Archives de catégorie : #art suisse

Ferdinand Hodler – Jean- Frédéric Schnyder

Cet article est fondé sur la visite de trois expositions de l’artiste Jean- Frédéric Schnyder, en 2007 à Bâle, en 2012 à Kriens près de Lucerne et en 2014 au Kunsthaus de Zurich jusqu’au 26 avril 2015.

Jean- Frédéric Schnyder, né en 1945, s’est d’abord fait connaître par des sculptures, des assemblages liés à la vie quotidienne. Puis il a abordé la peinture, à contre-courant de ceux qui pensaient que ce médium était mort, en suivant un concept, se fixant un objectif. En 1982 – 1983, il réalise 126 vues de Berne qui prennent en compte tous les éléments de la banalité du quotidien. En 1991, il peint une série de 90 salles d’attente de gares suisses toutes au format 30 x 42 cm. Deux ans plus tard il est remarqué à la Biennale de Venise avec une nouvelle série intitulée ironiquement Promenade pédestre consacrée à des vues de l’autoroute A1 qui traverse toute la Suisse d’est en ouest, faites depuis des ponts. Ayant quitté Berne pour Zoug il s’attache à un autre thème très délicat, le coucher de soleil en 1996/97 avec 163 toiles. Il est aussi un collectionneur passionné de cartes postales.

Zurich Kunsthaus: Ferdinand Hodler – Jean- Frédéric Schnyder jusqu’au 26 avril 2015

Dans une partie des salles habituellement consacrées aux collections, le Kunsthaus propose une étonnante rencontre, orchestrée par l’artiste Peter Fischli, entre Hodler et Jean-Frédéric Schnyder. Deux séries de peintures de Schnyder sont présentées : Berner Veduten 1982 – 1983 et une série consacrée au lac de Thoune, avec au centre le Niesen, réalisée du 10 octobre au 11 novembre 1995. Une montagne immortalisée par Hodler, mais ce ne sont pas ces paysages de Hodler qui sont montrés. La présentation des oeuvres de Hodler nous fait plutôt entrer dans la fabrique du peintre avec un choix important de 35 dessins, souvent de petits croquis et puis aussi 25 toiles. Toutes ces travaux proviennent des collections du Kunsthaus. Si ce sont plutôt les différences entre les artistes qui sont soulignées, on découvre aussi des similitudes par exemple avec la présentation des carnets de croquis de Schnyder. Les éléments tirés du quotidien prennent la stature de sculptures, d’installations, ainsi un assemblage de chiffons imbibés de peinture, la bicyclette, le sac à dos ou les chaussures du peintre, sans oublier son chevalet. L’exposition n’est pas accompagnée d’un catalogue au sens traditionnel, elle est pourtant marquée par deux publications, un livre oblong reproduit les vues du lac de Thoune par Schnyder et une feuille au format affiche reproduit une partie des œuvres de Hodler avec la liste de toutes les pièces exposées.

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Félix Vallotton

Paris, Grand Palais

Félix Vallotton. Le feu sous la glace 2 octobre – 20 janvier 2014. 

A l’opposé du parti retenu pour Georges Braque, dont une grande rétrospective est présentée au même moment au Grand Palais, les responsables de l’exposition  Félix Vallotton ont choisi une approche entièrement thématique et non chronologique. Un choix audacieux, mais très bienvenu, qui évite de ressasser toujours la même histoire et qui permet de prendre en compte l’ensemble de la production du peintre.

Félix Vallotton a réalisé 1’700 peintures et 200 gravures. En suivant des fils conducteurs à la fois formels et iconographiques, on saisit la permanence des préoccupations de l’artiste, mais aussi leur évolution. Voici les principaux thèmes retenus : Idéalisme et pureté de la ligne. Perspectives aplaties. Refoulement et mensonges ( critique de la vie bourgeoise). Un regard photographique (il dispose d’un appareil Kodak dès 1899). La violence tragique d’une tache noire (gravures sur bois). Le double féminin. Erotisme glacé et opulence de la matière. Mythologies modernes. C’est la guerre ( la guerre de 1914 – 1918, mais aussi la guerre des sexes).

En visitant successivement les expositions Vallotton et Braque, on constate qu’ils sont deux théoriciens de la représentation et de la peinture. Ils rejettent un certain usage de la couleur et privilégient la construction du tableau. Lorsqu’on regarde un paysage de Vallotton comme Souvenir des Andelys, 1916, on constate que l’on n’est finalement pas très loin des paysages cubistes de Braque.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 18 décembre 2013

Alex Katz et Félix Vallotton, Lausanne 23 mars 2013

Fondation de l’Hermitage Lausanne: Van Gogh, BonnardVallotton… La collection Arthur et Hedy Hahnloser jusqu’au 23 octobre 2011. A signaler que les Hahnloser furent parmi les principaux amateurs et amis de Félix Vallotton, la collection présentée en ce moment à la Fondation de l’Hermitage offre un ensemble exceptionnel d’oeuvres de cet artiste.

Le Cabinet d’art graphique du musée d’art et d’histoire de Genève présente

Félix Vallotton de la gravure à la peinture jusqu’au 9 janvier 2011.

L’exposition réunit des estampes réalisées dans diverses techniques: eau-forte, bois zincographie, des dessins préparatoires et quelques peintures. On découvre une suite de vues parisiennes, 1893, les Intérieurs, les instruments de musique, les pages d’un numéro de l’Assiette au beurre, Crimes et Châtiments, 1902, pour citer quelques exemples ou encore celles de l’album C’est la guerre. Elle couvre toutes les périodes d’activité de l’artiste en approfondissant le regard sur quelques productions.

