Interactivité, vidéo, jeux

Lausanne 16 novembre 2013: Musée cantonal des beaux-arts, Lausanne

Making Space. 40 ans d’art vidéo 18 octobre – 5 janvier 2014

Le musée des beaux-arts de Lausanne se lance dans une tentative difficile : jeter un regard rétrospectif sur l’art vidéo des 40 dernières années. A travers un thème, l’ouverture vers de nouveaux espaces intérieurs, extérieurs, simultanés. C’est une expérience intéressante pour le spectateur et une réflexion sur notre mémoire visuelle, l’évolution de nos sensations. 23 artistes ont été retenus. D’un côté l’exposition donne l’occasion au public local de découvrir des installations présentées au cours des 15 dernières années dans de grandes expositions internationales, de l’autre elle tente de proposer quelques travaux historiques internationaux ou suisses.

L’expérience sur soi et la perception du monde rendue possible par l’emploi d’une caméra souple ont ouvert de nouveaux champs à l’expression artistique. Continuer la lecture

Julio Le Parc

Le Palais de Tokyo à Paris consacre à Julio le Parc du 27 février – 13 mai 2013 une vaste rétrospective avec de nombreuses installations monumentales et une salle entière consacrée aux jeux interactifs. Elle semble assez proche de l’exposition proposée à Zurich en 2005, évoquée ci-dessous. En parallèle, le centre Pompidou présente les pièces de Jésus Rafael Soto qui figurent dans ses collections, certaines sont entrées récemment par dation.


Le Parc Lumière Daros-latinamerica jusqu’au 30 octobre 2005

L’événement à Zurich est certainement l’exposition Julio Le Parc: Le Parc Lumière proposée par la collection Daros elle est d’ailleurs prolongée jusqu’au 30 octobre. Continuer la lecture

Peinture italienne 14e -16e siècle

Musée du Louvre: Raphaël. Les dernières années 11 octobre 2012 – 14 janvier 2013.

Dans la suite directe de l’exposition présentée ce printemps: La Sainte Anne, l’ultime chef-d’oeuvre de Léonard de Vinci qui montrait comment La dernière toile de Léonard qu’il laissa inachevée fut en fait un thème qu’il poursuivit depuis 1500, le musée du Louvre propose un examen de l’oeuvre de Raphaël. A travers les toiles, les dessins du maître et l’activité de ses principaux assistants. L’exposition souligne l’activité débordante de l’artiste et la difficulté à distinguer la main du maître de celle des ses aides, en particulier Giulio Romano et Gian Francesco Penni. Mort à 37 ans, Raphaël a répondu à un nombre stupéfiant de commandes, l’exposition nous fait entrer dans la fabrique du peintre. Elle commence avec de grands retables commandés pour des églises par de riches mécènes ou par le Pape comme cadeau à François 1er, raison pour laquelle ils figurent aujourd’hui dans les collections du Louvre. Des dessins sont mis en relation avec ces oeuvres. Le dessin élément essentiel, car les idées développées par Raphaël sont souvent réalisées par ses aides. On évoque le chantier des Stanze du Vatican entre 1508 et 1520, les cartons de tapisseries, les innombrables tableaux de dévotion représentant, la Vierge et pour terminer en apothéose on trouve de magnifiques portraits de Raphaël.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 30 novembre 2012

Michelangelo Drawings. Closer to the Master Britsh Museum jusqu’au 25 juin 2006

L’exposition Michelange (1475 – 1564) veut montrer que les dessins très connus de l’artiste, en particulier ceux réalisés à la craie rouge, qui figurent dans tous les ouvrages consacrés à cet art ne sont pas des oeuvres autonomes, mais des projets pour la Sixtine ou d’autres travaux. En s’appuyant sur les très vastes collections du British Museum, de l’Ashmolean Museum à Oxford et du Teyler Museum à Haarlem en Hollande, la présentation situe les dessins dans leur contexte en évoquant tout le déroulement de la carrière de Michelange d’une manière didactique.

90 oeuvres originales de Michelange figurent dans l’exposition sur les 600 dessins de l’artiste répertoriés. A noter que les 22 dessins des collections royales qui ont été exposés en 1998 dans l’exposition Michelangelo and his influence. Drawings from Windsor Castle ne figurent pas dans cette exposition.

