Apprenant avec surprise le décès de Stefan Banz, je transfers sur la nouvelle version du site un entretien de 2002 et un compte-rendu d’une exposition au centre Pasqu’art à Bienne. ils correspondent à une première partie de sa vie , avant qu’il ne vienne s’installer à Cully avec une vision plus apaisée, mais toujours passionnée du monde.
L’association Kunsthalle Marcel Duchamp organise un symposium à Cully du 7 au 9 mai 2010 à la salle Davel à Cully. « Marcel Duchamp et la cascade du Forestay »
Centre PasquArt Bienne Laugh I nearly died jusqu’au 19 mars 2006
Au centre PasquArt à Bienne Stefan Banz propose quatre installations, réalisées ou adaptées pour cette exposition. Dans Laugh I nearly died l’on voit une remorque transportant les oeuvres de l’artiste partagée en deux, le mur du fond est recouvert d’un texte en lettres rouges. Avant d’entrer le visiteur a découvert une pièce plus ancienneEros, 1998, 1999, une rose rouge recouverte d’une éprouvette ou plutôt d’un présevatif géant.
A l’étage au-dessous un groupe de peintures évoque la musique des années 1960, alors que Les sirènes de l’abîme montre une voiture renversée derrière des parois de verre, l’on entend une chanson enregistrée par l’artiste et la scène est observée par 3 poupées suspendues au mur. L’ensemble dégage une impresion de malaise, de catastrophe survenue ou de rupture et la suite des installations apparaît comme autant d’indices offerts à la perspicacité du visiteur qui a pourtant peu d’espoir de trouver la solution de l’énigme. On sait que Stefan Banz aime les romans policiers et les romans à clefs puisqu’il en écrit, tout en jouant avec la capacité d’impact visuel d’une installation il suggère la narration.
Stefan Banz expose ses peintures conceptuelles 1996-2003 au Museum im Bellpark à Kriens du 17 mai au 6 juin 2003.
Stefan Banz expose Tokyo Bites à la galerie Donzévansaanen à Lausanne du 12 mars au 24 avril 2004.
Stefan Banz expose au Würtembergischer Kunstverein Stuttgart du 5 juin au 4 juillet 2004
Stefan Banz a été désigné comme commissaire du pavillon suisse aux Giardini pour la Biennale de Venise 2005. Alors que c’est Pipilotti Rist qui occupera l’église San Stae. On a ainsi semble-t-il voulu donner la parole à deux courants plutôt antagonistes de l’art contemporain suisse!
Stefan Banz (1961) est un artiste lucernois qui s’exprime par la photographie et la vidéo. Il aime aussi réaliser des installations, des livres, écrire, interviewer. Il expose à l’espace La Plage à Neuchâtel, rue des Sablons 46, une installation intitulée The Island jusqu’au 22 septembre 2002.
J’ai voulu lui poser quelques questions sur son travail à cette occasion.
1. Dans cet espace d’exposition situé au sous-sol d’un bâtiment, vous proposez une île : du sable, les objets abandonnés par une dame invisible, lunettes de soleil, un maillot de bain, des chaussures. Tous ces objets sont agrandis, il y a aussi une immense poubelle. Voulez-vous compléter cette description et nous donner quelques explications sur le cheminement qui vous conduit à cette installation ? Quelle est sa relation avec une photographie ?
– Gauthier Huber m’a invité à organiser une exposition à l’Espace La Plage. En tant qu’artiste qui a des expériences dans le domaine de l’organisation d’expositions, j’ai voulu traiter plusieurs questions simultanément : Qu’est-ce qu’un curateur? Qu’est-ce qu’un artiste ? Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? Dans le domaine de l’art la relation entre l’artiste, le curateur et l’œuvre s’est fondamentalement modifiée depuis Harald Szeemann. Les hiérarchies se sont déplacées et il n’est plus possible de répondre de manière évidente à la question de savoir qui est l’auteur de ce qui a été réalisé.
