Archives de catégorie : Sculpture

Auguste Rodin

Paris 7 décembre 2016: Musée Rodin: L’enfer selon Rodin jusqu’au 22 janvier 2017.
Le musée Rodin propose une vision très complète de l’oeuvre de l’artiste. Dans la maison principale le parcours de la visite présente aussi bien les sculptures de Rodin que sa collection personnelle, avec des sculptures antiques, mais aussi de nombreuses toiles d’artistes contemporains. Le jardin propose un large ensemble de tirages en bronze des sculptures réalisées à différentes périodes. Enfin à l’entrée,  un espace permet la présentation d’expositions temporaires à un rythme régulier.

En ce moment, c’est la réalisation de l’une des oeuvres majeures de Rodin qui est évoquée: la porte de l’enfer dont il existe un tirage dans le jardin. On apprend d’ailleurs que tous les tirages sont posthumes et que si ce projet habita Rodin pendant de longues années, il ne le réalisa jamais véritablement. L’exposition relate les péripéties de cette commande pour un musée des arts décoratifs qui n’existait pas encore. On découvre des dessins préparatoires, des photographies d’époque et surtout des moulages de fragments ou encore la manière dont certains éléments de la porte sont aussi des sculptures autonomes très connues, comme le Penseur. L’exposition montre aussi comment l’inspiration de Rodin pour ce travail évolua de la Divine comédie de Dante aux Fleurs du Mal de Baudelaire. Continuer la lecture

Maurizio Cattelan

Paris 6 décembre 2016, Monnaie de Paris: Maurizio Cattelan. Not Afraid of Love jusqu’au 8 janvier 2017.

Bien qu’il ait annoncé qu’il voulait abandonner la production artistique, après avoir effectivement fait une pause de cinq ans, Maurizio Cattelan, né en 1960 continue à intervenir de manière très pointue. Ainsi, il a participé à la dernière Manifesta à Zurich. Ici il propose une rétrospective de son travail, en présentant dix-huit pièces réalisées sur trente ans, qui se caractérise par un grand respect des lieux qui sont mis en valeur avec éclat.

En petit pantin, lutin, facétieux Cattelan va placer ses figures dans les endroits les plus incongrus pour nous faire découvrir la beauté du bâtiment. Il associe images coups de poing et clins d’oeil avec beaucoup de virtuosité. Cette forme d’autoportrait débute sur la façade du bâtiment par une série de fanions avec des qualificatifs qui peuvent convenir à la définition de la personnalité de l’artiste: « tendre, irrévérent, insoumis, mélancolique, détesté, passionnel, libre, paradoxal », par exemple. La cage d’escalier monumentale est inclue dans l’exposition et le visiteur découvre un cheval suspendu dans la coupole. L’homme et l’animal sont deux aspects récurrents dans ses travaux; ici on trouve encore des chiens et des pigeons. Pour le reste les figures historiques alternent avec les alter ego de l’artiste qui évoquent un pantin, une sorte de Pinocchio. Il semble jouer avec cette double personnalité à la fois Gepetto et Pinochio, créateur et créature, qui apparaît, disparaît, joue tout en soulevant des questions essentielles. Dans un monde rempli de figurines de toutes sortes comme les warhammer qui ont remplacé les marionnettes et poupées d’autres fois, il trace une présence possible de la sculpture expression artistique éloignée des formes traditionnelles, mais à l’écoute des présences actuelles de la plasticité et dotée d’un pouvoir émotif.
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Tino Seghal

Zurich 16 juillet 2017

A son tour, le Kunsthaus de Zurich tente faire une place à la performance au musée. Sous le titre Action!, jusqu’au 30 juillet, l’exposition retient des réalisations engagées politiquement, mais aussi les exemples actuels tournés vers le dialogue et l’interactivité. A signaler que Rimini Protokoll réalise une visite commentée du Kunsthaus par groupe de 6 sur inscription préalable en ligne. L’exposition s’achève avec une pièce de Tino Seghal. L’oeuvre majeure présentée ici est sans doute celle de Francis Alÿs autour du détroit de Gibraltar, Don’t cross the Bridge before you get to the River, 2005 – 2009, une réflexion sur la migration d’une grande actualité. Dans les oeuvres actuelles on trouve les Guérillas Girls, Nina Baier ou encore Boris Charmatz et Aernout Mic, une vidéo Daytime Mouvements, 2016, sans oublier Tino Seghal.

