Mr Turner. Une incarnation bienvenue

Une incarnation bienvenue

Alors que les cinémas ont de plus en plus de difficultés à conserver et renouveler leur public, on voit les grandes expositions attirer des foules toujours plus importantes. L’industrie cinématographique v-a-t-elle se tourner vers ces blockbusters ? Si elle sait trouver des cinéastes aussi brillants que Stephen Frears dans Mr Turner, on ne pourrait que s’en réjouir !

Stephen Frears s’est fait remarquer par des comédies comme Dirty Pretty Things en 2002, Tamara Drewe en 2010, où il a su rendre une atmsophère. On retrouve ce sens de la reconstitution d’une atmosphère dans Mr Turner. Avec pas mal d’empathie pour cet étrange héros, à la fois reconnu et mal compris par ses contemporains et de nos jours. Frears nous rend attentif au fait qu’il n’y a pas que des paysages et des couchers de soleil dans l’œuvre de Joseph Mallord William Turner (1775 – 1851), mais aussi une quantité d’événements, de personnages qui sont liés à l’actualité de son temps, à la vie quotidienne dans laquelle il était plongé. Continuer la lecture

Yves Netzhammer

Yves Netzhammer (2003)

Die überraschende Verschiebung der Solbruchstelle eines in optimalen Verhältnissen aufgewachsenen Astes

Helmhaus Zurich jusqu’au 16 mars 2003

L’exposition d’Yves Netzhammer (né en 1970) au Helmhaus à Zurich est une installation complexe qui propose la projection de 12 films vidéos réalisés sur ordinateur. L’artiste présente un univers fantastique, inquiétant, poétique et plein d’humour qui associe l’homme, l’oiseau, différentes constructions architecturales, des espaces multiples et les arbres et les branches qui sont mentionnés dans l’intrigant sous-titre de l’exposition. Une attention particulière est accordée à l’environnement sonore des installations. Continuer la lecture

Jeff Koons

Le centre Pompidou présente une grande rétrospective de Jeff Koons qui sera bientôt sexagénaire, La Rétrospective jusqu’au 27 avril 2015 .

Après avoir visité la rétrospective de Jeff Koons à la Fondation Beyeler en 2012, la comparaison entrer les deux manifestations est intéressante. On retrouve deux traits caractéristiques, l’organisation chronologique par périodes et séries qui ont un titre commun et l’utilisation simultanée du sol et des parois.

Citons quelques sections The New, 1980 qui  reprend des appareils électroménagers ; 1983 – 1985 Equilibrium avec en particulier des ballons de basketball, un canot de plage en bronze; dès 1988 avec la série intitulée Banality, Koons collabore  avec des artisans spécialisés, notamment pour la réalisation de porcelaine dont la statue de Michael Jackson; Avec Made in Heaven 1990, il obtient une immense notoriété à la Biennale de Venise. Ici après un mur d’appel soft, on visite une petite section fermée, précédée de l’inscription « strictement réservé aux plus de 18 ans! » qui propose des photos sexuelles explicites avec celle qui fut brièvement sa femme, la Cicciolina.  Dès 1994, avec Celebration, il aborde de très grands formats, on trouve encore les séries Easyfun, Popeye, Hulk. A l’occasion d’une exposition au château de Versailles en 2008, il reprend les sculptures anciennes sous le titre Antiquity. La dernière série s’intitule Gazing Balls. 

 Jeff Koons est en fait un entrepreneur hybride, puisque rien dans les produits qui portent la signature de Jeff Koons n’est de sa propre main. S’il investit les lieux consacrés à l’art, marché, musée, s’il s’inscrit dans le discours de l’art, en réalité il appartient plutôt à la catégorie des créateurs du type Walt Disney, actuellement son atelier à New York occupe plus de cent collaborateurs. Il a adopté cette méthode de travail très tôt, mais c’est devenu la pratique de nombreux artistes. La possibilité de visiter au même moment, l’exposition Niki de Saint Phalle montre des pratiques antérieures qui impliquaient aussi un travail en équipe qui avaient pourtant un caractère plus aventureux et festif semble-t-il.  Continuer la lecture

Peter Doig

Fondation Beyeler jusqu’au 22 mars 2015

Peter Doig est né en 1959 à Trinidad. D’origine écossaise, il a étudié à Londres et enseigne à Düsseldorf. Il vit à Trinidad, mais semble être un grand voyageur. En 1999, on pouvait découvrir un ensemble important de ses toiles au Kunsthaus de Glaris. Un peu plus tard, la Kunsthalle de Zurich a montré ses affiches pour un cinéma animé par Peter Doig à Trinidad. Aujourd’hui, moins de 15 ans plus tard, il revient en Suisse à la Fondation Beyeler, pour une présentation très complète de son travail, avec en sus la réputation un peu sulfureuse d’être l’un des artistes vivants les plus chers au monde.

