Thomas Hirschhorn

Bienne

Exposition suisse de sculpture: Robert Walser Sculpture #Thomas Hirschhorn 15 juin – 8 septembre 2019

26 juin 2019 Thomas Hirschhorn.

« Faire place nette » est une expression courante que certains emploient volontiers. La démarche développée par Thomas Hirschhorn est à l’opposé. Invité à assumer la traditionnelle exposition de sculptures en plein air de Bienne. La douzième édition eut lieu en 2014 sous le titre The City Performed et la précédente en 2009 s’intitulait Utopics, peut-être que la sculpture Robert Walser rejoint ce thème et devient une utopie réelle. Thomas Hirschhorn renonce à jouer le rôle de commissaire qui aurait invité d’autres artistes et choisit de donner une nouvelle version de la notion de Monument qu’il développe depuis au moins 20 ans. Pour rendre hommage à Robert Walser, l’écrivain biennois, il crée de petites cellules de vie culturelle ou conviviale autour de la notion de Monument. En somme trois ruches sont juxtaposées devant l’entrée de la gare de Bienne. Avec même un passage prévu pour les taxis où ils sont bien à l’ombre ! Un programme journalier est proposé, un journal publié. Des personnes se relaient pour lire l’oeuve de Robert Walser de 10h à 22h. On rencontre les nombreux sourires de personnes enchantées par cet éphémère brut de coffrage, qui est bien sûr provocateur, beaucoup de palettes, mais assez peu de scotch par contre. La circulation est claire et relie les trois cellules, cafétéria, expo, une librairie payante et des livres gratuits à distribuer, un forum atelier, qui sert de théâtre à 15h., une garderie, des cours d’arabe et d’esperanto, il y a même une section érotique. Tout est bien sûr en lien direct avec les écrits de Walser. Une Balade de plusieurs heures est proposée sur les traces de l’écrivain. L’ampleur et l’emprise de cette structure sont finalement relativement modestes par rapport aux espaces de la ville et il ne fait aucun doute qu’ils apportent une oasis culturelle. L’artiste est présent.

le site: https://www.robertwalser-sculpture.com/tagliche-vernissage/


L’installation Wirtschaftlandschaft Davos sera présentée au Kunsthaus d’Aarau du 29 janvier au 24 avril 2011

Thomas Hirschhorn représente la Suisse à la Biennale de Venise 2011.

Kunsthaus Zurich. Thomas Hirschhorn

Prix pour le jeune art suisse de la Zürcher Kunstgesellschaft

Thomas Hirschhorn, Wirtschaftlandschaft Davos jusqu’au 2 décembre 2001

Depuis 1998, Thomas Hirschhorn (né en 1957) est sans doute, avec Pipilotti Rist, l’un des artistes Suisses qui est le plus exposé dans le monde. Je m’arrête pour relever que dans cette simple première phrase deux termes posent problème: premièrement l’adjectif suisse, certes Thomas Hirschhorn est Suisse, il a même exposé son passeport et ses papiers militaires en 1998 à la Kunsthalle de Berne. Pourtant en France, il vit à Paris depuis 1984, il est présenté comme un artiste français, notamment dans le film qu’il a réalisé avec son épouse et Jean-Charles Massera. Quoi qu’il en soit il a beaucoup exposé en Suisse, à Berne, à Zurich, à Genève notamment. Cette question étant peu importante remarquons simplement qu’en Suisse il est Suisse et qu’en France, il est Français. Le second terme qui pose un problème si l’on veut parler de Thomas Hirschhorn est le verbe exposer. En effet, on aurait tort de s’attendre à découvrir simplement des dessins ou des objets de cet artiste. Il intervient dans l’espace comme un architecte, un décorateur, un muséographe. Il utilise des matériaux pauvres, scotch, carton, feuilles de plastique et d’aluminium pour réaliser des installations.

Hirschhorn a participé aux Biennales de Venise et de Lyon en 1999. Il était aussi à Avignon dans l’exposition La Beauté en 2000. La même année il est intervenu à L’Art Institute de Chicago. Il vient de présenter une installation fort intéressante « Laundrette » à la galerie Friedman à Londres. Il s’est fait remarquer dans cette ville par un travail pour la Whitechapel Gallery. Cette année il intervient aussi à Barcelone et à Paris. A la fin d’une exposition, il produit un catalogue, pauvre lui aussi, qui retrace le déroulement de l’opération. Il se présente comme « artiste travailleur soldat » (Deleuze Monument, Thomas Hirschhorn, La Beauté Avignon 2000, Les documents).

