Archives de catégorie : vidéo

Bill Viola 1951 – 2014

Le musée des beaux-arts de Berne présente des vidéos de Bill Viola dans la collégiale de Berne et dans les salles du musée du 12 avril au 20 juillet 2014

Galeries nationales du Grand Palais rétrospective Bill Viola 5 mars – 28 juillet 2014. 

L’exposition retient 20 créations conçues de 1977 à 2013 projetées sur 50 écrans dans un parti-pris de projection nocturne. L’art vidéo se prête-t-il à une rétrospective? la présentation du Grand Palais répond à la question par une immersion dans les travaux de Bill Viola, avec un parcours à travers ses installations qui permet de saisir la permanence et l’évolution dans ses recherches d’une ampleur étonnante.

L’exposition ouvre sur Reflecting Pool, un bassin dans la verdure et un événement soudain qui rompt l’attente, un procédé que l’on retrouve dans de nombreux travaux.

Ensuite on découvre une pièce de 1992, Heaven & Earth, plaçant deux téléviseurs face contre face avec un bébé sur l’écran.

9 Attempts to Achieve Immortality, 1996, un autoportrait dans lequel l’artiste retient son souffle avant de laisser exploser la reprise d’air. Suit une grande installation de 1995 The Veilling des figures projetées sur 10 toiles disposées dans l’espace.

3 pièces plus petites, Surrender 2001, 4 hands 2001 et Catherine’s room 2001. The Quintett of the astonished à partir de 2000, il devient moins performer engage des acteurs et se situe par rapport à des tableaux de l’histoire de l’art qu’il reconstitue. Cet aspect est assez peu repris dans cette rétrospective. On revient à des pièces plus expérimentales, The Sleep of reason, 1988 avec un petit écran sur un buffet où l’on voit dormir une personne, alors que sur les murs sont projetées des images par saccades courtes. Chott el Djerid, 1979 précède Walking on the edge 2012 et the Encounter, deux films tournés dans le désert. Une grande installation spectaculaire sur 5 écrans Going Forth by Day créée en 2002 pour le Deutsche Guggenheim à Berlin qui évoque simultanément une veillée mortuaire, la marche de personnes dans une forêt, un déménagement, un incendie et les secouristes qui se préparent. La référence explicite de l’installation étant la chapelle des Scrovegni de Giotto à Padoue. Une pièce dont les projections durent 35’ et qui se regarde comme un film avec un récit qui mélange catastrophes et événements surnaturels. Un étrange syncrétisme entre l’art de la première Renaissance et les films catastrophes ou certaines actualités, tsunami, incendies. Une Installation sonore est proposée dans l’escalier qui mène à l’étage inférieur. Avant de passer à la présentation d’un grand écran vertical qui propose alternativement Fire Woman et Tristan’s Ascension, 2005. Un diptyque Man / Woman searching for Eternity, 2013 montre un homme et une femme âgés, explorant leur corps à la lampe de poche. L’exposition s’achève dans une salle présentant The Dreamers, 7 figures appartenant à des sexes et des âges différents filmés sous l’eau qui font écho à la première pièce consacrée à l’eau également. Le parcours est très réussi, il propose une véritable expérience, un cheminement dans l’oeuvre.

Bill Viola apparaît clairement comme un artiste californien. Inspiré par les montagnes, le désert, la chaleur, la recherche de l’eau, les incendies, le sentiment de l’éphémère, différentes quêtes mystiques. La nature d’un côté et la technologie de l’autre, le cinéma, les développements les plus récents sur l’image mouvante, les appareils d’enregistrement, la qualité des images, des couleurs. Le théâtre, le mélodrame, le jeu, la mise en scène, sont rassemblés pour aboutir à une scénographie très spectaculaire qui montre ce que l’on peut faire de l’image mouvante en partant d’un point de vue artistique, mais clairement on est dans l’esprit des studios de Hollywood. On pense d’ailleurs au parcours que les visiteurs peuvent faire dans les studios de cinéma en cheminant dans l’exposition. On prend aussi la mesure de l’ampleur de son travail, puisqu’une pièce très spectaculaire et caractéristique comme The Crossing n’est pas présentée.

Patrick Schaefer l’art en jeu 19 mars 2014

A Tourcoing le centre http://www.lefresnoy.net/ présente: Thierry Kuntzel / Bill Viola. Deux éternités proches jusqu’au 25 avril 2010.

Les scènes inspirées à Bill Viola par l’opéra Tristan et Iseult font maintenant l’objet d’une exposition spécifique intitulée: Love/Death: The Tristan Project. Elle est proposée jusqu’au 2 septembre 2006 par la galerie Haunch of Venisson à Londres.

Bill Viola participe avec Peter Sellars à une mise en scène de Tristan et Iseult à Los Angeles en décembre 2004 et à l’opéra de Paris en avril-mai 2005, elle sera reprise à Paris en novembre et décembre 2005, lors de la saison 2005-2006. L’opéra est repris à Paris en novembre – décembre 2008.

Un grand écran ferme la scène de l’opéra Bastille, les chanteurs évoluent toujours à l’avant de l’espace scénique et au cours du premier acte, il y a quelques interventions des choeurs et du roi dans la salle. Ainsi le metteur en scène Peter Sellars renonce presque à une mise en espace de l’opéra. Les chanteurs habillés de noir sont généralement dans la nuit, toute l’attention visuelle est concentrée sur l’écran. Peut-être pourrait-on dire qu’il s’agit d’une version de concert de l’opéra, accompagnée d’images projetées, inspirées à Bill Viola par l’oeuvre de Wagner? Bill Viola a construit un scénario, une suite d’images splendides et mystérieuses qui s’inscrivent tout à fait dans le style de son travail des dernières années.

La première série d’images montre la mer, puis apparaît un diptyque, une fenêtre à deux battants d’où surgissent progressivement un homme et une femme, ils s’approchent de plus en plus, se déshabillent complètement. Chacun dispose d’un aide. Ils trempent la tête dans une vasque d’eau, puis les serviteurs leur versent l’eau d’un cruche sur le corps. A la fin du premier acte les deux corps enlacés se dissolvent dans l’eau. Au deuxième acte c’est le décor de la forêt qui est évoqué. Le feu surgit et l’homme traverse le feu. Une femme allume des cierges. A la fin un couple entre dans la mer. Dans le troisième acte, l’écran est dressé verticalement alors qu’il était horizontal dans les deux premiers. Il n’y a plus de figures. Des images de nature, des arbres, la mer, le ciel, le feu; l’approche est plus abstraite. Seul le navire d’Isolde évoque l’action. On constate que le rapport de Bill Viola à l’opéra est comparable à son rapport à la peinture, tel qu’il apparaissait dans son exposition à la National Gallery de Londres évoquée plus bas dans cette page. Certes les images de ce vidéaste ont une puissance wagnérienne!, elles fonctionnent bien sur l’écran gigantesque affiché sur la scène de l’opéra. Peut-être cette recherche ouvre-t-elle de nouvelles perspectives à l’opéra et vont-ils lui permettre de trouver un public différent, car elles facilitent certainement la réception de la musique pour un public peu habitué à Wagner. L’avantage sur un décor traditionnel étant les changements de situations plus fréquents. Bien que Bill Viola travaille en extrême lenteur, il y a une dizaine de séquences différentes dans le premier acte, ce qui offre une variété beaucoup plus grande qu’un décor traditionnel et les images créées prennent ici toute leur ampleur on peut les apprécier plus sereinement que dans une exposition.