Sur l’étage principal, on découvre une quarantaine de grandes toiles réalisées au cours des 25 dernières années. Peter Doig nous entraîne dans de grands espaces, souvent animés par quelques figures, landes , lacs, rivières. Continuer la lecture

Egon Schiele / Jenny Saville

Egon Schiele / Jenny Saville, Kunsthaus Zurich jusqu’au 25 janvier 2015

Alors que le Leopold Museum à Vienne célèbre l’œuvre d’Alberto Giacometti, en présentant les collections du Kunsthaus de Zurich. Ce dernier peut consacrer une vaste exposition à Egon Schiele, en s’appuyant sur les collections viennoises, mais aussi sur des prêts d’autres provenances. La documentation présentée en fin d’exposition nous révèle que Schiele avait eu des relations importantes avec cette institution qui n’avaient pas abouti à une exposition personnelle, mais il fut largement représenté dans une exposition collective à Zurich en 1918. La mort précoce de l’artiste et le caractère extraordinairement tourmenté de son dessin, nous font oublier que son talent exceptionnel fut reconnu très rapidement par les galeries et les collectionneurs. En raison de la sélection des œuvres, l’exposition pourrait avoir comme sous-titre la mort dans l’œuvre de Schiele, car celle-ci est omniprésente. Les toiles sont accrochées sur des parois peintes en noires qui soulignent encore ce caractère funèbre et même les paysages qui montrent des arbres dénudés ou des villes mortes sont extraordinairement sombres. Ceci dit, il faut souligner que l’on découvre une magnifique exposition Schiele, qui s’appuie sur des toiles et à la fin sur les dessins qui sont plus connus. La part des dessins érotiques est assez limitée.

Cette exposition n’est pas présentée comme une rétrospective. En effet, on trouve un second nom dans le titre, Continuer la lecture

Musée d’ethnographie de Genève

Le nouveau MEG, musée d’ethnographie de Genève

Depuis l’ouverture en 2005 du Centre Paul Klee à Berne, l’inauguration du nouveau MEG représente sans doute la principale ouverture de musée en Suisse. (Il y a eu encore celui du musée des cultures du monde à Bâle). Ce nouveau musée frappe par deux aspects: Il fait table rase du passé en plongeant sous la terre, le seul signe architectural extérieur nouveau, mais relativement modeste, est le hall d’entrée, surmonté d’une petite bibliothèque. L’ancien musée est complètement abandonné et abritera l’administration.

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Gustave Courbet

Gustave Courbet (1819 – 1877)

Deux exposition à Genève au musée Rath et à Riehen à la Fondation Beyeler nous permettent de revenir sur la carrière du peintre franc-comtois.

Après Paris, New York et Montpellier en 2007- 2008, la Fondation Beyeler et le musée d’art et d’histoire à Genève consacrent une exposition à Gustave Courbet 7 septembre – 18 janvier 2015. En 1998 – 1999, le musée des beaux-arts de Lausanne avait également consacré une expositon au peintre franc-comtois. A Genève, au musée Rath on découvre, Gustave Courbet. Les années suisses jusqu’au 4 janvier 2015.

Une exposition qui documente non seulement les oeuvres produites en Suisse, mais aussi celles que Courbet avaient amenées en Suisse et qu’il exposa à la Tour-de-Peilz. L’exposition s’appuie sur l’inventaire après décès de l’artiste que l’on peut feuilleter sur écran et qui porte notamment la signature du peintre François Bocion.

Ces deux expositions appartiennent à deux approches très différentes: l’une documente les années suisses du peintre et s’appuie sur des recherches débutées il y a une quarantaine d’années; l’autre offre un véritable album d’images d’une soixantaine de belles toiles de Gustave Courbet. Elle montre tous les aspects de son activité, autoportraits, nus et surtout paysages, à l’exception bien sûr des oeuvres monumentales, elle forme aussi un véritable tableau de chasse de la Fondation Beyeler qui a pu obtenir le prêt d’oeuvres représentatives.

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L’espace dans les musées coréens

L’espace dans les musées coréens

Après la visite de trois musées à Gwangju et celle de  quatre institutions à Seoul, auxquelles il faut ajouter le ddp, Dogdaemun design Plaza, sans compter les différents palais et le musée d’histoire, j’en viens à quelques réflexions sur l’ampleur de l’espace, du vide dans ces lieux. Assurément il ne correspond pas à notre notion de l’espace muséal. Première remarque, les prémisses, les parvis sont gigantesques, pour ne pas dire stupéfiant dans le cas du musée national qui doit faire plusieurs centaines de mètres. Tous ont des cours intérieures très vastes, des cages d’escaliers et des espaces de circulation presque aussi grands que les salles d’exposition. De plus la logique de l’enchaînement des salles n’est pas toujours linéaire, mais parfois rhizomatique.