Thomas Hirschhorn développe un imaginaire de la récupération, de la résistance par ce moyen. Il utilise le carton, le scotch, les feuilles d’alu et joue sur l’image du réseau en intervenant avec un matériau sans valeur, qui a toutefois une connotation écologique et misérabiliste. (Relevons que Frank Gehry dans ses premières constructions s’est inspiré du carton ondulé et qu’il existe une solide tradition de la récupération dans la sculpture suisse avec Jean Tinguely et Bernard Luginbühl en particulier). Hirschhorn s’approprie les éléments utilisés par les exclus, cartons, pancartes pour affirmer son propre message. En fait l’oeuvre ne réside pas dans la création d’un objet ou d’une toile, mais dans l’invention d’une méthode, d’une manière de présenter des oeuvres ou des questions. Il développe et propose une métaphore du réseau avec ses tuyaux de papier d’alu torsadé notamment. C’est une formulation originale du rapport à l’objet, œuvre d’art, il ne s’agit plus tant d’objets, mais de textes, de documents réels qui sont mis en scène, offerts à la curiosité du public dans un geste d’exposition rhétorique baroque.


Davos

Le Forum de Davos ne pouvait échapper à cet artiste, d’autant plus qu’il a grandi dans cette localité, qui intervient sur un événement politique (la guerre en ex-Yougoslavie à Venise en 1999, les activités de l’ONU à Lyon, la même année) avec son langage artistique. La salle du Kunsthaus choisie pour cette présentation est celle où sont exposées les oeuvres de Georg Baselitz. Ces dernières n’ont pas été retirées et l’on distingue le sommet des toiles au-dessus des barbelés qui surmontent l’installation et de deux drapeaux suisses qui flottent au vent d’un ventilateur. Le parcours présente Davos par le texte et l’image. Les activités touristiques, les bâtiments intéressants comme les problématiques liées au Forum de Davos sont évoquées à travers des coupures de presse, des photocopies de guides touristiques et des vidéos de promotion. Partout de petits scotchs rouges sont collés avec l’inscription « ärmer werden ». Dans cette première partie, une section est consacrée à trois toiles et une sculpture de Kirchner posées sur un socle recouvert de plastique jaune. Le visiteur découvre ensuite une immense maquette de la station avec son église et ses bâtiments caractéristiques entourée d’un train électrique, alors que des centaines de soldats et autres rambos en plastique, des tanks et des jeeps occupent la localité, couvrent les toits des maisons et les flancs des montagnes enneigées environnantes. A la fin dans une petite salle on peut suivre la projection du film de Rolf Lyssy, « Konfrontation ». L’installation est un exposé, le plus complet possible et assez neutre, autour du Forum et du lieu où il se tient. Par ailleurs la maquette, qui correspond au rêve le plus fou de tout jeune propriétaire d’un train électrique, propose une caricature féroce et jouissive de l’état de siège auquel la station est confrontée pour pouvoir organiser cette manifestation.

Hirschhorn travaille sur l’exposé, l’exposition, la présentation, la spécificité de ce langage, qu’il traite comme un instrument rhétorique, par rapport à d’autres modes d’expression. On peut lui trouver des sources et tenter de nombreux parallèles: le collage dadaïste, mais aussi dans ce cas la tradition du panorama, ou encore l’utilisation de la maquette dans certains musées historiques, maquette que l’on retrouve en architecture et chez de nombreux artistes au cours des dernières années. La source principale étant la pratique de divers exclus qui savent parfaitement faire passer des messages en utilisant ce qu’ils trouvent pour y parvenir. L’une des caractéristiques du travail de Hirschhorn est qu’il reste très extérieur dans son exposé, il conserve une grande distance, ne s’implique pas personnellement dans une optique expressionniste. C’est une différence importante qui le distingue par exemple de Dinos et Jake Chapman qui expriment leur fascination pour le macabre, et l’horreur dans leurs maquettes.

L’art en jeu. Patrick Schaefer 3 septembre 2001

La revue Artforum a publié un article important sur Thomas Hischhorn:

Benjamin H.D. Buchloh, The Display of Thomas Hirschhorn, Cargo & Cult, pp. 108-115, Artforum, novembre 2001.

On trouve une interview de Thomas Hirschhorn avec de nombreuses reproductions dans la revue Tout-fait consacrée à Marcel Duchamp.

Thomas Hirschhorn participe à la Documenta 11 par une réalisation dans la banlieue de Kassel.

Thomas Hirschorn participe à l’exposition Common Wealth à la Tate Modern, jusqu’au 28 décembre 2003.

Thomas Hirschorn a réalisé 24h Foucault au Palais de Tokyo les 2 et 3 octobre 2004. Vous trouverez de nombreuses photos de cettte réalisation sur leur site.

Thomas Hirschhorn a juré de ne plus exposer en Suisse aussi longtemps que Ch. Blocher serait au pouvoir, par contre il occupe le centre culturel suisse à Paris du 4 décembre 2004 au 30 janvier 05 avec Swiss-Swiss Democracy. (Quelques réflexions autour du scandale suscité par cette exposition).

Patrick Schaefer, L’art en jeu 2007