L’exposition propose un parcours chronologique. Elle évoque La collaboration de Michelange avec Ghirlandajo dont quelques dessins sont montrés, puis la réalisation du David à Florence. L’installation à Rome, une place importante est faite aux dessins préparatoires pour le plafond de la chapelle Sixtine (1508 – 1512), des animations digitales, des photographies et des projections établissent la relation avec les oeuvres achevées. Les travaux d’atelier, la formation des collaborateurs sont montrés, puis l’on passe à la réalisation du Jugement dernier 1534 – 1541. L’exposition s’achève sur des compositions religieuses La Lamentation, 1530-35, La Crucifixion ou encore La Mise au tombeau que l’artiste modifie de façon obsessionnelle alors que les 30 dernières années de sa vie furent consacrées à l’architecture. En plus des dessins de nombreuses lettres de l’artiste sont présentées (1’400 ont été conservées).

British Museum. Michelangelo Drawings 23 mars – 25 juin. 

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 5 avril 2006

Christoph Ruckhaeberle

Zurich Migrosmuseum

Christoph Ruckhäberle jusqu’au 16 août 2009

Lubok Verlag

Christoph Ruckhäberle né en 1972 fait partie de ce que l’on appelle l’école de Leipzig où il a étudié. Il vit à Berlin et bénéficie d’une assez grande visibilité depuis 3 ou 4 ans. Il est plongé dans la gravure sur lino et la peinture qu’il traite avec un élan et une vigueur fantastiques à travers une foule de visages et de personnages. 

Dans cette exposition Christoph Ruckhäberle propose deux séries d’oeuvres d’une part 102 portraits, pastels à l’huile, et d’autre part des figures en pied qui sont des peintures à l’huile. Il travaille sur la relation fond-figure et pousse au maximum la présence colorée et géométrique des fonds, les figures parviennent pourtant à se détacher. Ainsi par cette tension entre le fond qui pourrait la noyer et la présence plastique de la figure naît une grande intensité. Ces figures évoquent le théâtre, l’exotisme, les masques et des formes de primitivisme. Elles portent des titres qui renvoient à l’histoire de la peinture Grande joueuse de guitareFille aux fleursFemme lisantLe Balcon ou à des figures de théâtre oriental ou du théâtre de guignol. Avant de passer au domaine beaux-arts, Christoph Ruckhäberle a étudié le dessin animé en Californie et l’on sent l’effet de cette référence dans les mouvements exagérés de ses figures. Ces dernières évoquent dans un premier temps le construcivisme russe, on pense à Malévitch notamment, mais s’appuient aussi sur beaucoup d’autres références qui vont de Matisse, Picasso à Balthus, ou encore Thomas Huber.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 25 mai 2009

Kai Althoff

A la Kunsthalle de Zurich Kai Althoff (né en 1966) propose Ich meine es auf jeden Fall schlecht mit Ihnen jusqu’au 13 janvier 2008.

Les expositions personnelles de Kai Althoff sont assez rares; en général il invite d’autres artistes. Ici on découvre une gigantesque installation-exposition qui se déroule sur six salles totalement transformées et parfumées. Moquettes colorées, murs tapissés, panneaux paravents sur lesquels sont accrochés des dessins ou des peintures, un refus militant des surfaces blanches et neutres des espaces d’art contemporain. Trois installations particulières dans l’installation d’ensemble: deux fois des objets multiples, collections de souvenirs d’éléments destinés à orner le corps, les habits et une grande machine mystérieuse qui joue avec des surfaces rouges et jaunes. Dans les salles sont diffusés trois parfums différents fabriqués par l’artiste. Les dessins et les peintures d’Althoff révèlent un talent polyvalent qui absorbe des sources multiples, Klimt, Schiele, Feininger, l’Allemagne des années 1920, la peinture ancienne ou contemporaine, je pense surtout à Kitaj en voyant ses toiles. Il place des personnages e relation les uns avec les autres dans des compositions intenses. L’ensemble de l’exposition est une réflexion sur les critères de la beauté, les passage entre les pratiques privées et publiques, l’accumulation également.

Kai Althoff est aussi un musicien.

