Archives mensuelles : septembre 2019

Collections privées, exposition publique

Je réunis sur cette page divers articles consacrés aux expositions de collection privées et publiques depuis 2001 et la question du canon de l’histoire de l’art en sous-jacent.

Berne 28 juillet 2023

Sous le titre énigmatique Anecdotes du destin jusqu’au 7 janvier 2024, le musée des beaux-arts de Berne propose de confronter les artistes les plus connus de la collection à d’autres, généralement des femmes, qui ont été oubliées par l’histoire de l’art, au point d’ailleurs qu’il est souvent impossible de reconstituer leur carrière. Cette présentation originale des collections revient sur une exposition présentée en 2020: Tout se disloque. l’art suisse de Böcklin à Vallotton jusqu’au 20 septembre 2020 qui proposait un accrochage thématique d’œuvres tirées des collections datant de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’au début du XXe siècle. Si l’on retrouve des artistes connus Böcklin, Hodler, Vallotton, Klee ou Wölffli, certains le sont beaucoup moins, en particulier plusieurs femmes peintres. Louise Breslau (1856 – 1927), Clara von Rappard (1857 – 1912) ou Annie Stebler-Hopf (1861 – 1918). A la suite de l’exposition de 2020, il avait été décidé de consacrer une exposition à Annie Stebler – Hopf, mais le manque d’oeuvres conservées et de source a rendu ce projet caduque; du coup la commissaire est revenue sur un projet impliquant toute la collection avec près de 80 artistes en demandant à des écrivains de créer des histoires autour d’artistes peu connus puisque les failles de l’histoire de l’art ne permettent pas d’approfondir la connaissance de certaines personnalités passées à côté du courant dominant.

Lausanne 7 octobre 2019

Musée cantonal des beaux-arts. A l’occasion de l’exposition inaugurale du nouveau bâtiment du musée des beaux-arts sur le site de la gare appelé Plateforme 10, l’institution a choisi de rendre hommage aux donateurs en consacrant tous les espaces à la collection. Sous le titre: Atlas. Cartographie du don jusqu’au 12 janvier 2020. Le magnifique bâtiment des architectes Barozzi et Veya offre de vastes espaces parfaitement fonctionnels à quelques pas de la gare de Lausanne. Les locaux de service, accueil, restaurant, salle de conférence sont rassemblés au rez-de-chaussée, alors que les espaces d’expositions se déploient sur deux étages, séparés en deux ailes bien distinctes. Refusant toute construction historique, cette première présentation rassemble des oeuvres de diverses époques autour de dix thèmes et un index qui développent la métaphore de l’atlas, du globe ou de la carte géographique, le résultat, loin de tout didactisme, propose d’étranges assemblages et des rencontres inattendues, souvent réussies, en explorant des thèmes comme la forêt, la musique, la douleur, l’amour, l’histoire notamment.

Une large place est faite aux artistes suisses vivants et aux créateurs de la seconde moitié du 20 siècle. Les points forts de la collection ne servent que de contrepoints occasionnels: un seul Soutter, deux ou trois Ducros, un ou deux Gleyre, un beau groupe de Bocion. Les œuvres les plus connues retrouveront les cimaises du musée lors de l’accrochage permanent de la collection. Pour l’instant ce sont les artistes vivants qui sont invités à fêter ces nouveaux espaces, les donations récentes ou les promesses de dons sont privilégiées. A signaler qu’une importante collection d’oeuvres de Jean Dubuffet a rejoint les fonds du musée. Lausanne dispose dorénavant d’un instrument qui devrait favoriser la promotion des artistes actuels, attirer les donateurs et un large public. Près de 20’00o personnes ont répondu à l’appel pour le week end d’ouverture.

Pour cette première présentation l’entrée est gratuite.


Berne 14 août 2017. La collection Hahnloser jusqu’au 13 mars 2018.