Dans la réalisation proposée ici, il faut pourtant relever qu’on ne comprend pas bien la relation entre la mise en scène et les images projetées, au contraire de la relation entre la musique et les images qui est évidente. Le problème est évidemment crucial, parce que l’on se demande alors si l’on est vraiment à l’opéra ou au cinéma et Wagner n’a pas écrit une musique de film! Ainsi aux moments de paroxysme, l’écran devient noir pour concentrer l’attention sur les chanteurs, mais il ne se passe rien sur la scène. A certains moments les acteurs filmés se substituent aux chanteurs par exemple pour évoquer l’amour qui est traité de façon très pudique par des corps sous l’eau qui sont aspirés dans un tourbillon et se dissolvent, à d’autres moments les acteurs filmés et les chanteurs agissent simultanément dans des actions différentes. L’articulation entre les deux espaces fonctionne difficilement, elle est peu compréhensible. On peut ainsi formuler un certain nombre de critiques, mais l’expérience est vraiment intéressante, elle ouvre certainement des perspectives.

Vers un article sur une mise en scène diamétralement opposée de cet opéra par Olivier Py.

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Bill Viola The Passions

National Gallery, Londres, jusqu’au 4 janvier 2004

L’exposition itinérante Bill Viola, the Passions est présentée à la National Gallery de Londres dans les salles habituellement destinées aux expositions temporaires de cette institution. Il s’agit de 7 espaces bien distincts de dimensions variables avec une salle centrale qui est liée aux autres. Dans la première pièce on découvre des peintures anciennes, définies comme sources d’inspiration et un écran vidéo qui montre un visage en mouvement très lent, intitulée Man of Sorrows, 2001. Dans la vidéo qui accompagne l’exposition et dont on peut découvrir un extrait sur le site de la National Gallery, Bill Viola souligne deux éléments qui me paraissent importants. Premièrement s’il s’inspire de peintures anciennes, ce qui l’intéresse n’est pas de reconstituer exactement la mise en scène du peintre, mais d’explorer les sentiments qui sont à l’origine de l’œuvre et qui sont exprimés dans celle-ci. La deuxième chose est que, selon lui, la tradition chrétienne occidentale n’est pas seule propriétaire de l’expression d’événements dramatiques comme la Crucifixion et la Résurrection. Il y a un fond commun plus large. Et l’on comprend bien que sa propre référence spirituelle est tournée vers le boudhisme plus que vers le christianisme.

Salle 2 Observance, réalisé dans un format vertical, présente un rituel de deuil accompli par une série de figures qui passent de l’arrière-plan au premier plan de l’écran. Viola donne Les Apôtres de Dürer comme source de cette composition. Loin de se limiter au format standard d’un téléviseur, Il a élaboré des écrans aux formats très divers tantôt verticaux comme ici, tantôt horizontaux comme dans The Quintet of the Astonished présenté dans la salle 3. Il propose aussi des diptyques, polyptyques pour mettre en scène les émotions qu’il explore. Dans la salle 4, on s’éloigne des sources directes de la peinture et l’on trouve deux travaux vidéos caractéristiques de l’univers de Viola avec Surrender, qui montre les reflets superposés d’un homme et d’une femme, dont les figures se dissolvent l’une dans l’autre, dans une gamme colorée d’un rouge et d’un bleu intense. Salle 5 The Crossing est une grande installation vidéo qui présente d’un côté l’artiste attaqué par les flammes, alors que de l’autre il est submergé par de l’eau. C’est la seule installation dans cette exposition qui comprend un élément sonore. Cet aspect est beaucoup moins violent que dans d’autres présentations (je l’avais vue dans une salle gigantesque du Palais des Papes à Avignon en 2000 où le bruit de l’eau qui tombe atteignait une force énorme). Il y a une association intéressante avec la salle 6 où l’artiste présente sous le titre Emergence, une figure qui sort d’un sarcophage et qui en fait sort de l’eau. La mise en scène est inspirée par une peinture de Masolino. Dans la dernière salle Bill Viola présente des travaux de petite dimension en particulier le polyptique Catherine’s Room.

La principale caractéristique de cette exposition et du travail qu’elle propose est l’intégration de la vidéo au musée traditionnel. C’est un projet déroutant qui peut susciter le rejet, pourtant en fait il me semble qu’il est très bien maîtrisé et très intéressant, car s’il évite les ruptures choquantes, s’il respecte le lieu, il montre bien la spécificité, l’identité irréductible de chaque mode d’expression. Et c’est certainement une manière de stimuler un nouveau regard sur la peinture ancienne. La relation entre les différentes salles, les points communs l’eau et le feu, en plus de la douleur sont étudiés avec subtilité. Les silhouettes des visiteurs qui se détachent dans la nuit; la tension et l’émotion du public compact dans ces salles assez petites deviennent également des éléments de la manifestation. La différence soulignée est liée au rapport au temps puisque le peintre exprime un seul instant qui est aussi la synthèse de nombreux autres moments, alors que dans les films en jouant avec le travail des acteurs et les possibilités de l’enregistrement filmé, Bill Viola joue sur la décomposition du temps qui est aussi celle des émotions. (Bien sûr même si le reproche de kitsch ne paraît pas pertinent puisqu’il s’agit d’un critère d’évaluation lié au modernisme et que tous les travaux actuels assument une part de narrativité, on sent surtout en décrivant les pièces qu’il y a une gêne, mais elle est moins sensible lorsqu’on les voit).

L’installation présentée dans une galerie privée, Haunch of Venison, et qui apporte un complément important à l’exposition me semble montrer que Bill Viola n’a pas renoncé aux modes d’expression de l’art contemporain. Ici en effet sont exposés des objets et des calligraphies bouddhistes anciens, alors qu’au dernier étage de la galerie, on découvre une installation vidéo en noir et blanc de 1995, Hall of Whispers.