Documenta 13, 2012: Dans la grande salle du Fridericianum laissée vide, on trouve juste une lettre de Kai Althoff annonçant son désistement.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 2007

Anselm Reyle

Anselm Reyle est exposé au Magasin à Grenoble du 17 février au 5 mai 2013

Zurich Kunsthalle

Anselm Reyle « Ars Nova ». jusqu’au 26 mars 2006

La Kunsthalle de Zurich consacre l’essentiel de ses salles aux peintures et aux sculptures de l’artiste allemand Anselm Reyle (né en 1970)

Reyle a participé à l’exposition au Carré d’art à Nîmes qui présentait une quinzaine de peintres allemands contemporains en été 2005 et l’on découvrait l’une de ses sculptures au Migrosmuseum dans l’exposition de sculptures proposée à l’été 2004: It’s All an Illusion, a Sculpture Project. Dans la présentation monographique actuelle, l’artiste propose une déclinaison virtuose de références dans une sorte de quintessence du postmodernisme. Il explique qu’il est motivé par la fascination éprouvée pour une peinture, une sculpture, une forme ou une couleur. Il travaille alors à grande échelle poursuivant le thème et l’objectif choisis, sans prétendre que sa démarche ait un sens. Le parcours proposé ici permet de suivre les diverses facettes de ses attirances. La première pièce est un hommage à Fernand Léger dont il a fait reproduire un tableau en grande dimension en recourant aux conseils d’un peintre d’enseignes. On pénètre ensuite dans une salle entièrement peinte en jaune éclairée de néons blancs au plafond. Il concrétise le désir de certains peintres qui voulaient faire entrer le spectateur dans leur peinture, en particulier Barnet Newman ou Mark Rothko. L’hommage suivant est adressé à Hodler, une immense toile horizontale aux larges bandes colorées évoque en effet les visions du Léman peintes par ce dernier à la fin de sa vie. Dans la même salle, une sculpture aux vides et aux pleins élégants en laque rouge est en fait la reproduction agrandie d’une sculpture africaine ramenée d’un voyage par la mère de l’artiste!

Plus loin trois toiles verticales évoquent des vitraux ou des mosaïques, elles sont inspirées par l’artiste Otto Freundlich. L’exposition s’achève sur une cascade de néons colorés. En parcourant cette présentation on perçoit bien le mot clef prononcé par l’artiste de fascination, on le sent fasciné par la peinture, ses spécificités, les effets qu’elle peut induire et qu’il tente de retrouver. On pense aussi au travail de Tobias Rehberger, mais Reyle est davantage tourné vers la peinture en tant que telle et moins vers l’industrie ou le design.

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 22 janvier 2006

Thomas Scheibitz

Baltic. Center for Contemporary Art présente Thomas Scheibitz: One Time Pad 26 juillet – 3 novembre 2013.

Frankfurt, le Musée d’art contemporain présente 200 oeuvres de Thomas Scheibitz jusqu’au 13 janvier 2013.

Le musée d’Innsbruck Galerie im Taxispalais présente une exposition Thomas Scheibitz du 25 septembre au 28 novembre 2010.

Thomas Scheibitz est l’un des artistes sélectionnés pour représenter l’Allemagne à la Biennale de Venise 2005.

Thomas Scheibitz jusqu’au 30 mai 2004

Le Centre d’art contemporain à Genève propose 28 sculptures peintes et une cinquantaine de dessins de Thomas Scheibitz jusqu’au 30 mai 2004.

L’exposition est une véritable installation colorée dans laquelle les différentes pièces réalisées notamment en mdf, en bois ou en aluminium se répondent, renvoient les unes aux autres par différents jeux de perspectives et l’utilisation de fenêtres. On reconnait des objets, des animaux, il y a beaucoup d’humour, mais aussi un sens de la forme, de la couleur, de la présence des objets dans cette réalisation. Scheibitz est passionné par la perspective et le collage, l’agglomération, les rencontres fortuites, puis construites d’éléments, qui à piori, n’étaient pas destinés à se rencontrer. Alors que dans ces peintures on sentait la lutte avec le cadre, la volonté d’en sortir, ici on assiste à la mise en espace d’une peinture. Des enjambements, des recoupements qui sont tout à fait passionnants.

Patrick Schaefer, 11 mars 2004

Thomas Scheibitz, Ansicht und Plan von Toledo, jusqu’au 11 mars 2001

Le Kunstmuseum de Winterthour présente une exposition du peintre allemand Thomas Scheibitz, né en 1968. Formé à Dresde, il vit à Berlin.

