Expositions collectives
Zurich 1ermai 2019
Zurich Kunsthaus Fly me to the Moon jusqu’au 30 juin
Au Kunsthaus de Zurich, les expositions thématiques alternent avec des approches monographiques d’un artiste. En 2017, l’institution avait tenté de faire une histoire de La performance. Au printemps 2018, c’était l’histoire de la mode depuis le 16esiècle jusqu’à aujourd’hui qui était évoquée sous le titre Fashion Extreme Mode in der Kunst. 2019 marque le 50èmeanniversaire du premier pas sur la lune et c’est ainsi à la présence de la lune dans l’art, l’imagination et la science que l’exposition Fly me to the Moon nous présente. Un beau sujet qui associe des peintures, photographies, installations et des évocations de l’exploration de la lune à proprement parler. Aérée et variée l’exposition fait alterner des oeuvres de la collection (50) et des prêts (150). Elle sera visible au Museum der Moderne de Salzburg dès le 20 juillet. Elle est divisée en 8 chapitres réunissant 200 oeuvres, dont une cinquantaine provient des collections du musée. 1. Astronomie et Gestalt; 2. clair de lune et ombre; 3. les maladies dues à la lune et les expériences limites; 4. la conquête de l’espace et la guerre froide et la course spatiale; 5. héros et anti-héros, la médiatisation de l’espace; 6. la colonisation de la lune, projection de nouvelles utopies; 7. la micro et la zéro gravité; 8. la planète bleue.
On peut rappeler qu’en 2011, la Kunsthalle de Vienne avait évoqué le cinquantenaire du premier homme dans l’espace: Avec Weltraum. Die Kunst und ein Traum. Les oeuvres d’une soixantaine d’artistes contemporains traitant de thèmes liés à l’espace étaient réunies pour marquer cet événement.
Le Grand Palais à Paris présente une exposition sur le même thème : La lune du voyage réel aux voyages imaginaires jusqu’au 22 juillet 2019
Karlsruhe et Munich présentent simultanément de gigantesques expositions consacrées à l’art de l’après-guerre. Il est évidemment intéressant de les comparer, car leur champ géographique et leur point de vue méthodologique sont différents. En résumé, le catalogue de Munich fait près de 900 pages et celui de Karlsruhe « seulement » 493p.!
Je réunis sur cette page les compte-rendus d’expositions, visitées au cours des 15 dernières années, qui d’une façon ou d’une autre traitent de cette question.
Karlsruhe 28 novembre 2016
Zentrum für Kunst und Medien Technologie ZKM: L’art en Europe 1945 – 1968 (ce continent que l’Union européenne ne connait pas) jusqu’au 29 janvier 2017. (Beat Generation jusqu’au 30 avril). Cette exposition brosse un tableau strictement européen de l’évolution artistique dans les années d’après-guerre. De façon traditionnelle, elle suit différents mouvements artistique et donne par exemple une place importante à l’op art, à la performance. Les oeuvres sont généralement de petit format, réunies dans des niches qui proposent des rencontres entre des artistes connus et d’autres qui le sont beaucoup moins.
Munich 28 novembre 2016
Haus der Kunst: Postwar Intensity: Kunst zwischen Pazifik und Atlantik 1945 – 1965 jusqu’au 26 mars 2017. 217 artistes de 65 pays donnent une vision de l’expression artistique dans le monde au cours d’une période à la fois traumatisée par l’impact de la seconde guerre mondiale et angoissée par la perspective d’un nouveau conflit atomique. En choisissant des travaux de grands formats d’artistes connus et inconnus l’exposition propose une série de rencontres et de confrontations intéressantes. A la différence de l’exposition de Karlsruhe, elle ne suit pas un exposé basé sur la présentation de mouvements constitués, mais cherche plutôt à donner une impression d’ensemble des enjeux de l’époque concernée. On peut se réjouir qu’il existe des lieux où l’on tente encore de brosser de tels panoramas, même s’ils sont forcément frustrants et épuisants!