Bill Viola, chez Anthony d’Offay à Londres

Peintures vivantes

Avec Chott el Djerid, (A Portrait in Light and Heat), 1979, qui montre le mouvement fluide de la chaleur et le bruit du vent dans le désert, Bill Viola (1951) affirme une démarche à l’écoute du monde qui exalte la beauté des images et le mystère de leur apparition. Ses vidéos et ses installations lui ont permis de définir quelques préoccupations essentielles, la naissance et la mort, la jeunesse et le grand âge (Nantes Triptych, 1992 par exemple). L’eau, la vapeur, les mirages de chaleur comme site d’apparition et de disparition, comme éléments essentiels dans la perception instable du monde l’ont également frappé. Il les considère comme lieu de formation d’images jamais vues. Viola a d’autre part exploré les possibilités de l’installation avec toutes ses implications dans l’occupation d’un espace. Il l’a montré dans Stations présenté en 1994 à l’American Center de Paris. On a encore pu découvrir un exemple spectaculaire de cette capacité à tenir, à investir par l’image et le son, un espace gigantesque lors de l’exposition La Beauté dans la grande chapelle du Palais des Papes à Avignon en été 2000 avec The Crossing, 1996.

Célébré comme artiste vidéo, Bill Viola n’a jamais caché son intérêt pour la peinture, pour l’histoire de la peinture occidentale en particulier. En 1995 déjà, il a présenté une installation vidéo sur grand écran dans le pavillon américain à Venise, The Greeting, 1995 inspirée par une toile de Pontormo; recréant une peinture vivante. C’est le dernier stade de cette évolution qui est proposé à la galerie Anthony d’Offay jusqu’au 21 juillet 2001. Utilisant les possibilités de l’écran LCD qui se rapproche de plus en plus d’un tableau, Bill Viola réalise des diptyques, des polyptiques évoquant la peinture. Une peinture vivante où évoluent des figures filmées en extrême lenteur. Obsédé par l’accomplissement technique, il réalise des images absolument parfaites qui ont un impact aussi virulent qu’un arrangement d’Ikebana. Ainsi Catherine’s Room, 2001, 5 écrans sur lesquels on découvre une femme dans une pièce avec un bouquet de fleurs. Une organisation très sobre de l’espace, l’accentuation des zones d’ombre et de lumière, exercent une fascination comparable à celle d’un intérieur peint dans une scène de genre hollandaise. Mater, 2001, un diptyque qui oppose les visages de deux femmes d’âge différent étudie les variations d’expression, les mouvements des traits du visage. On peut s’étonner du renoncement apparent à l’installation monumentale. Bien que l’installation se simplifie, ces écrans offrent des images fortes dont l’impact demeure impressionnant.

En fait cette évolution s’inscrit de façon cohérente dans une conception de la vidéo par laquelle il élabore une image manipulée par ordinateur, un peu comme le peintre manipule l’image à travers les possibilités de l’expression picturale. Concevant la vidéo comme une sédimentation, un dépôt de mémoire, Viola propose une réhabilitation de l’image en développant une iconographie personnelle fondée sur la tradition. Le caractère transcendant de sa recherche est rassurant. Il rassemble, construit pour toucher l’oeil, l’oreille, le toucher, la perception de l’espace. Il recherche une catharsis plutôt qu’une critique ou une distanciaion. Tout notre système de captation est en alerte. La vidéo lui permet avant tout de faire entrer le temps et son évolution dans les arts plastiques.

L’art en jeu Patrick Schaefer 5 juillet 2001

Bill Viola participe avec Peter Sellars à une mise en scène de Tristan et Iseult à Los Angeles en décembre 2004 et à l’opéra de Paris en avril 2005.

Le site de Bill Viola informe sur toutes les expositions dans lesquelles ses oeuvres apparaissent.

http://www.billviola.com/

Une exposition Bill Viola est annoncée au J. Paul Getty Museum du 24 janvier au 27 avril 2003: Bill Viola The Passions. Elle ira ensuite à la National Gallery à Londres et à Munich.

L’exposition Bill Viola The Passions a ouvert ses portes à la National Gallery de Londres. Le site de cette institution propose une excellente vidéo de 5 minutes, qui se charge rapidement, dans laquelle l’artiste présente son travail.

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 2002

Patrick Schaefer, L’art en jeu, 9 novembre 2003

Gerhard Richter

Fondation Beyeler, Riehen, Gerhard Richter, tableaux / séries jusqu’au 7 septembre 2014.

Gerhard Richter (1932) est salué comme le plus important peintre vivant, il est aussi l’un des plus cotés et lors de la conférence de presse de la Fondation Beyeler, une douzaine de caméras de télévision, plus de très nombreux téléobjectifs de photographes donnaient un caractère très « people » à l’événement. Il y avait tout de même une certaine ironie perceptible dans la salle et nombreux sont ceux qui ont tourné leur objectif vers les caméras, en attendant l’arrivée de l’artiste. Après l’introduction des organisateurs, il a répondu près d’une demi-heure aux questions des journalistes, en gardant toujours une certaine distance.

Dix salles dont l’accrochage, comme le catalogue qui accompagne l’exposition, ont été en grande partie conçus par l’artiste avec le commissaire Hans Ulrich Orbrist. Un accrochage ample, dense et subtil qui présente des séries de peintures, le plus souvent abstraites et comme en contrepoint une ou deux peintures figuratives très photographiques. Les périodes sont confrontées les une aux autres. Y compris des oeuvres récentes réalisées à partir de photographies digitales ou des parois de verre qui contribuent à l’exaltation de l’architecture de Renzo Piano qui est au centre de cette exposition.

L’exposition débute avec une série de huit Maternités de 1995, on est dans la figuration et l’évocation de l’histoire de la peinture avec en plus le symbole de la naissance. C’est ici aussi que l’on découvre un petit paysage de Davos de 1981. Paysages, portraits, natures mortes vont surgir ainsi au fil des salles, généralement de petits formats et isolés, contrastant avec les grandes compositions abstraites. Puis l’on découvre deux oeuvres monumentales récentes Strip, 2013. Elles soulignent l’horizontalité de l’espace. Dans le grand volume qui donne sur le jardin, sont accrochées les six peintures carrées de la série Cage, 2006 et en face les six losanges rouges de Rhombus. Le centre de la salle est occupé par de grands panneaux de verre. Plus loin une salle fermée présente une série de toiles grises. Chaque pièce propose une ou plusieurs petites toiles figuratives. La série des Annonciations d’après Titien, précède une salle où l’on retrouve quatre carrés en hommage à Bach. Puis ce sont les 16 toiles verticales intitulées Forêts, 2005. Alors qu’une autre salle propose les toiles 4900 couleurs. Les quinze oeuvres qui évoquent la situation politique en Allemagne dans les années 1970, 18 octobre 1977, 1988 précèdent une dernière salle qui propose des panneaux en verre Château de carte, 2013 et Doppelgrau, 2014. L’ensemble de l’exposition apparaît comme une composition musicale qui fait se rencontrer couleur et gris, figuration et abstraction, transparence et miroir dans un ensemble étonnant.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 19 mai 2014

 

Révolution surréaliste

Philippe Halsman. Etonnez-moi mai 2014

Le musée de l’Elysée à Lausanne nous emmène dans une exposition pétulante et bondissante avec Philippe Halsman. Etonnez-moi jusqu’au 11 mai 2014. Le photographe favori de Dali, en fait un véritable complice, le portraitiste de Marylin Monroe et d’une quantité de personnalités. Enfin l’auteur d’une centaine de couvertures du magazine Life. C’est une exposition joyeuse et qui s’achève en invitant les visiteurs à faire un grand saut!