Patrick Schaefer, 28 octobre 2010

Félix Vallotton idylle au bord du gouffre

Le Kunsthaus de Zurich présente 91 toiles de Félix Vallotton (1865 – 1925) sous le titre Félix Vallotton idylle au bord du gouffre jusqu’au 13 janvier 2008. Au cours des 15 dernières années Félix Vallotton a fait l’objet de nombreuses expositions ponctuelles ou rétrospectives ( Yale, Amsterdam et Lausanne en 1992, puis Lyon et Marseille en 2001) qui ont mis en évidence la richesse de sa production et qui ont fait largement progresser les connaissances sur cet artiste. Ces présentations ont été couronnées par la publication du catalogue raisonné mentionné ci-dessous. Idylle au bord du gouffre vient après tous ces travaux et ne cherche visiblement pas à apporter de nouvelles contributions rédactionnelles sur l’artiste. Le catalogue contient une brève introduction et des commentaires en regard de la reproduction des oeuvres accrochées.

L’exposition par contre, dégagée de tout souci historique ou didactique propose une découverte érudite certes, mais libre, aérée et très convaincante du peintre Vallotton (aucune gravures ou dessins dans l’exposition, deux salles de la collection permanente présentent toutefois quelques travaux sur papier). Le peintre devient intemporel entre Courbet et Lucian Freud, il est d’une singulière actualité. Par ailleurs le moteur principal de son inspiration artistique, une réflexion amère sur le conflit entre les sexes est mis en évidence avec force. Une organisation thématique a été privilégiée. Le premier espace commence très fort en confrontant les portraits réalistes de Vallotton à une série de portraits décoratifs, hommage à des écrivains et à Berlioz. La salle suivante est consacrée aux scènes intimes et aux visions d’intérieurs, puis viennent des natures mortes, avant la présentation de la vision du nu féminin chez l’artiste à laquelle une large place est faite. Elle est complétée par l’évocation de scènes mythologiques. L’exposition s’achève sur des paysages avec un espace particulier consacré à l’un des chefs-d’oeuvre de Vallotton, Le Bain un soir d’été, 1892 qui fait partie de la collection du Kunsthaus et qui est placé vers la fin du parcours, hors d’une évolution chronologique. De manière générale l’exposition met l’accent sur le fond du musée puisque une quinzaine d’oeuvres exposées appartiennent à cette institution. Les autres musées suisses ont également des fonds importants qui sont mis à contribution. Plus étonnant deux toile peu connues et très belles proviennent l’une du musée de Bordeaux et l’autre de Strasbourg. Des collections américaines apportent également une contribution importante à l’exposition.

Cette dernière sera visible à la Kunsthalle de Hambourg sous une forme différente du 15 février au 18 mai 2008.

Kunsthaus Zurich jusqu’au 13 janvier 2008.

A signaler que la villa Flora à Winterthour met aussi le maître lausannois à l’honneur en présentant sa propre collection de Vallotton complétée par des prêts jusqu’au 28 septembre 2008.

Patrick Schaefer 6 octobre 2007

Lausanne Musée cantonal des beaux-arts Vallotton à livre ouvert. Le catalogue raisonné de l’oeuvre peint jusqu’au 27 mars 2005.

La publication du catalogue raisonné de Félix Vallotton couronne plus de 20 ans de travail mené par Marina Ducrey. 1704 peintures sont répertoriées. Le catalogue comprend trois volumes, le premier est une monographie et les deux autres inventorient l’activité de l’artiste. Une sélection, des toiles, dessins et gravures de la collection du musée sont accrochées en parallèle à la présentation des pages du catalogue qui les concerne.

Berne Musée des Beaux-Arts; Fondation Gianadda 18 mars – 12 juin 2005

Félix Vallotton: les couchers de soleil jusqu’au 20 février 2005

L’exposition du musée des beaux-arts de Berne réunit 90 œuvres de Félix Vallotton (1865 -1925), 20 gravures sur bois et 70 peintures, qui illustrent le développement du thème de la fin du jour dans l’œuvre de l’artiste. Il s’agit de paysages décoratifs ou composés et de nus ou encore de paysages de guerre. Le parcours qui est réparti dans six salles propose une approche thématique et chronologique de ce thème chez Vallotton. Les toiles d’un singulier éclat sont parfois de véritables feux d’artifice. Evidemment chez ce caricaturiste impitoyable un thème aussi romantique peut paraître étonnant, mais le propos de l’exposition et du catalogue est d’éviter toute fausse interprétation en montrant que chez Vallotton le paysage est une composition qui vise à obtenir un effet maximal sans tomber dans le sentimentalisme. Les essais du catalogue s’emploient à éclairer objectivement ce thème et ne cherchent pas à lui donner une interprétation trop large, métaphorique. Comme pour d’autres motifs on constate que Vallotton a commencé par aborder le sujet en gravure sur bois avant de le reprendre parfois beaucoup plus tard en peinture. Il existe une proximité troublante avec des artistes contemporains Ferdinand Hodler et Edouard Munch notamment, mais Rudolf Koella, commissaire de l’exposition et auteur de l’essai principal du catalogue, s’efforce de montrer la différence, la spécificité de la démarche de Vallotton dans ses paysages appelés décoratifs vers 1900-1901, puis composés dès 1909. Ce peintre ne se laisse pas envahir par le côté sentimental du sujet et ne s’inscrit pas dans un symbolisme direct. Il conserve une distance, une ironie tout en exaltant la beauté de la réalité par la mémoire et l’assemblage décoratif des formes et des couleurs. Avec ses constructions ses compositions se réfèrant à Poussin, il atteint une intensité incomparable. Depuis 1910 date à laquelle le thème prend son véritable essor 40 paysages avec couchers de soleil sont recensés, ils évoquent souvent la région de Honfleur. La mise en évidence de la distance entre Vallotton et le symbolisme prise en compte, il n’empêche que l’on peut constater que l’obsession de la mort, de la destruction des êtres est l’un des principaux fils conducteurs de l’œuvre de Félix Vallotton. On connaît ses gravures sur bois, théâtre d’ombre qui exalte les êtres comme trace dans lesquelles on trouve la mort dans l’observation des manifestations de rue, dans l’évocation des rites, l’absoute ou encore dans les Intimités qui retracent avant tout l’impossibilité des relations, leur mort annoncée en somme. La Première guerre mondiale lui a inspiré des scènes allégoriques mais aussi des paysages qui évoquent les champs de bataille (Verdun, 1917). C’est une bonne idée de montrer cet aspect de l’œuvre. On peut la mettre en parallèle avec la décision de ne montrer que des paysages de Hodler lors d’une exposition récente à Genève et à Zurich. Est-ce le souci de toucher un public de plus en plus large ou une véritable évolution dans l’appréciation de ces artistes ?

