Archives de catégorie : vidéo

Sophie Calle

Paris musée Picasso, Sophie Calle. A toi de faire ma mignonne 29 août 2023 – 3 mars 2024

Pour marquer le cinquantenaire de la mort de Picasso le musée qui porte son nom a choisi de privilégier une réponse positive aux nombreuses demandes de prêt plutôt que de montrer une nouvelle exposition de l’artiste. L’oeuvre sur papier de Picasso est présentée avec près de 1000 pièces au centre Pompidou.

Sophie Calle a reçu carte blanche et a même décidé d’emménager dans le bâtiment avec toutes sa collection personnelle! On retrouve les jeux de cacher/ montrer, l’évocation de la disparition, de la non vision qui caractérisent les réalisations de l’artiste dans cette intervention monumentale!

Le Fotomuseum à Winterthour propose une exposition Sophie Calle du 8 juin au 25 août 2019.

Sous le titre Un certain regard, cinq « reportages » photographiques sont présenté: Les aveugles, 1986; La dernière image 2010, une reprise de The last seen, sous le titre Que voyez-vous, 2013; Detachement, 1996, sur les monuments du communisme arrachés à Berlin et Parce que, 2018. Il s’agit d’une rétrospective sans nouvelle réalisation, alors que souvent Sophie Calle a appliqué sa méthode de réalisation à une situation spécifique au lieu où elle expose.

Le musée de Thoune présente une exposition Sophie Calle, Regard incertain du 6 septembre au 1er décembre 2019. Elle comprend huit séries notamment Voir la mer 2011 et La dernière image, 2010, ainsi que la Suite vénitienne de 1980.

Sophie Calle est au Festival d’Avignon à la chapelle des Célestins du 7 au 28 juillet 2012

Whitechapel Gallery Londres Sophie Calle 16 octobre – 3 janvier 2010

Palais des Beaux-arts Bruxelles Sophie Calle jusqu’au 13 septembre 2009


L’installation de Sophie Calle et Daniel Buren Prenez soin de vous, proposée à Venise en 2007 est visible à la Bibliothèque nationale à Paris, site Richelieu, salle Labrouste jusqu’au 8 juin 2008.

La salle de lecture de la Bnf rue Richelieu est un espace architectural historique magnifique qui a perdu son usage. L’invitation à Sophie Calle de venir présenter prenez soin de vous est une idée excellente et le résultat est vraiment émouvant. L’artiste avait présenté ce travail dans le pavillon français à Venise avec Daniel Buren comme commissaire. Ici dans chaque rangée des tables de lecture sont placés deux écrans : le spectateur peut s’asseoir et écouter les 107 performances commandées par Sophie Calle à des actrices, chanteuses appartenant aux styles les plus variés. Continuer la lecture

Art Appenzell 2007

För Hitz ond Brand jusqu’au 19 septembre 2007: art contemporain dans les musées d’Appenzell

Huit musées des cantons d’Appenzell, qui jouxte la ville de Saint-Gall, se sont réunis pour présenter des interventions d’une trentaine d’artistes contemporains. C’est l’occasion en cherchant ces travaux de prendre conscience d’un patrimoine peu connu et très éparpillé.