L’exposition est présentée au musée Fabre de Montpellier jusqu’au 25 mars 2012. Un symposium est annoncé le 28 mai de 9h. à 13h. 15 au musée d’art et d’histoire. L’histoire de l’art moderne et contemporain est toujours à faire et à refaire. Eric de Chassey, commissaire de cette exposition, développe dans ses écrits une réflexion originale sur les mouvements artistiques de l’après-guerre, il propose ici une vision inhabituelle grâce aux toiles de la collection Gandur. L’organisation thématique inédite fait sortir les oeuvres de leurs catégories habituelles. Ainsi, par exemple, dans la salle intitulée Primitivismes, on trouve des toiles d’artistes COBRA comme Asger Jorn et Karel Appel confrontées avec Atlan, Wols, Jean Fautrier, Nicolas de Stael ou encore Picabia. Une manière de proposer des rapprochements réfléchis et inattendus entre les toiles, qui donnent une vision des préoccupations de l’époque, tout en prenant une certaine distance. C’est très stimulant et cela renouvelle le regard porté sur les artistes, certains sont toujours très connus aujourd’hui comme Pierre Soulages et d’autres plutôt oubliés. La dernière section intitulée Ruines est aussi passionnante, elle rapproche Jacques de Villeglé, Lucio Fontana, mais encore ceux qui se tournent vers la matière pour se détourner du tableau: Tapiès, Dubuffet. Les oeuvres retenues, souvent de grands formats, sont de belle qualité et n’ont pas été vues. Au sous-sol on trouve des présentations monographiques pour rendre justice aux points forts de la collection. Au centre des oeuvres de Pierre Soulages, à gauche des travaux de Georges Mathieu et à droite Hans Hartung et Gérard Schneider. Un court montage d’extraits de documentaires sur certains artistes donne une vision vivante de certaines personnalités. Patrick Schaefer L’art en jeu 11 mai 2011
Vienne 2011, Kunsthalle: Weltraum Die Kunst und ein Traum jusqu’au 15 août 2011 -La Kunsthalle Wien a décidé de marquer le cinquantième anniversaire du premier voyage dans l’espace de Juri Gagarin. Les oeuvres d’une soixantaine d’artistes contemporains traitant de thèmes liés à l’espace ont été réunies. On a regroupé les travaux autour de divers thèmes: Perspectives utopiques, invasions de mars, perspectives technologiques, nouvelles visions de l’espace et théories sur le monde, etc.. Les artistes retenus vont de Warhol et Rauschenberg aux peintres russes Vladimir Dubrossovsky et Alexander Vinogradov, en passant par Keith Tyson, Simon Patterson, William Kentridge ou encore Sylvie Fleury et Mariko Mori.
Zurich 28 février 2009, Kunsthaus: Hot Spots jusqu’au 3 mai 2009 Après Europop et les années 1960 – 1970, le Kunsthaus de Zurich poursuit une exploration de la modernité au XXe siècle sous le titre Hot Spots, il examine l’activité -artistique dans trois centres au premier abord périphériques (par rapport à New York et Paris): Rio de Janeiro, Los Angeles et Milan- Turin entre 1956 et 1969 jusqu’au 3 mai 2009. 16 artistes de Rio, 38 de Milan-Turin et 24 de Los Angeles ont été retenus. Il s’agit d’une exposition dense qui montre des recherches parallèles et simultanées sur une décennie. La confrontation est stimulante et propose un retour aux problématiques de la peinture, de la sculpture. On peut aussi rappeler la reconstitution de l’exposition Max Bill à Sao Paolo en 1951 proposée au Haus konstruktiv qui est tout à fait dans le même esprit. Au Brésil on découvre un mouvement néo-concret influencé par Mondrian et Max Bill avec des artistes comme Hélio Oiticica, Lygia Clark ou l’architecte Oscar Niemeyer. A Milan Lucio Fontana, Piero Manzoni, Pistoletto et beaucoup d’autres et à Los Angeles Vija Celmins, David Hockney, James Turrell, Kenneth Anger pour citer quelques noms.
Zurich février 2008: Europop Kunsthaus jusqu’au 12 mai 2008.
