William Kentridge

Bâle 26 juin 2019

William Kentridge, A Poem That Is not Our Own jusqu’au 13 octobre 2019

L’exposition du musée d’art contemporain de Bâle est centrée sur les films de William Kentridge dont le processus de réalisation est étroitement lié aux autres techniques graphiques qu’il emploie, en particulier le dessin, le découpage et la gravure. On voit que Kentridge est fasciné par les cortèges, les triomphes de la Renaissance, la danse des morts, auxquels il confère une nouvelle vie dans de grandes processions où surgissent aussi bien des figures du passé que des êtres actuels. Un nombre impressionnant de travaux et de films sont présentés. Dans les salles du rez on peut voir des films  en tant que films, alors que plus haut on les découvre comme installations qui se déploient sur plusieurs écrans. L’accompagnement musical original crée toujours une atmosphère rythmée, festive ou solenelle.

Au premier étage on découvre des dessins et un documentaire sur Sophiatown en Afrique du Sud. Une pièce intitulée Studio montre tous les matériaux et les modes d’expression utilisés par l’artiste pour parvenir à ses productons. Une installation évoque la mise en scène de Lulu d’Alban Berg à New York en 2015. Le film Drawing Lessons qui évolue toujours montre le processus de travail de Kentridge.

L’exposition s’achève en apothéose dans la grande salle du deuxième étage avec More Sweetly Play The Dance, 2015, qui se déploie sur huit grands écrans pour évoquer la danse des morts en réaction à l’apparition des premières épidémies d’Ebola. Apothéose, mais aussi vigueur critique avec la série sur Ubu tells the Truth de 1997 et une suite récente de 2016 Triumphs an Laments qui raconte l’histoire italienne de l’Antiquité au drame des réfugiés.


 

Kunsthalle Karlsruhe: Double Vision: Albrecht Dürer / William Kentridge jusqu’au 8 janvier 2017.

William Kentridge (1955) est un artiste que l’on rencontre depuis longtemps dans les grandes expositions internationales Documenta (2002, 2012), Biennale de Venise (1993, 1999, 2005), Festival d’Avignon (2011), mais il est rare de découvrir une exposition consacrée à cet artiste, qui tourne dans le monde entier, en Europe. En Suisse, seul le Haus Konstruktiv  à Zurich a présenté, en 2015, les travaux du créateur sud-africain autour de la mise en scène du Nez de Shostakovitch qu’il a conçue pour le Metropolitan Opera à New York. Le cabinet des estampes de Berlin et la Kunsthalle de Karlsruhe se sont associés pour réaliser une exposition exceptionnelle qui met en relation l’oeuvre gravé considérable de Kentridge avec une large sélection d’estampes de Dürer. L’idée est de montrer comment les deux artistes se rejoignent dans leur passion commune du noir et blanc.

Kentridge vient de la gravure qu’il a enseignée à Johannesburg avant de se tourner vers le film d’animation et la mise en scène. Dans ses films, il procède comme en gravure, dessinant une suite d’états différents sur la même feuille de papier. Ainsi un film peut être réalisé avec quelques feuilles sur lesquelles il a dessiné, puis effacé une série de dessins. Ce processus invite à la narration au développement poétique d’un récit ou à l’humour. Parti d’une expression artistique engagée contre l’Apartheid en s’exprimant par le dessin, il a progressivement complété et enrichi ce médium en se tournant vers la scène, le cinéma. Il crée à chaque fois un nouveau théâtre d’ombres, une pantomime.

Un atelier de Johannesburg qui a travaillé avec William Kentridge artprintsa.com/william-kentridge-prints.html