La plupart sont des musées consacrés à la vie et à l’histoire locale. A l’exception du musée Henri Dunant, de la Ziegelhütte à Appenzell, le musée Liner n’est pas associé à cette action. L’idée de proposer un parcours d’art contemporain à travers ces institutions est à priori assez bonne. Il faut toutefois relever que la plupart des propositions ne sont pas assez fortes pour ressortir face à l’accumulation d’objets locaux. Elles sont le plus souvent traitées très discrètement et les trouver s’apparente plutôt à la recherche des œufs de Pâques. La seule exception est formée par les interventions artistiques à Stein qui sont très pertinentes. Elles apportent un complément bienvenu et même un contre-discours à la célébration de la vie locale. Stein à côté d’un centre de démonstration sur la fabrication du fromage dispose du musée ethnographique le plus moderne et le plus cohérent. Un étage est consacré à la peinture traditionnelle avec quelques pièces très anciennes presque toutes dédiées à la célébration de la vache. Le sous-sol est consacré à l’industrie textile et au Heimatwerk. On pourrait entamer toute une réflexion sur la tradition et la marginalité lorsque surgit soudain un dessin de Hans Krüsi peint sur une serviette de restaurant. Le film d’Emmanuel Geisser The edge of the Forest traite d’apparitions surnaturelles, de phénomènes extraordinaires. Costa Vece propose le témoignage très fort de sa mère venue de Grèce pour travailler en Suisse d’abord à Appenzell, puis à Herisau dans des conditions qu’elle considère avoir été proches de l’esclavage.

Le Museum Herisau qui jouit d’une muséographie très ancienne et pittoresque. A Appenzell on trouve trois musées: le Museum Liner construit par Annette Gigon et Mike Guyer inauguré en 1998 est entièrement consacré au peintre abstrait Carl Walter Liner (1914 – 1997) et à son père Carl August Liner (1871 – 1946). Les surfaces d’exposition sont importantes, plus de 600m2. La Ziegelhütte est une ancienne briquetterie transformée par le bureau d’architecte Robert Bamert en salle à usages multiples: une salle de concert, une cafétéria et de beaux espaces d’expositions bien équipés. Inaugurée en 2003, il existe trois étages avec des espaces autonomes différents, structurés pour recevoir des expositions. Actuellement, deux sont consacrés à Hans Arp et un aux travaux de Carl August Liner. Ils ont décidé d’établir une collaboration régulière avec le musée Marguerite Arp de Locarno. Il y a encore le Museum Appenzell en face de l’église qui réunit des armoires peintes, quelques statues et retables, des documents sur les étoffes et la vie locale. Pour le reste ce musée propose une exposition de peinture naïve.

Urnäsch abrite avec le Brauchtum Museum, sans doute le lieu le plus étonnant avec une collection importante, notamment la présentation des masques et costumes de carnaval. A relever que ces musées sont éloignés d’une dizaine de kilomètres les uns des autres.

För Hitz ond Brand jusqu’au 9 septembre: art contemporain dans les musées d’Appenzell (le site très complet présente les musées et les artistes de façon détaillée).

Stiftung Liner

Kunsthalle Ziegelhütte

Stein Appenzeller Volkskundemuseum

Per Kirkeby

Per Kirkeby est décédé en mai 2018

Le Schlosswilhelmshöhe à Kassel présente l’oeuvre gravé de Per Kirkeby jusqu’au 12 août 2012.

Per Kirkeby est exposé au Palais des beaux-arts à Bruxelles du 10 février au 20 mai 2012.

Une rétrospective Per Kirkeby est présentée à Humlebaek Louisania Museum of Modern Art jusqu’au 25 janvier 2009.

On la verra également à la Tate Moden à Londres du 17 juin au 13 septembre 2009.


Cette exposition est présentée à Düsseldorf au Museumkunstpalast en parallèle avec Caspar Wolf jusqu’au 10 janvier 2010.

Per Kirkeby. Kristall. Refléxion, relations et sources jusqu’au 30 avril 2006

Aarau Kunsthaus

Per Kirkeby est né en 1938 à Copenhague; après avoir suivi une formation complète de géologue, il se tourne vers l’art. Il rencontre des personnalités de l’avant-garde des années 1960 comme Beuys ou Nam June Paik. Pourtant il va se consacrer essentiellement à la peinture, la gravure et la sculpture. Peintre de paysage avant tout, inspiré par les lichens, les arbres, les mouvements de l’eau, du ciel (nuages, brouillard) et de la terre, il accumule, superpose, les formes, les couleurs. Personnalité très connue au Danemark, on l’a découvert en Europe au début des années 1980 dans le flux du regain d’intérêt pour la peinture néo-expressionniste.