Ses oeuvres décoiffantes reprennent à la vitesse d’une soucoupe volante toutes les questions posées par la peinture depuis plus d’un siècle. En réalité depuis beaucoup plus longtemps, puisque l’ensemble de l’exposition est une suite de variations, véritable déconstruction de la vue de Tolède peinte par Le Greco.

On est loin d’une invitation à la contemplation. Il s’agit d’un travail ludique, énergique, décapant, extrêmement virtuose. Scheibitz joue avec les tensions du cadre, de l’espace pictural, du sujet, des couleurs et des formes. Par son côté systématique la démarche peut paraître académique ou par trop démonstrative, mais elle est incontestablement fascinante. A propos de cet artiste certains mentionnent Kokoschka, d’autres Baselitz, ou encore Viallat, Lüperz, Tuymans et Gary Hume, la liste paraît sans fin. Dieter Schwarz a choisi de consacrer la salle qui jouxte l’exposition aux oeuvres de Gerhard Richter, et des parallèles solides peuvent bien sûr être tissés avec cet artiste. Ceci dit Scheibitz intègre avant tout le langage de la b.d. et des mangas dans une problématique qui appartient à la tradition de la peinture. Le résultat est étonnant.

Jasper Johns, Alex Katz, Mark Rothko, Andy Warhol

Jasper Johns an Allegory of Painting 1955 – 1965 jusqu’au 23 septembre 2007

Musée des beaux-art Bâle

L’exposition Jasper Johns (né en 1930) proposée par le musée de Bâle n’est pas une rétrospective, il s’agit d’un regard sur quelques aspects du travail de l’artiste au cours de la première décennie de sa fructueuse carrière. Quatre éléments sont mis en évidence. Les cibles dont on découvre de très nombreux aspects. Par contre le travail sur les chiffres et sur le drapeau américain n’est pas présent (on voit des exemples dans l’accrochage de la collection du musée qui en possède). Par ailleurs c’est la mise en évidence du processus de travail qui est soulignée: d’une part le travail sur la couleur, en particulier le rappel des trois couleurs fondamentales, inlassablement répété et sur les moyens d’appliquer la couleur avec une planche en bois qui permet de tracer les cercles notamment. On trouve aussi la règle, le fil, d’autres objets sont intégrés à la peinture comme un balais pour évoquer un pinceau géant.

Enfin le dernier aspect du travail de l’artiste qui est mis en évidence est celui des empreintes du corps, main, pied, visage. Cette approche très concentrée sur quelques aspects met bien évidence le caractère expérimental des recherches de l’artiste et mélange heureusement les techniques: peintures, dessins, lithographies, collages sont présentés sur le même plan. Cette approche paraît excellente, car elle permet de renouveler nos connaissances sur un artiste dont a une vision trop icônique qui nuit sans doute à la compréhension de son travail.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 18 juin 2007


Musée cantonal des beaux-arts: Alex Katz et Félix Vallotton jusqu’au 9 juin 2013.

En 1995, le musée des beaux-arts de Lausanne achetait une toile de Félix Vallotton intitulée Quatre Torses, 1916. Cette oeuvre stupéfiante présente quatre corps de femmes en gros plan dans des tons roses, elle parait d’une incroyable actualité. Elle aurait pu être peinte dans les années 1960 ou même plus récemment. L’exposition Alex Katz (1927) et Félix Vallotton (1865 – 1925), loin de toute suggestion d’éventuelles influences ou filiation, s’emploie à montrer la singulière actualité de la peinture de Vallotton, en la confrontant à un artiste américain dont la carrière et le style se sont affirmés à l’époque du Pop Art.

Un peu moins de 40 toiles de Vallotton dont une quinzaine appartiennent à la collection du musée, un peu moins de 50 Alex Katz, de très grands et de petits formats invitent à une belle balade qui met en résonance deux artistes séparés par presque un siècle. Ils ont pour point commun la construction du sujet qu’il s’agisse de portraits, de nus, de figures en groupes ou de paysages diurnes et nocturnes. On ne peut que constater qu’ils arrivent parfois à des résultats relativement proches. Un véritable hommage à la Peinture et à ceux pour qui elle représente un engagement complet et la véritable création d’un « langage ». L’exposition et le catalogue pourraient de façon un peu plus élaborée et approfondie, au-delà du simple constat, apporter une contribution à la réflexion sur la notion de style et d’époque (on retrouve un peu la démarche de Bice Curiger au Kunsthaus de Zurich avec l’exposition Deftig Barock en 2012 qui s’intéressait à la permanence d’un intérêt pour l’étrange, la véhémence du 16e au 21e siècle).