Le musée de Berne présente dans les salle de l’ancien bâtiment, la collection Hahnloser dans toute son ampleur et avec ses points forts qui sont avant tout Pierre Bonnard et Félix Vallotton, mais elle comprend de nombreux autres artistes à commencer par Van Gogh, Cézanne, Matisse, Maillol et Redon notamment.


Lausanne 26 avril 2017: Fondation de l’Hermitage, Chefs-d’oeuvre de la collection Bührle jusqu’au 29 octobre 2017.

La Fondation de l’Hermitage présente pour plusieurs mois un ensemble d’oeuvres majeures de la collection Bührle. Celle-ci sera visible dès 2020 dans le nouveau bâtiment du Kunsthaus de Zurich. En attendant, elle prête ses oeuvres à diverses institutions. A noter, par exemple que c’est Le Semeur de Van Gogh qui fait l’affiche de l’exposition lausannoise, mais on peut encore découvrir 6 toiles de van Gogh au musée du même nom à Arles. Et si le Garçon au gilet rouge est bien à Lausanne, 6 toiles de Cézanne figureront dans l’exposition consacrée à cet artiste à la Fondation Gianadda (16 06 – 19 11 2017) et une autre au musée d’Orsay ( 13 06 –  24 09 2017). Je mentionne ces faits pour que l’on mesure l’ampleur de cette collection, vraiment stupéfiante. C’est une chance de pouvoir la découvrir dans d’excellentes conditions à Lausanne. Continuer la lecture

Rencontres d'Arles 2019. 50 ans d'affiches

Rencontres d’Arles 2001 – 2019

Rencontres d’Arles 2019. 50 ans d’affiches

Arles 2019 50 ans, 50 expos du 1er juillet au 22 septembre

Un passage rapide, trop rapide, le samedi 21 septembre pour découvrir la totalité du déploiement d’expositions proposé à Arle, à l’occasion de ce cinquantième anniversaire.

Une quantité de lieux ont été investis. On constate un partage entre des expositions historiques et d’autres tournées vers la production actuelle, regroupée autour de thèmes. La visite commence par le cloître Sant- Trophime, le palais de l’Archevêché, l’église Sainte-Anne, l’église des Trinitaires qui retrace l’histoire du festival, l’espace van Gogh avec une superbe présentation des travaux de Helen Levitt. A quelques pas de l’église Sant-Trophime, la Fondation Manuel Rivera-Ortiz présente un grand nombre d’expositions.

Ensuite je me rends aux ateliers de la mécanique pour voir l’évolution des diverses constructions. Continuer la lecture

Biennale de Lyon 2019. Holly Hendry (1980), Deep Soil Thrombosis 2019

Biennales de Lyon

Biennale de Lyon 2019. Holly Hendry (1980), Deep Soil Thrombosis, 2019

Je réunis sur cette pages les compte-rendus des éditions de la biennale de Lyon, visitées depuis 2001.

Lyon 6 décembre 2024

17e Biennale de Lyon, Les voix des fleuves jusqu’au 5 janvier 2025

Les sites industriels abandonnés semblent inépuisables dans le grand Lyon après la Sucrière et l’usine Fagor. Cette année la biennale investit un gigantesque espace qui fut consacré à la construction de locomotives près de la gare d’Oullins : Les grandes Locos. La surface est immense peut-être même plus grande que les ateliers de mécaniques à Arles. Un bâtiment gigantesque assez bien préservé, car il n’a été abandonné qu’en 2019 abrite l’essentiel des installations proposées par une trentaine d’artistes (on retrouve les œuvres de certains sur d’autres sites). Les interventions sont à la mesure de l’espace qui est bien mis en valeur et exerce un véritable envoûtement Distribué dans trois travées plusieurs œuvres abordent le thème de la passerelle (Ivan Argote Me & The Others), du passage (Nefeli Papadimoouli Idiopolis) Liesl Raff Corridor) ou du tunnel (Hans Schabus Monument for People on the Move). Plusieurs intervenants viennent de l’architecture d’ailleurs. Les vidéos et des travaux plus intimes sont présentés dans des containers.