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 2 décembre 2004

réflexion sur la reconstitution d’expositions.

Décembre 2013, réflexion sur la reconstitution d’expositions.

La reconstitution des expositions devient une véritable tendance ou un courant. Sans aller jusqu’au travail 1 :1 réalisé à Venise pour When Attitudes Becomes Form Bern 1969/ Venice 2013, la présentation de Beaubourg consacrée à l’objet surréaliste évoque 5 des 8 expositions surréalistes par des projections de diapositives et par la reconstitution partielle de certaines salles ou vitrines. 

C’est encore à une réflexion sur les grandes expositions et leur impact que nous invite la cité de l’architecture et du patrimoine avec 1925 quand l’art déco séduit le monde jusqu’au 17 février 2014. Centrée sur l’exposition de 1925 à Paris, elle montre des plans et des photographies des divers pavillons. Elle insiste sur le rôle des grands magasins dans la création d’une production spécifique, plus industrielle qu’artisanale comme c’était le cas avec l’art nouveau. Ce n’est pas le mouvement, le style qui sont montrés, mais vraiment l’exposition de 1925 dans un premier espace. Dans un second espace, on évoque l’impact de l’exposition de 1925 et la diffusion d’un style à travers le monde de Tokyo au Vietnam, à l’Afrique du Nord. On souligne aussi le rôle du paquebot Normandie comme promoteur de ce style.

Au Musée Guimet, l’exposition Angkor est aussi avant tout une histoire de la découverte du site et de sa mise en valeur muséographique à Paris. Angkor : Naissance d’un mythe Louis Delaporte et le Cambodge jusqu’au 27 janvier 2014. En effet, elle raconte comment Louis Delaporte fit des relevés, montre ses splendides aquarelles, et des moulages de certaines parties de sites. Il obtint peu à peu des lieux d’expositions d’abord dans l’indifférence, avant que l’on ne s’intéresse vraiment au site. Ces moulages qui avaient été entreposés dans des caisses commencent à faire l’objet de restaurations et certains sont présentés ici.

On peut encore mentionner Matisse et les Fauvesà l’Albertina à Vienne jusqu’au 12 janvier 2014. Sans être une reconstituton du salon d’automne de 1905, l’exposition s’efforce de réunir avant tout des oeuvres produites entre 1905 et 1908. Elle évoque la plupart des créateurs réunis en 1905.

 Patrick Schaefer L’art en jeu 18 décembre 2013

Reconstitution d’expositions

Berne 6 août 2018

La Kunsthalle de Berne rend hommage à Harald Szeemann jusqu’au 2 septembre en évoquant par des films et des documents les principales expositions dans lesquels il a été impliqué. Elle permet aussi de cerner une personnalité et son mode de travail. Sous le titre Musée des obsessions. Il avait constitué des archives personnelles considérables et recueilli au début de son activité, la quasi totalité des objets réunis dans l’appartement de son grand-père qui était coiffeur, une présentation séparée de cet ensemble est proposée dans l’ancien appartement de Harald Szeemann.

Milan 20 mai 2018

Fondation Prada: Art Life Politics: Italia 1918 – 1943 jusqu’au 25 juin

Ouverte depuis quelques années dans un vaste site industriel, proche des voies de chemin de fer, près de la station Lodi de la ligne jaune du métro milanais, subtilement transformé en associant des édifices nouveaux et les bâtiments anciens transformés, tout en conservant la sensation d’ampleur du site, la Fondation Prada propose des expositions temporaires et des éléments de sa collection consacrée à des installations d’artistes bien connus de la scène contemporaine ( Louise Bourgeois, Robert Gober, Damien Hirs, Jeff Koons, etc.).

En ce moment, elle produit une gigantesque exposition conçue par Germano Celant (1940 – décédé en 2020 du Coronavirus), consacrée à l’art italien de l’entre-deux-guerres. Loin d’effectuer une sélection entre artistes ayant collaboré avec le régime et ceux qui étaient plus en retrait, elle présente une série de reconstitutions d’expositions d’art italien dans le pays et à l’étranger. Depuis les artistes présentés à la Biennale de Venise, l’exposition des arts décoratifs  de 1925 à Paris, les développements de l’architecture, les monuments aux morts, le mobilier, des expositions à Rome, à Pittsburg ou à la Kunsthalle de Berne. L’idée étant de reconstituer certaines cimaises de ces manifestations d’après des photographies d’époque avec les oeuvres originales lorsqu’elles sont disponibles ou des reproductions. L’entreprise est énorme et il faut le dire assez lassante, d’autant plus que les oeuvres sont en général très sombres.


Bâle – Riehen 6 octobre 2015

La Fondation Beyeler a décidé de marquer le centenaire du carré noir de Kasimir Malewitsch par une double exposition. La première au titre énigmatique A la recherche de 0.10, la dernière exposition futuriste de peinture tente de reconstituer le plus précisément possible, la manifestation dans laquelle Malewitsch présenta pour la première fois une œuvre devenue emblématique du 20ème siècle. Continuer la lecture

Interactivité, vidéo, jeux

Lausanne 16 novembre 2013: Musée cantonal des beaux-arts, Lausanne

Making Space. 40 ans d’art vidéo 18 octobre – 5 janvier 2014

Le musée des beaux-arts de Lausanne se lance dans une tentative difficile : jeter un regard rétrospectif sur l’art vidéo des 40 dernières années. A travers un thème, l’ouverture vers de nouveaux espaces intérieurs, extérieurs, simultanés. C’est une expérience intéressante pour le spectateur et une réflexion sur notre mémoire visuelle, l’évolution de nos sensations. 23 artistes ont été retenus. D’un côté l’exposition donne l’occasion au public local de découvrir des installations présentées au cours des 15 dernières années dans de grandes expositions internationales, de l’autre elle tente de proposer quelques travaux historiques internationaux ou suisses.

