Archives de catégorie : peinture

Thomas Scheibitz

Baltic. Center for Contemporary Art présente Thomas Scheibitz: One Time Pad 26 juillet – 3 novembre 2013.

Frankfurt, le Musée d’art contemporain présente 200 oeuvres de Thomas Scheibitz jusqu’au 13 janvier 2013.

Le musée d’Innsbruck Galerie im Taxispalais présente une exposition Thomas Scheibitz du 25 septembre au 28 novembre 2010.

Thomas Scheibitz est l’un des artistes sélectionnés pour représenter l’Allemagne à la Biennale de Venise 2005.

Thomas Scheibitz jusqu’au 30 mai 2004

Le Centre d’art contemporain à Genève propose 28 sculptures peintes et une cinquantaine de dessins de Thomas Scheibitz jusqu’au 30 mai 2004.

L’exposition est une véritable installation colorée dans laquelle les différentes pièces réalisées notamment en mdf, en bois ou en aluminium se répondent, renvoient les unes aux autres par différents jeux de perspectives et l’utilisation de fenêtres. On reconnait des objets, des animaux, il y a beaucoup d’humour, mais aussi un sens de la forme, de la couleur, de la présence des objets dans cette réalisation. Scheibitz est passionné par la perspective et le collage, l’agglomération, les rencontres fortuites, puis construites d’éléments, qui à piori, n’étaient pas destinés à se rencontrer. Alors que dans ces peintures on sentait la lutte avec le cadre, la volonté d’en sortir, ici on assiste à la mise en espace d’une peinture. Des enjambements, des recoupements qui sont tout à fait passionnants.

Patrick Schaefer, 11 mars 2004

Thomas Scheibitz, Ansicht und Plan von Toledo, jusqu’au 11 mars 2001

Le Kunstmuseum de Winterthour présente une exposition du peintre allemand Thomas Scheibitz, né en 1968. Formé à Dresde, il vit à Berlin.

Ses oeuvres décoiffantes reprennent à la vitesse d’une soucoupe volante toutes les questions posées par la peinture depuis plus d’un siècle. En réalité depuis beaucoup plus longtemps, puisque l’ensemble de l’exposition est une suite de variations, véritable déconstruction de la vue de Tolède peinte par Le Greco.

On est loin d’une invitation à la contemplation. Il s’agit d’un travail ludique, énergique, décapant, extrêmement virtuose. Scheibitz joue avec les tensions du cadre, de l’espace pictural, du sujet, des couleurs et des formes. Par son côté systématique la démarche peut paraître académique ou par trop démonstrative, mais elle est incontestablement fascinante. A propos de cet artiste certains mentionnent Kokoschka, d’autres Baselitz, ou encore Viallat, Lüperz, Tuymans et Gary Hume, la liste paraît sans fin. Dieter Schwarz a choisi de consacrer la salle qui jouxte l’exposition aux oeuvres de Gerhard Richter, et des parallèles solides peuvent bien sûr être tissés avec cet artiste. Ceci dit Scheibitz intègre avant tout le langage de la b.d. et des mangas dans une problématique qui appartient à la tradition de la peinture. Le résultat est étonnant.

Jasper Johns, Alex Katz, Mark Rothko, Andy Warhol

Jasper Johns an Allegory of Painting 1955 – 1965 jusqu’au 23 septembre 2007

Musée des beaux-art Bâle

L’exposition Jasper Johns (né en 1930) proposée par le musée de Bâle n’est pas une rétrospective, il s’agit d’un regard sur quelques aspects du travail de l’artiste au cours de la première décennie de sa fructueuse carrière. Quatre éléments sont mis en évidence. Les cibles dont on découvre de très nombreux aspects. Par contre le travail sur les chiffres et sur le drapeau américain n’est pas présent (on voit des exemples dans l’accrochage de la collection du musée qui en possède). Par ailleurs c’est la mise en évidence du processus de travail qui est soulignée: d’une part le travail sur la couleur, en particulier le rappel des trois couleurs fondamentales, inlassablement répété et sur les moyens d’appliquer la couleur avec une planche en bois qui permet de tracer les cercles notamment. On trouve aussi la règle, le fil, d’autres objets sont intégrés à la peinture comme un balais pour évoquer un pinceau géant.

Enfin le dernier aspect du travail de l’artiste qui est mis en évidence est celui des empreintes du corps, main, pied, visage. Cette approche très concentrée sur quelques aspects met bien évidence le caractère expérimental des recherches de l’artiste et mélange heureusement les techniques: peintures, dessins, lithographies, collages sont présentés sur le même plan. Cette approche paraît excellente, car elle permet de renouveler nos connaissances sur un artiste dont a une vision trop icônique qui nuit sans doute à la compréhension de son travail.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 18 juin 2007


Musée cantonal des beaux-arts: Alex Katz et Félix Vallotton jusqu’au 9 juin 2013.

En 1995, le musée des beaux-arts de Lausanne achetait une toile de Félix Vallotton intitulée Quatre Torses, 1916. Cette oeuvre stupéfiante présente quatre corps de femmes en gros plan dans des tons roses, elle parait d’une incroyable actualité. Elle aurait pu être peinte dans les années 1960 ou même plus récemment. L’exposition Alex Katz (1927) et Félix Vallotton (1865 – 1925), loin de toute suggestion d’éventuelles influences ou filiation, s’emploie à montrer la singulière actualité de la peinture de Vallotton, en la confrontant à un artiste américain dont la carrière et le style se sont affirmés à l’époque du Pop Art.

Un peu moins de 40 toiles de Vallotton dont une quinzaine appartiennent à la collection du musée, un peu moins de 50 Alex Katz, de très grands et de petits formats invitent à une belle balade qui met en résonance deux artistes séparés par presque un siècle. Ils ont pour point commun la construction du sujet qu’il s’agisse de portraits, de nus, de figures en groupes ou de paysages diurnes et nocturnes. On ne peut que constater qu’ils arrivent parfois à des résultats relativement proches. Un véritable hommage à la Peinture et à ceux pour qui elle représente un engagement complet et la véritable création d’un « langage ». L’exposition et le catalogue pourraient de façon un peu plus élaborée et approfondie, au-delà du simple constat, apporter une contribution à la réflexion sur la notion de style et d’époque (on retrouve un peu la démarche de Bice Curiger au Kunsthaus de Zurich avec l’exposition Deftig Barock en 2012 qui s’intéressait à la permanence d’un intérêt pour l’étrange, la véhémence du 16e au 21e siècle).