Kirkeby a la particularité de consacrer de nombreux textes à son travail, plus de 80 ouvrages, fascicules publiés à ce jour. L’exposition présente les peintures et les sculptures de Kirkeby en relation avec les oeuvres auxquelles il se réfère en optant pour un dialogue entre les époques. Continuer la lecture

Jeff Wall

La Fondation Beyeler présente les oeuvres de Jeff Wall avec 55 pièces jusqu’au 21 avril 2024.

Bâle Schaulager Jeff Wall Photographs 1978 – 2004 jusqu’au 25 septembre 2005.

Le catalogue raisonné des travaux de Jeff Wall (1946) qui accompagne l’exposition du Schaulager à Bâle jusqu’au 25 septembre, (puis à la Tate Modern à Londres du 21 octobre 2005 au 8 janvier 2006) recense 120 oeuvres. L’exposition bâloise propose 74 caissons lumineux ou tirages noir blanc géants de cet historien d’art canadien venu à la photographie assez tardivement dont les travaux ont pris place dans un grand nombre d’expositions d’art contemporain à travers le monde depuis une dizaine d’années.

L’ampleur de la présentation permet de mesurer la diversité des thèmes abordés qui vont de la nature morte au paysage, en passant par la composition historique tout en jouant avec de nombreuses références à l’histoire de la peinture, de la photographie et de l’image en général. Au-delà de ces thèmes, de ces références l’univers représenté est celui des villes nord-américaines, en l’occurence Vancouver au Canada dont on retrouve l’atmosphère dans de nombreux travaux. L’oeuvre de Jeff Wall invite au discours et lui-même écrit beaucoup sur ses travaux. Pourtant, malgré les multiples niveaux d’interprétation et de références, elle peut aussi se regarder au premier degré en particulier en raison de la fascination qu’exerce l’effet du caisson lumineux, un retour sur l’aura de l’oeuvre d’art! Il faut dire à ce sujet que ces photographies ont la particularité de n’être en fait pas reproductibles puisque les reproductions ressemblent davantage à une esquisse, à un schéma ou un calque et ne peuvent en aucun cas prétendre reproduire l’impact visuel du travail lui-même. Il y a quelque chose de définitif dans chaque travail, un peu à l’opposé de l’idée traditionnelle de la photographie multiple et foisonnante, chaque pièce de Jeff Wall apparaît comme une synthèse de ce qui se peut se faire autour d’un thème. Elle a un poids spécifique, particulier qui peut aussi gêner, paraître académique à l’extrême, mais il me semble que l’exposition montre justement que ce n’est pas seulement cette approche très pesante qui le caractérise et que par petites touches, il fait aussi le portrait d’un monde, celui de la région d’où il vient.

Schaulager der Emmanuel Hoffmann-Stiftung (Münchenstein): Jeff Wall Photographs 1978 – 2004 jusqu’au 25 septembre 2005.

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 5 mai 2005

Tate Modern, accrochage thématique

Tate Modern : L’accrochage thématique va-t-il bouleverser la hiérarchie des valeurs établies ?