A Seoul:

National Museum of Modern and Contemporary Art, inauguré en novembre 2013.

Seoul Museum of Art, Mediacity Seoul, propose une une biennale depuis 2000.

National Museum of Korea d’après Wikipedia c’est le 6ème plus grand musée au monde, inauguré fin 2005.

Leeum, Samsung Museum of Art fête son dixième anniversaire en 2014. édifié par Mario Botta, Jean Nouvel et Rem Koolhass.

Dongdaemun Design Plaza ddp, ouvert mars 2014, occupe la surface d’un ancien stade de football et de baseball. Zaha Hadi Architects.

Près de Suwon: Nam June Paik Art Center (achevé en 2008).

Gwangju: Gwangju Museum of Art (ouvert en 1992).

Bâtiment de la Biennale de Gwangju.

Peut-être l’espace des anciens palais nous donne-t-il une clef ? ils sont constitués d’immenses terrains entourés de murailles qui abritent des séries de pavillons relativement modestes aux  fonctions spécifiques. Ou bien faut-il relever l’incroyable audace du ddp, inauguré en mars 2014, il remplace tout simplement un ancien stade de football et de baseball dont on a conservé un grand projecteur comme seul souvenir ! le bâtiment se déploie comme une colossale archisculpture d’aluminium et de béton. Continuer la lecture

Biennales de Gwangju 2014, Berlin 2004, Liverpool 2002

Je rassemble sur cette page le compte-rendu de quelques biennales.

Biennale de Gwangju Burning Down the House jusqu’au 9 novembre 2014

Gwangju est une grande agglomération au sud de la Corée à 4-5 heures de Seoul. Avec 1,5 millions d’habitants, elle représente un bassin important pour une exposition biennale. Celle-ci, qui marque sa dixième édition, se veut toutefois internationale et ouverte sur tous les continents. Elle assure aussi, je n’ai pas les moyens de vérifier !, être la plus importante des biennales d’Asie, on sait que celles-ci sont très nombreuses. ( en Corée du Sud, il y a deux autres biennales au même moment à Busan et à Séoul). L’étendue de la ville est considérable, les autorités ont créé une sorte de Museumsinsel, non sur une île, mais sur une excroissance rocheuse. Continuer la lecture

Corée du Sud 3 octobre – 17 octobre 2014

J’ai passé deux semaines en Corée du Sud. Cette page présente quelques photographies des trois villes visitées. Pour commencer une première remarque: Gwangju et Séoul ont la particularité d’être adossées à des montagnes peu élevées, mais abruptes et rocheuses, couvertes d’une forêt dense. Face au développement urbain intempestif, elles offrent des zones de détente et de balades considérables et rendent ces villes plutôt sympathiques, malgré leur immensité. Séoul même est partagée par l’une de ces montagnes où trône une grande antenne de télévision, un téléphérique et divers parcs d’attraction. A Gawangju, j’ai emprunté un télésiège situé près de mon hôtel et à quelques minutes de voiture du centre ville. Il donne accès à un grand réseau de randonnées balisé en coréen!, par monts et par vaux, parsemé de temples et de musées.


 

La première ville découverte a été Gwangju qui propose en ce moment la dixième édition de la Biennale d’art contemporain. A l’exception de l’obstacle posé par la langue, tout est simple et fonctionnel. En sortant de l’aéroport je prends un billet de bus pour Gwangju et le bus par 20 minutes plus tard. Malheureusement en ce jour de congé, le voyage prendra six heures au lieu de quatre dans des embouteillages monstrueux. La Corée étant un pays constructeur d’autos tout est fait pour elle. Ici on associe les coréennes à de toutes petites voitures, mais en Corée on ne voit que des limousines.

 

La deuxième ville est Suwon, proche de Séoul, elle est tournée vers le passé, en raison d’une immense muraille conservée et restaurée qui entoure une partie du centre de la ville où l’on découvre des marchés couverts très animés.


Et enfin je suis resté huit jours à Séoul. Difficile de se repérer dans une telle métropole. Pourtant on s’y fait assez vite. Certaines structures anciennes ont été conservées ou rétablies: les palais, les portes. Le centre est traversé depuis l’hôtel de ville jusqu’à Dongdaemun et plus loin, par une rivière remise à jour et assainie, c’est une jolie promenade qui traverse la ville horizontalement. Partout on trouve le contraste entre les petites maisons anciennes, parfois très bien refaites surtout à Bukchon et les grandes tours. http://www.zaha-hadid.com/