L’expérience sur soi et la perception du monde rendue possible par l’emploi d’une caméra souple ont ouvert de nouveaux champs à l’expression artistique. Continuer la lecture

Peinture allemande 15e-16e siècle Holbein

Paris: Ecole nationale supérieure des beaux-arts: Albrecht Dürer et son temps jusqu’au 13 janvier 2013. Cette exposition exceptionnelle sur la gravure et le dessin allemand et suisse du 15e au 16e siècle dans les collections de l’ensba est accompagnée de toute une réflexion sur la meilleure manière de rendre accessible, des livres ou de grandes gravures roulées grâce à des écrans tactiles par ailleurs certains livres présentés dans l’exposition peuvent être feuilletés sur le site internet. 

Dürer – Cranach – Holbein, le portrait allemand vers 1500, Munich Kunsthalle der Hypo – Kulturstiftung jusqu’au 15 janvier 2012

L’exposition cerne le développement du portrait vers 1500 en Allemagne où il connut un incontestable essor. Les trois noms mentionnés dans le titre sont évidemment les figures les plus marquantes et l’exposition les met en contexte. Le premier chapitre intitulé type ou typique souligne la naissance de portraits individualisés, mais il existait des séries de types, comme le vieillard par exemple, quelques titres des chapitres de l’exposition: le portrait avant Dürer, pile ou face, les médailles, la monnaie, le portrait dans l’art graphique. Les portraits gravés de Dürer, Foi et pouvoir, Lucas Cranach portraitiste dans des temps troublés; Holbein portraitiste à Bâle et à Londres; le portrait dans la sculpture allemande après 1500; le portrait de cour en pied; le portrait bourgeois, enfin l’exposition se termine avec des portraits et autoportraits d’artistes. Cette présentation rend un sujet assez rébarbatif intéressant et montre le contexte et les antécédants dans lequels s’inscrivent l’activité des artistes les plus connus mentionnés dansle titre.

Konrad Witz au musée des beaux-arts de Bâle jusqu’au 3 juillet 2011

Un très grand peintre attesté de 1434 à 1444. Aussi beau que les van Eyck! C’est un défi de consacrer une exposition à un artiste dont l’oeuvre incontestée se limite à 20 pièces. Le musée de Bâle possède une grande partie de ses travaux. A l’exception du retable de Saint Pierre qui est à Genève et ne voyage pas! L’exposition est complétée par des oeuvres de contemporains, des dessins d’après ses peintures et même des vitraux, des fresques, des enluminures et un jeu de tarot. Elle dresse ainsi un panorama de l’activité artistique entre la Savoye, la Bourgogne et le sud de l’Allemagne au milieu du 15 e siècle, alors que Bâle était devenue capitale de la Chrétienté par l’effet d’un Concile.

Kunstmuseum Bâle

Hans Holbein le Jeune. Les années bâloises 1515-1532 jusqu’au 2 juillet 2006

Réparties dans 11 salles les oeuvres proposées par cette exposition permettent de se faire une idée très complète de l’activité d’un peintre, en l’occurence Hans Holbein (1497/98 – 1543), au début du XVIe siècle et ceci malgré la disparition d’une grande partie des travaux achevés . Hans Holbein est Issu d’une famille d’artistes, la personnalité de son père est évoquée par une série de dessins extraordinaires et le panneau de la Mort de la Vierge, le frère de Hans, Ambrosius était aussi un talent très prometteur, mais il mourut jeune. L’exposition débute avec deux panneaux peints pour l’orgue de la cathédrale de la ville. On découvre ainsi comment les commissions se sont enchaînées. Dessins pour des vitraux, chemins de croix dans une église, décors de façades, fresques pour la salle du grand conseil, malheureusement disparues, et au milieu de cette activité des commandes de portraits et de tableaux de dévotion. Les oeuvres principales exposées sont le Christ mort, la Madone de Soleure et la Madone de Darmstadt ainsi que divers portraits notamment ceux d’Erasme. Ce qui frappe dans la présentation ce sont les nombreux dessins, portraits, mais aussi esquisses pour différents travaux, répartis à travers le monde, ils ont été réunis pour reconstituer une vision des activités de l’artiste à Bâle. L’exposition s’achève sur les commandes de gravures religieuses, images de dévotion destinées à un très large public. Le part-pris adopté, très intéressant montre l’artiste dans toutes ses activités tout en faisant ressortir les quelques oeuvres importantes et diverses épargnées par le temps qui ont survécu jusqu’à aujourd’hui. On relève aussi la précocité de l’artiste puisqu’il reçoit la commande pour la décoration du Grand conseil de l’hôtel de ville en 1521-1522.

A relever que la Tate Britain évoquera la période anglaise du peintre du 28 septembre 2006 au 7 janvier 2007

Holbein in England Tate Britain jusqu’au 7 janvier 2007

L’exposition se concentre sur l’activité de Holbein comme peintre de la cour d’Henri VIII. Elle montre l’activité de l’artiste comme portraitiste, évoque également ses autres activités lorsqu’il réalise des dessins pour des objets d’orfèvrerie, plats, épées ou des éléments d’architecture d’intérieur.

