbusier, mais aussi et surtout de collections privées. Elle offre des cheminements étonnants dans l’œuvre des deux atistes. Extrêmement subtile et raffinée dans la sélection des œuvres, cette présentation à la mérite de montrer l’intensité de la charge culturelle qui caractérise Louis Soutter. On réalise qu’une part de son imaginaire est habitée par les châteaux et la vie néo-médiévale que l’on trouve dans les livres de Hugo. Pour souligner ce lien avec la littérature de nombreux livres dont Louis Soutter a orné les marges sont présentés.
Il y a plusieurs années que l’on observe une tentative de mieux situer l’oeuvre de Louis Soutter dans le contexte général de l’histoire de l’art. J’avoue que la réalisation de la maison de Victor Hugo me parait beaucoup plus pertinente que l’exposition dont je réactive le compte-rendu ci-dessous.
2002-2003 Louis Soutter et les modernes
L’exposition Louis Soutter (1871-1942) et les modernes occupe tout le deuxième étage du Musée des beaux-arts de Bâle. Plus de 200 oeuvres ont été réunies. Trois salles scandent l’exposition en présentant des toiles contemporaines de l’aventure intérieure de Soutter. La première est consacrée au cubisme, la deuxième à l’expressionnisme et la troisième à Klee, Giacometti, Max Ernst et Picasso. Une manière d’évoquer le contexte autour duquel se développe le travail de Soutter, mais cela fait ressortir avant tout l’extrême singularité de sa démarche. La confrontation est un peu pataude, car il serait sans doute plus pertinent de le comparer avec des travaux sur papier des différents artistes évoqués, puisque à de très rares exceptions près la quasi-totalité de l’xuvre de Soutter a été réalisée sur ce support. Les six premières salles de l’exposition présentent les dessins des cahiers réalisés entre 1923 et 1930. Les travaux ont été réunis par thèmes pour illustrer les diverses préoccupations de l’artiste et ses cheminements créatifs : Les passions, l’amour, l’exode, les saints. On découvre ses travaux sur les formes végétales et sa façon de travailler d’après des reproductions d’oeuvres anciennes, notamment Carpaccio et Michel-Ange ce qui souligne les liens qu’il maintient avec la culture. Dans la grande salle intermédiaire ce sont les rapports de Soutter avec l’architecture qui sont évoqués par des dessins d’architectures appartenant à diverses époques et par ses interventions dans des livres: le Voyage au pays des sculpteurs romands d’A. Forel et Une maison – un palais par exemple. A la recherche d’une unité architecturale de Le Corbusier. Enfin l’exposition se poursuit par six salles entièrement consacrées aux encres noire et peintures au doigt qui déploient une terrible bacchanale d’ombres noires, échevelées et oppressantes. C’est une danse des morts qui se développe, reprend et atteint des paroxysmes d’angoisse insoutenables. Les titres des salles repris de certaines inscriptions sur les dessins le disent assez : « Mise en scène du Crucifié », « Si le soleil ne revenait », « Lutte avec les démons ». L’inquiétude devant l’approche de la guerre rejoint les angoisses intérieures de l’artiste. Alors même que son langage s’est libéré et a pris plus d’expansion, ce qui correspond à une certaine reconnaissance par un tout petit cercle d’amis (René Auberjonois et Le Corbusier notamment). Öffentliche Kunstsammlung, Bâle jusqu’au 5 janvier 2003. L’art en jeu, 9 octobre 2002
L’exposition Louis Soutter et les modernes est reprise sous une forme assez différente à Lausanne. Au Musée des beaux-arts, Louis Soutter est confronté à quelques aspects de l’art de son temps: le purisme avec Le Corbusier, Juan Gris, Ozenfant et Léger, mais aussi des artistes qu’il a rencontrés René Auberjonois et Marcel Poncet. Enfin un parallèle est suggéré avec le cinéma muet. Comme violoniste il a en effet accompagné de nombreux films muets et l’on a avancé l’hypothèse d’une relation entre les silhouettes de l’écran et ses peintures au doigt. Un autre développement parallèle est évoqué avec les travaux de Georges Rouault. La collection de l’art brut propose un aspect différent de l’artiste sous le titre Louis Soutter et la musique.
Jusqu’au 4 mai 2003 Musée cantonal des beaux-arts, Lausanne