Archives de catégorie : artistes suisses

Matthias Schmied : « Critical Mass of Silence »

Matthias Schmied : « Critical Mass of Silence », musée d’art de Pully jusqu’au 15 mars 2015.

 

Après Sophie Bouvier Ausländer qui avait occupé tout l’espace du musée avec des papiers ciselés, découpés, accrochés, suspendus. Le musée de Pully présente un autre artiste qui travaille le papier en découpage, en guirlandes ou en dentelles, on retrouve un accrochage très fragile qui recourt à d’innombrables épingles, mais dans un esprit très différent.

Matthias Schmied est né en 1976 à Berne, il vit à Paris. Dans cette présentation, intitulée « Critical Mass of Silence », il associe l’écriture et l’image des magazines ou des bandes dessinées pour les transformer en collages-découpages. Il renvoie à la culture populaire aux pin ups, comics et autres superman, spiderman. La démarche de Matthias Schmied est iconoclaste, destructrice et joue avec une série d’interdits, puisqu’il découpe les pages imprimées et ne laisse parfois subsister que quelques lignes de papier avec des traces de couleur. Elle est aussi constructive, virtuose, patiente, décorative et artisanale, car la réalisation de ces travaux suppose une maîtrise étonnante des instruments de découpe. On ressent une forme de jubilation dans cette confrontation entre destruction et construction extrêmement fragile. Continuer la lecture

Yves Netzhammer

Yves Netzhammer (2003)

Die überraschende Verschiebung der Solbruchstelle eines in optimalen Verhältnissen aufgewachsenen Astes

Helmhaus Zurich jusqu’au 16 mars 2003

L’exposition d’Yves Netzhammer (né en 1970) au Helmhaus à Zurich est une installation complexe qui propose la projection de 12 films vidéos réalisés sur ordinateur. L’artiste présente un univers fantastique, inquiétant, poétique et plein d’humour qui associe l’homme, l’oiseau, différentes constructions architecturales, des espaces multiples et les arbres et les branches qui sont mentionnés dans l’intrigant sous-titre de l’exposition. Une attention particulière est accordée à l’environnement sonore des installations. Continuer la lecture

Félix Vallotton

Paris, Grand Palais

Félix Vallotton. Le feu sous la glace 2 octobre – 20 janvier 2014. 

A l’opposé du parti retenu pour Georges Braque, dont une grande rétrospective est présentée au même moment au Grand Palais, les responsables de l’exposition  Félix Vallotton ont choisi une approche entièrement thématique et non chronologique. Un choix audacieux, mais très bienvenu, qui évite de ressasser toujours la même histoire et qui permet de prendre en compte l’ensemble de la production du peintre.

Félix Vallotton a réalisé 1’700 peintures et 200 gravures. En suivant des fils conducteurs à la fois formels et iconographiques, on saisit la permanence des préoccupations de l’artiste, mais aussi leur évolution. Voici les principaux thèmes retenus : Idéalisme et pureté de la ligne. Perspectives aplaties. Refoulement et mensonges ( critique de la vie bourgeoise). Un regard photographique (il dispose d’un appareil Kodak dès 1899). La violence tragique d’une tache noire (gravures sur bois). Le double féminin. Erotisme glacé et opulence de la matière. Mythologies modernes. C’est la guerre ( la guerre de 1914 – 1918, mais aussi la guerre des sexes).

En visitant successivement les expositions Vallotton et Braque, on constate qu’ils sont deux théoriciens de la représentation et de la peinture. Ils rejettent un certain usage de la couleur et privilégient la construction du tableau. Lorsqu’on regarde un paysage de Vallotton comme Souvenir des Andelys, 1916, on constate que l’on n’est finalement pas très loin des paysages cubistes de Braque.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 18 décembre 2013

Alex Katz et Félix Vallotton, Lausanne 23 mars 2013

Fondation de l’Hermitage Lausanne: Van Gogh, BonnardVallotton… La collection Arthur et Hedy Hahnloser jusqu’au 23 octobre 2011. A signaler que les Hahnloser furent parmi les principaux amateurs et amis de Félix Vallotton, la collection présentée en ce moment à la Fondation de l’Hermitage offre un ensemble exceptionnel d’oeuvres de cet artiste.