Paris 6 décembre 2016: Au Palais de Tokyo à Paris, Carte blanche à Tino Seghal jusqu’au 18 décembre 2016.

Il ne reste que quelques jours pour vivre les performances orchestrées par Tino Seghal. Certaines sont nouvelles, d’autres ont déjà été présentées à divers endroits depuis une dizaine d’années. ( Il faut signaler que cette carte blanche a été précédée par la présentation d’une chorégraphie de Tino Seghal à l’opéra Garnier, fin septembre, sans titre, 2016, 15′, complétée 4 performances dans les espaces de circulation de l’opéra, ce qui fait qu’il a monté, si ce n’est une rétrospective complète de son travail, du moins une présentation très approfondie).

En entrant dans le Palais de Tokyo trois acteurs vous accueillent et vous demandent Quelle est l’énigme ? Avant d’esquisser une pirouette. Continuer la lecture

Expositions en plein air

 

Les Brenets Exposition en plein air 17 09 – 25 09 11h – 18h une trentaine d’artistes réunis aux Brenets. Invités par Prune Simon-Vermot et Denis Rouèche.

J’ai posé trois questions à Denis Rouèche:

Les Brenets, est une petite localité frontière, au revers du Jura, à quelques minutes du Locle, sur la rive du Doubs, elle bénéficie des facéties de cette rivière qui  joue à cache-cache sur ce site.

Vous avez décidé de proposer une animation artistique dans cet endroit qui se déroule sur une semaine.

Comment situez-vous ce projet par rapport aux autres expositions de sculptures en plein air qui ont de plus en plus la cote ? Continuer la lecture

Manifesta 11 Zurich



Manifesta 11. What People do for Money jusqu’au 18 septembre 2016

Dans la foulée des célébrations du centenaire du  mouvement dada, la ville de Zurich a obtenu l’organisation de la biennale d’art contemporain Manifesta 11. Créée à l’origine pour renforcer les liens entre l’est et l’ouest de l’Europe, après la chute du mur, et qui s’est souvent tenue dans des lieux périphériques. Elle suit un schéma d’organisation qui est fixé et identique à chaque fois, en faisant alterner des lieux institutionnels et d’autres sites inattendus pour permettre un regard plus complet sur la ville hôte. Ce schéma se révèle à nouveau très positif.

Trois institutions ont mis leurs locaux à disposition pour cet événement la Kunsthalle, le Migrosmuseum et le Helmhaus;  un pavillon éphémère à été érigé sur le lac. Le thème de cette biennale dirigé par l’artiste allemand Christian Janowski, What People do for Money, fait que de nombreux travaux sont présentés dans des lieux inattendus, magasin, hôtel, hôpital, banque, université notamment. Pour comprendre la démarche, il faudrait idéalement voir tous les films projetés dans le pavillon du lac qui présentent les collaborations de trente artistes avec des personnes travaillant à Zurich, du pompier au dentiste ou au croque-mort, sans oublier le créateur de montres. Continuer la lecture

Calder et Fischli & Weiss

 Fondation Beyeler, Riehen. Alexander Calder & Fischli /Weiss jusqu’au 4 septembre 2016

La sculpture n’est pas toujours monumentale ! Elle peut être faite de bouts de fils de fer et d’air. C’est la voie qu’explora Alexander Calder (1898 – 1976). En 2004, la Fondation Beyeler avait présenté Calder et Miro en explorant les lien amicaux et historiques établis entre les deux artistes. Cette fois, la fondation a choisi d’associer une vaste présentation d’œuvres de Calder avec un duo d’artistes helvétiques, au nom d’une certaine affinité dans les préoccupations de ces plasticiens avec leur illustre prédécesseur. Celle-ci s’exprime surtout dans le film qui rendit le duo célèbre « le cours des choses », 1986 – 1987, mais il s’avère assez difficile de mettre en relation les deux démarches. Continuer la lecture

Sculpture on the Move, Donald Judd, Dan Flavin, Ellsworth Kelly, arte povera

Sculpture on the Move 1946 – 2016, Musée des beaux-arts de Bâle et musée d’art contemporain jusqu’au 18 septembre 2016.

