Biennale de Lyon 2019. Holly Hendry (1980), Deep Soil Thrombosis, 2019
Je réunis sur cette pages les compte-rendus des éditions de la biennale de Lyon, visitées depuis 2001.
Lyon 6 décembre 2024
17e Biennale de Lyon, Les voix des fleuves jusqu’au 5 janvier 2025
Les sites industriels abandonnés semblent inépuisables dans le grand Lyon après la Sucrière et l’usine Fagor. Cette année la biennale investit un gigantesque espace qui fut consacré à la construction de locomotives près de la gare d’Oullins : Les grandes Locos. La surface est immense peut-être même plus grande que les ateliers de mécaniques à Arles. Un bâtiment gigantesque assez bien préservé, car il n’a été abandonné qu’en 2019 abrite l’essentiel des installations proposées par une trentaine d’artistes (on retrouve les œuvres de certains sur d’autres sites). Les interventions sont à la mesure de l’espace qui est bien mis en valeur et exerce un véritable envoûtement Distribué dans trois travées plusieurs œuvres abordent le thème de la passerelle (Ivan Argote Me & The Others), du passage (Nefeli Papadimoouli Idiopolis) Liesl Raff Corridor) ou du tunnel (Hans Schabus Monument for People on the Move). Plusieurs intervenants viennent de l’architecture d’ailleurs. Les vidéos et des travaux plus intimes sont présentés dans des containers.
Le deuxième bâtiment en plus de divers services restaurant, librairie abrite l’immense installation sonore et vidéo d’Olivier Beer qui a travaillé sur les échos dans une grotte peinte de Dordogne Resonance Project : The Cave, 2024. Comme toujours la biennale invite à parcourir toute la ville et ses environs, pour ma part je suis allé au musée d’art contemporain. Un étage est consacré à une sélection d’œuvres tirées des collections lyonnaises choisies et présentées par Grace Ndiritu (1982), alors que sur les deux autres étages on découvre des travaux plus intimes soit tournés vers l’intérieur d’un individu soit comme réaction à des situations actuelles extrêmes comme la Palestine (Taysir Batniji Au cas où et le Phénix) et l’Iran notamment. Un hommage est également rendu à Christian Boltanski et Annette Messager qui sont également présentés au centre-ville au Grand hôtel Dieu dans les anciennes pharmacies où sont présentés une dizaine d’artistes.
Sous la direction de l’équipe curatoriale du Palais de Tokyo à Paris, la Biennale de Lyon, quitte la Sucrière pour une immense usine dont l’activité a été récemment abandonnée, l’usine Fagor à Gerland, le musée d’art contemporain accueille également une partie des artistes sélectionnés qui proviennent de France et de nombreux pays.
Lyon 17 octobre 2022
16ème biennale de Lyon. Manifesto of Fragility jusqu’au 31 décembre
Fragile comme l’étamine d’un lys qui a été choisi pour l’affiche de cette biennale, fragile comme la nature, la banquise qui fond, fragile comme les ouvriers précarisés au Qatar, fragile comme les civilisations disparues, fragile comme les sites détruits par les guerres. Sous ce titre manifeste de fragilité, la biennale de Lyon décline un état du monde avec de grandes installations qui sont souvent des commandes de la biennale et prennent position par rapport à des situations spécifiques à la ville de Lyon. Le résultat est évidemment assez lugubre, un sentiment renforcé encore par les accompagnements sonores de certaines pièces.
On constate beaucoup de réflexion sur la construction, le bâti, l’unité de l’ensemble étant assuré par un système d’échafaudages, réflexion aussi sur les dispositifs des espaces habités, l’urbanisme. Une douzaine de sites sont investis par un ou plusieurs artistes avec comme point principal l’ancienne usine Fagor divisée en sept grands espaces. C’est là que se trouvent de nombreuses interventions contemporaines bien que l’on retrouve certains artistes sur d’autres lieux, en particulier dans l’ancien musée Guimet, avec des interventions plus limitées. Le musée d’art contemporain consacre deux étages à une rétrospective de la vie artistique au Liban des années 1950 jusqu’en 1975 : Beyrouth et les Golden sixties, alors que ce pays vivait comme un pays occidental avant la brutale interruption de la guerre civile. Un autre étage est consacré à l’histoire lyonnaise du 19ème siècle sur les traces d’une figure féminine imaginaire : les nombreuses vies et morts de Louise Brunet. Des performances se déroulent également en continu.
Lyon 24 septembre 2019
15e Biennale de Lyon, là où les eaux se mêlent jusqu’au 5 janvier 2020
Depuis des décennies les artistes, les commissaires d’exposition rêvent, fantasment sur l’utilisation pour la présentation de leurs œuvres d’espaces abandonnés qu’ils peuvent réinvestir, convertir. En fait le phénomène lorsqu’on y réfléchit commence dès l’apparition des musées avec le remploi des palais ou des couvents par exemple. L’installation pour cette édition de la biennale de Lyon à l’usine Fagor est un peu différente, car cette fabrique de machines à laver a été fermée récemment et tout semble en parfait état, prêt à reprendre la production. On prend ainsi d’abord la mesure d’une catastrophe industrielle, d’un effondrement. L’ampleur des espaces abandonnés donne une idée du nombre de personnes qui devaient y travailler. Le thème de l’exposition est ainsi donné, il s’agit bien du crash, il est décliné sous diverses formes posthumanistes dans le parcours des quatre halles. Continuer la lecture