Ouverte en mai 2000, la Tate Modern annonce avoir déjà reçu 2,5 millions de visiteurs à mi-septembre. Il faut relever que l’entrée est gratuite et qu’il n’existe pas de système de comptage systématique. Cela dit, cette ancienne usine électrique, remise en état et transformée en Musée d’art moderne et contemporain par les architectes suisses Herzog et de Meuron a visiblement conquis le public.[1] Le parti pris architectural est tout à fait audacieux et remarquable. Confronté à une gigantesque structure industrielle (conçue en 1947 par Sir Gilles Gilbert Scott), les architectes ont choisi de la respecter et de laisser un immense vide dans la partie centrale du bâtiment qui abritait la salle des turbines. Le visiteur qui entre par la partie inférieure a le sentiment de marcher sur une semi-autoroute. Toutes les galeries et les services sont concentrés sur la gauche du bâtiment. Il comprend 7 étages, trois d’entre eux étant destinés à la présentation de la collection et d’expositions temporaires.[2] Le choix des architectes suisses est particulièrement accueillant pour le public. Il évite que des queues se forment à l’extérieur, le visiteur se trouve immédiatement au centre du bâtiment et il ressent déjà une sensation très forte. De plus il est prévu que cet immense espace central reçoive des présentations temporaires de sculptures. L’exposition inaugurale est consacrée à Louise Bourgeois. Elle a fait construire trois tours en métal gigantesques, dans lesquelles les visiteurs ne peuvent pénétrer qu’individuellement, une expérience étonnante. On gravit des dizaines de marches dans une structure qui bouge très légèrement pour aller s’asseoir au sommet et se regarder dans des miroirs déformants.         

Les collections sont présentées sur deux étages, alors qu’une exposition temporaire est proposée sur un autre étage. La première exposition temporaire intitulée « Between Cinema and a Hard Place » est consacrée à l’art de l’installation: de la vidéo à la sculpture.

La collection, complétée par de nombreux prêts, est organisée en 4 sections distinctes qui évoquent les genres traditionnels de la peinture : 1. Still Life/ Object/ Real Life. (La nature morte, l’objet, la vie réelle) 2. Landscape/ Matter/ Environnment. (Le paysage, la matière et l’environnement) 3. Nude/ Action/ Body. (Le nu, l’action et le corps) 4. History/ Memory/ Society. (L’histoire, la mémoire et la société).

La décision d’adopter un accrochage thématique, prise par la Tate, aussi bien la Tate Moderne que la Tate Britain marque une rupture considérable avec la tradition qui consiste à présenter l’art moderne et contemporain comme une marche triomphale qui conduit à des innovations toujours plus étonnantes, choquantes ou remarquables. Développée en particulier par le Musée d’art moderne de New York, dès les années 1930, cette vision a été adoptée de façon dogmatique par tous les musées américains notamment. La nouvelle conception de l’accrochage mise en scène ici marque le refus d’une hiérarchie évolutionniste. Cela dit, cette approche pose de très nombreux problèmes. Elle favorise certes une vision libérée de préjugés. Et c’est un plaisir de voir le public souriant de la Tate découvrir des œuvres, passant sans idée préconçue d’une vidéo contemporaine à une salle dédiée à l’art op et au cinétisme. Alors qu’il s’agit essentiellement d’art contemporain, réputé inaccessible au grand public, je n’ai observé aucune remarque négative, aucun hochement de tête sarcastique. La lourdeur d’un accrochage qui voulait imposer un sens, affirmer des valeurs, une vision du goût est résolument abandonnée.[3] En fait, cette approche légitime une plus grande liberté dans le choix des artistes et une interchangeabilité, car la première place est donnée à des problématiques et non à des artistes. Il est clair que dans un contexte largement dominé par des artistes Américains, ce point de vue permet à la Tate d’assurer la promotion des artistes britanniques. Ceux-ci se taillent la part du lion dans un espace en principe destiné à l’art international, mais à Londres international veut sans doute dire : non exclusivement Anglais ! Le refus de la hiérarchie s’étend également aux diverses techniques. On présente sur pied d’égalité des travaux sur papier, des gravures, des photographies, aussi bien que des vidéos, des sculptures ou des peintures. Il est ainsi clairement affirmé que chaque technique, chaque mode d’expression artistique est légitime, pour autant que l’artiste ait quelque chose à dire. Ici aussi c’est une prise de distance remarquable avec la hiérarchie traditionnelle des valeurs du marché.
Bien entendu les raisons qui ont présidé au choix de tel artiste plutôt qu’un autre, ne sont pas explicitées. Il est particulièrement curieux de voir dans une présentation qui se veut internationale, deux installations vidéo d’artistes qui ont participé à l’exposition du Turner Prize,[4] Sam Taylor Wood (sélectionnée en 1998) et Steve Mc Queen (a obtenu le prix en 1999), alors que ces travaux présentés dans la section du nu et du corps en mouvement, ne sont sans doute pas les réalisations les plus remarquables autour de ce thème au cours des dernières années. Ils ont véritablement valeur d’exemple et pourraient être remplacés par d’autres productions.