Le site de la Tate Britain propose une description détaillée des 9 salles de l’exposition avec de nombreuses reproductions.

http://www.tate.org.uk/britain/exhibitions/holbein/

Expositions thématiques (8)

Grand Palais, Paris Bohèmes jusqu’au 14 janvier 2013

Le metteur en scène canadien Robert Carsen (1954) signe la scénographie très soignée et séduisante de deux expositions à Paris : Bohèmes au Grand Palais jusqu’au 14 janvier et l’impressionnisme et la mode au musée d’Orsay jusqu’au 20 janvier. Comme il est aussi l’auteur de la mise en scène de JJR, découverte à Genève ces derniers jours et qu’il avait réalisé Richard III de Giorgio Battistelli lors de la dernière saison, on lui porte un intérêt soutenu.

Bohèmes explore la polysémie du terme, ce qui donne une exposition en deux parties bien distinctes, mais assez surprenante, déconcertante même. La première, qui s’étend dans deux salles allongées au rez, examine l’iconographie des bohémiens, diseuses de bonne aventure et autres égyptiens aux pouvoirs mystérieux. C’est une toile de Georges de la Tour qui domine la première salle. Elle inclut également le passage à l’artiste qui s’identifie au vagabond, au marginal avec une toile comme Bonjour M. Courbet particulièrement bien mise en valeur, on découvre ce double aspect de la représentation des marginaux et de l’identification de l’artiste avec ce groupe.

La seconde partie à l’étage évoque les grandes oeuvres du XIXe siècle qui, dans le goût pour l’exotisme de l’époque, qui place les gitans et l’artiste bohème au centre avec Mérimée et Carmen, puis Puccini et la Bohème.

Pour commencer on entre dans un studio d’artiste aux papiers peints déchirés avec des portraits et des autoportraits, la salle suivante propose des vues d’ateliers, les toiles sont posées sur des chevalets. Puis l’on passe à la Bohème qui a une très longue histoire puisque le texte d’Henry Murger, La vie de Bohème date de 1850, il a connu plusieurs éditions illustrées et Daumier n’a pas manqué de s’en prendre à la vie de Bohème ! alors que l’opéra de Puccini est de 1896. Une autre salle évoque Rimbaud et Verlaine avant de nous faire entrer dans un grand café  aux murs duquel on trouve des toiles célèbres comme celle de Degas, l’exposition s’achève avec Picasso et des peintres hongrois et espagnols notamment.

Pour conclure, on dira que c’est encore une fois une exposition thématique, iconographique intéressante, mais assez étrange.

Patrick Schaefer l’art en jeu 2 octobre 2012


Vevey 29 juin 2013

Lemancolia musée Jenisch Vevey jusqu’au 13 octobre.

 Dans les espaces du rez-de-chaussée, le musée Jenisch évoque de multiples aspects de l’iconographie du Léman. Cette exposition associe des techniques et des périodes très diverses, à travers des confrontations bienvenues, soutenues par la force d’un modèle dont les variations inspirèrent tant d’artistes de Conrad Witz à Oscar Kokoschka et Jean-Luc Godard. A côté de toiles impressionnantes de Courbet, Hodler et Kokoschka, on découvre 8 aquarelles de Turner auxquelles répondent celles de Gustave Doré par exemple. Les sauts chronologiques sont déclinés avec audace, de même que les registres d’expression, puisque l’on passe sans transition d’une vision romantique tumultueuse, à la bande dessinée, à la photographie et à la vidéo. Ces associations sans doute parce qu’elles traitent du même sujet sont bien réussies.

Au visiteur qui se sent attiré par un grand Château de Chillon de Gustave Courbet dans la salle de droite, on indique qu’il devrait d’abord aller découvrir les Hodler et Kokoschka qui lui font signe dans la salle de gauche.

C’est ici que l’on trouve un fac-similé  de la Pêche miraculeuse de Conrad Witz, considéré comme le premier paysage du Léman, à ses cotés une toile de Pietro Sarto dont les atmosphère nuageuses et mouvantes conduisent le regard vers les aquarelles de Turner de 1841. Dans deux d’entre elles on reconnaît le clocher de l’église Saint-Martin de Vevey. Celles-ci sont à leur tour confrontées à deux tirages photographiques d’Alexander Hahn qui offrent une autre vision de Léman. Le parcours se poursuit ainsi avec des associations surprenantes, mais subtiles dont les sauts chronologiques sont soutenus par l’unité du thème. Dans l’aile Est du musée, on découvre des Courbet et des oeuvres de Corot, Bocion, Vallotton, mais aussi un chapitre qui évoque des modes d’expression différents avec partant de Rodolphe Töpffer, la bande dessinée de Hergé, l’affaire Tournesol, qui se déroule en partie à Nyon et des planches de Frédéric Pajak. Enfin un montage de différents films de Jean-Luc Godard est proposé, pour évoquer l’importance du Léman dans son oeuvre.


Zurich 4 juin 2012 Deftig Barock jusqu’au 2 septembre 2012

Deftig Barock de Cattelan à Zurbaran. Manifestes de la vie précaire, Kunsthaus Zurich.

En 1995, le Kunshaus de Zurich avait proposé une confrontation entre l’art contemporain et un artiste plus ancien sous le titre Zeichen & Wunder / Niko Pirosmani (1862-1918) und die Kunst der Gegenwart. En 2011, lors de la Biennale de Venise qu’elle dirigeait , Bice Curiger, a tenu à consacrer une salle aux grandes toiles de Tintoretto. L’exposition actuelle du Kunsthaus Deftig Barock poursuit dans le même esprit.

Pour résumer trois espaces sont consacrés à des toiles anciennes du 16e siècle au 18e siècle de 17 artistes. En général, il ne s’agit pas d’oeuvres majeures, mais plutôt de compositions qui frappent par leur étrangeté, leur véhémence. C’est cette relation que l’exposition propose d’explorer dans les travaux de 15 artistes contemporains. Ils sont sélectionnés dans un bel équilibre entre la vidéo, la peinture, la sculpture et l’installation.