Le Cabinet d’art graphique du musée d’art et d’histoire de Genève présente

Félix Vallotton de la gravure à la peinture jusqu’au 9 janvier 2011.

L’exposition réunit des estampes réalisées dans diverses techniques: eau-forte, bois zincographie, des dessins préparatoires et quelques peintures. On découvre une suite de vues parisiennes, 1893, les Intérieurs, les instruments de musique, les pages d’un numéro de l’Assiette au beurre, Crimes et Châtiments, 1902, pour citer quelques exemples ou encore celles de l’album C’est la guerre. Elle couvre toutes les périodes d’activité de l’artiste en approfondissant le regard sur quelques productions.

Patrick Schaefer, 28 octobre 2010

Félix Vallotton idylle au bord du gouffre

Le Kunsthaus de Zurich présente 91 toiles de Félix Vallotton (1865 – 1925) sous le titre Félix Vallotton idylle au bord du gouffre jusqu’au 13 janvier 2008. Au cours des 15 dernières années Félix Vallotton a fait l’objet de nombreuses expositions ponctuelles ou rétrospectives ( Yale, Amsterdam et Lausanne en 1992, puis Lyon et Marseille en 2001) qui ont mis en évidence la richesse de sa production et qui ont fait largement progresser les connaissances sur cet artiste. Ces présentations ont été couronnées par la publication du catalogue raisonné mentionné ci-dessous. Idylle au bord du gouffre vient après tous ces travaux et ne cherche visiblement pas à apporter de nouvelles contributions rédactionnelles sur l’artiste. Le catalogue contient une brève introduction et des commentaires en regard de la reproduction des oeuvres accrochées.

L’exposition par contre, dégagée de tout souci historique ou didactique propose une découverte érudite certes, mais libre, aérée et très convaincante du peintre Vallotton (aucune gravures ou dessins dans l’exposition, deux salles de la collection permanente présentent toutefois quelques travaux sur papier). Le peintre devient intemporel entre Courbet et Lucian Freud, il est d’une singulière actualité. Par ailleurs le moteur principal de son inspiration artistique, une réflexion amère sur le conflit entre les sexes est mis en évidence avec force. Une organisation thématique a été privilégiée. Le premier espace commence très fort en confrontant les portraits réalistes de Vallotton à une série de portraits décoratifs, hommage à des écrivains et à Berlioz. La salle suivante est consacrée aux scènes intimes et aux visions d’intérieurs, puis viennent des natures mortes, avant la présentation de la vision du nu féminin chez l’artiste à laquelle une large place est faite. Elle est complétée par l’évocation de scènes mythologiques. L’exposition s’achève sur des paysages avec un espace particulier consacré à l’un des chefs-d’oeuvre de Vallotton, Le Bain un soir d’été, 1892 qui fait partie de la collection du Kunsthaus et qui est placé vers la fin du parcours, hors d’une évolution chronologique. De manière générale l’exposition met l’accent sur le fond du musée puisque une quinzaine d’oeuvres exposées appartiennent à cette institution. Les autres musées suisses ont également des fonds importants qui sont mis à contribution. Plus étonnant deux toile peu connues et très belles proviennent l’une du musée de Bordeaux et l’autre de Strasbourg. Des collections américaines apportent également une contribution importante à l’exposition.

Cette dernière sera visible à la Kunsthalle de Hambourg sous une forme différente du 15 février au 18 mai 2008.

Kunsthaus Zurich jusqu’au 13 janvier 2008.

A signaler que la villa Flora à Winterthour met aussi le maître lausannois à l’honneur en présentant sa propre collection de Vallotton complétée par des prêts jusqu’au 28 septembre 2008.

Patrick Schaefer 6 octobre 2007

Lausanne Musée cantonal des beaux-arts Vallotton à livre ouvert. Le catalogue raisonné de l’oeuvre peint jusqu’au 27 mars 2005.

La publication du catalogue raisonné de Félix Vallotton couronne plus de 20 ans de travail mené par Marina Ducrey. 1704 peintures sont répertoriées. Le catalogue comprend trois volumes, le premier est une monographie et les deux autres inventorient l’activité de l’artiste. Une sélection, des toiles, dessins et gravures de la collection du musée sont accrochées en parallèle à la présentation des pages du catalogue qui les concerne.