Bien entendu, à la fin de ce parcours, on peut se demander ce que signifie art international et reconnaître que chaque musée, dans chaque pays, dans chaque ville, a une vision déterminée par des circonstances locales comme par des circonstances internationales. L’art international est essentiellement l’aboutissement d’un rapport de force. Le plus gros marché impose ses artistes qui deviennent forcément les plus importants et les plus chers. Cet accrochage légitime ainsi une certaine capacité de résistance. Certains parlent de chauvinisme anglais, mais en fait on peut le justifier puisque l’on sait que cette forme de résistance est la seule possibilité d’affirmation pour des groupes sociaux moins importants.

Nombreux sont les commentateurs qui critiquent cet accrochage et la faiblesse des collections de la Tate. Je me demande si l’on ne peut voir dans cette critique d’une soi-disant faiblesse justement l’expression d’une crainte de voir disparaître les artistes, essentiellement Américains, constamment ressassés dans les collections permanentes à travers le monde. Par conséquent la disparition d’une hiérarchie imposée par les musées américains.

Évidemment cet accrochage est l’aboutissement de nombreuses critiques formulées par les historiens d’art et les critiques depuis près de 20 ans.[5]

Il faut relever que si l’accrochage est l’aboutissement d’une réflexion théorique approfondie, il demeure parfaitement respectueux des œuvres. Celles-ci ne sont pas trop serrées, elles respirent et peuvent être contemplées individuellement, en faisant abstraction des autres travaux présentés. C’est un élément qui me paraît important. Les productions de chaque artiste ne sont pas brusquées par des rapprochements incongrus ou trop violents et paradoxaux. On sait que la confrontation de travaux appartenant à des périodes différentes est souvent très difficile. Elle est ici réussie sur un plan esthétique tout en exprimant une prise de position. Ainsi malgré le discours très problématique, on ressent clairement la volonté de respecter chaque réalisation. Par ailleurs des notices bien rédigées présentent aussi bien l’artiste que la problématique dans laquelle il est inséré. On observe simultanément un effort didactique, un renoncement à la présentation évolutive et hiérarchique traditionnelle et une mise en valeur de chaque travail dans sa spécificité. Ce souci de respecter les artistes est souligné par les salles monographiques, alors que dans d’autres cas un dialogue entre deux créateurs est proposé. Par exemple dans une salle étonnante consacrée à Barnett Newman et Alberto Giacometti. Ce sont les réflexions de Nicholas Serota exprimée dans une conférence publiée en 1996, Experience or Interpretation, the Dilemma of Museums of Modern Art, Thames & Hudson, 1996 et 2000, qui sont en fait mises en pratique. Il définit en effet dans ce texte « l’expérience », de façon plutôt limitative d’ailleurs, comme la possibilité de découvrir un groupe d’œuvres d’un seul artiste dans une salle. Dans le contexte des accrochages de musée, c’est une évolution importante en direction d’un respect plus marqué pour l’artiste.

L’optique choisie implique un renouvellement à intervalles réguliers. La présentation de la collection devient en fait une grande exposition temporaire. Ce qui représente un défi considérable et en réalité l’abandon de la notion de collection, liée à une institution spécifique, au sens où on l’entend traditionnellement.[6] C’est une manière de donner une place importante à la réflexion, à l’échange d’idées, au travail préalable de nombreux collaborateurs avant tout accrochage. Plutôt que de se réfugier derrière des chefs-d’œuvre incontournables faisant partie de la collection.

Patrick Schaefer, octobre 2000, L’art en jeu.