A signaler qu’Alex Katz fait l’objet de deux autres exposition au Haus konstruktiv à Zurich jusqu’au 12 mai et au Museum der Moderne à Salzburg qui présente une rétrospective en collaboration avec le Colby College Museum of Art de Watteville qui possède 700 oeuvres de Katz jusqu’au 7 juillet.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 23 mars 2013


Londres Tate Modern: Rothko les dernières séries jusqu’au 1er février 2009

Depuis la rétrospective du musée d’art moderne de la ville de Paris en 1999, puis celle de la Fondation Beyeler en 2001, l’oeuvre de Mark Rothko (1903 – 1970) jouit d’une visibilité toujours plus importante. La Tate Modern a choisi de lui rendre hommage en partant d’une série de huit toiles offertes par l’artiste en 1969. Pour respecter la volonté de Rothko ces toiles sont exposées en permanence. Elles faisaient partie d’un ensemble de 30 peintures que Rothko avait conçues en 1958 – 59 après avoir reçu une commande pour décorer une salle à manger dans le restaurant Four Seasons du Seagram building à New York. Il abandonna ce mandat réalisant que sa peinture ne correspondait pas à ce genre de site. Ici 14 pièces sont réunies et forment le point de départ d’une réflexion sur le développement des séries au cours de la dernière décennie de l’existence de Rothko. Pourtant Rothko restait habité par le désir d’offrir une immersion dans la peinture au spectateur d’où le développement d’autres séries. On voit ainsi les esquisses pour la chapelle de Houston. L’exposition se poursuit avec la série des peintures noires dans lesquelles il abandonne les bordures flottantes pour des limites bien marquées. L’exposition s’achève avec la série des peintures noires sur gris. On perçoit ien la dimension spirituelle de la recherche de Rothko. Les toiles paraissent très proches du spectateur et l’on sent la présence des pigments, d’une matière picturale sans reflet, on pense aux développements d’un Anish Kapoor.

Il est intéressant de visiter les expositions Bacon et Rothko à la suite l’une de l’autre. Ils appartiennent à la même génération, mais incarnent une approche de la peinture radicalement différente. Bacon crée la distance, joue le caractère imposant de l’art, alors que Rothko cherche la proximité dans une approche idéaliste tout en invoquant une transcendance. Une petite observation qui n’est rien de plus qu’une remarque: j’ai visité l’exposition Bacon vendredi matin à la Tate Britain, il y avait beaucoup de monde, mais les gens étaient silencieux ou parlaient à voix très basse. Ce qui m’a frappé dans l’exposition Rothko, c’est qu’au contraire les gens parlaient beaucoup. Dans une famille ou un petit groupe, il y avait toujours quelqu’un qui se lançait dans des explications pour ses proches, ses amis en parlant très fort!

Patrick Schaefer, L’art en jeu 22 octobre 2008


Bâle Öffentliche Kunstsammlung: Andy Warhol the Early Sixties Paintings and Drawings 1961 – 1964 5 septembre 2010 – 23 janvier 2011

L’exposition du musée de Bâle présente Andy Warhol dans ses meilleures années de recherche et d’expérimentation entre 1960 et 1964 avec des pièces très connues: les soupes Campbell, Elvis, Liz Taylor, les accidents de voiture, les fleurs. Une documentation permet de voir les sources imprimées dans la presse quotidienne qui sont au départ de ses travaux. Le côté sérielle, systématique des recherches de l’artiste ressort fortement et souligne la rupture avec la peinture expressionniste ou abstraite. On est aussi frappé par la simplicité ou l’évidence des solutions trouvées, une fois qu’il a choisi une approche. Les trois expositions collectives évoquées sur cette page tournent autour des mêmes problématiques, il est intéressant de constater ces rapprochements.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 25 septembre 2010

Peinture allemande 15e-16e siècle Holbein

Paris: Ecole nationale supérieure des beaux-arts: Albrecht Dürer et son temps jusqu’au 13 janvier 2013. Cette exposition exceptionnelle sur la gravure et le dessin allemand et suisse du 15e au 16e siècle dans les collections de l’ensba est accompagnée de toute une réflexion sur la meilleure manière de rendre accessible, des livres ou de grandes gravures roulées grâce à des écrans tactiles par ailleurs certains livres présentés dans l’exposition peuvent être feuilletés sur le site internet. 

Dürer – Cranach – Holbein, le portrait allemand vers 1500, Munich Kunsthalle der Hypo – Kulturstiftung jusqu’au 15 janvier 2012

L’exposition cerne le développement du portrait vers 1500 en Allemagne où il connut un incontestable essor. Les trois noms mentionnés dans le titre sont évidemment les figures les plus marquantes et l’exposition les met en contexte. Le premier chapitre intitulé type ou typique souligne la naissance de portraits individualisés, mais il existait des séries de types, comme le vieillard par exemple, quelques titres des chapitres de l’exposition: le portrait avant Dürer, pile ou face, les médailles, la monnaie, le portrait dans l’art graphique. Les portraits gravés de Dürer, Foi et pouvoir, Lucas Cranach portraitiste dans des temps troublés; Holbein portraitiste à Bâle et à Londres; le portrait dans la sculpture allemande après 1500; le portrait de cour en pied; le portrait bourgeois, enfin l’exposition se termine avec des portraits et autoportraits d’artistes. Cette présentation rend un sujet assez rébarbatif intéressant et montre le contexte et les antécédants dans lequels s’inscrivent l’activité des artistes les plus connus mentionnés dansle titre.

Konrad Witz au musée des beaux-arts de Bâle jusqu’au 3 juillet 2011

Un très grand peintre attesté de 1434 à 1444. Aussi beau que les van Eyck! C’est un défi de consacrer une exposition à un artiste dont l’oeuvre incontestée se limite à 20 pièces. Le musée de Bâle possède une grande partie de ses travaux. A l’exception du retable de Saint Pierre qui est à Genève et ne voyage pas! L’exposition est complétée par des oeuvres de contemporains, des dessins d’après ses peintures et même des vitraux, des fresques, des enluminures et un jeu de tarot. Elle dresse ainsi un panorama de l’activité artistique entre la Savoye, la Bourgogne et le sud de l’Allemagne au milieu du 15 e siècle, alors que Bâle était devenue capitale de la Chrétienté par l’effet d’un Concile.