Un premier mur nous accueille avec des scènes de genre du 17e siècle, Teniers, Brouwer, Pieter Aertsen, des scènes de beuveries ou de boucherie, en particulier. Les deux premières salles sont consacrées à des films de Ryan Trecartin et Lizzie Fitch, avec une invitation à se prélasser dans des canapés pour assister au délire assez gore du film. Dans la suivante ce sont les animations en terre ou pâte à modeler de Nathalie Djurberg I found myself alone qui proposent un scénario délirant. Puis l’on découvre les photographies de modèles nus dans des musées de Juergen Teller et les sculptures de Cattelan. Les photographies de Boris Mikhailov sont un excellent pendant aux scènes de genre de même que les peintures de Dana Schutz How we would Dance, 2007. On comprend moins la raison de la présence de 3 grandes peintures d’Albert Oehlen ou celle d’une belle sculpture d’Oscar Tuazon qui vient par ailleurs mettre un ordre construit dans l’espace. Les deux interventions d’Urs Fischer, une langue tirée et un lit mou sont particulièrement bien intégrées dans l’espace qui propose le plus grand ensemble de peintures anciennes. Des scènes historiques, mythologiques ou religieuses sont sélectionnées davantage pour leur étrangeté que pour leur qualité propre. On retient par exemple bien sûr cette scène de viol d’une femme noire de 1632 du musée de Strasbourg ; Les architectures fantastiques de Monsù Desiderio ou les étranges compositions d’Alessandro Magnasco. La plus belle toile ici est L’enlèvement d’Europe par Simon Vouet.

Les dessins autodérisoires et érotiques de Robert Crumb leur répondent judicieusement. Le plus jeune artiste de l’étape s’appelle  Tobias Madison (1985), il propose une installation rigoureuse et déroutante. L’exposition s’achève avec une installation vidéo de Diana Thater sur Tchernobyl, quatre grandes peintures à l’émail sur métal de Marilyn Minter qui travaille à la Warhol. La dernière salle propose de grands portraits photographiques de Cindy Sherman, une sculpture de Paul Mc Carthy qui fonctionnent très bien avec des portraits de Hyacinthe Rigaud et des natures mortes de Frans Snyders entre autres.

La référence au baroque est employée par de nombreux créateurs actuels comme Derek Jarman ou Mathew Barney qui ont mis en avant cette relation. Ils sont d’ailleurs présentés dans un cycle de films qui complète l’exposition. Les artistes retenus représentent quelques exemples de cette approche. On peut se demander pourquoi John Miller, présenté en 2009 à la Kunsthalle de Zurich est qui est en plein dans cette référence au baroque n’est pas présent, peut-être son approche est-elle trop critique, interrogative? On a préféré Paul Mc Carthy qui fait un peu « ancien », fin des années 1980!. Par ailleurs ce qui frappe c’est le parti pris esthétique général, les oeuvres contemporaines sont bien mises en valeur, l’ensemble offre une belle exposition, en évitant toutefois de trop exacerber la problématique !

Patrick Schaefer L’art en jeu 5 juin 2012


Berne 25 novembre 2010

Le Centre Paul Klee et le Musée des Beaux-Arts se sont associés pour évoquer Les sept péchés capitaux de Dürer à Nauman jusqu’au 20 février. Au musée on découvre d’abord les suites consacrées à l’évocation des péchés, puis une présentation détaillée de l’orgueil, l’envie, l’avarice et la colère, alors que la luxure, la paresse et la gourmandise sont évoqués au centre Paul Klee.


Une image peut en cacher une autre jusqu’au 6 juillet 2009

Au Grand Palais à Paris, on découvre Une image peut en cacher une autre jusqu’au 6 juillet. Cette vaste exposition propose d’explorer en 22 étapes, différentes formes de l’ambiguïté visuelle et de la double image à travers les siècles. Le 16e siècle occupe une place considérable, suivi par le 20ème, une salle entière est accordée à Salvador Dali et l’exposition s’achève de façon très séduisante sur les sculptures de  Markus Raetz.

Le propos de l’exposition est de montrer comment à chaque époque les artistes ont joué avec la perception visuelle. Plaçant des visages dans les rochers, cachant des images à l’intérieur d’autres représentations.

Développant les métamorphoses, les assemblages ou les anamorphoses par jeu, mais aussi pour y cacher un sens.

La gravure a joué un rôle important dans la diffusion de ce genre de travaux surtout au XIXe siècle. Ils ont connu un regain d’intérêt auprès des surréalistes et Dali en a fait l’une des sources principales de son inspiration artistique.

Le site de la http://www.rmn.fr/ présente divers aspects de l’exposition avec des commentaires d’oeuvres et des entretiens.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 29 avril 2009


Zurich Musée national: Animali. Animaux réels et fabuleux de l’Antiquité à l’époque moderne jusqu’au 14 juillet 2013.

Une exposition qui considère la représentation des animaux réels et fabuleux depuis la préhistoire jusqu’au 17e siècle, avec quelques exemples contemporains. L’exposition suit la typologie des animaux mélangeant les époques, ainsi le dragon, la sirène, le cerf, le cheval. l’aigle ou encore le griffon, la licorne, le centaure, le lion, le poisson et le sphinx sont tour à tour évoqués. Une belle sélection de bijoux, vases, sculptures, manuscrits, peintures ou encore tapisseries.

A signaler que le Kunsthaus de Zurich propose du 1er avril au 31 juillet 2011, une exposition intitulée Tierisch gut! HundeKatzeMaus im Kunsthaus Zurich.


Comme des bêtes

Musée cantonal des beaux-arts Lausanne jusqu’au 22 juin 2008.

La première exposition du nouveau directeur du musée des beaux-arts de Lausanne, Bernard Fibicher, propose une approche thématique autour des animaux dans l’art d’aujourd’hui et d’autrefois avec 170 œuvres provenant d’une centaine de prêteurs différents. L’exposition est organisée autour de neuf animaux. Elle commence par celui que l’on considère parfois comme le plus intelligent, le cochon et se poursuit avec une vie plus sauvage autour du cerf, puis de l’ours. Après ces épisodes on arrive à la grande icône helvétique: la vache. Puis l’on passe au chat et au papillon, on continue avec la poule et ses poussins, l’âne et le parcours s’achève avec la mouche.