Berne Musée des Beaux-Arts; Fondation Gianadda 18 mars – 12 juin 2005

Félix Vallotton: les couchers de soleil jusqu’au 20 février 2005

L’exposition du musée des beaux-arts de Berne réunit 90 œuvres de Félix Vallotton (1865 -1925), 20 gravures sur bois et 70 peintures, qui illustrent le développement du thème de la fin du jour dans l’œuvre de l’artiste. Il s’agit de paysages décoratifs ou composés et de nus ou encore de paysages de guerre. Le parcours qui est réparti dans six salles propose une approche thématique et chronologique de ce thème chez Vallotton. Les toiles d’un singulier éclat sont parfois de véritables feux d’artifice. Evidemment chez ce caricaturiste impitoyable un thème aussi romantique peut paraître étonnant, mais le propos de l’exposition et du catalogue est d’éviter toute fausse interprétation en montrant que chez Vallotton le paysage est une composition qui vise à obtenir un effet maximal sans tomber dans le sentimentalisme. Les essais du catalogue s’emploient à éclairer objectivement ce thème et ne cherchent pas à lui donner une interprétation trop large, métaphorique. Comme pour d’autres motifs on constate que Vallotton a commencé par aborder le sujet en gravure sur bois avant de le reprendre parfois beaucoup plus tard en peinture. Il existe une proximité troublante avec des artistes contemporains Ferdinand Hodler et Edouard Munch notamment, mais Rudolf Koella, commissaire de l’exposition et auteur de l’essai principal du catalogue, s’efforce de montrer la différence, la spécificité de la démarche de Vallotton dans ses paysages appelés décoratifs vers 1900-1901, puis composés dès 1909. Ce peintre ne se laisse pas envahir par le côté sentimental du sujet et ne s’inscrit pas dans un symbolisme direct. Il conserve une distance, une ironie tout en exaltant la beauté de la réalité par la mémoire et l’assemblage décoratif des formes et des couleurs. Avec ses constructions ses compositions se réfèrant à Poussin, il atteint une intensité incomparable. Depuis 1910 date à laquelle le thème prend son véritable essor 40 paysages avec couchers de soleil sont recensés, ils évoquent souvent la région de Honfleur. La mise en évidence de la distance entre Vallotton et le symbolisme prise en compte, il n’empêche que l’on peut constater que l’obsession de la mort, de la destruction des êtres est l’un des principaux fils conducteurs de l’œuvre de Félix Vallotton. On connaît ses gravures sur bois, théâtre d’ombre qui exalte les êtres comme trace dans lesquelles on trouve la mort dans l’observation des manifestations de rue, dans l’évocation des rites, l’absoute ou encore dans les Intimités qui retracent avant tout l’impossibilité des relations, leur mort annoncée en somme. La Première guerre mondiale lui a inspiré des scènes allégoriques mais aussi des paysages qui évoquent les champs de bataille (Verdun, 1917). C’est une bonne idée de montrer cet aspect de l’œuvre. On peut la mettre en parallèle avec la décision de ne montrer que des paysages de Hodler lors d’une exposition récente à Genève et à Zurich. Est-ce le souci de toucher un public de plus en plus large ou une véritable évolution dans l’appréciation de ces artistes ?

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 2 décembre 2004

réflexion sur la reconstitution d’expositions.

Décembre 2013, réflexion sur la reconstitution d’expositions.

La reconstitution des expositions devient une véritable tendance ou un courant. Sans aller jusqu’au travail 1 :1 réalisé à Venise pour When Attitudes Becomes Form Bern 1969/ Venice 2013, la présentation de Beaubourg consacrée à l’objet surréaliste évoque 5 des 8 expositions surréalistes par des projections de diapositives et par la reconstitution partielle de certaines salles ou vitrines. 