Kunstmuseum Bâle

Hans Holbein le Jeune. Les années bâloises 1515-1532 jusqu’au 2 juillet 2006

Réparties dans 11 salles les oeuvres proposées par cette exposition permettent de se faire une idée très complète de l’activité d’un peintre, en l’occurence Hans Holbein (1497/98 – 1543), au début du XVIe siècle et ceci malgré la disparition d’une grande partie des travaux achevés . Hans Holbein est Issu d’une famille d’artistes, la personnalité de son père est évoquée par une série de dessins extraordinaires et le panneau de la Mort de la Vierge, le frère de Hans, Ambrosius était aussi un talent très prometteur, mais il mourut jeune. L’exposition débute avec deux panneaux peints pour l’orgue de la cathédrale de la ville. On découvre ainsi comment les commissions se sont enchaînées. Dessins pour des vitraux, chemins de croix dans une église, décors de façades, fresques pour la salle du grand conseil, malheureusement disparues, et au milieu de cette activité des commandes de portraits et de tableaux de dévotion. Les oeuvres principales exposées sont le Christ mort, la Madone de Soleure et la Madone de Darmstadt ainsi que divers portraits notamment ceux d’Erasme. Ce qui frappe dans la présentation ce sont les nombreux dessins, portraits, mais aussi esquisses pour différents travaux, répartis à travers le monde, ils ont été réunis pour reconstituer une vision des activités de l’artiste à Bâle. L’exposition s’achève sur les commandes de gravures religieuses, images de dévotion destinées à un très large public. Le part-pris adopté, très intéressant montre l’artiste dans toutes ses activités tout en faisant ressortir les quelques oeuvres importantes et diverses épargnées par le temps qui ont survécu jusqu’à aujourd’hui. On relève aussi la précocité de l’artiste puisqu’il reçoit la commande pour la décoration du Grand conseil de l’hôtel de ville en 1521-1522.

A relever que la Tate Britain évoquera la période anglaise du peintre du 28 septembre 2006 au 7 janvier 2007

Holbein in England Tate Britain jusqu’au 7 janvier 2007

L’exposition se concentre sur l’activité de Holbein comme peintre de la cour d’Henri VIII. Elle montre l’activité de l’artiste comme portraitiste, évoque également ses autres activités lorsqu’il réalise des dessins pour des objets d’orfèvrerie, plats, épées ou des éléments d’architecture d’intérieur.

Le site de la Tate Britain propose une description détaillée des 9 salles de l’exposition avec de nombreuses reproductions.

http://www.tate.org.uk/britain/exhibitions/holbein/

Expositions thématiques (8)

Grand Palais, Paris Bohèmes jusqu’au 14 janvier 2013

Le metteur en scène canadien Robert Carsen (1954) signe la scénographie très soignée et séduisante de deux expositions à Paris : Bohèmes au Grand Palais jusqu’au 14 janvier et l’impressionnisme et la mode au musée d’Orsay jusqu’au 20 janvier. Comme il est aussi l’auteur de la mise en scène de JJR, découverte à Genève ces derniers jours et qu’il avait réalisé Richard III de Giorgio Battistelli lors de la dernière saison, on lui porte un intérêt soutenu.

Bohèmes explore la polysémie du terme, ce qui donne une exposition en deux parties bien distinctes, mais assez surprenante, déconcertante même. La première, qui s’étend dans deux salles allongées au rez, examine l’iconographie des bohémiens, diseuses de bonne aventure et autres égyptiens aux pouvoirs mystérieux. C’est une toile de Georges de la Tour qui domine la première salle. Elle inclut également le passage à l’artiste qui s’identifie au vagabond, au marginal avec une toile comme Bonjour M. Courbet particulièrement bien mise en valeur, on découvre ce double aspect de la représentation des marginaux et de l’identification de l’artiste avec ce groupe.

La seconde partie à l’étage évoque les grandes oeuvres du XIXe siècle qui, dans le goût pour l’exotisme de l’époque, qui place les gitans et l’artiste bohème au centre avec Mérimée et Carmen, puis Puccini et la Bohème.

Pour commencer on entre dans un studio d’artiste aux papiers peints déchirés avec des portraits et des autoportraits, la salle suivante propose des vues d’ateliers, les toiles sont posées sur des chevalets. Puis l’on passe à la Bohème qui a une très longue histoire puisque le texte d’Henry Murger, La vie de Bohème date de 1850, il a connu plusieurs éditions illustrées et Daumier n’a pas manqué de s’en prendre à la vie de Bohème ! alors que l’opéra de Puccini est de 1896. Une autre salle évoque Rimbaud et Verlaine avant de nous faire entrer dans un grand café  aux murs duquel on trouve des toiles célèbres comme celle de Degas, l’exposition s’achève avec Picasso et des peintres hongrois et espagnols notamment.

Pour conclure, on dira que c’est encore une fois une exposition thématique, iconographique intéressante, mais assez étrange.

Patrick Schaefer l’art en jeu 2 octobre 2012


Vevey 29 juin 2013

Lemancolia musée Jenisch Vevey jusqu’au 13 octobre.

 Dans les espaces du rez-de-chaussée, le musée Jenisch évoque de multiples aspects de l’iconographie du Léman. Cette exposition associe des techniques et des périodes très diverses, à travers des confrontations bienvenues, soutenues par la force d’un modèle dont les variations inspirèrent tant d’artistes de Conrad Witz à Oscar Kokoschka et Jean-Luc Godard. A côté de toiles impressionnantes de Courbet, Hodler et Kokoschka, on découvre 8 aquarelles de Turner auxquelles répondent celles de Gustave Doré par exemple. Les sauts chronologiques sont déclinés avec audace, de même que les registres d’expression, puisque l’on passe sans transition d’une vision romantique tumultueuse, à la bande dessinée, à la photographie et à la vidéo. Ces associations sans doute parce qu’elles traitent du même sujet sont bien réussies.

Au visiteur qui se sent attiré par un grand Château de Chillon de Gustave Courbet dans la salle de droite, on indique qu’il devrait d’abord aller découvrir les Hodler et Kokoschka qui lui font signe dans la salle de gauche.

C’est ici que l’on trouve un fac-similé  de la Pêche miraculeuse de Conrad Witz, considéré comme le premier paysage du Léman, à ses cotés une toile de Pietro Sarto dont les atmosphère nuageuses et mouvantes conduisent le regard vers les aquarelles de Turner de 1841. Dans deux d’entre elles on reconnaît le clocher de l’église Saint-Martin de Vevey. Celles-ci sont à leur tour confrontées à deux tirages photographiques d’Alexander Hahn qui offrent une autre vision de Léman. Le parcours se poursuit ainsi avec des associations surprenantes, mais subtiles dont les sauts chronologiques sont soutenus par l’unité du thème. Dans l’aile Est du musée, on découvre des Courbet et des oeuvres de Corot, Bocion, Vallotton, mais aussi un chapitre qui évoque des modes d’expression différents avec partant de Rodolphe Töpffer, la bande dessinée de Hergé, l’affaire Tournesol, qui se déroule en partie à Nyon et des planches de Frédéric Pajak. Enfin un montage de différents films de Jean-Luc Godard est proposé, pour évoquer l’importance du Léman dans son oeuvre.


Zurich 4 juin 2012 Deftig Barock jusqu’au 2 septembre 2012

Deftig Barock de Cattelan à Zurbaran. Manifestes de la vie précaire, Kunsthaus Zurich.