Le Kunsthaus propose jusqu’au 12 mai avec Europop un panorama de la peinture en Europe entre 1960 et 1968, sous-entendu la peinture qui fut marquée par les mêmes préoccupations que le Pop Art américain. L’exposition est divisée en quatre sections thématiques: la société de consommation: biens et publicité, la société du spectacle: stars et héros, la société des loisirs: plaisirs et loisirs, la société des médias: la guerre et le crime. 80 toiles de 24 artistes provenant d’une dizaine de pays ont été retenus et on les retrouve parfois dans les différentes sections. Les équivalents américains sont évoqués avec 3 oeuvres de Warhol, Wesselmann et Lichtenstein. La sculpture n’est représentée que par 3 oeuvres précoces de Niki de Saint-Phalle qui ont un vif impact. Dans la première salle on trouve les visions en gros plan de Domenico Gnoli et Peter Stämpfli, les recherches sur papier très précoce d’Edoardo Paolozzi, les lacérations de Rottella ou les compositions étranges d’Erro. On trouve déjà Gerhard Richter qui est largement représenté dans plusieurs sections, comme les figures sur fond de miroirs de Michelangelo Pistoletto. Dans la deuxième partie on rencontre Polke, Richard Hamilton, David Hockney ou Franz Gertsch. plus loin c’est Allen Jones avec trois toiles impressionnantes, Martial Raysse, Alain Jaquet. Enfin l’exposition s’achève avec des évocations de l’assassinat de Kennedy et de la guerre du Vietnam. L’impact visuel d’ensemble est très plaisant et enlevé et les oeuvres sont bien choisies, ceci dit il ne me semble pas que l’exposition ouvre beaucoup de questions ou de problématiques. Je place l’article sur cette exposition sur la même page que le compte rendu de l’exposition The Painting of Modern Life vue à Londres et visible actuellement à Turin jusqu’au 4 mai, car il est intéressant de comparer deux approches différentes d’une problématique assez semblable. Patrick Schaefer, L’art en jeu 17 février 2008
Figuration narrative Paris 1960 – 1972
Au Grand Palais à Paris Figuration narrative Paris 1960 – 1972 est présentée jusqu’au 13 juillet 2008.
L’exposition associe un regard chronologique et thématique et présente quelques points forts monographiques, ainsi que deux grandes compositions collectives (Vivre et laisser mourir ou l’assassinat de Marcel Duchamp, 1965 par Gilles Aillaud, Eduardo Arroyo et Antonio Recalcati et Le Grand Méchoui ou douze ans d’histoire, 1972 par la coopérative des Malassis!.). Elle est structurée autour de quatre thèmes principaux: les mythologies quotidiennes (reprend le titre d’une exposition organisée en 1964 et l’essai de Roland Barthes), les citations picturales sous la forme de détournement, l’intérêt pour le roman noir et la figuration politique. Les artistes représentés ont des formes d’expression assez diverses, la qualité des peintures retenues est tout à fait convaincante, par contre l’identité du groupe l’est beaucoup moins. Ces artistes sont un peu moins de 20 avec Valério Adami, Erro, Gilles Aillaud, Eduardo Arroyo, Jacques Monory, Peter Klasen, Peter Stämpfli, Hervé Télémaque notamment. En fait on pourrait préférer un regard plus extérieur comme celui retenu dans Europop l’exposition de Zurich évoquée ci-dessous qui couvre la même période.
L’exposition sera visible à Valence en Espagne du 19 septembre au 11 janvier 2009.
Londres 2008: Victoria & Albert Museum Cold War Modern Design 1945 – 1970 jusqu’au 11 janvier 2009.
S’il y a une exposition qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte à Londres en ce moment, c’est la remarquable réalisation du Victoria & Albert Museum sur les enjeux politiques de l’art, du design et de l’architecture pendant la guerre froide: Cold War Modern (jusqu’au 11 janvier).
