Teresa Hubbard / Alexander Birchler

Le pavillon suisse à la Biennale de Venise 2017, présente des travaux de Teresa Hubbard et Alexander Birchler sur le thème Femmes de Venise. Je transfers un article sur ces artistes sur la nouvelle version du site.

Flora 2017

Dans le pavillon suisse sous le titre Femmes de Venise, on nous raconte aussi une histoire. Partant du constat qu’Alberto Giacometti n’a jamais exposé dans ce bâtiment pourtant construit par son frère Bruno, on découvre une double exposition. Dans la cour les sculptures de Carol Bove, dans la salle un film de Teresa Hubbard et Alexander Birchler,

Le couple joue sur la dramatisation et l’on ne sait ce qui est vrai ou imaginé. L’histoire de Flora Mayo qui aurait été l’amie d’Alberto pendant quelques années est racontée par son fils David. Il n’y a qu’une bande sonore, mais deux films, il faut prévoir une heure pour voir les deux versants. D’un coté, une reconstitution de la vie de Flora par une actrice et de l’autre David faisant son récit aux Etats-Unis, puis en Suisse. Si l’on écoute bien, on déduit qu’il serait le fils d’Alberto ?


Teresa Hubbard / Alexander Birchler No Room to Answer

Le Kunsthaus d’Aarau consacre une rétrospective à Teresa Hubbard (1965) & Alexander Birchler (1962), jusqu’au 8 novembre 2009.

Elle rassemble des photographies et des vidéos réalisées de 1991 à 2008 par ce couple artistique. Cette rétrospective permet de mesurer l’ampleur et la continuité d’un travail qui associe photographie et vidéo. Leur méthode caractéristique consiste à créer une atmosphère visuelle dramatique, tendue, obtenue par les éclairages. La prise de vue est soutenue par le récit qui sous-tend la réalisation. Mais ce récit est elliptique, il laisse une part importante à nos suppositions, à l’incertitude des causes d’un drame. A moins qu’il n’y ait pas de drame, le temps et les tensions restent suspendus avec parfois un climax. Il peut s’agir d’un homme qui passe l’aspirateur dans sa chambre Gregor’s room, 1999, d’un instrumentiste qui joue du cornet ou d’une femme qui fonce dans le mur de sa maison au volant d’un fourgon dans Single Wide, 2002, ou encore de cette petite fille qui assiste au désastre de son anniversaire pris sous la pluie de la mousson dans Eight, 2001. La scène est filmée comme s’il s’agissait d’une tragédie épouvantable, mais, à la fin, le bruit de fond de la maison semble indiquer que l’anniversaire se poursuit paisiblement à l’intérieur.

Une série de photos comme Falling down, 1996 illustre bien cette recherche de moments où le temps est suspendu, ici il s’agit d’objets que les gens laissent tomber. Alors que dans Holes, 1997, les modèles sont surpris sous des angles inattendus à travers des trous dans l’espace intérieur. La réalisation la plus récente des deux artistes est un documentaire de 54′ intitulé Grand Paris Texas, 2008. Ils sont partis enquêter sur la ville de Paris, Texas qui a inspiré le titre d’un film de Wim Wenders en 1984. Le film de Wenders n’a rien à voir avec cette ville dont le nom a simplement inspiré le titre. Pourtant différents témoins racontent les conséquences de cette célébrité soudaine pour la localité. En réalité, le film est un documentaire sur la fin du cinéma ou plutôt les fins puisqu’il remonte même au passage du muet au sonore. Tout en insistant, visuellement, sur la décrépitude, il évoque de possibles renouveaux.

Le site des artistes reproduit de nombreuses oeuvres: http://www.hubbardbirchler.net/

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 6 octobre 2009