En 1995, le Kunshaus de Zurich avait proposé une confrontation entre l’art contemporain et un artiste plus ancien sous le titre Zeichen & Wunder / Niko Pirosmani (1862-1918) und die Kunst der Gegenwart. En 2011, lors de la Biennale de Venise qu’elle dirigeait , Bice Curiger, a tenu à consacrer une salle aux grandes toiles de Tintoretto. L’exposition actuelle du Kunsthaus Deftig Barock poursuit dans le même esprit.

Pour résumer trois espaces sont consacrés à des toiles anciennes du 16e siècle au 18e siècle de 17 artistes. En général, il ne s’agit pas d’oeuvres majeures, mais plutôt de compositions qui frappent par leur étrangeté, leur véhémence. C’est cette relation que l’exposition propose d’explorer dans les travaux de 15 artistes contemporains. Ils sont sélectionnés dans un bel équilibre entre la vidéo, la peinture, la sculpture et l’installation.

Un premier mur nous accueille avec des scènes de genre du 17e siècle, Teniers, Brouwer, Pieter Aertsen, des scènes de beuveries ou de boucherie, en particulier. Les deux premières salles sont consacrées à des films de Ryan Trecartin et Lizzie Fitch, avec une invitation à se prélasser dans des canapés pour assister au délire assez gore du film. Dans la suivante ce sont les animations en terre ou pâte à modeler de Nathalie Djurberg I found myself alone qui proposent un scénario délirant. Puis l’on découvre les photographies de modèles nus dans des musées de Juergen Teller et les sculptures de Cattelan. Les photographies de Boris Mikhailov sont un excellent pendant aux scènes de genre de même que les peintures de Dana Schutz How we would Dance, 2007. On comprend moins la raison de la présence de 3 grandes peintures d’Albert Oehlen ou celle d’une belle sculpture d’Oscar Tuazon qui vient par ailleurs mettre un ordre construit dans l’espace. Les deux interventions d’Urs Fischer, une langue tirée et un lit mou sont particulièrement bien intégrées dans l’espace qui propose le plus grand ensemble de peintures anciennes. Des scènes historiques, mythologiques ou religieuses sont sélectionnées davantage pour leur étrangeté que pour leur qualité propre. On retient par exemple bien sûr cette scène de viol d’une femme noire de 1632 du musée de Strasbourg ; Les architectures fantastiques de Monsù Desiderio ou les étranges compositions d’Alessandro Magnasco. La plus belle toile ici est L’enlèvement d’Europe par Simon Vouet.

Les dessins autodérisoires et érotiques de Robert Crumb leur répondent judicieusement. Le plus jeune artiste de l’étape s’appelle  Tobias Madison (1985), il propose une installation rigoureuse et déroutante. L’exposition s’achève avec une installation vidéo de Diana Thater sur Tchernobyl, quatre grandes peintures à l’émail sur métal de Marilyn Minter qui travaille à la Warhol. La dernière salle propose de grands portraits photographiques de Cindy Sherman, une sculpture de Paul Mc Carthy qui fonctionnent très bien avec des portraits de Hyacinthe Rigaud et des natures mortes de Frans Snyders entre autres.

La référence au baroque est employée par de nombreux créateurs actuels comme Derek Jarman ou Mathew Barney qui ont mis en avant cette relation. Ils sont d’ailleurs présentés dans un cycle de films qui complète l’exposition. Les artistes retenus représentent quelques exemples de cette approche. On peut se demander pourquoi John Miller, présenté en 2009 à la Kunsthalle de Zurich est qui est en plein dans cette référence au baroque n’est pas présent, peut-être son approche est-elle trop critique, interrogative? On a préféré Paul Mc Carthy qui fait un peu « ancien », fin des années 1980!. Par ailleurs ce qui frappe c’est le parti pris esthétique général, les oeuvres contemporaines sont bien mises en valeur, l’ensemble offre une belle exposition, en évitant toutefois de trop exacerber la problématique !

Patrick Schaefer L’art en jeu 5 juin 2012


Berne 25 novembre 2010

Le Centre Paul Klee et le Musée des Beaux-Arts se sont associés pour évoquer Les sept péchés capitaux de Dürer à Nauman jusqu’au 20 février. Au musée on découvre d’abord les suites consacrées à l’évocation des péchés, puis une présentation détaillée de l’orgueil, l’envie, l’avarice et la colère, alors que la luxure, la paresse et la gourmandise sont évoqués au centre Paul Klee.


Une image peut en cacher une autre jusqu’au 6 juillet 2009

Au Grand Palais à Paris, on découvre Une image peut en cacher une autre jusqu’au 6 juillet. Cette vaste exposition propose d’explorer en 22 étapes, différentes formes de l’ambiguïté visuelle et de la double image à travers les siècles. Le 16e siècle occupe une place considérable, suivi par le 20ème, une salle entière est accordée à Salvador Dali et l’exposition s’achève de façon très séduisante sur les sculptures de  Markus Raetz.

Le propos de l’exposition est de montrer comment à chaque époque les artistes ont joué avec la perception visuelle. Plaçant des visages dans les rochers, cachant des images à l’intérieur d’autres représentations.

Développant les métamorphoses, les assemblages ou les anamorphoses par jeu, mais aussi pour y cacher un sens.

La gravure a joué un rôle important dans la diffusion de ce genre de travaux surtout au XIXe siècle. Ils ont connu un regain d’intérêt auprès des surréalistes et Dali en a fait l’une des sources principales de son inspiration artistique.

Le site de la http://www.rmn.fr/ présente divers aspects de l’exposition avec des commentaires d’oeuvres et des entretiens.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 29 avril 2009


Zurich Musée national: Animali. Animaux réels et fabuleux de l’Antiquité à l’époque moderne jusqu’au 14 juillet 2013.

Une exposition qui considère la représentation des animaux réels et fabuleux depuis la préhistoire jusqu’au 17e siècle, avec quelques exemples contemporains. L’exposition suit la typologie des animaux mélangeant les époques, ainsi le dragon, la sirène, le cerf, le cheval. l’aigle ou encore le griffon, la licorne, le centaure, le lion, le poisson et le sphinx sont tour à tour évoqués. Une belle sélection de bijoux, vases, sculptures, manuscrits, peintures ou encore tapisseries.

A signaler que le Kunsthaus de Zurich propose du 1er avril au 31 juillet 2011, une exposition intitulée Tierisch gut! HundeKatzeMaus im Kunsthaus Zurich.


Comme des bêtes

Musée cantonal des beaux-arts Lausanne jusqu’au 22 juin 2008.