Musée national d’art moderne, Centre Pompidou

Le surréalisme et l’objet jusqu’au 3 mars 2014

L’exposition objets surréalistes est structurée autour des expositions surréalistes. Des diaporamas évoquant ces expositions sont projetés sur des écrans qui séparent les différents espaces. Une place particulière est accordée aux sculptures surréalistes de Giacometti, aux oeuvres plastiques de Calder et de Max Ernst, alors que la dernière salle est entièrement consacrée aux sculptures colorées de Miro, inspirées de divers objets quotidiens. Continuer la lecture

Interactivité, vidéo, jeux

Lausanne 16 novembre 2013: Musée cantonal des beaux-arts, Lausanne

Making Space. 40 ans d’art vidéo 18 octobre – 5 janvier 2014

Le musée des beaux-arts de Lausanne se lance dans une tentative difficile : jeter un regard rétrospectif sur l’art vidéo des 40 dernières années. A travers un thème, l’ouverture vers de nouveaux espaces intérieurs, extérieurs, simultanés. C’est une expérience intéressante pour le spectateur et une réflexion sur notre mémoire visuelle, l’évolution de nos sensations. 23 artistes ont été retenus. D’un côté l’exposition donne l’occasion au public local de découvrir des installations présentées au cours des 15 dernières années dans de grandes expositions internationales, de l’autre elle tente de proposer quelques travaux historiques internationaux ou suisses.

L’expérience sur soi et la perception du monde rendue possible par l’emploi d’une caméra souple ont ouvert de nouveaux champs à l’expression artistique. Continuer la lecture

Julio Le Parc

Le Palais de Tokyo à Paris consacre à Julio le Parc du 27 février – 13 mai 2013 une vaste rétrospective avec de nombreuses installations monumentales et une salle entière consacrée aux jeux interactifs. Elle semble assez proche de l’exposition proposée à Zurich en 2005, évoquée ci-dessous. En parallèle, le centre Pompidou présente les pièces de Jésus Rafael Soto qui figurent dans ses collections, certaines sont entrées récemment par dation.


Le Parc Lumière Daros-latinamerica jusqu’au 30 octobre 2005

L’événement à Zurich est certainement l’exposition Julio Le Parc: Le Parc Lumière proposée par la collection Daros elle est d’ailleurs prolongée jusqu’au 30 octobre. Continuer la lecture

Kai Althoff

A la Kunsthalle de Zurich Kai Althoff (né en 1966) propose Ich meine es auf jeden Fall schlecht mit Ihnen jusqu’au 13 janvier 2008.

Les expositions personnelles de Kai Althoff sont assez rares; en général il invite d’autres artistes. Ici on découvre une gigantesque installation-exposition qui se déroule sur six salles totalement transformées et parfumées. Moquettes colorées, murs tapissés, panneaux paravents sur lesquels sont accrochés des dessins ou des peintures, un refus militant des surfaces blanches et neutres des espaces d’art contemporain. Trois installations particulières dans l’installation d’ensemble: deux fois des objets multiples, collections de souvenirs d’éléments destinés à orner le corps, les habits et une grande machine mystérieuse qui joue avec des surfaces rouges et jaunes. Dans les salles sont diffusés trois parfums différents fabriqués par l’artiste. Les dessins et les peintures d’Althoff révèlent un talent polyvalent qui absorbe des sources multiples, Klimt, Schiele, Feininger, l’Allemagne des années 1920, la peinture ancienne ou contemporaine, je pense surtout à Kitaj en voyant ses toiles. Il place des personnages e relation les uns avec les autres dans des compositions intenses. L’ensemble de l’exposition est une réflexion sur les critères de la beauté, les passage entre les pratiques privées et publiques, l’accumulation également.

Kai Althoff est aussi un musicien.

Documenta 13, 2012: Dans la grande salle du Fridericianum laissée vide, on trouve juste une lettre de Kai Althoff annonçant son désistement.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 2007

Thomas Scheibitz

Baltic. Center for Contemporary Art présente Thomas Scheibitz: One Time Pad 26 juillet – 3 novembre 2013.

Frankfurt, le Musée d’art contemporain présente 200 oeuvres de Thomas Scheibitz jusqu’au 13 janvier 2013.

Le musée d’Innsbruck Galerie im Taxispalais présente une exposition Thomas Scheibitz du 25 septembre au 28 novembre 2010.

Thomas Scheibitz est l’un des artistes sélectionnés pour représenter l’Allemagne à la Biennale de Venise 2005.

Thomas Scheibitz jusqu’au 30 mai 2004

Le Centre d’art contemporain à Genève propose 28 sculptures peintes et une cinquantaine de dessins de Thomas Scheibitz jusqu’au 30 mai 2004.

L’exposition est une véritable installation colorée dans laquelle les différentes pièces réalisées notamment en mdf, en bois ou en aluminium se répondent, renvoient les unes aux autres par différents jeux de perspectives et l’utilisation de fenêtres. On reconnait des objets, des animaux, il y a beaucoup d’humour, mais aussi un sens de la forme, de la couleur, de la présence des objets dans cette réalisation. Scheibitz est passionné par la perspective et le collage, l’agglomération, les rencontres fortuites, puis construites d’éléments, qui à piori, n’étaient pas destinés à se rencontrer. Alors que dans ces peintures on sentait la lutte avec le cadre, la volonté d’en sortir, ici on assiste à la mise en espace d’une peinture. Des enjambements, des recoupements qui sont tout à fait passionnants.

Patrick Schaefer, 11 mars 2004

Thomas Scheibitz, Ansicht und Plan von Toledo, jusqu’au 11 mars 2001

Le Kunstmuseum de Winterthour présente une exposition du peintre allemand Thomas Scheibitz, né en 1968. Formé à Dresde, il vit à Berlin.

Ses oeuvres décoiffantes reprennent à la vitesse d’une soucoupe volante toutes les questions posées par la peinture depuis plus d’un siècle. En réalité depuis beaucoup plus longtemps, puisque l’ensemble de l’exposition est une suite de variations, véritable déconstruction de la vue de Tolède peinte par Le Greco.