J’ai rarement vu des oeuvres d’art ressortir aussi bien dans une exposition, puisque l’on sent vraiment le contexte face auxquelles elles s’expriment. Une synthèse historique et visuelle tout à fait brillante est proposée à travers 8 chapitres qui évoquent un quart de siècle de confrontations est – ouest. Le premier chapitre est intitulé: Peur et espoir dans l’immédiat après-guerre. C’est le moment le plus étonnant où l’on voit les deux camps partir dans des directions totalement différentes autour de la reconstruction de l’après-guerre. L’URSS édifie de gigantesques gratte-ciels dans le style des années 1930 qu’elle impose aux pays satellites et s’accroche aux dogmes de la figuration et du réalisme socialiste. Alors qu’en Occident on développe les idées modernistes des années 1930 en leur donnant un nouvel essor. Une affiche de Max Bill pour le Kunstgewerbemuseum de Zurich en 1945 annonce une exposition intitulée USA baut, elle exprime parfaitement les enjeux de cette section. On retrouve Max Bill un peu plus loin avec tous les objets qu’il a conçu à Ulm dans une école fortement subventionnée par les Etats-Unis. Une toile de 1951 de Constant évoque la désolation de la période et les craintes d’une nouvelle guerre. En fait le hiatus sera assez rapidement compensé avec l’arrivée de Kroutchev.
L’exposition universelle de 1958 à Bruxelles est évoquée pour montrer cette évolution. C’est le pavillon tchèque qui ont obtient le prix du meilleur pavillon pour avoir présenté les recherches poursuivies dans le domaine du verre artistique dans ce pays. D’un autre côté on évoque la collaboration entre Le Corbusier, Xenakis et Varèse pour les débuts de la musique électronique. Les pays de l’Est ont compris qu’ils avaient intérêt à montrer une image moderne et à développer des domaines de designs originaux dans un but de propagande. On constate toutefois que le plus souvent il s’agit de prototypes et qu’ils n’ont pas été construits en masse, à l’exception de la fameuse Trabant issue de cette évolution et qui correspond à une valorisation du plastique comme matériau moderne. Une large place est faite à la rivalité qui s’exprime autour de la conquête de l’espace. Elle trouve des échos dans l’art et la mode notamment, mais s’exprime aussi par la construction de tours tv spectaculaires. L’exposition de Montréal en 1967 est une nouvelle occasion de faire le point, elle précède les événements de 1968 auxquels une section est également réservée. L’art cinétique avec une pièce de Nicolas Schöffler prend aussi un sens particulier dans cette présentation.
En associant technologie, plans d’architecture, maquettes, mode, objets quotidiens, vêtements et oeuvres d’art, l’exposition dresse le panorama d’un contexte et de ses enjeux d’une manière tout à fait intéressante.
Londres octobre 2007: The Painting of Modern Life -La Hayward Gallery s’intéresse au développement des relations entre la peinture et la photographie depuis les années 1960 jusqu’à aujourd’hui sous le titre The Painting of Modern Life jusqu’au 30 décembre. L’exposition est originale, car elle ne se préoccupe pas des notions de pop art, d’hyperréalisme ou de néo-expressionnisme. A travers six thèmes, elle montre plutôt comment 22 peintres d’origines très diverses (Etats Unis, Europe et Chine) ont utilisé la photographie au cours des 40 dernières années pour réaliser leurs toiles. Les mêmes artistes traitant l’un ou l’autre thème apparaissent plusieurs fois. En préambules sont exposées des toiles peintes au début des annéess 1960 par Andy Warhol, Gerhard Richter, Michelangelo Pistoletto, Malcolm Morley et Richard Artschwager qui ont pour points communs une source photographique et la transformation de l’image par la peinture. La première section est consacrée à la politique et à l’histoire, la deuxième au travail, la troisième aux loisirs et à la vie quotidienne on y trouve notamment Franz Gertsch et Peter Doig. La quatrième à l’espace social, enfin les deux dernières présentent les individus modernes et la famille et les amis, on trouve ici David Hockney, Malcolm Morley, Elisabeth Peyton, Robert Bechtle. C’est un parcours plaisant et il est parfois difficile de dater une oeuvre tant il y a des points communs dans les démarches. En plus de la référence à la photographie, il y a aussi un point commun autour de la primauté donnée à la peinture par ces artistes. C’est ainsi une occasion de réunir des artistes très prisés en ce moment qu’il s’agisse de Marlène Dumas, Peter Doig, Wilhelm Sasnal ou encore Luc Tuymans! Hayward Gallery, Londres jusqu’au 30 décembre. L’exposition sera visible au Castello di Rivoli à Turin du 4 février au 4 mai 2008. Patrick Schaefer, L’art en jeu, 18 octobre 2007