La première exposition du nouveau directeur du musée des beaux-arts de Lausanne, Bernard Fibicher, propose une approche thématique autour des animaux dans l’art d’aujourd’hui et d’autrefois avec 170 œuvres provenant d’une centaine de prêteurs différents. L’exposition est organisée autour de neuf animaux. Elle commence par celui que l’on considère parfois comme le plus intelligent, le cochon et se poursuit avec une vie plus sauvage autour du cerf, puis de l’ours. Après ces épisodes on arrive à la grande icône helvétique: la vache. Puis l’on passe au chat et au papillon, on continue avec la poule et ses poussins, l’âne et le parcours s’achève avec la mouche.

L’exposition ne cherche pas à construire un discours sur les relations entre l’homme et l’animal, l’artiste et l’animal, mais présente des exemples appartenant à différentes époques sur la manière de traiter l’animal chez les artistes et par là le regard de la société sur l’animal. La salle consacrée aux chats oppose par exemple la vision femme et chat et la relation homme et chat. Une sorte de taxinomie de la représentation des animaux retenus nous est proposée. Elle est basée sur des critères de sélection liés d’un côté à l’histoire de l’art local (on remarque la présence de nombreuses sculptures d’Edouard Marcel Sandoz, mais aussi des oeuvres d’André Lasserre), celle des collections (Steinlen, Vallotton, Auberjonois par exemple) ou encore les expériences préalables du concepteur de l’exposition, à ce titre on relève la présence de plusieurs artistes chinois. Il n’y a pas non plus de référence aux performances avec les animaux qui sont nombreuses dans l’histoire de l’art des 40 dernières années depuis la rencontre de Beuys avec un coyote. En fait l’approche n’est assurément pas un traitement diachronique relevant de l’histoire de l’art, qui se baserait par exemple sur l’évolution de la notion de peintre animalier, ou sur la problématique des mythes et des métamorphoses. Elle favorise des confrontations denses d’oeuvres de différentes époques, des approches multiples autour du motif et laisse ouverte l’interprétation sans hiérarchie esthétique. Des artistes ont été invités à intervenir directement dans les salles Didier Rittener a dessiné une grande mouche sur un mur et Alexandre Joly propose un surprenant carrousel avec une vache. Le résultat est un tohu bohu plutôt joyeux et apaisant sans prétention excessive, mais tout à fait original. Le catalogue reprend cette approche taxinomique avec un texte du directeur du musée de zoologie sur ce sujet et des citations de textes de différentes époques sur chaque animal, accompagnant un commentaire des principales oeuvres retenues.

Les animaux sont à la mode lors de la dernière Skulptur Projekte Münster 07, l’artiste Andreas Siekmann s’en est pris d’ailleurs à la pratique de nombreuses villes adoptant comme emblème un animal. Au début des années 1990 c’est Damien Hirst qui a renouvelé la représentation de l’animal en présentant différentes bêtes dans des vitrines de formaldéhyde, mais il a aussi reconstitué dans de grands blocs en verre des milieux naturels, aquariums ou forêts emplies de papillons. L’exposition In a Gadda Vida à la Tate Britain à Londres en 2004 en offraient de bons exemples. Cette approche est contredite par l’engagement de Mark Wallinger qui revêt une peau d’ours et se filme lui-même errant dans la National Galerie à Berlin solitaire dans ce costume, une vidéo que l’on découvre dans l’exposition lausannoise. Un livre de Steve Baker, the Postmodern Animal, Londres, 2000 rend compte de cette évolution de la représentation des animaux. On peut aussi citer Jeff Koons dont on trouve un écho dans l’ours proposé ici par Valentin Carron.

Plus tôt c’est la relation identitaire, mimétique avec l’animal comme la relation Picasso- Minotaure évoquée dans l’exposition Picasso, Sous le soleil de Mithra en 2001 et 2002 qui était traitée.

On peut encore mentionner le néo-expressionnisme des années 1980 et une relation totémique dont l’artiste outsider François Burland offre un exemple.

Un catalogue et un programme d’animation important accompagnent l’exposition. A voir sur le site du musée. Patrick Schaefer, L’art en jeu 28 mars 2008


Galeries nationales du Grand Palais

Mélancolie, Génie et folie en Occident jusqu’au 16 janvier 2006

En 1994, Achille Bonito Oliva présentait au musée Correr à Venise « Preferirei di no » cinque stanze tra arte e depressione, une remarquable réflexion sur le thème de la Mélancolie chez les artistes et dans l’expression artistique. Après bien des péripéties Jean Clair propose au Grand Palais à Paris une large évocation de ce thème. L’exposition interroge la constitution et la mise en place des normes à travers huit chapitres et de nombreuses sections qui traquent l’origine de la figure de la mélancolie de l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui. En plus de l’approche iconographique, elle traite des relations entre l’art et la science et de l’identité de l’artiste. Une problématique déjà abordée dans L’âme au corps. Art et sciences 1793 – 1993. Le déroulement chronologique va de pair avec la confrontation d’oeuvres à travers les siècles, afin de souligner la permanence des préoccupations évoquées.

1 La Mélancolie dans l’Antiquité: humeurs, tempéraments, saisons. Vases antiques, Télémaque et Pénélope devant son métier à tisser le mouvement de la tête appuyée sur un bras, la prostration. 2 Le Bain du diable, les 7 vices. Le Moyen Âge. 3 Les enfants de Saturne qui rassemble les marginaux et les contemplatifs. La Renaissance. Héraclite qui pleure, Démocrite qui rit. Robert Burton L’anatomie de la mélancolie. Melencolia I de Dürer (à signaler que le tirage présenté est celui de la collection Decker du cabinet des estampes de Vevey). Dürer introduit la notion moderne de génie, il associe la figure de la mélancolie à l’art noble de la géométrie. Saturne astre de la mélancolie. Un musée de la mélancolie au centre Le Cube 1933 d’Alberto Giacometti. 4 L’anatomie de la mélancolie à l’âge classique. Les Vanités. La mélancolie liée au Memento mori. Musique et Mélancolie. 5 Les lumières et leurs ombres. Le 18ème siècle. 6 Dieu est mort. Le romantisme. Peintures de catastrophes. 7 La naturalisation de la mélancolie. Médecine et mélancolie Messerschmidt, Lavater, étude de la folie par Goya, Géricault. Portrait du Dr Gachet par van Gogh, ce Dr Gachet a fait une thèse sur la mélancolie, Eakins, Artaud. 8 Mélancolie et temps modernes. Anselm Kiefer, Ron Mueck confrontation d’oeuvres du 19e et du 20 siècle. L’exposition brosse une histoire de l’art et des idées complète, à travers le thème de la mélancolie et de la prostration.

L’exposition est visible à la neue Nationalgalerie à Berlin du 17 février au 7 mai 2006. Elle connait un grand succès les heures d’ouverture ont été étendues il y a eu 100’000 visiteurs en 5 semaines. Le site de l’exposition donne de nombreux renseignement y-compris des commentaires sur les oeuvres. Par ailleurs un programme de vidéos contemporaines est présenté à côté de l’exposition.