A signaler qu’Alex Katz fait l’objet de deux autres exposition au Haus konstruktiv à Zurich jusqu’au 12 mai et au Museum der Moderne à Salzburg qui présente une rétrospective en collaboration avec le Colby College Museum of Art de Watteville qui possède 700 oeuvres de Katz jusqu’au 7 juillet.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 23 mars 2013


Londres Tate Modern: Rothko les dernières séries jusqu’au 1er février 2009

Depuis la rétrospective du musée d’art moderne de la ville de Paris en 1999, puis celle de la Fondation Beyeler en 2001, l’oeuvre de Mark Rothko (1903 – 1970) jouit d’une visibilité toujours plus importante. La Tate Modern a choisi de lui rendre hommage en partant d’une série de huit toiles offertes par l’artiste en 1969. Pour respecter la volonté de Rothko ces toiles sont exposées en permanence. Elles faisaient partie d’un ensemble de 30 peintures que Rothko avait conçues en 1958 – 59 après avoir reçu une commande pour décorer une salle à manger dans le restaurant Four Seasons du Seagram building à New York. Il abandonna ce mandat réalisant que sa peinture ne correspondait pas à ce genre de site. Ici 14 pièces sont réunies et forment le point de départ d’une réflexion sur le développement des séries au cours de la dernière décennie de l’existence de Rothko. Pourtant Rothko restait habité par le désir d’offrir une immersion dans la peinture au spectateur d’où le développement d’autres séries. On voit ainsi les esquisses pour la chapelle de Houston. L’exposition se poursuit avec la série des peintures noires dans lesquelles il abandonne les bordures flottantes pour des limites bien marquées. L’exposition s’achève avec la série des peintures noires sur gris. On perçoit ien la dimension spirituelle de la recherche de Rothko. Les toiles paraissent très proches du spectateur et l’on sent la présence des pigments, d’une matière picturale sans reflet, on pense aux développements d’un Anish Kapoor.

Il est intéressant de visiter les expositions Bacon et Rothko à la suite l’une de l’autre. Ils appartiennent à la même génération, mais incarnent une approche de la peinture radicalement différente. Bacon crée la distance, joue le caractère imposant de l’art, alors que Rothko cherche la proximité dans une approche idéaliste tout en invoquant une transcendance. Une petite observation qui n’est rien de plus qu’une remarque: j’ai visité l’exposition Bacon vendredi matin à la Tate Britain, il y avait beaucoup de monde, mais les gens étaient silencieux ou parlaient à voix très basse. Ce qui m’a frappé dans l’exposition Rothko, c’est qu’au contraire les gens parlaient beaucoup. Dans une famille ou un petit groupe, il y avait toujours quelqu’un qui se lançait dans des explications pour ses proches, ses amis en parlant très fort!

Patrick Schaefer, L’art en jeu 22 octobre 2008


Bâle Öffentliche Kunstsammlung: Andy Warhol the Early Sixties Paintings and Drawings 1961 – 1964 5 septembre 2010 – 23 janvier 2011

L’exposition du musée de Bâle présente Andy Warhol dans ses meilleures années de recherche et d’expérimentation entre 1960 et 1964 avec des pièces très connues: les soupes Campbell, Elvis, Liz Taylor, les accidents de voiture, les fleurs. Une documentation permet de voir les sources imprimées dans la presse quotidienne qui sont au départ de ses travaux. Le côté sérielle, systématique des recherches de l’artiste ressort fortement et souligne la rupture avec la peinture expressionniste ou abstraite. On est aussi frappé par la simplicité ou l’évidence des solutions trouvées, une fois qu’il a choisi une approche. Les trois expositions collectives évoquées sur cette page tournent autour des mêmes problématiques, il est intéressant de constater ces rapprochements.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 25 septembre 2010