On est loin d’une invitation à la contemplation. Il s’agit d’un travail ludique, énergique, décapant, extrêmement virtuose. Scheibitz joue avec les tensions du cadre, de l’espace pictural, du sujet, des couleurs et des formes. Par son côté systématique la démarche peut paraître académique ou par trop démonstrative, mais elle est incontestablement fascinante. A propos de cet artiste certains mentionnent Kokoschka, d’autres Baselitz, ou encore Viallat, Lüperz, Tuymans et Gary Hume, la liste paraît sans fin. Dieter Schwarz a choisi de consacrer la salle qui jouxte l’exposition aux oeuvres de Gerhard Richter, et des parallèles solides peuvent bien sûr être tissés avec cet artiste. Ceci dit Scheibitz intègre avant tout le langage de la b.d. et des mangas dans une problématique qui appartient à la tradition de la peinture. Le résultat est étonnant.

Jasper Johns, Alex Katz, Mark Rothko, Andy Warhol

Jasper Johns an Allegory of Painting 1955 – 1965 jusqu’au 23 septembre 2007

Musée des beaux-art Bâle

L’exposition Jasper Johns (né en 1930) proposée par le musée de Bâle n’est pas une rétrospective, il s’agit d’un regard sur quelques aspects du travail de l’artiste au cours de la première décennie de sa fructueuse carrière. Quatre éléments sont mis en évidence. Les cibles dont on découvre de très nombreux aspects. Par contre le travail sur les chiffres et sur le drapeau américain n’est pas présent (on voit des exemples dans l’accrochage de la collection du musée qui en possède). Par ailleurs c’est la mise en évidence du processus de travail qui est soulignée: d’une part le travail sur la couleur, en particulier le rappel des trois couleurs fondamentales, inlassablement répété et sur les moyens d’appliquer la couleur avec une planche en bois qui permet de tracer les cercles notamment. On trouve aussi la règle, le fil, d’autres objets sont intégrés à la peinture comme un balais pour évoquer un pinceau géant.

Enfin le dernier aspect du travail de l’artiste qui est mis en évidence est celui des empreintes du corps, main, pied, visage. Cette approche très concentrée sur quelques aspects met bien évidence le caractère expérimental des recherches de l’artiste et mélange heureusement les techniques: peintures, dessins, lithographies, collages sont présentés sur le même plan. Cette approche paraît excellente, car elle permet de renouveler nos connaissances sur un artiste dont a une vision trop icônique qui nuit sans doute à la compréhension de son travail.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 18 juin 2007


Musée cantonal des beaux-arts: Alex Katz et Félix Vallotton jusqu’au 9 juin 2013.

En 1995, le musée des beaux-arts de Lausanne achetait une toile de Félix Vallotton intitulée Quatre Torses, 1916. Cette oeuvre stupéfiante présente quatre corps de femmes en gros plan dans des tons roses, elle parait d’une incroyable actualité. Elle aurait pu être peinte dans les années 1960 ou même plus récemment. L’exposition Alex Katz (1927) et Félix Vallotton (1865 – 1925), loin de toute suggestion d’éventuelles influences ou filiation, s’emploie à montrer la singulière actualité de la peinture de Vallotton, en la confrontant à un artiste américain dont la carrière et le style se sont affirmés à l’époque du Pop Art.

Un peu moins de 40 toiles de Vallotton dont une quinzaine appartiennent à la collection du musée, un peu moins de 50 Alex Katz, de très grands et de petits formats invitent à une belle balade qui met en résonance deux artistes séparés par presque un siècle. Ils ont pour point commun la construction du sujet qu’il s’agisse de portraits, de nus, de figures en groupes ou de paysages diurnes et nocturnes. On ne peut que constater qu’ils arrivent parfois à des résultats relativement proches. Un véritable hommage à la Peinture et à ceux pour qui elle représente un engagement complet et la véritable création d’un « langage ». L’exposition et le catalogue pourraient de façon un peu plus élaborée et approfondie, au-delà du simple constat, apporter une contribution à la réflexion sur la notion de style et d’époque (on retrouve un peu la démarche de Bice Curiger au Kunsthaus de Zurich avec l’exposition Deftig Barock en 2012 qui s’intéressait à la permanence d’un intérêt pour l’étrange, la véhémence du 16e au 21e siècle).

A signaler qu’Alex Katz fait l’objet de deux autres exposition au Haus konstruktiv à Zurich jusqu’au 12 mai et au Museum der Moderne à Salzburg qui présente une rétrospective en collaboration avec le Colby College Museum of Art de Watteville qui possède 700 oeuvres de Katz jusqu’au 7 juillet.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 23 mars 2013


Londres Tate Modern: Rothko les dernières séries jusqu’au 1er février 2009

Depuis la rétrospective du musée d’art moderne de la ville de Paris en 1999, puis celle de la Fondation Beyeler en 2001, l’oeuvre de Mark Rothko (1903 – 1970) jouit d’une visibilité toujours plus importante. La Tate Modern a choisi de lui rendre hommage en partant d’une série de huit toiles offertes par l’artiste en 1969. Pour respecter la volonté de Rothko ces toiles sont exposées en permanence. Elles faisaient partie d’un ensemble de 30 peintures que Rothko avait conçues en 1958 – 59 après avoir reçu une commande pour décorer une salle à manger dans le restaurant Four Seasons du Seagram building à New York. Il abandonna ce mandat réalisant que sa peinture ne correspondait pas à ce genre de site. Ici 14 pièces sont réunies et forment le point de départ d’une réflexion sur le développement des séries au cours de la dernière décennie de l’existence de Rothko. Pourtant Rothko restait habité par le désir d’offrir une immersion dans la peinture au spectateur d’où le développement d’autres séries. On voit ainsi les esquisses pour la chapelle de Houston. L’exposition se poursuit avec la série des peintures noires dans lesquelles il abandonne les bordures flottantes pour des limites bien marquées. L’exposition s’achève avec la série des peintures noires sur gris. On perçoit ien la dimension spirituelle de la recherche de Rothko. Les toiles paraissent très proches du spectateur et l’on sent la présence des pigments, d’une matière picturale sans reflet, on pense aux développements d’un Anish Kapoor.

Il est intéressant de visiter les expositions Bacon et Rothko à la suite l’une de l’autre. Ils appartiennent à la même génération, mais incarnent une approche de la peinture radicalement différente. Bacon crée la distance, joue le caractère imposant de l’art, alors que Rothko cherche la proximité dans une approche idéaliste tout en invoquant une transcendance. Une petite observation qui n’est rien de plus qu’une remarque: j’ai visité l’exposition Bacon vendredi matin à la Tate Britain, il y avait beaucoup de monde, mais les gens étaient silencieux ou parlaient à voix très basse. Ce qui m’a frappé dans l’exposition Rothko, c’est qu’au contraire les gens parlaient beaucoup. Dans une famille ou un petit groupe, il y avait toujours quelqu’un qui se lançait dans des explications pour ses proches, ses amis en parlant très fort!