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[1] La transformation de cette usine en musée s’inscrit dans un plan urbanistique beaucoup plus large de revalorisation de la rive sud de la Tamise. Sur le plan culturel, elle a été précédée par l’ouverture du Globe Theatre, il y a quelques années. De nombreux immeubles d’habitation et de bureaux ont été construits au cours des dernières années. L’incroyable succès de la Tate donne des ailes à d’autres projets similaires dans plusieurs villes d’Angleterre, notamment à Newcastle upon Tyne, une ville sinistrée par la crise du charbon, où un gigantesque projet culturel et en cours de réalisation. http://www.balticmill.com

[2] On peut opposer ce parti pris à celui qui a été adopté au Musée d’Orsay où l’architecte et la décoratrice Gae Aulenti ont voulu remplir le vide de l’ancienne gare. La conséquence malheureuse étant que toutes les œuvres, quelle que soit leur qualité sont réduites à fonctionner comme une simple décoration.

[3] Il serait intéressant de voir si cette approche va avoir des conséquences sur le marché de l’art, car l’une des sources de la hausse vertigineuse de certains artistes, est précisément la nécessité pour chaque musée de posséder une œuvre de tel ou tel créateur considéré comme indispensable. Je n’ai rien lu sur cette question, mais si le processus s’étend et c’est très probable, cela devrait avoir des conséquences.

[4] Créé en 1984 pour soutenir le développement des collections d’art contemporain de la Tate, le Turner Prize a bénéficié d’une couverture médiatique croissante, notamment par la télévision. Il est devenu un événement très attendu. L’exposition, consacrée aux 4 artistes sélectionnés chaque année, est très visitée et a contribué à populariser l’art contemporain. Les artistes sont sélectionnés pour avoir présenté une exposition personnelle particulièrement remarquable dans les mois précédents.

[5] Cf. par exemple, Yves Michaud, Critères esthétiques et jugement de goût, éd. Jacqueline Chambon, Nîmes, 1999 a dressé un bilan de ces critiques. Dans son livre de 1989, il critiquait l’approche décontextualisée des expositions, mais aussi la monotonie des accrochages dans les musées d’art moderne, Yves Michaud, L’artiste et les commissaires, quatre essais non pas sur l’art contemporain, mais sur ceux qui s’en occupent, éditions Jacqueline Chambon, Nîmes, 1989, pp. 189-190.

[6] Là aussi c’est un problème considérable, la Tate a déjà ouvert deux succursales à St Ives et à Liverpool, de plus elle va collaborer avec des institutions agréées en Angleterre qui pourront utiliser ses collections pour leurs propres expositions. Il y a donc une forte dilution du patrimoine. Consulter le site de la Tate pour être au courant de ses activités, les collections sont également accessibles en ligne. 

15 05 01 Statistiques

La Tate Modern dresse un bilan statistique après une année d’ouverture. Le nombre d’entrées après une année serait de 5.25 millions. Il s’agit d’entrées gratuites, car l’accès au bâtiment et aux collections permanentes est libre. Ce chiffre équivaut à peu près à celui des entrées dans le bâtiment du Centre Pompidou à Paris. Pour avoir une idée plus précise de la fréquentation réelle, on peut considérer d’autres chiffres. Ainsi 2.5 millions de dépliants gratuits qui donnent le plan des lieux ont été distribués. Par ailleurs l’exposition Century City a reçu 100′ 000 visiteurs. Ils ne disent pas combien ont payé le billet d’entrée pour cette exposition dont le coût au plein tarif atteint le chiffre exorbitant de 22 francs suisses! ( ce chiffre de 100’000 paraît plutôt faible par rapport à la fréquentation générale du lieu et au réservoir de population de Londres, il faut relever qu’il s’agissait d’une exposition assez difficile). Ceci dit les chiffres concernant l’apport économique de la réalisation sont colossaux. http://www.tate.org.uk/home/news/1year.htm