Le musée des beaux-arts de Bâle veut évoquer 70 ans d’histoire de la sculpture moderne et contemporaine avec 55 artistes.  De Brancusi et Giacometti à Beuys, Serra ou encore Nauman. Les artistes américains sont prédominants dans la collection d’art moderne et contemporain du musée des beaux-arts de Bâle et cette institution leur a consacré plusieurs expositions monographiques ou collectives au cours des dernières années. Il n’est pas étonnant de les retrouver bien représentés dans l’exposition inaugurale de la nouvelle extension du musée consacrée à la sculpture depuis 1946. 

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Jannis Kounellis

Venise mai 2019

Fondazione Prada Ca’ Corner della Regina

Jannis Kounellis 11 mai – 24 novembre 2019, première rétrospective de l’artiste après son décès en 2017.

L’exposition conçue par Germano Celan débute en douceur avec deux espaces latéraux présentant des affiches et des catalogues anciens. Le palais lui-mêmes, son architecture, les fresques qui l’ornent et l’atmosphère de ce bâtiment voisin du grand Canal sont très bien mis en valeur. Une salle dans l’entresol est consacrée à des films et à des entretiens avec l’artiste.

Enfin sur deux deux étages sont déployées des installations importantes qui déclinent les thèmes et les matériaux utilisés par Kounellis: le charbon, l’acier, la pierre, le verre, le tissu ou des toiles sur lesquelles il a peint des textes et des signes. Il n’y a pas de performance, mais deux installations odorantes, l’une de café et l’autre de grappa. La monumentalité des objets quotidiens et modestes, industriels ou naturels est mise en valeur de façon impressionnante. S’il s’agit de la première rétrospective après le décès de l’artiste, on peut se demander si ce n’est pas aussi la dernière, car qui aurait à l’avenir les moyens de monter une exposition d’une telle ampleur? Ce qui m’a frappé c’est le contraste entre cette esthétique et celle de l’esprit de la biennale, peut-être une dernière chance de découvrir les oeuvres de cet artiste?

Esprit très différent de la biennale.

Monnaie de Paris : Jannis Kounellis Brut. Attention exposition jusqu’au 30 avril 2016.

Représentant éminent de l’arte povera italien Iannis Kounellis est est né en Grèce en 1936 (décédé en février 2017), mais il vit en Italie depuis 1956. Il s’est fait une spécialité dans les interventions dans des bâtiments. On le voit ici dans les somptueux salons de la Monnaie de Paris intervenir avec maestria pour affirmer des contrastes vigoureux et mettre en valeur les matériaux sur lesquels il a bâti son œuvre. Le métal en feuilles, en poutre, la jute, les couvertures de laine, le verre, les bois de chantier, le charbon. Chantier justement, c’est ce que suggère l’affiche de l’exposition dans ce contraste saisissant entre un site raffiné et des matériaux bruts. Continuer la lecture

Clare Goodwin

Centre PasquArt Clare Goodwin. Constructive Nostalgia jusqu’au 10 avril 2016

Clare Goodwin est née en 1973 à Birmingham, elle est installée en Suisse à Zurich depuis de nombreuses années. Elle se consacre avant tout à la peinture, mais place l’espace, la relation entre la tridimensionalité et la surface peinte, au cœur de son travail. Ainsi au centre PasquArt à Bienne, elle ferme l’accès aux galeries par un hexagone monumental qui oblige le visiteur à se plier, se faufiler entre les parois pour accéder aux salles. Elle s’inspire d’éléments du quotidien pour construire des peintures géométriques. Actuellement ses travaux sont basés sur l’évocation de rideaux ou de stores à lamelles verticales, Curtain Paintings, 2015, 2016 ; des éléments qui marquent la séparation entre deux espaces : l’intérieur et l’extérieur. Les groupes de toiles de formats très divers allant du tout petit au monumental sont inscrits dans des environnements qui recréent une forme d’intérieur privé. L’espace au sol n’est pas laissé vide, elle y place des structures qui évoquent de petits portiques postmodernes assez incongrus. Continuer la lecture