C’est encore à une réflexion sur les grandes expositions et leur impact que nous invite la cité de l’architecture et du patrimoine avec 1925 quand l’art déco séduit le monde jusqu’au 17 février 2014. Centrée sur l’exposition de 1925 à Paris, elle montre des plans et des photographies des divers pavillons. Elle insiste sur le rôle des grands magasins dans la création d’une production spécifique, plus industrielle qu’artisanale comme c’était le cas avec l’art nouveau. Ce n’est pas le mouvement, le style qui sont montrés, mais vraiment l’exposition de 1925 dans un premier espace. Dans un second espace, on évoque l’impact de l’exposition de 1925 et la diffusion d’un style à travers le monde de Tokyo au Vietnam, à l’Afrique du Nord. On souligne aussi le rôle du paquebot Normandie comme promoteur de ce style.

Au Musée Guimet, l’exposition Angkor est aussi avant tout une histoire de la découverte du site et de sa mise en valeur muséographique à Paris. Angkor : Naissance d’un mythe Louis Delaporte et le Cambodge jusqu’au 27 janvier 2014. En effet, elle raconte comment Louis Delaporte fit des relevés, montre ses splendides aquarelles, et des moulages de certaines parties de sites. Il obtint peu à peu des lieux d’expositions d’abord dans l’indifférence, avant que l’on ne s’intéresse vraiment au site. Ces moulages qui avaient été entreposés dans des caisses commencent à faire l’objet de restaurations et certains sont présentés ici.

On peut encore mentionner Matisse et les Fauvesà l’Albertina à Vienne jusqu’au 12 janvier 2014. Sans être une reconstituton du salon d’automne de 1905, l’exposition s’efforce de réunir avant tout des oeuvres produites entre 1905 et 1908. Elle évoque la plupart des créateurs réunis en 1905.

 Patrick Schaefer L’art en jeu 18 décembre 2013

Jasper Johns, Alex Katz, Mark Rothko, Andy Warhol

Jasper Johns an Allegory of Painting 1955 – 1965 jusqu’au 23 septembre 2007

Musée des beaux-art Bâle

L’exposition Jasper Johns (né en 1930) proposée par le musée de Bâle n’est pas une rétrospective, il s’agit d’un regard sur quelques aspects du travail de l’artiste au cours de la première décennie de sa fructueuse carrière. Quatre éléments sont mis en évidence. Les cibles dont on découvre de très nombreux aspects. Par contre le travail sur les chiffres et sur le drapeau américain n’est pas présent (on voit des exemples dans l’accrochage de la collection du musée qui en possède). Par ailleurs c’est la mise en évidence du processus de travail qui est soulignée: d’une part le travail sur la couleur, en particulier le rappel des trois couleurs fondamentales, inlassablement répété et sur les moyens d’appliquer la couleur avec une planche en bois qui permet de tracer les cercles notamment. On trouve aussi la règle, le fil, d’autres objets sont intégrés à la peinture comme un balais pour évoquer un pinceau géant.

Enfin le dernier aspect du travail de l’artiste qui est mis en évidence est celui des empreintes du corps, main, pied, visage. Cette approche très concentrée sur quelques aspects met bien évidence le caractère expérimental des recherches de l’artiste et mélange heureusement les techniques: peintures, dessins, lithographies, collages sont présentés sur le même plan. Cette approche paraît excellente, car elle permet de renouveler nos connaissances sur un artiste dont a une vision trop icônique qui nuit sans doute à la compréhension de son travail.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 18 juin 2007


Musée cantonal des beaux-arts: Alex Katz et Félix Vallotton jusqu’au 9 juin 2013.

En 1995, le musée des beaux-arts de Lausanne achetait une toile de Félix Vallotton intitulée Quatre Torses, 1916. Cette oeuvre stupéfiante présente quatre corps de femmes en gros plan dans des tons roses, elle parait d’une incroyable actualité. Elle aurait pu être peinte dans les années 1960 ou même plus récemment. L’exposition Alex Katz (1927) et Félix Vallotton (1865 – 1925), loin de toute suggestion d’éventuelles influences ou filiation, s’emploie à montrer la singulière actualité de la peinture de Vallotton, en la confrontant à un artiste américain dont la carrière et le style se sont affirmés à l’époque du Pop Art.