L’exposition ne cherche pas à construire un discours sur les relations entre l’homme et l’animal, l’artiste et l’animal, mais présente des exemples appartenant à différentes époques sur la manière de traiter l’animal chez les artistes et par là le regard de la société sur l’animal. La salle consacrée aux chats oppose par exemple la vision femme et chat et la relation homme et chat. Une sorte de taxinomie de la représentation des animaux retenus nous est proposée. Elle est basée sur des critères de sélection liés d’un côté à l’histoire de l’art local (on remarque la présence de nombreuses sculptures d’Edouard Marcel Sandoz, mais aussi des oeuvres d’André Lasserre), celle des collections (Steinlen, Vallotton, Auberjonois par exemple) ou encore les expériences préalables du concepteur de l’exposition, à ce titre on relève la présence de plusieurs artistes chinois. Il n’y a pas non plus de référence aux performances avec les animaux qui sont nombreuses dans l’histoire de l’art des 40 dernières années depuis la rencontre de Beuys avec un coyote. En fait l’approche n’est assurément pas un traitement diachronique relevant de l’histoire de l’art, qui se baserait par exemple sur l’évolution de la notion de peintre animalier, ou sur la problématique des mythes et des métamorphoses. Elle favorise des confrontations denses d’oeuvres de différentes époques, des approches multiples autour du motif et laisse ouverte l’interprétation sans hiérarchie esthétique. Des artistes ont été invités à intervenir directement dans les salles Didier Rittener a dessiné une grande mouche sur un mur et Alexandre Joly propose un surprenant carrousel avec une vache. Le résultat est un tohu bohu plutôt joyeux et apaisant sans prétention excessive, mais tout à fait original. Le catalogue reprend cette approche taxinomique avec un texte du directeur du musée de zoologie sur ce sujet et des citations de textes de différentes époques sur chaque animal, accompagnant un commentaire des principales oeuvres retenues.

Les animaux sont à la mode lors de la dernière Skulptur Projekte Münster 07, l’artiste Andreas Siekmann s’en est pris d’ailleurs à la pratique de nombreuses villes adoptant comme emblème un animal. Au début des années 1990 c’est Damien Hirst qui a renouvelé la représentation de l’animal en présentant différentes bêtes dans des vitrines de formaldéhyde, mais il a aussi reconstitué dans de grands blocs en verre des milieux naturels, aquariums ou forêts emplies de papillons. L’exposition In a Gadda Vida à la Tate Britain à Londres en 2004 en offraient de bons exemples. Cette approche est contredite par l’engagement de Mark Wallinger qui revêt une peau d’ours et se filme lui-même errant dans la National Galerie à Berlin solitaire dans ce costume, une vidéo que l’on découvre dans l’exposition lausannoise. Un livre de Steve Baker, the Postmodern Animal, Londres, 2000 rend compte de cette évolution de la représentation des animaux. On peut aussi citer Jeff Koons dont on trouve un écho dans l’ours proposé ici par Valentin Carron.

Plus tôt c’est la relation identitaire, mimétique avec l’animal comme la relation Picasso- Minotaure évoquée dans l’exposition Picasso, Sous le soleil de Mithra en 2001 et 2002 qui était traitée.

On peut encore mentionner le néo-expressionnisme des années 1980 et une relation totémique dont l’artiste outsider François Burland offre un exemple.

Un catalogue et un programme d’animation important accompagnent l’exposition. A voir sur le site du musée. Patrick Schaefer, L’art en jeu 28 mars 2008


Galeries nationales du Grand Palais

Mélancolie, Génie et folie en Occident jusqu’au 16 janvier 2006

En 1994, Achille Bonito Oliva présentait au musée Correr à Venise « Preferirei di no » cinque stanze tra arte e depressione, une remarquable réflexion sur le thème de la Mélancolie chez les artistes et dans l’expression artistique. Après bien des péripéties Jean Clair propose au Grand Palais à Paris une large évocation de ce thème. L’exposition interroge la constitution et la mise en place des normes à travers huit chapitres et de nombreuses sections qui traquent l’origine de la figure de la mélancolie de l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui. En plus de l’approche iconographique, elle traite des relations entre l’art et la science et de l’identité de l’artiste. Une problématique déjà abordée dans L’âme au corps. Art et sciences 1793 – 1993. Le déroulement chronologique va de pair avec la confrontation d’oeuvres à travers les siècles, afin de souligner la permanence des préoccupations évoquées.

1 La Mélancolie dans l’Antiquité: humeurs, tempéraments, saisons. Vases antiques, Télémaque et Pénélope devant son métier à tisser le mouvement de la tête appuyée sur un bras, la prostration. 2 Le Bain du diable, les 7 vices. Le Moyen Âge. 3 Les enfants de Saturne qui rassemble les marginaux et les contemplatifs. La Renaissance. Héraclite qui pleure, Démocrite qui rit. Robert Burton L’anatomie de la mélancolie. Melencolia I de Dürer (à signaler que le tirage présenté est celui de la collection Decker du cabinet des estampes de Vevey). Dürer introduit la notion moderne de génie, il associe la figure de la mélancolie à l’art noble de la géométrie. Saturne astre de la mélancolie. Un musée de la mélancolie au centre Le Cube 1933 d’Alberto Giacometti. 4 L’anatomie de la mélancolie à l’âge classique. Les Vanités. La mélancolie liée au Memento mori. Musique et Mélancolie. 5 Les lumières et leurs ombres. Le 18ème siècle. 6 Dieu est mort. Le romantisme. Peintures de catastrophes. 7 La naturalisation de la mélancolie. Médecine et mélancolie Messerschmidt, Lavater, étude de la folie par Goya, Géricault. Portrait du Dr Gachet par van Gogh, ce Dr Gachet a fait une thèse sur la mélancolie, Eakins, Artaud. 8 Mélancolie et temps modernes. Anselm Kiefer, Ron Mueck confrontation d’oeuvres du 19e et du 20 siècle. L’exposition brosse une histoire de l’art et des idées complète, à travers le thème de la mélancolie et de la prostration.