Patrick Schaefer, L’art en jeu 22 octobre 2008


Bâle Öffentliche Kunstsammlung: Andy Warhol the Early Sixties Paintings and Drawings 1961 – 1964 5 septembre 2010 – 23 janvier 2011

L’exposition du musée de Bâle présente Andy Warhol dans ses meilleures années de recherche et d’expérimentation entre 1960 et 1964 avec des pièces très connues: les soupes Campbell, Elvis, Liz Taylor, les accidents de voiture, les fleurs. Une documentation permet de voir les sources imprimées dans la presse quotidienne qui sont au départ de ses travaux. Le côté sérielle, systématique des recherches de l’artiste ressort fortement et souligne la rupture avec la peinture expressionniste ou abstraite. On est aussi frappé par la simplicité ou l’évidence des solutions trouvées, une fois qu’il a choisi une approche. Les trois expositions collectives évoquées sur cette page tournent autour des mêmes problématiques, il est intéressant de constater ces rapprochements.

Patrick Schaefer, L’art en jeu 25 septembre 2010

Expositions thématiques (8)

Grand Palais, Paris Bohèmes jusqu’au 14 janvier 2013

Le metteur en scène canadien Robert Carsen (1954) signe la scénographie très soignée et séduisante de deux expositions à Paris : Bohèmes au Grand Palais jusqu’au 14 janvier et l’impressionnisme et la mode au musée d’Orsay jusqu’au 20 janvier. Comme il est aussi l’auteur de la mise en scène de JJR, découverte à Genève ces derniers jours et qu’il avait réalisé Richard III de Giorgio Battistelli lors de la dernière saison, on lui porte un intérêt soutenu.

Bohèmes explore la polysémie du terme, ce qui donne une exposition en deux parties bien distinctes, mais assez surprenante, déconcertante même. La première, qui s’étend dans deux salles allongées au rez, examine l’iconographie des bohémiens, diseuses de bonne aventure et autres égyptiens aux pouvoirs mystérieux. C’est une toile de Georges de la Tour qui domine la première salle. Elle inclut également le passage à l’artiste qui s’identifie au vagabond, au marginal avec une toile comme Bonjour M. Courbet particulièrement bien mise en valeur, on découvre ce double aspect de la représentation des marginaux et de l’identification de l’artiste avec ce groupe.

La seconde partie à l’étage évoque les grandes oeuvres du XIXe siècle qui, dans le goût pour l’exotisme de l’époque, qui place les gitans et l’artiste bohème au centre avec Mérimée et Carmen, puis Puccini et la Bohème.

Pour commencer on entre dans un studio d’artiste aux papiers peints déchirés avec des portraits et des autoportraits, la salle suivante propose des vues d’ateliers, les toiles sont posées sur des chevalets. Puis l’on passe à la Bohème qui a une très longue histoire puisque le texte d’Henry Murger, La vie de Bohème date de 1850, il a connu plusieurs éditions illustrées et Daumier n’a pas manqué de s’en prendre à la vie de Bohème ! alors que l’opéra de Puccini est de 1896. Une autre salle évoque Rimbaud et Verlaine avant de nous faire entrer dans un grand café  aux murs duquel on trouve des toiles célèbres comme celle de Degas, l’exposition s’achève avec Picasso et des peintres hongrois et espagnols notamment.

Pour conclure, on dira que c’est encore une fois une exposition thématique, iconographique intéressante, mais assez étrange.

Patrick Schaefer l’art en jeu 2 octobre 2012


Vevey 29 juin 2013

Lemancolia musée Jenisch Vevey jusqu’au 13 octobre.

 Dans les espaces du rez-de-chaussée, le musée Jenisch évoque de multiples aspects de l’iconographie du Léman. Cette exposition associe des techniques et des périodes très diverses, à travers des confrontations bienvenues, soutenues par la force d’un modèle dont les variations inspirèrent tant d’artistes de Conrad Witz à Oscar Kokoschka et Jean-Luc Godard. A côté de toiles impressionnantes de Courbet, Hodler et Kokoschka, on découvre 8 aquarelles de Turner auxquelles répondent celles de Gustave Doré par exemple. Les sauts chronologiques sont déclinés avec audace, de même que les registres d’expression, puisque l’on passe sans transition d’une vision romantique tumultueuse, à la bande dessinée, à la photographie et à la vidéo. Ces associations sans doute parce qu’elles traitent du même sujet sont bien réussies.

Au visiteur qui se sent attiré par un grand Château de Chillon de Gustave Courbet dans la salle de droite, on indique qu’il devrait d’abord aller découvrir les Hodler et Kokoschka qui lui font signe dans la salle de gauche.

C’est ici que l’on trouve un fac-similé  de la Pêche miraculeuse de Conrad Witz, considéré comme le premier paysage du Léman, à ses cotés une toile de Pietro Sarto dont les atmosphère nuageuses et mouvantes conduisent le regard vers les aquarelles de Turner de 1841. Dans deux d’entre elles on reconnaît le clocher de l’église Saint-Martin de Vevey. Celles-ci sont à leur tour confrontées à deux tirages photographiques d’Alexander Hahn qui offrent une autre vision de Léman. Le parcours se poursuit ainsi avec des associations surprenantes, mais subtiles dont les sauts chronologiques sont soutenus par l’unité du thème. Dans l’aile Est du musée, on découvre des Courbet et des oeuvres de Corot, Bocion, Vallotton, mais aussi un chapitre qui évoque des modes d’expression différents avec partant de Rodolphe Töpffer, la bande dessinée de Hergé, l’affaire Tournesol, qui se déroule en partie à Nyon et des planches de Frédéric Pajak. Enfin un montage de différents films de Jean-Luc Godard est proposé, pour évoquer l’importance du Léman dans son oeuvre.


Zurich 4 juin 2012 Deftig Barock jusqu’au 2 septembre 2012

Deftig Barock de Cattelan à Zurbaran. Manifestes de la vie précaire, Kunsthaus Zurich.

En 1995, le Kunshaus de Zurich avait proposé une confrontation entre l’art contemporain et un artiste plus ancien sous le titre Zeichen & Wunder / Niko Pirosmani (1862-1918) und die Kunst der Gegenwart. En 2011, lors de la Biennale de Venise qu’elle dirigeait , Bice Curiger, a tenu à consacrer une salle aux grandes toiles de Tintoretto. L’exposition actuelle du Kunsthaus Deftig Barock poursuit dans le même esprit.

Pour résumer trois espaces sont consacrés à des toiles anciennes du 16e siècle au 18e siècle de 17 artistes. En général, il ne s’agit pas d’oeuvres majeures, mais plutôt de compositions qui frappent par leur étrangeté, leur véhémence. C’est cette relation que l’exposition propose d’explorer dans les travaux de 15 artistes contemporains. Ils sont sélectionnés dans un bel équilibre entre la vidéo, la peinture, la sculpture et l’installation.