Un peu moins de 40 toiles de Vallotton dont une quinzaine appartiennent à la collection du musée, un peu moins de 50 Alex Katz, de très grands et de petits formats invitent à une belle balade qui met en résonance deux artistes séparés par presque un siècle. Ils ont pour point commun la construction du sujet qu’il s’agisse de portraits, de nus, de figures en groupes ou de paysages diurnes et nocturnes. On ne peut que constater qu’ils arrivent parfois à des résultats relativement proches. Un véritable hommage à la Peinture et à ceux pour qui elle représente un engagement complet et la véritable création d’un « langage ». L’exposition et le catalogue pourraient de façon un peu plus élaborée et approfondie, au-delà du simple constat, apporter une contribution à la réflexion sur la notion de style et d’époque (on retrouve un peu la démarche de Bice Curiger au Kunsthaus de Zurich avec l’exposition Deftig Barock en 2012 qui s’intéressait à la permanence d’un intérêt pour l’étrange, la véhémence du 16e au 21e siècle).

A signaler qu’Alex Katz fait l’objet de deux autres exposition au Haus konstruktiv à Zurich jusqu’au 12 mai et au Museum der Moderne à Salzburg qui présente une rétrospective en collaboration avec le Colby College Museum of Art de Watteville qui possède 700 oeuvres de Katz jusqu’au 7 juillet.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 23 mars 2013


Londres Tate Modern: Rothko les dernières séries jusqu’au 1er février 2009

Depuis la rétrospective du musée d’art moderne de la ville de Paris en 1999, puis celle de la Fondation Beyeler en 2001, l’oeuvre de Mark Rothko (1903 – 1970) jouit d’une visibilité toujours plus importante. La Tate Modern a choisi de lui rendre hommage en partant d’une série de huit toiles offertes par l’artiste en 1969. Pour respecter la volonté de Rothko ces toiles sont exposées en permanence. Elles faisaient partie d’un ensemble de 30 peintures que Rothko avait conçues en 1958 – 59 après avoir reçu une commande pour décorer une salle à manger dans le restaurant Four Seasons du Seagram building à New York. Il abandonna ce mandat réalisant que sa peinture ne correspondait pas à ce genre de site. Ici 14 pièces sont réunies et forment le point de départ d’une réflexion sur le développement des séries au cours de la dernière décennie de l’existence de Rothko. Pourtant Rothko restait habité par le désir d’offrir une immersion dans la peinture au spectateur d’où le développement d’autres séries. On voit ainsi les esquisses pour la chapelle de Houston. L’exposition se poursuit avec la série des peintures noires dans lesquelles il abandonne les bordures flottantes pour des limites bien marquées. L’exposition s’achève avec la série des peintures noires sur gris. On perçoit ien la dimension spirituelle de la recherche de Rothko. Les toiles paraissent très proches du spectateur et l’on sent la présence des pigments, d’une matière picturale sans reflet, on pense aux développements d’un Anish Kapoor.

Il est intéressant de visiter les expositions Bacon et Rothko à la suite l’une de l’autre. Ils appartiennent à la même génération, mais incarnent une approche de la peinture radicalement différente. Bacon crée la distance, joue le caractère imposant de l’art, alors que Rothko cherche la proximité dans une approche idéaliste tout en invoquant une transcendance. Une petite observation qui n’est rien de plus qu’une remarque: j’ai visité l’exposition Bacon vendredi matin à la Tate Britain, il y avait beaucoup de monde, mais les gens étaient silencieux ou parlaient à voix très basse. Ce qui m’a frappé dans l’exposition Rothko, c’est qu’au contraire les gens parlaient beaucoup. Dans une famille ou un petit groupe, il y avait toujours quelqu’un qui se lançait dans des explications pour ses proches, ses amis en parlant très fort!