L’exposition est visible à la neue Nationalgalerie à Berlin du 17 février au 7 mai 2006. Elle connait un grand succès les heures d’ouverture ont été étendues il y a eu 100’000 visiteurs en 5 semaines. Le site de l’exposition donne de nombreux renseignement y-compris des commentaires sur les oeuvres. Par ailleurs un programme de vidéos contemporaines est présenté à côté de l’exposition.

Herzog et de Meuron

 

L’intervention de Herzog & de Meuron au musée des cultures de Bâle, 30 09 2011

7 février 2012: Herzog & de Meuron et Ai Wei Wei vont réaliser le pavillon d’été de la Serpentine Gallery à Londres en 2012.

Schaulager, Bâle

Herzog & de Meuron No. 250 une exposition jusqu’au 26 septembre 2004

Les architectes Herzog & de Meuron ont construit le Schaulager à Bâle, inauguré l’année passée avec une grande exposition Dieter Roth. Ce lieu est avant tout destiné à entreposer des œuvres d’art, mais se propose d’organiser une exposition par année. Celle des architectes occupe le sous-sol du bâtiment et propose au visiteur d’entrer aussi bien dans leurs archives que dans leur cahier de commandes en cours. Continuer la lecture

Le Corbusier

Cette page est consacrée à des informations sur Le Corbusier.

Centre Pompidou Paris: Le Corbusier 29 avril – 3 août 2015

En consultant cette page, on constate que cela fait bien des années que l’on s’intéresse aux multiples facettes de l’activité de Le Corbusier créateur. L’exposition du centre Pompidou donne une ampleur exceptionnelle à cette ouverture, loin de se concentrer uniquement à l’activité de l’architecte dont elle présente les principaux moments avec des plans, des maquettes et des extraits de bandes d’actualité, elle montre son activité de peintre et de sculpteur dans toute son ampleur. Continuer la lecture

Art Appenzell 2007

För Hitz ond Brand jusqu’au 19 septembre 2007: art contemporain dans les musées d’Appenzell

Huit musées des cantons d’Appenzell, qui jouxte la ville de Saint-Gall, se sont réunis pour présenter des interventions d’une trentaine d’artistes contemporains. C’est l’occasion en cherchant ces travaux de prendre conscience d’un patrimoine peu connu et très éparpillé.

La plupart sont des musées consacrés à la vie et à l’histoire locale. A l’exception du musée Henri Dunant, de la Ziegelhütte à Appenzell, le musée Liner n’est pas associé à cette action. L’idée de proposer un parcours d’art contemporain à travers ces institutions est à priori assez bonne. Il faut toutefois relever que la plupart des propositions ne sont pas assez fortes pour ressortir face à l’accumulation d’objets locaux. Elles sont le plus souvent traitées très discrètement et les trouver s’apparente plutôt à la recherche des œufs de Pâques. La seule exception est formée par les interventions artistiques à Stein qui sont très pertinentes. Elles apportent un complément bienvenu et même un contre-discours à la célébration de la vie locale. Stein à côté d’un centre de démonstration sur la fabrication du fromage dispose du musée ethnographique le plus moderne et le plus cohérent. Un étage est consacré à la peinture traditionnelle avec quelques pièces très anciennes presque toutes dédiées à la célébration de la vache. Le sous-sol est consacré à l’industrie textile et au Heimatwerk. On pourrait entamer toute une réflexion sur la tradition et la marginalité lorsque surgit soudain un dessin de Hans Krüsi peint sur une serviette de restaurant. Le film d’Emmanuel Geisser The edge of the Forest traite d’apparitions surnaturelles, de phénomènes extraordinaires. Costa Vece propose le témoignage très fort de sa mère venue de Grèce pour travailler en Suisse d’abord à Appenzell, puis à Herisau dans des conditions qu’elle considère avoir été proches de l’esclavage.

Le Museum Herisau qui jouit d’une muséographie très ancienne et pittoresque. A Appenzell on trouve trois musées: le Museum Liner construit par Annette Gigon et Mike Guyer inauguré en 1998 est entièrement consacré au peintre abstrait Carl Walter Liner (1914 – 1997) et à son père Carl August Liner (1871 – 1946). Les surfaces d’exposition sont importantes, plus de 600m2. La Ziegelhütte est une ancienne briquetterie transformée par le bureau d’architecte Robert Bamert en salle à usages multiples: une salle de concert, une cafétéria et de beaux espaces d’expositions bien équipés. Inaugurée en 2003, il existe trois étages avec des espaces autonomes différents, structurés pour recevoir des expositions. Actuellement, deux sont consacrés à Hans Arp et un aux travaux de Carl August Liner. Ils ont décidé d’établir une collaboration régulière avec le musée Marguerite Arp de Locarno. Il y a encore le Museum Appenzell en face de l’église qui réunit des armoires peintes, quelques statues et retables, des documents sur les étoffes et la vie locale. Pour le reste ce musée propose une exposition de peinture naïve.

Urnäsch abrite avec le Brauchtum Museum, sans doute le lieu le plus étonnant avec une collection importante, notamment la présentation des masques et costumes de carnaval. A relever que ces musées sont éloignés d’une dizaine de kilomètres les uns des autres.

För Hitz ond Brand jusqu’au 9 septembre: art contemporain dans les musées d’Appenzell (le site très complet présente les musées et les artistes de façon détaillée).

Stiftung Liner

Kunsthalle Ziegelhütte

Stein Appenzeller Volkskundemuseum