Francis Picabia

Francis Picabia, « Notre tête est ronde pour que nos pensées puissent changer de direction » jusqu’au 25 septembre 2016

Le Kunsthaus de Zurich présente une vaste rétrospective Francis Picabia dans le cadre des célébrations du centenaire du mouvement dada. L’exposition est réalisée en collaboration avec le Museum of Modern Art de New York et de nombreuses oeuvres proviennent des musées et des collections américaines. Elle présente des oeuvres de premier plan, souvent de grande dimension et permet de découvrir les facettes étonnantes d’un artiste incroyablement versatile comme le souligne l’aphorisme choisit en sous-titre de la rétrospective. 150 toiles, des dessins, des lettres, des revues et le film Entr’acte sont à découvrir dans l’exposition. Ceci dit, je constate que je n’ai rien à ajouter au compte-rendu de l’exposition du musée d’art moderne de la ville de Paris en 2003, car les sections chronologiques sont exactement les mêmes. L’oeuvre exerce toujours la même fascination par l’ampleur de l’activité du peintre et par la radicalité de ses renversements. En consultant les livres proposés à la librairie, on découvre le versant helvétique de l’artiste, puisque sa seconde épouse était bernoise.


Francis Picabia, Singulier idéal, Musée d’art moderne de la ville de Paris jusqu’au 16 mars 2003

Il fut un temps où l’on partageait la carrière de certains artistes en bonnes et en mauvaises périodes. Aujourd’hui on tente de plus en plus de saisir la totalité de l’entreprise créatrice d’une personnalité. La rétrospective consacrée à Francis Picabia (1879-1953) au Musée d’art moderne de la ville de Paris est à cet égard exemplaire. Elle montre chaque période dans sa singularité et sa vigueur et rend justice à toute la carrière du peintre. Elle permet de saisir l’évolution de Picabia tout en appréciant son caractère toujours déroutant et provocateur. Les 9 salles de l’exposition évoquent 9 moments, périodes, modes d’expression distincts. On passe ainsi d’un post-impressionnisme brillant au dadaïsme, après une période orphiste. Puis viennent les réflexions, les réactions face au retour à l’ordre, l’ingrisme de Picasso notamment. Le ballet Relâche en 1924 avec le film Entr’acte que l’on peut voir ici. L’idée des transparences, superpositions d’images, de références culturelles et triviales, correspond au développement d’un style graphique. Bientôt ce sont les peintures très glamour, directement inspirées par les photographies de magazines érotiques, Paris sex appeal, etc.

Enfin toujours résolument engagé dans la peinture Picabia achève sa carrière en peignant des points de couleur plus ou moins abstraits. L’oeuvre présentée ainsi paraît d’une singulière actualité. Il faut relever que les artistes Peter Fischli et David Weiss sont mentionnés parmi les nombreux commissaires de l’exposition. Patrick Schaefer, L’art en jeu, 12 décembre 2002.