Patrick Schaefer, L’art en jeu 22 octobre 2008


Bâle Öffentliche Kunstsammlung: Andy Warhol the Early Sixties Paintings and Drawings 1961 – 1964 5 septembre 2010 – 23 janvier 2011

L’exposition du musée de Bâle présente Andy Warhol dans ses meilleures années de recherche et d’expérimentation entre 1960 et 1964 avec des pièces très connues: les soupes Campbell, Elvis, Liz Taylor, les accidents de voiture, les fleurs. Une documentation permet de voir les sources imprimées dans la presse quotidienne qui sont au départ de ses travaux. Le côté sérielle, systématique des recherches de l’artiste ressort fortement et souligne la rupture avec la peinture expressionniste ou abstraite. On est aussi frappé par la simplicité ou l’évidence des solutions trouvées, une fois qu’il a choisi une approche. Les trois expositions collectives évoquées sur cette page tournent autour des mêmes problématiques, il est intéressant de constater ces rapprochements.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 25 septembre 2010

Peinture allemande 15e-16e siècle Holbein

Paris: Ecole nationale supérieure des beaux-arts: Albrecht Dürer et son temps jusqu’au 13 janvier 2013. Cette exposition exceptionnelle sur la gravure et le dessin allemand et suisse du 15e au 16e siècle dans les collections de l’ensba est accompagnée de toute une réflexion sur la meilleure manière de rendre accessible, des livres ou de grandes gravures roulées grâce à des écrans tactiles par ailleurs certains livres présentés dans l’exposition peuvent être feuilletés sur le site internet. 

Dürer – Cranach – Holbein, le portrait allemand vers 1500, Munich Kunsthalle der Hypo – Kulturstiftung jusqu’au 15 janvier 2012

L’exposition cerne le développement du portrait vers 1500 en Allemagne où il connut un incontestable essor. Les trois noms mentionnés dans le titre sont évidemment les figures les plus marquantes et l’exposition les met en contexte. Le premier chapitre intitulé type ou typique souligne la naissance de portraits individualisés, mais il existait des séries de types, comme le vieillard par exemple, quelques titres des chapitres de l’exposition: le portrait avant Dürer, pile ou face, les médailles, la monnaie, le portrait dans l’art graphique. Les portraits gravés de Dürer, Foi et pouvoir, Lucas Cranach portraitiste dans des temps troublés; Holbein portraitiste à Bâle et à Londres; le portrait dans la sculpture allemande après 1500; le portrait de cour en pied; le portrait bourgeois, enfin l’exposition se termine avec des portraits et autoportraits d’artistes. Cette présentation rend un sujet assez rébarbatif intéressant et montre le contexte et les antécédants dans lequels s’inscrivent l’activité des artistes les plus connus mentionnés dansle titre.

Konrad Witz au musée des beaux-arts de Bâle jusqu’au 3 juillet 2011

Un très grand peintre attesté de 1434 à 1444. Aussi beau que les van Eyck! C’est un défi de consacrer une exposition à un artiste dont l’oeuvre incontestée se limite à 20 pièces. Le musée de Bâle possède une grande partie de ses travaux. A l’exception du retable de Saint Pierre qui est à Genève et ne voyage pas! L’exposition est complétée par des oeuvres de contemporains, des dessins d’après ses peintures et même des vitraux, des fresques, des enluminures et un jeu de tarot. Elle dresse ainsi un panorama de l’activité artistique entre la Savoye, la Bourgogne et le sud de l’Allemagne au milieu du 15 e siècle, alors que Bâle était devenue capitale de la Chrétienté par l’effet d’un Concile.

Kunstmuseum Bâle

Hans Holbein le Jeune. Les années bâloises 1515-1532 jusqu’au 2 juillet 2006

Réparties dans 11 salles les oeuvres proposées par cette exposition permettent de se faire une idée très complète de l’activité d’un peintre, en l’occurence Hans Holbein (1497/98 – 1543), au début du XVIe siècle et ceci malgré la disparition d’une grande partie des travaux achevés . Hans Holbein est Issu d’une famille d’artistes, la personnalité de son père est évoquée par une série de dessins extraordinaires et le panneau de la Mort de la Vierge, le frère de Hans, Ambrosius était aussi un talent très prometteur, mais il mourut jeune. L’exposition débute avec deux panneaux peints pour l’orgue de la cathédrale de la ville. On découvre ainsi comment les commissions se sont enchaînées. Dessins pour des vitraux, chemins de croix dans une église, décors de façades, fresques pour la salle du grand conseil, malheureusement disparues, et au milieu de cette activité des commandes de portraits et de tableaux de dévotion. Les oeuvres principales exposées sont le Christ mort, la Madone de Soleure et la Madone de Darmstadt ainsi que divers portraits notamment ceux d’Erasme. Ce qui frappe dans la présentation ce sont les nombreux dessins, portraits, mais aussi esquisses pour différents travaux, répartis à travers le monde, ils ont été réunis pour reconstituer une vision des activités de l’artiste à Bâle. L’exposition s’achève sur les commandes de gravures religieuses, images de dévotion destinées à un très large public. Le part-pris adopté, très intéressant montre l’artiste dans toutes ses activités tout en faisant ressortir les quelques oeuvres importantes et diverses épargnées par le temps qui ont survécu jusqu’à aujourd’hui. On relève aussi la précocité de l’artiste puisqu’il reçoit la commande pour la décoration du Grand conseil de l’hôtel de ville en 1521-1522.