Un premier mur nous accueille avec des scènes de genre du 17e siècle, Teniers, Brouwer, Pieter Aertsen, des scènes de beuveries ou de boucherie, en particulier. Les deux premières salles sont consacrées à des films de Ryan Trecartin et Lizzie Fitch, avec une invitation à se prélasser dans des canapés pour assister au délire assez gore du film. Dans la suivante ce sont les animations en terre ou pâte à modeler de Nathalie Djurberg I found myself alone qui proposent un scénario délirant. Puis l’on découvre les photographies de modèles nus dans des musées de Juergen Teller et les sculptures de Cattelan. Les photographies de Boris Mikhailov sont un excellent pendant aux scènes de genre de même que les peintures de Dana Schutz How we would Dance, 2007. On comprend moins la raison de la présence de 3 grandes peintures d’Albert Oehlen ou celle d’une belle sculpture d’Oscar Tuazon qui vient par ailleurs mettre un ordre construit dans l’espace. Les deux interventions d’Urs Fischer, une langue tirée et un lit mou sont particulièrement bien intégrées dans l’espace qui propose le plus grand ensemble de peintures anciennes. Des scènes historiques, mythologiques ou religieuses sont sélectionnées davantage pour leur étrangeté que pour leur qualité propre. On retient par exemple bien sûr cette scène de viol d’une femme noire de 1632 du musée de Strasbourg ; Les architectures fantastiques de Monsù Desiderio ou les étranges compositions d’Alessandro Magnasco. La plus belle toile ici est L’enlèvement d’Europe par Simon Vouet.

Les dessins autodérisoires et érotiques de Robert Crumb leur répondent judicieusement. Le plus jeune artiste de l’étape s’appelle  Tobias Madison (1985), il propose une installation rigoureuse et déroutante. L’exposition s’achève avec une installation vidéo de Diana Thater sur Tchernobyl, quatre grandes peintures à l’émail sur métal de Marilyn Minter qui travaille à la Warhol. La dernière salle propose de grands portraits photographiques de Cindy Sherman, une sculpture de Paul Mc Carthy qui fonctionnent très bien avec des portraits de Hyacinthe Rigaud et des natures mortes de Frans Snyders entre autres.

La référence au baroque est employée par de nombreux créateurs actuels comme Derek Jarman ou Mathew Barney qui ont mis en avant cette relation. Ils sont d’ailleurs présentés dans un cycle de films qui complète l’exposition. Les artistes retenus représentent quelques exemples de cette approche. On peut se demander pourquoi John Miller, présenté en 2009 à la Kunsthalle de Zurich est qui est en plein dans cette référence au baroque n’est pas présent, peut-être son approche est-elle trop critique, interrogative? On a préféré Paul Mc Carthy qui fait un peu « ancien », fin des années 1980!. Par ailleurs ce qui frappe c’est le parti pris esthétique général, les oeuvres contemporaines sont bien mises en valeur, l’ensemble offre une belle exposition, en évitant toutefois de trop exacerber la problématique !

Patrick Schaefer L’art en jeu 5 juin 2012


Berne 25 novembre 2010

Le Centre Paul Klee et le Musée des Beaux-Arts se sont associés pour évoquer Les sept péchés capitaux de Dürer à Nauman jusqu’au 20 février. Au musée on découvre d’abord les suites consacrées à l’évocation des péchés, puis une présentation détaillée de l’orgueil, l’envie, l’avarice et la colère, alors que la luxure, la paresse et la gourmandise sont évoqués au centre Paul Klee.


Une image peut en cacher une autre jusqu’au 6 juillet 2009

Au Grand Palais à Paris, on découvre Une image peut en cacher une autre jusqu’au 6 juillet. Cette vaste exposition propose d’explorer en 22 étapes, différentes formes de l’ambiguïté visuelle et de la double image à travers les siècles. Le 16e siècle occupe une place considérable, suivi par le 20ème, une salle entière est accordée à Salvador Dali et l’exposition s’achève de façon très séduisante sur les sculptures de  Markus Raetz.

Le propos de l’exposition est de montrer comment à chaque époque les artistes ont joué avec la perception visuelle. Plaçant des visages dans les rochers, cachant des images à l’intérieur d’autres représentations.

Développant les métamorphoses, les assemblages ou les anamorphoses par jeu, mais aussi pour y cacher un sens.

La gravure a joué un rôle important dans la diffusion de ce genre de travaux surtout au XIXe siècle. Ils ont connu un regain d’intérêt auprès des surréalistes et Dali en a fait l’une des sources principales de son inspiration artistique.

Le site de la http://www.rmn.fr/ présente divers aspects de l’exposition avec des commentaires d’oeuvres et des entretiens.

Patrick Schaefer, l’art en jeu 29 avril 2009


Zurich Musée national: Animali. Animaux réels et fabuleux de l’Antiquité à l’époque moderne jusqu’au 14 juillet 2013.

Une exposition qui considère la représentation des animaux réels et fabuleux depuis la préhistoire jusqu’au 17e siècle, avec quelques exemples contemporains. L’exposition suit la typologie des animaux mélangeant les époques, ainsi le dragon, la sirène, le cerf, le cheval. l’aigle ou encore le griffon, la licorne, le centaure, le lion, le poisson et le sphinx sont tour à tour évoqués. Une belle sélection de bijoux, vases, sculptures, manuscrits, peintures ou encore tapisseries.

A signaler que le Kunsthaus de Zurich propose du 1er avril au 31 juillet 2011, une exposition intitulée Tierisch gut! HundeKatzeMaus im Kunsthaus Zurich.


Comme des bêtes

Musée cantonal des beaux-arts Lausanne jusqu’au 22 juin 2008.

La première exposition du nouveau directeur du musée des beaux-arts de Lausanne, Bernard Fibicher, propose une approche thématique autour des animaux dans l’art d’aujourd’hui et d’autrefois avec 170 œuvres provenant d’une centaine de prêteurs différents. L’exposition est organisée autour de neuf animaux. Elle commence par celui que l’on considère parfois comme le plus intelligent, le cochon et se poursuit avec une vie plus sauvage autour du cerf, puis de l’ours. Après ces épisodes on arrive à la grande icône helvétique: la vache. Puis l’on passe au chat et au papillon, on continue avec la poule et ses poussins, l’âne et le parcours s’achève avec la mouche.