Le Corbusier

Cette page est consacrée à des informations sur Le Corbusier.

Centre Pompidou Paris: Le Corbusier 29 avril – 3 août 2015

En consultant cette page, on constate que cela fait bien des années que l’on s’intéresse aux multiples facettes de l’activité de Le Corbusier créateur. L’exposition du centre Pompidou donne une ampleur exceptionnelle à cette ouverture, loin de se concentrer uniquement à l’activité de l’architecte dont elle présente les principaux moments avec des plans, des maquettes et des extraits de bandes d’actualité, elle montre son activité de peintre et de sculpteur dans toute son ampleur. Continuer la lecture

Fondation Maeght

La Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence fête son quarantième anniversaire. Cette institution qui fut sans doute l’une des premières, si ce n’est la première à miser sur le tourisme culturel estival marque l’événement par une exposition sur les livres d’artistes: De l’écriture à la peinture. C’est l’occasion de revenir sur l’histoire des Maeght.

L’aventure des Maeght, trois générations d’éditeurs d’art

L’importance de l’édition d’art dans le développement de l’art moderne ne saurait être trop soulignée. Dès 1895 Ambroise Vollard commanda des estampes aux artistes qu’il défendait; il fut le véritable créateur du livre d’artiste en publiant Parallèlement de Verlaine, puis Daphnis et Chloé de Longus tous deux illustrés par Pierre Bonnard. Dans ses souvenirs Vollard a malicieusement raconté ses déboires avec les bibliophiles qui considéraient que l’illustration d’un ouvrage ne pouvait être faite par des peintres:

« Comme je disais à un amateur de Maurice Denis: Continuer la lecture

Louise Bourgeois

Le musée of modern art de New York a lancé un site recensant toutes les gravures et livres illustrés de Louise Bourgeois. http://www.moma.org/explore/collection/lb/index

Bâle le 2 octobre 2011

La Fondation Beyeler présente Louise Bourgeois. A l’infini jusqu’au 8 janvier 2012.

Une vingtaine de sculptures et travaux sur papier et en tissu appartenant à toutes les périodes d’activité de l’artiste sont présentés dans les salles consacrées à la collection de la Fondation Beyeler. Au sous-sol on découvre les 220 dessins de la série Insomnia Drawings et une grande installation Passage dangereux, 1997. Continuer la lecture

Art Appenzell 2007

För Hitz ond Brand jusqu’au 19 septembre 2007: art contemporain dans les musées d’Appenzell

Huit musées des cantons d’Appenzell, qui jouxte la ville de Saint-Gall, se sont réunis pour présenter des interventions d’une trentaine d’artistes contemporains. C’est l’occasion en cherchant ces travaux de prendre conscience d’un patrimoine peu connu et très éparpillé.

La plupart sont des musées consacrés à la vie et à l’histoire locale. A l’exception du musée Henri Dunant, de la Ziegelhütte à Appenzell, le musée Liner n’est pas associé à cette action. L’idée de proposer un parcours d’art contemporain à travers ces institutions est à priori assez bonne. Il faut toutefois relever que la plupart des propositions ne sont pas assez fortes pour ressortir face à l’accumulation d’objets locaux. Elles sont le plus souvent traitées très discrètement et les trouver s’apparente plutôt à la recherche des œufs de Pâques. La seule exception est formée par les interventions artistiques à Stein qui sont très pertinentes. Elles apportent un complément bienvenu et même un contre-discours à la célébration de la vie locale. Stein à côté d’un centre de démonstration sur la fabrication du fromage dispose du musée ethnographique le plus moderne et le plus cohérent. Un étage est consacré à la peinture traditionnelle avec quelques pièces très anciennes presque toutes dédiées à la célébration de la vache. Le sous-sol est consacré à l’industrie textile et au Heimatwerk. On pourrait entamer toute une réflexion sur la tradition et la marginalité lorsque surgit soudain un dessin de Hans Krüsi peint sur une serviette de restaurant. Le film d’Emmanuel Geisser The edge of the Forest traite d’apparitions surnaturelles, de phénomènes extraordinaires. Costa Vece propose le témoignage très fort de sa mère venue de Grèce pour travailler en Suisse d’abord à Appenzell, puis à Herisau dans des conditions qu’elle considère avoir été proches de l’esclavage.

Le Museum Herisau qui jouit d’une muséographie très ancienne et pittoresque. A Appenzell on trouve trois musées: le Museum Liner construit par Annette Gigon et Mike Guyer inauguré en 1998 est entièrement consacré au peintre abstrait Carl Walter Liner (1914 – 1997) et à son père Carl August Liner (1871 – 1946). Les surfaces d’exposition sont importantes, plus de 600m2. La Ziegelhütte est une ancienne briquetterie transformée par le bureau d’architecte Robert Bamert en salle à usages multiples: une salle de concert, une cafétéria et de beaux espaces d’expositions bien équipés. Inaugurée en 2003, il existe trois étages avec des espaces autonomes différents, structurés pour recevoir des expositions. Actuellement, deux sont consacrés à Hans Arp et un aux travaux de Carl August Liner. Ils ont décidé d’établir une collaboration régulière avec le musée Marguerite Arp de Locarno. Il y a encore le Museum Appenzell en face de l’église qui réunit des armoires peintes, quelques statues et retables, des documents sur les étoffes et la vie locale. Pour le reste ce musée propose une exposition de peinture naïve.

Urnäsch abrite avec le Brauchtum Museum, sans doute le lieu le plus étonnant avec une collection importante, notamment la présentation des masques et costumes de carnaval. A relever que ces musées sont éloignés d’une dizaine de kilomètres les uns des autres.

För Hitz ond Brand jusqu’au 9 septembre: art contemporain dans les musées d’Appenzell (le site très complet présente les musées et les artistes de façon détaillée).

Stiftung Liner

Kunsthalle Ziegelhütte

Stein Appenzeller Volkskundemuseum

Per Kirkeby

Per Kirkeby est décédé en mai 2018

Le Schlosswilhelmshöhe à Kassel présente l’oeuvre gravé de Per Kirkeby jusqu’au 12 août 2012.

Per Kirkeby est exposé au Palais des beaux-arts à Bruxelles du 10 février au 20 mai 2012.

Une rétrospective Per Kirkeby est présentée à Humlebaek Louisania Museum of Modern Art jusqu’au 25 janvier 2009.

On la verra également à la Tate Moden à Londres du 17 juin au 13 septembre 2009.


Cette exposition est présentée à Düsseldorf au Museumkunstpalast en parallèle avec Caspar Wolf jusqu’au 10 janvier 2010.