A relever que la Tate Britain évoquera la période anglaise du peintre du 28 septembre 2006 au 7 janvier 2007

Holbein in England Tate Britain jusqu’au 7 janvier 2007

L’exposition se concentre sur l’activité de Holbein comme peintre de la cour d’Henri VIII. Elle montre l’activité de l’artiste comme portraitiste, évoque également ses autres activités lorsqu’il réalise des dessins pour des objets d’orfèvrerie, plats, épées ou des éléments d’architecture d’intérieur.

Le site de la Tate Britain propose une description détaillée des 9 salles de l’exposition avec de nombreuses reproductions.

http://www.tate.org.uk/britain/exhibitions/holbein/

Herzog et de Meuron

 

L’intervention de Herzog & de Meuron au musée des cultures de Bâle, 30 09 2011

7 février 2012: Herzog & de Meuron et Ai Wei Wei vont réaliser le pavillon d’été de la Serpentine Gallery à Londres en 2012.

Schaulager, Bâle

Herzog & de Meuron No. 250 une exposition jusqu’au 26 septembre 2004

Les architectes Herzog & de Meuron ont construit le Schaulager à Bâle, inauguré l’année passée avec une grande exposition Dieter Roth. Ce lieu est avant tout destiné à entreposer des œuvres d’art, mais se propose d’organiser une exposition par année. Celle des architectes occupe le sous-sol du bâtiment et propose au visiteur d’entrer aussi bien dans leurs archives que dans leur cahier de commandes en cours. Continuer la lecture

Le Corbusier

Cette page est consacrée à des informations sur Le Corbusier.

Centre Pompidou Paris: Le Corbusier 29 avril – 3 août 2015

En consultant cette page, on constate que cela fait bien des années que l’on s’intéresse aux multiples facettes de l’activité de Le Corbusier créateur. L’exposition du centre Pompidou donne une ampleur exceptionnelle à cette ouverture, loin de se concentrer uniquement à l’activité de l’architecte dont elle présente les principaux moments avec des plans, des maquettes et des extraits de bandes d’actualité, elle montre son activité de peintre et de sculpteur dans toute son ampleur. Continuer la lecture

Art Appenzell 2007

För Hitz ond Brand jusqu’au 19 septembre 2007: art contemporain dans les musées d’Appenzell

Huit musées des cantons d’Appenzell, qui jouxte la ville de Saint-Gall, se sont réunis pour présenter des interventions d’une trentaine d’artistes contemporains. C’est l’occasion en cherchant ces travaux de prendre conscience d’un patrimoine peu connu et très éparpillé.

La plupart sont des musées consacrés à la vie et à l’histoire locale. A l’exception du musée Henri Dunant, de la Ziegelhütte à Appenzell, le musée Liner n’est pas associé à cette action. L’idée de proposer un parcours d’art contemporain à travers ces institutions est à priori assez bonne. Il faut toutefois relever que la plupart des propositions ne sont pas assez fortes pour ressortir face à l’accumulation d’objets locaux. Elles sont le plus souvent traitées très discrètement et les trouver s’apparente plutôt à la recherche des œufs de Pâques. La seule exception est formée par les interventions artistiques à Stein qui sont très pertinentes. Elles apportent un complément bienvenu et même un contre-discours à la célébration de la vie locale. Stein à côté d’un centre de démonstration sur la fabrication du fromage dispose du musée ethnographique le plus moderne et le plus cohérent. Un étage est consacré à la peinture traditionnelle avec quelques pièces très anciennes presque toutes dédiées à la célébration de la vache. Le sous-sol est consacré à l’industrie textile et au Heimatwerk. On pourrait entamer toute une réflexion sur la tradition et la marginalité lorsque surgit soudain un dessin de Hans Krüsi peint sur une serviette de restaurant. Le film d’Emmanuel Geisser The edge of the Forest traite d’apparitions surnaturelles, de phénomènes extraordinaires. Costa Vece propose le témoignage très fort de sa mère venue de Grèce pour travailler en Suisse d’abord à Appenzell, puis à Herisau dans des conditions qu’elle considère avoir été proches de l’esclavage.