Dans le passé j’ai toujours essayé d’éclairer ces différents points de vue sur la perception de l’œuvre d’art et de son auteur. En 1992 par exemple j’ai réalisé l’exposition « Der Anbau des Museums » pour laquelle j’ai, en tant que curateur, invité un philosophe (Jacques Derrida), un curateur (Harald Szeemann), un théoricien de l’art (Théo Kneubühler), et un jardinier (Wada Jossen) à réaliser une installation avec moi dans laquelle les invités devaient s’inclure comme eux-mêmes. L’artiste au sens classique du terme manquait et pourtant une œuvre d’art a été créée. Face à ce précédent cela m’intéressait de voir ce qui se passe si je me glisse dans la peau d’un curateur et si je présente de simples objets comme thème de l’exposition et que j’agis ainsi aussi bien comme un artiste que comme un curateur. A la fin on trouve une installation, une œuvre d’art. Les objets ont été agrandis quatre fois. Il y a ainsi un glissement de la réalité dans lequel le spectateur, visiteur se met involontairement dans un rapport qui le perturbe. C’est l’effet Gulliver qui suggère brusquement un autre rapport à la réalité. Nous trouvons ici dans mon exposition une situation complètement artificielle – dans une cave on trouve un espace d’exposition qui s’intitule La Plage où l’on découvre une île, où l’on trouve des objets tout simples qui ont subi un glissement par rapport à la réalité et suggèrent simultanément plusieurs histoires. Manifestement il s’agit des affaires de bain et des vêtements d’une femme abandonnés à proximité d’une poubelle. La femme de dimension gigantesque (on doit le supposer) a disparu…
2. Sur le carton d’invitation de l’exposition vous vous annoncez comme le curateur de l’exposition, quelle et la distinction entre installation artistique et artiste curateur selon vous ?
– Si l’on regarde le problème de près il n’y a plus de véritable différence. On peut alors évidemment se demander pourquoi cette distinction existe encore malgré tout. Elle n’a de sens que par l’origine des idées, mais finalement peu importe qui fait une installation, aussi longtemps qu’il s’agit de l’installation et des questions qui lui sont liées.
3.The Island, le titre de l’installation est inspiré par le nom et l’adresse du lieu d’exposition n’y a-t-il pas aussi une allusion à l’arteplage tout proche?
– Effectivement aussi bien sur le plan de la métaphore que concrètement. Métaphoriquement par les termes Plage et Island et concrètement parce que la poubelle agrandie est une réplique de la poubelle officielle de l’Expo. Ce qui est intéressant c’est qu’une fois agrandie cette poubelle n’est plus du tout clairement perçue comme telle.
4. Une manifestation comme Expo 02 et ses divers pavillons ne vous interpelle-t-elle pas au sujet des registres d’expression et des nuances qui font passer d’un domaine artistique à un domaine de communication appliquée ?
– Incontestablement ces questions se posent. Et il se peut bien que je sois inconsciemment influencé par le concept de l’Expo. J’ai eu à plusieurs reprises affaire avec l’Expo, bien que, à la fin, je ne sois concrètement impliqué dans aucun projet. Par exemple, il y a trois ans j’ai été pour une brève période directeur artistique de l’arteplage d’Yverdon.
5. Nous avons mentionné L’Expo.02 et peut-être pourrions-nous revenir sur la deuxième question. Je constate que je ne suis pas d’accord avec vous. Il me semble qu’il existe des registres, des niveaux d’expression différents et votre installation ici à Neuchâtel en est à mon avis un bon exemple, si on la compare à ce qu’on voit à l’Expo.02. Vous partez du quotidien et vous le modifiez, par l’agrandissement, par la modification du point de vue notamment : en faisant cela vous traitez des questions qui relèvent spécifiquement du domaine artistique. Il me semble que le registre d’expression artistique est quelque chose de différent des traces d’expression artistique que l’on croit parfois remarquer dans l’Expo.
Il me semble que « l’installation » Aua extrema à Neuchâtel offre un triste exemple de cette problématique. Là on a vraiment l’impression au premier abord de découvrir une installation artistique. En la parcourant on croit reconnaître quelques traces d’œuvres d’artistes connus. Peut-être y-a-t-il un peu de Mario Merz, un peu de Kounellis, un peu de Land art : Richard Long, Hamisch Fulton ? mais le résultat me semble pitoyable, parce que l’on n’est précisément jamais vraiment au niveau du registre artistique et alors force est de constater que cette « installation » n’a aucun sens. C’est une étape supplémentaire dans le train fantôme de l’Expo.
– Nous n’avons pas parlé de la qualité des expositions de l’Expo. J’ai seulement voulu dire que des questions similaires se posent (dans une installation) et c’est incontestablement le cas. Par ailleurs il ne fait aucun doute que certaines expositions de l’Expo sont influencées par des artistes. Mais aujourd’hui les artistes eux-mêmes sont aussi influencés par des choses commerciales ou triviales. Aujourd’hui les influences ne sont pas à sens unique, il y a une perméabilité générale. L’exposition au sujet de l’eau à Neuchâtel pourrait très bien être une adaptation directe des expositions dans lesquelles j’ai utilisé l’eau. Je pense en particulier à l’une de mes expositions qui s’appelait Dive.
Vers la version allemande
Espace La Plage:
Patrick Schaefer, L’art en jeu, 23 août 2002 |