Per Kirkeby. Kristall. Refléxion, relations et sources jusqu’au 30 avril 2006

Aarau Kunsthaus

Per Kirkeby est né en 1938 à Copenhague; après avoir suivi une formation complète de géologue, il se tourne vers l’art. Il rencontre des personnalités de l’avant-garde des années 1960 comme Beuys ou Nam June Paik. Pourtant il va se consacrer essentiellement à la peinture, la gravure et la sculpture. Peintre de paysage avant tout, inspiré par les lichens, les arbres, les mouvements de l’eau, du ciel (nuages, brouillard) et de la terre, il accumule, superpose, les formes, les couleurs. Personnalité très connue au Danemark, on l’a découvert en Europe au début des années 1980 dans le flux du regain d’intérêt pour la peinture néo-expressionniste.

Kirkeby a la particularité de consacrer de nombreux textes à son travail, plus de 80 ouvrages, fascicules publiés à ce jour. L’exposition présente les peintures et les sculptures de Kirkeby en relation avec les oeuvres auxquelles il se réfère en optant pour un dialogue entre les époques. Continuer la lecture

Tate Modern, accrochage thématique

Tate Modern : L’accrochage thématique va-t-il bouleverser la hiérarchie des valeurs établies ?

Ouverte en mai 2000, la Tate Modern annonce avoir déjà reçu 2,5 millions de visiteurs à mi-septembre. Il faut relever que l’entrée est gratuite et qu’il n’existe pas de système de comptage systématique. Cela dit, cette ancienne usine électrique, remise en état et transformée en Musée d’art moderne et contemporain par les architectes suisses Herzog et de Meuron a visiblement conquis le public.[1] Le parti pris architectural est tout à fait audacieux et remarquable. Confronté à une gigantesque structure industrielle (conçue en 1947 par Sir Gilles Gilbert Scott), les architectes ont choisi de la respecter et de laisser un immense vide dans la partie centrale du bâtiment qui abritait la salle des turbines. Le visiteur qui entre par la partie inférieure a le sentiment de marcher sur une semi-autoroute. Toutes les galeries et les services sont concentrés sur la gauche du bâtiment. Il comprend 7 étages, trois d’entre eux étant destinés à la présentation de la collection et d’expositions temporaires.[2] Le choix des architectes suisses est particulièrement accueillant pour le public. Il évite que des queues se forment à l’extérieur, le visiteur se trouve immédiatement au centre du bâtiment et il ressent déjà une sensation très forte. De plus il est prévu que cet immense espace central reçoive des présentations temporaires de sculptures. L’exposition inaugurale est consacrée à Louise Bourgeois. Elle a fait construire trois tours en métal gigantesques, dans lesquelles les visiteurs ne peuvent pénétrer qu’individuellement, une expérience étonnante. On gravit des dizaines de marches dans une structure qui bouge très légèrement pour aller s’asseoir au sommet et se regarder dans des miroirs déformants.         

Les collections sont présentées sur deux étages, alors qu’une exposition temporaire est proposée sur un autre étage. La première exposition temporaire intitulée « Between Cinema and a Hard Place » est consacrée à l’art de l’installation: de la vidéo à la sculpture.

La collection, complétée par de nombreux prêts, est organisée en 4 sections distinctes qui évoquent les genres traditionnels de la peinture : 1. Still Life/ Object/ Real Life. (La nature morte, l’objet, la vie réelle) 2. Landscape/ Matter/ Environnment. (Le paysage, la matière et l’environnement) 3. Nude/ Action/ Body. (Le nu, l’action et le corps) 4. History/ Memory/ Society. (L’histoire, la mémoire et la société).

La décision d’adopter un accrochage thématique, prise par la Tate, aussi bien la Tate Moderne que la Tate Britain marque une rupture considérable avec la tradition qui consiste à présenter l’art moderne et contemporain comme une marche triomphale qui conduit à des innovations toujours plus étonnantes, choquantes ou remarquables. Développée en particulier par le Musée d’art moderne de New York, dès les années 1930, cette vision a été adoptée de façon dogmatique par tous les musées américains notamment. La nouvelle conception de l’accrochage mise en scène ici marque le refus d’une hiérarchie évolutionniste. Cela dit, cette approche pose de très nombreux problèmes. Elle favorise certes une vision libérée de préjugés. Et c’est un plaisir de voir le public souriant de la Tate découvrir des œuvres, passant sans idée préconçue d’une vidéo contemporaine à une salle dédiée à l’art op et au cinétisme. Alors qu’il s’agit essentiellement d’art contemporain, réputé inaccessible au grand public, je n’ai observé aucune remarque négative, aucun hochement de tête sarcastique. La lourdeur d’un accrochage qui voulait imposer un sens, affirmer des valeurs, une vision du goût est résolument abandonnée.[3] En fait, cette approche légitime une plus grande liberté dans le choix des artistes et une interchangeabilité, car la première place est donnée à des problématiques et non à des artistes. Il est clair que dans un contexte largement dominé par des artistes Américains, ce point de vue permet à la Tate d’assurer la promotion des artistes britanniques. Ceux-ci se taillent la part du lion dans un espace en principe destiné à l’art international, mais à Londres international veut sans doute dire : non exclusivement Anglais ! Le refus de la hiérarchie s’étend également aux diverses techniques. On présente sur pied d’égalité des travaux sur papier, des gravures, des photographies, aussi bien que des vidéos, des sculptures ou des peintures. Il est ainsi clairement affirmé que chaque technique, chaque mode d’expression artistique est légitime, pour autant que l’artiste ait quelque chose à dire. Ici aussi c’est une prise de distance remarquable avec la hiérarchie traditionnelle des valeurs du marché.
Bien entendu les raisons qui ont présidé au choix de tel artiste plutôt qu’un autre, ne sont pas explicitées. Il est particulièrement curieux de voir dans une présentation qui se veut internationale, deux installations vidéo d’artistes qui ont participé à l’exposition du Turner Prize,[4] Sam Taylor Wood (sélectionnée en 1998) et Steve Mc Queen (a obtenu le prix en 1999), alors que ces travaux présentés dans la section du nu et du corps en mouvement, ne sont sans doute pas les réalisations les plus remarquables autour de ce thème au cours des dernières années. Ils ont véritablement valeur d’exemple et pourraient être remplacés par d’autres productions.

Bien entendu, à la fin de ce parcours, on peut se demander ce que signifie art international et reconnaître que chaque musée, dans chaque pays, dans chaque ville, a une vision déterminée par des circonstances locales comme par des circonstances internationales. L’art international est essentiellement l’aboutissement d’un rapport de force. Le plus gros marché impose ses artistes qui deviennent forcément les plus importants et les plus chers. Cet accrochage légitime ainsi une certaine capacité de résistance. Certains parlent de chauvinisme anglais, mais en fait on peut le justifier puisque l’on sait que cette forme de résistance est la seule possibilité d’affirmation pour des groupes sociaux moins importants.

