Révolution surréaliste

Philippe Halsman. Etonnez-moi mai 2014

Le musée de l’Elysée à Lausanne nous emmène dans une exposition pétulante et bondissante avec Philippe Halsman. Etonnez-moi jusqu’au 11 mai 2014. Le photographe favori de Dali, en fait un véritable complice, le portraitiste de Marylin Monroe et d’une quantité de personnalités. Enfin l’auteur d’une centaine de couvertures du magazine Life. C’est une exposition joyeuse et qui s’achève en invitant les visiteurs à faire un grand saut!


Musée national d’art moderne, Centre Pompidou

Le surréalisme et l’objet jusqu’au 3 mars 2014

L’exposition objets surréalistes est structurée autour des expositions surréalistes. Des diaporamas évoquant ces expositions sont projetés sur des écrans qui séparent les différents espaces. Une place particulière est accordée aux sculptures surréalistes de Giacometti, aux oeuvres plastiques de Calder et de Max Ernst, alors que la dernière salle est entièrement consacrée aux sculptures colorées de Miro, inspirées de divers objets quotidiens.

L’exposition n’est pas rigoureusement chronologique; des oeuvres d’artistes actuels ou modernes, marqués par les recherches surréalistes sont également présentées. Après une présentation de deux éléments plastiques essentiels pour les surréalistes, le ready made développé par Marcel Duchamp et Man Ray et le mannequin, mis en valeur par Giorgio de Chirico, on passe aux objets à fonctionnement symbolique et aux sculptures d’Alberto Giacometti qui furent revendiquées par les surréalistes. On évoque la rue surréaliste de 1938 pour présenter les oeuvres d’artistes contemporains marquées par le surréalisme: des photographies de Paul McCarthy et Cindy Sherman, une vitrine de Mark Dion remplie de petits paquets adressés au commissaire de l’exposition, un travail d’Ed Ruscha, des objets de Théo Mercier, Présence Patchounette notamment. La fascination de la poupée est encore évoquée par un fragment de film de Luis Garcia Berlanga avec Michel Piccoli, Tamano natural, Grandeur nature, 1973.

Sur huit expositions internationales du surréalisme, cinq sont évoquées. 1933, galerie Pierre Colle ; 1936, galerie Ratton; 1938, galerie des beaux-arts avec Marcel Duchamp comme « générateur – arbitre » ; 1947, galerie Maeght et enfin 1959 – 1960, galerie Daniel Cordier.

Patrick Schaefer, l’art en jeu, 17 décembre 2013


Le Museo Nacional Centro de arte Reina Sofia reprend l’exposition Salvador Dali jusqu’au 2 septembre 2013.

Centre Pompidou

L’exposition Salvador Dali ( 1904 – 1989) proposée au centre Pompidou du 21 novembre 2012 au 25 mars 2013 est une rétrospective qui couvre toutes les périodes d’activité de l’artiste et qui met en évidence la complexité de l’homme. Curieusement, d’une déclamation à un entretien télévisé ou un film, la voix et l’image de Dali accompagnent et imprègnent le visiteur du début à la fin du parcours. L’exposition débute avec quatre autoportraits et une vue de Portlligat, on entend aussi une déclaration de l’artiste. L’exposition rend compte de l’évolution chronologique, des prises de position souvent très contestables face à l’histoire de l’art ou à la politique de son temps, mais aussi de l’importance du théâtre et de la mise en scène qui aboutit au musée qu’il se consacre à Figueres. L’objectif est de montrer qu’en plus d’un peintre et un dessinateur éblouissant, il fut un précurseur de la performance. Ce que l’on observe chez beaucoup d’autres surréalistes d’ailleurs. Une large place est faite aux oeuvres qui réagissent, reprennent, interprètent l’Angélus de Millet.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 28 novembre 2012


Fondation Beyeler Riehen

Dali, Magritte, Miro, le Surréalisme à Paris 2 octobre 2011 – 29 janvier 2012 (musée royaux des beaux-arts, Bruxelles 16 mars – 15 juillet 2012.)

Le surréalisme a été un creuset de créativité exceptionnel pour des artistes qui ont par la suite chacun suivi leur voie en développant un style, une vision propre. Nombreux sont ceux qui ont acquis une popularité incroyable, alors que d’autres sont restés moins connus. Le surréalisme a aussi offert des exemples audacieux de présentation et de jeu dans l’exposition des oeuvres. Bien que les documents soient relativement rares, c’est peut-être ce qui fait la plus grande actualité du surréalisme aujourd’hui. L’exposition de la Fondation Beyeler a la bonne idée d’aborder ces aspects. Le dispositif des salles reprend une idée de l’exposition surréaliste de 1938 en nommant chaque espace comme une rue parisienne. Par ailleurs les personnalités et la collection de deux compagnes du surréalisme, la première épouse d’André Breton, Simone Collinet et Peggy Guggenheim qui fut quelque temps la compagne de Max Ernst sont évoquées. D’ailleurs les artistes surréalistes et leurs proches furent souvent marchands et collectionneurs et participèrent à la promotion des oeuvres de leurs collègues.