L’exposition ne cherche pas à construire un discours sur les relations entre l’homme et l’animal, l’artiste et l’animal, mais présente des exemples appartenant à différentes époques sur la manière de traiter l’animal chez les artistes et par là le regard de la société sur l’animal. La salle consacrée aux chats oppose par exemple la vision femme et chat et la relation homme et chat. Une sorte de taxinomie de la représentation des animaux retenus nous est proposée. Elle est basée sur des critères de sélection liés d’un côté à l’histoire de l’art local (on remarque la présence de nombreuses sculptures d’Edouard Marcel Sandoz, mais aussi des oeuvres d’André Lasserre), celle des collections (Steinlen, Vallotton, Auberjonois par exemple) ou encore les expériences préalables du concepteur de l’exposition, à ce titre on relève la présence de plusieurs artistes chinois. Il n’y a pas non plus de référence aux performances avec les animaux qui sont nombreuses dans l’histoire de l’art des 40 dernières années depuis la rencontre de Beuys avec un coyote. En fait l’approche n’est assurément pas un traitement diachronique relevant de l’histoire de l’art, qui se baserait par exemple sur l’évolution de la notion de peintre animalier, ou sur la problématique des mythes et des métamorphoses. Elle favorise des confrontations denses d’oeuvres de différentes époques, des approches multiples autour du motif et laisse ouverte l’interprétation sans hiérarchie esthétique. Des artistes ont été invités à intervenir directement dans les salles Didier Rittener a dessiné une grande mouche sur un mur et Alexandre Joly propose un surprenant carrousel avec une vache. Le résultat est un tohu bohu plutôt joyeux et apaisant sans prétention excessive, mais tout à fait original. Le catalogue reprend cette approche taxinomique avec un texte du directeur du musée de zoologie sur ce sujet et des citations de textes de différentes époques sur chaque animal, accompagnant un commentaire des principales oeuvres retenues.

Les animaux sont à la mode lors de la dernière Skulptur Projekte Münster 07, l’artiste Andreas Siekmann s’en est pris d’ailleurs à la pratique de nombreuses villes adoptant comme emblème un animal. Au début des années 1990 c’est Damien Hirst qui a renouvelé la représentation de l’animal en présentant différentes bêtes dans des vitrines de formaldéhyde, mais il a aussi reconstitué dans de grands blocs en verre des milieux naturels, aquariums ou forêts emplies de papillons. L’exposition In a Gadda Vida à la Tate Britain à Londres en 2004 en offraient de bons exemples. Cette approche est contredite par l’engagement de Mark Wallinger qui revêt une peau d’ours et se filme lui-même errant dans la National Galerie à Berlin solitaire dans ce costume, une vidéo que l’on découvre dans l’exposition lausannoise. Un livre de Steve Baker, the Postmodern Animal, Londres, 2000 rend compte de cette évolution de la représentation des animaux. On peut aussi citer Jeff Koons dont on trouve un écho dans l’ours proposé ici par Valentin Carron.

Plus tôt c’est la relation identitaire, mimétique avec l’animal comme la relation Picasso- Minotaure évoquée dans l’exposition Picasso, Sous le soleil de Mithra en 2001 et 2002 qui était traitée.

On peut encore mentionner le néo-expressionnisme des années 1980 et une relation totémique dont l’artiste outsider François Burland offre un exemple.

Un catalogue et un programme d’animation important accompagnent l’exposition. A voir sur le site du musée. Patrick Schaefer, L’art en jeu 28 mars 2008


Galeries nationales du Grand Palais

Mélancolie, Génie et folie en Occident jusqu’au 16 janvier 2006

En 1994, Achille Bonito Oliva présentait au musée Correr à Venise « Preferirei di no » cinque stanze tra arte e depressione, une remarquable réflexion sur le thème de la Mélancolie chez les artistes et dans l’expression artistique. Après bien des péripéties Jean Clair propose au Grand Palais à Paris une large évocation de ce thème. L’exposition interroge la constitution et la mise en place des normes à travers huit chapitres et de nombreuses sections qui traquent l’origine de la figure de la mélancolie de l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui. En plus de l’approche iconographique, elle traite des relations entre l’art et la science et de l’identité de l’artiste. Une problématique déjà abordée dans L’âme au corps. Art et sciences 1793 – 1993. Le déroulement chronologique va de pair avec la confrontation d’oeuvres à travers les siècles, afin de souligner la permanence des préoccupations évoquées.

1 La Mélancolie dans l’Antiquité: humeurs, tempéraments, saisons. Vases antiques, Télémaque et Pénélope devant son métier à tisser le mouvement de la tête appuyée sur un bras, la prostration. 2 Le Bain du diable, les 7 vices. Le Moyen Âge. 3 Les enfants de Saturne qui rassemble les marginaux et les contemplatifs. La Renaissance. Héraclite qui pleure, Démocrite qui rit. Robert Burton L’anatomie de la mélancolie. Melencolia I de Dürer (à signaler que le tirage présenté est celui de la collection Decker du cabinet des estampes de Vevey). Dürer introduit la notion moderne de génie, il associe la figure de la mélancolie à l’art noble de la géométrie. Saturne astre de la mélancolie. Un musée de la mélancolie au centre Le Cube 1933 d’Alberto Giacometti. 4 L’anatomie de la mélancolie à l’âge classique. Les Vanités. La mélancolie liée au Memento mori. Musique et Mélancolie. 5 Les lumières et leurs ombres. Le 18ème siècle. 6 Dieu est mort. Le romantisme. Peintures de catastrophes. 7 La naturalisation de la mélancolie. Médecine et mélancolie Messerschmidt, Lavater, étude de la folie par Goya, Géricault. Portrait du Dr Gachet par van Gogh, ce Dr Gachet a fait une thèse sur la mélancolie, Eakins, Artaud. 8 Mélancolie et temps modernes. Anselm Kiefer, Ron Mueck confrontation d’oeuvres du 19e et du 20 siècle. L’exposition brosse une histoire de l’art et des idées complète, à travers le thème de la mélancolie et de la prostration.

L’exposition est visible à la neue Nationalgalerie à Berlin du 17 février au 7 mai 2006. Elle connait un grand succès les heures d’ouverture ont été étendues il y a eu 100’000 visiteurs en 5 semaines. Le site de l’exposition donne de nombreux renseignement y-compris des commentaires sur les oeuvres. Par ailleurs un programme de vidéos contemporaines est présenté à côté de l’exposition.

Louise Bourgeois

Le musée of modern art de New York a lancé un site recensant toutes les gravures et livres illustrés de Louise Bourgeois. http://www.moma.org/explore/collection/lb/index

Bâle le 2 octobre 2011

La Fondation Beyeler présente Louise Bourgeois. A l’infini jusqu’au 8 janvier 2012.

Une vingtaine de sculptures et travaux sur papier et en tissu appartenant à toutes les périodes d’activité de l’artiste sont présentés dans les salles consacrées à la collection de la Fondation Beyeler. Au sous-sol on découvre les 220 dessins de la série Insomnia Drawings et une grande installation Passage dangereux, 1997. Continuer la lecture