Nombreux sont les commentateurs qui critiquent cet accrochage et la faiblesse des collections de la Tate. Je me demande si l’on ne peut voir dans cette critique d’une soi-disant faiblesse justement l’expression d’une crainte de voir disparaître les artistes, essentiellement Américains, constamment ressassés dans les collections permanentes à travers le monde. Par conséquent la disparition d’une hiérarchie imposée par les musées américains.

Évidemment cet accrochage est l’aboutissement de nombreuses critiques formulées par les historiens d’art et les critiques depuis près de 20 ans.[5]

Il faut relever que si l’accrochage est l’aboutissement d’une réflexion théorique approfondie, il demeure parfaitement respectueux des œuvres. Celles-ci ne sont pas trop serrées, elles respirent et peuvent être contemplées individuellement, en faisant abstraction des autres travaux présentés. C’est un élément qui me paraît important. Les productions de chaque artiste ne sont pas brusquées par des rapprochements incongrus ou trop violents et paradoxaux. On sait que la confrontation de travaux appartenant à des périodes différentes est souvent très difficile. Elle est ici réussie sur un plan esthétique tout en exprimant une prise de position. Ainsi malgré le discours très problématique, on ressent clairement la volonté de respecter chaque réalisation. Par ailleurs des notices bien rédigées présentent aussi bien l’artiste que la problématique dans laquelle il est inséré. On observe simultanément un effort didactique, un renoncement à la présentation évolutive et hiérarchique traditionnelle et une mise en valeur de chaque travail dans sa spécificité. Ce souci de respecter les artistes est souligné par les salles monographiques, alors que dans d’autres cas un dialogue entre deux créateurs est proposé. Par exemple dans une salle étonnante consacrée à Barnett Newman et Alberto Giacometti. Ce sont les réflexions de Nicholas Serota exprimée dans une conférence publiée en 1996, Experience or Interpretation, the Dilemma of Museums of Modern Art, Thames & Hudson, 1996 et 2000, qui sont en fait mises en pratique. Il définit en effet dans ce texte « l’expérience », de façon plutôt limitative d’ailleurs, comme la possibilité de découvrir un groupe d’œuvres d’un seul artiste dans une salle. Dans le contexte des accrochages de musée, c’est une évolution importante en direction d’un respect plus marqué pour l’artiste.

L’optique choisie implique un renouvellement à intervalles réguliers. La présentation de la collection devient en fait une grande exposition temporaire. Ce qui représente un défi considérable et en réalité l’abandon de la notion de collection, liée à une institution spécifique, au sens où on l’entend traditionnellement.[6] C’est une manière de donner une place importante à la réflexion, à l’échange d’idées, au travail préalable de nombreux collaborateurs avant tout accrochage. Plutôt que de se réfugier derrière des chefs-d’œuvre incontournables faisant partie de la collection.

Patrick Schaefer, octobre 2000, L’art en jeu.

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[1] La transformation de cette usine en musée s’inscrit dans un plan urbanistique beaucoup plus large de revalorisation de la rive sud de la Tamise. Sur le plan culturel, elle a été précédée par l’ouverture du Globe Theatre, il y a quelques années. De nombreux immeubles d’habitation et de bureaux ont été construits au cours des dernières années. L’incroyable succès de la Tate donne des ailes à d’autres projets similaires dans plusieurs villes d’Angleterre, notamment à Newcastle upon Tyne, une ville sinistrée par la crise du charbon, où un gigantesque projet culturel et en cours de réalisation. http://www.balticmill.com

[2] On peut opposer ce parti pris à celui qui a été adopté au Musée d’Orsay où l’architecte et la décoratrice Gae Aulenti ont voulu remplir le vide de l’ancienne gare. La conséquence malheureuse étant que toutes les œuvres, quelle que soit leur qualité sont réduites à fonctionner comme une simple décoration.

[3] Il serait intéressant de voir si cette approche va avoir des conséquences sur le marché de l’art, car l’une des sources de la hausse vertigineuse de certains artistes, est précisément la nécessité pour chaque musée de posséder une œuvre de tel ou tel créateur considéré comme indispensable. Je n’ai rien lu sur cette question, mais si le processus s’étend et c’est très probable, cela devrait avoir des conséquences.

[4] Créé en 1984 pour soutenir le développement des collections d’art contemporain de la Tate, le Turner Prize a bénéficié d’une couverture médiatique croissante, notamment par la télévision. Il est devenu un événement très attendu. L’exposition, consacrée aux 4 artistes sélectionnés chaque année, est très visitée et a contribué à populariser l’art contemporain. Les artistes sont sélectionnés pour avoir présenté une exposition personnelle particulièrement remarquable dans les mois précédents.

[5] Cf. par exemple, Yves Michaud, Critères esthétiques et jugement de goût, éd. Jacqueline Chambon, Nîmes, 1999 a dressé un bilan de ces critiques. Dans son livre de 1989, il critiquait l’approche décontextualisée des expositions, mais aussi la monotonie des accrochages dans les musées d’art moderne, Yves Michaud, L’artiste et les commissaires, quatre essais non pas sur l’art contemporain, mais sur ceux qui s’en occupent, éditions Jacqueline Chambon, Nîmes, 1989, pp. 189-190.

[6] Là aussi c’est un problème considérable, la Tate a déjà ouvert deux succursales à St Ives et à Liverpool, de plus elle va collaborer avec des institutions agréées en Angleterre qui pourront utiliser ses collections pour leurs propres expositions. Il y a donc une forte dilution du patrimoine. Consulter le site de la Tate pour être au courant de ses activités, les collections sont également accessibles en ligne. 

15 05 01 Statistiques

La Tate Modern dresse un bilan statistique après une année d’ouverture. Le nombre d’entrées après une année serait de 5.25 millions. Il s’agit d’entrées gratuites, car l’accès au bâtiment et aux collections permanentes est libre. Ce chiffre équivaut à peu près à celui des entrées dans le bâtiment du Centre Pompidou à Paris. Pour avoir une idée plus précise de la fréquentation réelle, on peut considérer d’autres chiffres. Ainsi 2.5 millions de dépliants gratuits qui donnent le plan des lieux ont été distribués. Par ailleurs l’exposition Century City a reçu 100′ 000 visiteurs. Ils ne disent pas combien ont payé le billet d’entrée pour cette exposition dont le coût au plein tarif atteint le chiffre exorbitant de 22 francs suisses! ( ce chiffre de 100’000 paraît plutôt faible par rapport à la fréquentation générale du lieu et au réservoir de population de Londres, il faut relever qu’il s’agissait d’une exposition assez difficile). Ceci dit les chiffres concernant l’apport économique de la réalisation sont colossaux. http://www.tate.org.uk/home/news/1year.htm