L’exposition évoque les principales personnalités du mouvement Dali, Magritte, Miro, Max Ernst et quelques caractéristiques fondamentales de la créativité surréaliste. Les artistes un peu moins connus comme Yves Tanguy, Victor Brauner, Hans Bellmer, André Masson, Francis Picabia, Hans Arp sont également présentés. Cette exposition s’appuie sur des oeuvres de la collection Beyeler pour des artistes comme Miro, Picasso ou Max Ernst, elle a obtenu de nombreux prêts en Suisse et à l’étranger pour réunir finalement près de 300 oeuvres qui offrent un beau parcours à travers ce mouvement.

Patrick Schaefer L’art en jeu 6 octobre 2011


Paris 27 novembre 2012

Le musée d’art moderne de la ville de Paris propose une intéressante exposition artistique et historique sur la production et la situation des artistes à Paris pendant la seconde guerre mondiale. L’art en guerre 1938 – 1947 de Picasso à Dubuffet jusqu’au 17 février 2013. L’exposition débute avec l’évocation de l’exposition surréaliste de 1938. Elle évoque notament l’ouverture du musée d’art moderne au Palais de Tokyo en 1942. Elle s’achève sous le titre anartiste avec Dubuffet et la découverte de l’art brut qui apparait comme une conséquence logique des rencontres, des renversements de valeurs entraînés par la guerre.


La Révolution surréaliste du 6 mars au 24 juin 2002

Paris, Centre Pompidou

A Londres on a pu découvrir le surréalisme sous l’angle du désir et de la sexualité; à Zurich on a pu voir les antécédents de la fortune critique du Marquis de Sade qui aboutit au surréalisme. En intitulant son exposition la Révolution surréaliste, l’exposition du Centre Pompidou semble vouloir renouer avec les enjeux et les ambitions historiques du surréalisme. Qu’en est-il ? Le commissaire de la manifestation, Werner Spies, est l’un des meilleurs spécialistes du mouvement. L’exposition se concentre sur la présentation des 20 années essentielles entre 1920 et 1940 environ. Elle s’attache à la production des artistes les plus connus dont elle propose de véritables petites rétrospectives. La sélection des oeuvres de Max Ernst, Miro, Dali et Magritte est particulièrement révélatrice, une place importante est également faite à André Masson et à Yves Tanguy.

L’exposition débute en rappelant la collaboration de Breton et Soupault dans la rédaction des « Champs magnétiques ». Elle présente des toiles de De Chricio et une peinture murale que Max Ernst réalisa pour Eluard en 1923 « Au premier mot limpide ». Puis sont évoqués le « Premier manifeste du surréalisme», les collages de Max Ernst, les rayogrammes de Man Ray, les premières peintures au sable de Masson en 1927 et l’idée d’écriture automatique. Suivent des groupes importants de toiles de Miro, Ernst, Picasso et Magritte. Une présentation intéressante de cadavres exquis réalisés par divers artistes attire l’attention sur les parentés très fortes qui existent entre les travaux de ces artistes à certains moments. Un autre concept surréaliste, la paranoïa critique, est illustré par de nombreuses toiles de Dali, en particulier les diverses versions de « L’Angélus » de Millet. Suivent des travaux de Picasso, Giacometti, Bellmer, une salle est consacrée au surréalisme et l’objet avec en particulier Meret Oppenheim. Les années 1930 sont évoquées avec Brauner, Dominguez et la décalcomanie enfin l’exposition s’achève sur le surréalisme en exil pendant la guerre avec des œuvres de Matta, Cornell et Duchamp.

L’exposition montre le foisonnement créatif, la fécondité des artistes concernés dans les années 1920, elle met particulièrement l’accent sur Max Ernst. Il s’agit d’une véritable célébration du mouvement qui repose sur une connaissance approfondie des œuvres, de leur localisation, qui parvient ainsi à montrer le meilleur de leur production. Si l’on considère la qualité des oeuvres réunies, on peut regretter la densité de l’accrochage, surtout pour une exposition qui aura de très nombreux visiteurs. Ceci dit en écartant tout didactisme, en mettant de côté toutes les problématiques récentes qui ont proposé de reconsidérer ce mouvement, l’exposition n’écarte pas les reproches habituels qui sont adressés au surréalisme. Ainsi dès le milieu des années 1930, on a l’impression que la qualité baisse, les décalcomanies de Dominguèz paraissent bien pâles lorsqu’on les compare aux collages et aux frottages de Max Ernst. L’exposition comme la vision traditionnelle du mouvement qu’elle propose semble s’effilocher. Elle ne fait pas évoluer la compréhension du public.