Le deuxième bâtiment en plus de divers services restaurant, librairie abrite l’immense installation sonore et vidéo d’Olivier Beer qui a travaillé sur les échos dans une grotte peinte de Dordogne Resonance Project : The Cave, 2024. Comme toujours la biennale invite à parcourir toute la ville et ses environs, pour ma part je suis allé au musée d’art contemporain. Un étage est consacré à une sélection d’œuvres tirées des collections lyonnaises choisies et présentées par Grace Ndiritu (1982), alors que sur les deux autres étages on découvre des travaux plus intimes soit tournés vers l’intérieur d’un individu soit comme réaction à des situations actuelles extrêmes comme la Palestine (Taysir Batniji Au cas où et le Phénix) et l’Iran notamment. Un hommage est également rendu à Christian Boltanski et Annette Messager qui sont également présentés au centre-ville au Grand hôtel Dieu dans les anciennes pharmacies où sont présentés une dizaine d’artistes.

Sous la direction de l’équipe curatoriale du Palais de Tokyo à Paris, la Biennale de Lyon, quitte la Sucrière pour une immense usine dont l’activité a été récemment abandonnée, l’usine Fagor à Gerland, le musée d’art contemporain accueille également une partie des artistes sélectionnés qui proviennent de France et de nombreux pays.

Lyon 17 octobre 2022

16ème biennale de Lyon. Manifesto of Fragility jusqu’au 31 décembre

Fragile comme l’étamine d’un lys qui a été choisi pour l’affiche de cette biennale, fragile comme la nature, la banquise qui fond, fragile comme les ouvriers précarisés au Qatar, fragile comme les civilisations disparues, fragile comme les sites détruits par les guerres. Sous ce titre manifeste de fragilité, la biennale de Lyon décline un état du monde avec de grandes installations qui sont souvent des commandes de la biennale et prennent position par rapport à des situations spécifiques à la ville de Lyon. Le résultat est évidemment assez lugubre, un sentiment renforcé encore par les accompagnements sonores de certaines pièces.
On constate beaucoup de réflexion sur la construction, le bâti, l’unité de l’ensemble étant assuré par un système d’échafaudages, réflexion aussi sur les dispositifs des espaces habités, l’urbanisme. Une douzaine de sites sont investis par un ou plusieurs artistes avec comme point principal l’ancienne usine Fagor divisée en sept grands espaces. C’est là que se trouvent de nombreuses interventions contemporaines bien que l’on retrouve certains artistes sur d’autres lieux, en particulier dans l’ancien musée Guimet, avec des interventions plus limitées. Le musée d’art contemporain consacre deux étages à une rétrospective de la vie artistique au Liban des années 1950 jusqu’en 1975 : Beyrouth et les Golden sixties, alors que ce pays vivait comme un pays occidental avant la brutale interruption de la guerre civile. Un autre étage est consacré à l’histoire lyonnaise du 19ème siècle sur les traces d’une figure féminine imaginaire : les nombreuses vies et morts de Louise Brunet. Des performances se déroulent également en continu.

Lyon 24 septembre 2019

15e Biennale de Lyon, là où les eaux se mêlent jusqu’au 5 janvier 2020

Depuis des décennies les artistes, les commissaires d’exposition rêvent, fantasment sur l’utilisation pour la présentation de leurs œuvres d’espaces abandonnés qu’ils peuvent réinvestir, convertir. En fait le phénomène lorsqu’on y réfléchit commence dès l’apparition des musées avec le remploi des palais ou des couvents par exemple. L’installation pour cette édition de la biennale de Lyon à l’usine Fagor est un peu différente, car cette fabrique de machines à laver a été fermée récemment et tout semble en parfait état, prêt à reprendre la production. On prend ainsi d’abord la mesure d’une catastrophe industrielle, d’un effondrement. L’ampleur des espaces abandonnés donne une idée du nombre de personnes qui devaient y travailler. Le thème de l’exposition est ainsi donné, il s’agit bien du crash, il est décliné sous diverses formes posthumanistes dans le parcours des quatre  halles. Continuer la lecture