Le Museum Herisau qui jouit d’une muséographie très ancienne et pittoresque. A Appenzell on trouve trois musées: le Museum Liner construit par Annette Gigon et Mike Guyer inauguré en 1998 est entièrement consacré au peintre abstrait Carl Walter Liner (1914 – 1997) et à son père Carl August Liner (1871 – 1946). Les surfaces d’exposition sont importantes, plus de 600m2. La Ziegelhütte est une ancienne briquetterie transformée par le bureau d’architecte Robert Bamert en salle à usages multiples: une salle de concert, une cafétéria et de beaux espaces d’expositions bien équipés. Inaugurée en 2003, il existe trois étages avec des espaces autonomes différents, structurés pour recevoir des expositions. Actuellement, deux sont consacrés à Hans Arp et un aux travaux de Carl August Liner. Ils ont décidé d’établir une collaboration régulière avec le musée Marguerite Arp de Locarno. Il y a encore le Museum Appenzell en face de l’église qui réunit des armoires peintes, quelques statues et retables, des documents sur les étoffes et la vie locale. Pour le reste ce musée propose une exposition de peinture naïve.

Urnäsch abrite avec le Brauchtum Museum, sans doute le lieu le plus étonnant avec une collection importante, notamment la présentation des masques et costumes de carnaval. A relever que ces musées sont éloignés d’une dizaine de kilomètres les uns des autres.

För Hitz ond Brand jusqu’au 9 septembre: art contemporain dans les musées d’Appenzell (le site très complet présente les musées et les artistes de façon détaillée).

Stiftung Liner

Kunsthalle Ziegelhütte

Stein Appenzeller Volkskundemuseum

Per Kirkeby

Per Kirkeby est décédé en mai 2018

Le Schlosswilhelmshöhe à Kassel présente l’oeuvre gravé de Per Kirkeby jusqu’au 12 août 2012.

Per Kirkeby est exposé au Palais des beaux-arts à Bruxelles du 10 février au 20 mai 2012.

Une rétrospective Per Kirkeby est présentée à Humlebaek Louisania Museum of Modern Art jusqu’au 25 janvier 2009.

On la verra également à la Tate Moden à Londres du 17 juin au 13 septembre 2009.


Cette exposition est présentée à Düsseldorf au Museumkunstpalast en parallèle avec Caspar Wolf jusqu’au 10 janvier 2010.

Per Kirkeby. Kristall. Refléxion, relations et sources jusqu’au 30 avril 2006

Aarau Kunsthaus

Per Kirkeby est né en 1938 à Copenhague; après avoir suivi une formation complète de géologue, il se tourne vers l’art. Il rencontre des personnalités de l’avant-garde des années 1960 comme Beuys ou Nam June Paik. Pourtant il va se consacrer essentiellement à la peinture, la gravure et la sculpture. Peintre de paysage avant tout, inspiré par les lichens, les arbres, les mouvements de l’eau, du ciel (nuages, brouillard) et de la terre, il accumule, superpose, les formes, les couleurs. Personnalité très connue au Danemark, on l’a découvert en Europe au début des années 1980 dans le flux du regain d’intérêt pour la peinture néo-expressionniste.

Kirkeby a la particularité de consacrer de nombreux textes à son travail, plus de 80 ouvrages, fascicules publiés à ce jour. L’exposition présente les peintures et les sculptures de Kirkeby en relation avec les oeuvres auxquelles il se réfère en optant pour un dialogue entre les époques. Continuer la lecture