Il est saisissant de comparer cette présentation à celle qui fut proposée à Londres, il y a quelques semaines et qui est montrée au Metropolitan Museum à New York actuellement. Sur le plan de la qualité des oeuvres, de la satisfaction visuelle que l’on peut tirer de la visite de l’exposition, celle de Paris est très supérieure. Par contre au niveau de la compréhension de la cohérence artistique, de la signification des recherches des différents acteurs, il existe un véritable gouffre. Prenons un exemple: l’une des première salles de l’exposition londonienne qui explorait le thème du désir, présentait « La Mariée mise à nu par les célibataires, même » de Marcel Duchamp et des oeuvres traitant le thème de l’amour et de la machine par Picabia et Ernst. Elle permettait de comprendre la spécificité de l’approche de ce thème par les surréalistes et servait en somme de fil conducteur. L’exposition de Paris montre un collage de Max Ernst « La grande roue orthochromatique qui fait l’amour sur mesure », il est en tête d’une très belle série, sans aucun commentaire ou explication. On se demande ce que les visiteurs retiennent ou voient.

Ainsi cette exposition révèle fort bien le foisonnement créatif, les interactions, l’extrême proximité parfois des résultats obtenus par les différents protagonistes, par contre elle n’entre pas en matière sur les polémiques récentes ou moins récentes qui ont agité la fortune critique des surréalistes. Les enjeux philosophiques et politiques de leur démarche et les innombrables réactions qu’ils suscitent sont passés sous silence toute l’attention est portée sur la production plastique et visuelle.

Patrick Schaefer. L’art en jeu 12 mars 2002.

L’exposition sera présentée à la Kunstsammlung Nordrhein Westfalen à Düsseldorf du 30 juillet au 30 novembre 2002.


Tate Modern

Surrealism Desire Unbound jusqu’au 1er janvier 2002

En examinant le Surréalisme sous l’angle du désir, on peut dire que l’exposition de la Tate Modern aborde le sujet à bras le corps. Il ne s’agit pas d’une présentation chronologique qui distingue les diverses générations (celles-ci sont systématiquement mélangées) ou s’attarde sur les exclusions et multiples excommunications qui marquent la chronique surréaliste. L’exposition propose une approche globale, très correcte, qui met en évidence le caractère international du mouvement surréaliste et son extension temporelle sur près de 40 ans. Elle souligne les problématiques qu’il a suscité et leur héritage. Elle est divisée en 13 sections, correspondant à divers thèmes, qui proposent près de 450 œuvres et documents.

L’origine de la conception du désir, de la sexualité et de l’érotisme chez les surréalistes est bien expliquée par la présentation d’œuvres de Ernst, Picabia et surtout Duchamp. On a toutefois le sentiment que les dernières années sont davantage mises en évidence. Il est vrai que c’est 1959-1960 que Breton et Duchamp organisèrent à Paris une exposition intitulée « Eros ».

Après une toile de Max Ernst de 1923 en préambule, c’est La Mariée mise à nu par les célibataires, même, de Duchamp ( une reconstitution qui fut réalisée en 1965-66 par Richard Hamilton, ce qui souligne le lien avec la scène britannique des années 1960) qui occupe la première salle. Ceci pour mettre en évidence l’association entre désir et machine. Une approche mécaniste qui a été développée par les dadaïstes et Duchamp. La seconde salle est consacrée à l’influence de Freud, en particulier sa conception de la sexualité chez l’enfant. On y trouve notamment l’interprétation de l’histoire de Guillaume Tell par Dali qui date de 1930. Par ailleurs l’univers de de Chirico et son influence sur Max Ernst sont évoqués. Dans la troisième on trouve déjà des œuvres très tardives de Joseph Cornell, mais aussi les photos de Claude Cahun. La ville comme lieu de rencontre érotique laisse une place importante à Paul Delvaux. Une grande salle est consacrée aux écrits surréalistes, Breton, Eluard et Max Ernst en particulier.

L’influence du Marquis de Sade est également rappelée avec des oeuvres de Bellmer, Masson, Matta, Hérold, Toyen , notamment, l’exécution du testament du marquis en 1960 est évoquée. L’exposition s’achève sur les objets érotiques et présente des travaux de Dorothea Tanning et Louise Bourgeois.

L’exposition est intéressante, mais ne présente que peu d’œuvres majeures. Elle parvient toutefois à préciser la spécificité des développements du Surréalisme, sans refaire une exposition comme Fémininmasculin, le sexe de l’art, présentée au Centre Pompidou à Paris en 1995 qui avait dressé l’inventaire des influences du Surréalisme dans la manière d’évoquer la sexualité dans l’art contemporain.

L’exposition sera par la suite présentée au Metropolitan Museun of Art à New York du 6 février au 12 mai 2002.


Le Kunsthaus de Zurich présente une exposition sur le Marquis de Sade et le Surréalisme (Sade/ Surreal, le Marquis de Sade et les fantasmes érotiques des Surréalistes par le texte et l’image 30 novembre 2001 – 3 mars 2002). Elle met l’accent sur les écrits du Marquis et présente en quelque sorte sa fortune critique. Elle propose un parcours iconographique à travers les fantaisies érotiques des artistes de Füssli aux Surréalistes.

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 3 décembre 2001